« Être d’un Signe ne signifie pas un état permanent, cela signifie plutôt que le plus souvent, on répond aux incitations du milieu en utilisant des schèmes propres à ce Signe. La notion de fréquence se substitue à celle de type absolu. » Jean-Pierre Nicola
Depuis plusieurs siècles [1], l’astrologie est pratiquée par des astrologues qui ignorent le b.a.-ba de l’astronomie et donnent de leur discipline une image peu crédible qui justifie les critiques dont elle fait l’objet. Il revient à l’astrologue français Jean-Pierre Nicola [2] de s’être interrogé sur les réalités concrètes qui ont donné naissance aux symboles astrologiques. Il a élaboré ainsi les premières théories cohérentes à propos des relations entre les variations cycliques du Soleil comme de ses planètes, et le système nerveux de l’homme. Fondée sur ces théories, l’astrologie occidentale moderne est une science « humaine » [3] parmi d’autres, dont l’éclairage sur l’être humain est aussi particulier que partiel.
Le système solaire est un tout indissociable. Les parties de ce tout, le Soleil et son cortège de planètes, sont en interaction constante et les effets connus du Soleil et de la Lune sur la Terre se combinent obligatoirement à ceux plus subtils des huit autres planètes. En années-lumière, la distance de la Terre à la Lune est d’une seconde, celle au Soleil de huit minutes, celle à Pluton, planète la plus éloignée de nous, de cinq heures ; lorsque l’on sort du système solaire, il faut quatre années pour rencontrer un autre corps céleste. À l’échelle cosmique, le système solaire constitue donc notre environnement immédiat, c’est pourquoi l’astrologie, revue et corrigée par Jean-Pierre Nicola, s’y réfère exclusivement.
Tout se passe comme si le système nerveux du nouveau-né fixait les rythmes [4] de son environnement solaire, au moment précis où sa naissance l’y expose tout nu, tout cru, pour la première fois. Rejoignant en cela la vision des grands astronomes du passé, l’astrologie actuelle considère cette empreinte comme un conditionnement en interaction avec tous ceux — génétique, affectif, éducatif, socioculturel, géographique, etc.— de nature « terrestre », propres à l’homme.
Contrairement à une opinion trop répandue, l’astrologie n’est pas divinatoire [5]. Elle reste muette sur l’histoire et le devenir personnels qui ne sont tributaires des incitations célestes que dans la mesure où celles-ci prédisposent à des attitudes de fond spécifiques vis-à-vis du monde et des autres. Bien qu’il lui soit beaucoup plus difficile qu’il l’imagine de dépasser ses multiples conditionnements dont il est en général inconscient, l’être humain n’en est pas que la somme. De plus, sa destinée a beau être en rapport avec sa personnalité [6], elle reste tributaire des réalités collectives [7].
Un Signe du zodiaque n’est pas une étoile — la seule étoile du système solaire étant le Soleil —, encore moins une constellation (groupe d’étoiles situé à des années-lumière du système solaire). C’est parce que les premiers astrologues-astronomes ont assimilé les Signes aux douze constellations qui, à leur époque, se trouvaient dans le prolongement du Soleil lors des diverses phases de sa marche dans le ciel, que la plupart des gens — y compris des astrologues —, confondent encore les deux. Depuis l’Antiquité, les douze constellations d’où les Signes tirent leur dénomination se sont décalées par rapport à eux. La constellation des Poissons se trouve dans le prolongement du Signe du Bélier, celle du Bélier dans le prolongement du Signe du Taureau et ainsi de suite. En réalité, ce décalage n’a aucune importance, puisque — on ne le répétera jamais assez — l’astrologie ne se réfère qu’au système solaire et que les Signes du zodiaque n’ont en commun avec les constellations qui en sont très éloignées, qu’une regrettable homonymie.
Un Signe du zodiaque est un espace de trente degrés localisé de façon précise dans le système solaire sur une bande de trois cent soixante degrés intitulée « zodiaque ». Cette bande s’étend sur huit degrés cinq de part et d’autre de l’« écliptique », nom donné à la trajectoire apparente du Soleil autour de la Terre — ou orbite réelle de la Terre autour du Soleil. À l’exception de Pluton, de Mercure et de la Lune, les planètes du système solaire effectuent leur trajectoire dans le zodiaque et autour du Soleil en un temps lié à la distance qui les en sépare. Plus une planète en est proche, plus son cycle est rapide, plus elle en est éloignée, plus il est lent [8].
La répartition du zodiaque en douze « Signes » de trente degrés chacun tient au cycle de la Terre qui met un an à effectuer son parcours autour du Soleil. Il y a douze Signes parce que le cycle terrestre se décompose en douze mois. Si l’on se positionne sur terre, le cycle effectif de la Terre autour du Soleil revient au cycle apparent du Soleil autour de la Terre. L’astrologie ne met pas l’homme ou la Terre au centre du système solaire, encore moins de l’univers. Mais dès lors qu’elle étudie l’influence sur l’homme de son environnement solaire, il lui faut nécessairement partir de là où l’homme se trouve, de là où il voit le Soleil se lever, culminer et se coucher. Bien que cette vision se rapporte à un mouvement apparent, elle n’est pas une illusion d’optique, mais un phénomène bien concret qui rythme la journée comme l’année, et a des incidences tout aussi concrètes sur chaque être humain, sur son organisme, sur sa vie et, plus généralement, sur toute forme de vie terrestre.
Le point de départ du zodiaque dans l’espace circonscrit du système solaire est le point vernal, ou point gamma des astronomes, qui se situe à l’intersection Est des plans de l’écliptique et de l’équateur céleste [9]. L’axe reliant le point gamma oriental au point gamma occidental est celui des équinoxes. Au moment précis où sous les latitudes Nord moyennes, le Soleil — vu de la Terre — passe le point gamma oriental qui correspond à 0° Bélier, c’est l’équinoxe de printemps : sa durée de présence au-dessus de l’horizon — soit la durée d’ensoleillement qui correspond au jour — est à peu près égale à sa durée d’absence au-dessous de l’horizon — soit à la nuit —, mais la dépasse pour la première fois depuis six mois et va la dépasser de plus en plus. Certains pays du Moyen-Orient, où l’astrologie est née il y a cinq millénaires, continuent de faire débuter l’année au premier jour du printemps, repère a priori plus significatif que celui du 1er janvier, puisqu’il marque une étape majeure du rapport Terre-Soleil.
Un Signe zodiacal se définit par le rythme du Soleil et de ses planètes lorsque, vu de la Terre, ils en parcourent les trente degrés. Ce rythme est donné par le rapport entre leur durée de présence au-dessus de l’horizon et leur durée d’absence au-dessous de l’horizon. La position d’une ou plusieurs planètes dans un Signe ne provoque ni le jour ni la nuit comme c’est le cas pour le Soleil, mais implique le même rapport que pour celui-ci entre leur arc diurne et leur arc nocturne. La définition d’un Signe repose sur trois paramètres : 1. la nature — diurne ou nocturne — de l’arc dominant du Soleil ou des planètes lorsqu’ils le parcourent ; 2. la croissance ou la décroissance de l’arc dominant, autrement dit l’augmentation ou la diminution de sa durée ; 3. l’écart de durée — minimal, moyen ou maximal — entre l’arc dominant et l’arc dominé. C’est ainsi que, pour les latitudes Nord, le Bélier se définit par : 1. la domination de l’arc diurne sur l’arc nocturne ; 2. la croissance de l’arc diurne dominant et la décroissance de l’arc nocturne dominé ; 3. l’écart minimal entre la durée de l’arc diurne dominant et croissant, et celle de l’arc nocturne dominé et décroissant.
L’astrologie contemporaine a établi que naître sous un Signe dont le pôle dominant — diurne ou nocturne — augmente en durée [10], favorise l’ouverture au monde ainsi que la rapidité des réactions. À l’inverse, naître sous un Signe dont le pôle dominant diminue, favorise la fermeture au monde ainsi que la lenteur des réactions [11]. Mais le conditionnement céleste n’est pas réductible au seul Signe solaire, puisque l’on peut être né au début du printemps et avoir les Signes d’été, d’automne ou d’hiver occupés par telle ou telle planète. Ou, vice versa, être né sous un Soleil estival, automnal ou hivernal et avoir un Signe de printemps occupé par une ou plusieurs planètes.
Selon un symbolisme simple [12], le jour concerne ce qui relève du visible, du connu, du conscient, par extension le « moi » et ce qui est d’ordre individuel ; alors que la nuit représente ce qui relève de l’invisible, de l’inconnu, de l’inconscient, par extension le « non-moi » et ce qui est d’ordre collectif : les autres, la société… Voilà pourquoi l’ouverture au monde que favorise le jour printanier dominant et croissant est en rapport avec les pulsions individuelles basiques et est qualifiée de « naturelle », alors que celle de la nuit dominante et croissante de l’automne est plus en rapport avec la vie sociale et est dite « associative ». Les natifs des Signes de printemps sont « nature », ceux des signes d’automne sont « culture ».
Le pôle majoritaire d’un Signe — diurne ou nocturne — et la façon dont il domine — croissant ou décroissant — informent sur les atouts qui permettent l’adaptation. À l’inverse, le pôle minoritaire correspondant informe sur les carences susceptibles de favoriser, à des degrés divers, l’inadaptation.
Un ciel natal — ou Thème astral ou horoscope — est la représentation du système solaire à l’heure de la naissance et par rapport au lieu où celle-ci s’est produite. Son interprétation repose non seulement sur les Signes dominants (ceux qui étaient occupés de façon significative à la naissance), mais encore sur les planètes dominantes : celles qui à la naissance étaient proches de l’un des angles du ciel, en particulier de ceux correspondant à leur lever et à leur culmination [13]. La synthèse des prédispositions dues aux uns et aux autres permet de dégager les grandes lignes d’un Thème et de voir en quoi elles se renforcent, se contrarient ou se complètent. L’individu les actualise selon son degré d’équilibre, d’intelligence, d’éthique, de force de caractère, et selon son contexte, autant de facteurs sur lesquels l’astrologie ne donne aucune information.
Les cycles planétaires et la justification du symbolisme qui s’y rattache ont longuement été explicités dans les ouvrages des astrologues « conditionalistes » [14]. Ils ne seront pas abordés dans celui-ci qui se cantonne aux douze Signes du zodiaque, vus sous l’angle éclairant des théories nouvelles édifiées par Jean-Pierre Nicola. Les tendances qui, pour un même Signe, favorisent l’adaptation ou l’inadaptation y sont différenciées en trois facettes reposant sur les trois paramètres évoqués, car bien qu’indissociables, elles ne s’associent pas toujours dans les mêmes proportions.
Contrairement à ce que prétendent les personnes qui n’ont jamais approfondi l’astrologie sérieuse, chaque Signe débouche sur un profil qui ne ressemble pas à celui des onze autres. Les douze profils zodiacaux s’emboîtent et se complètent comme si chacun d’eux corrigeait le tir par rapport à celui qui le précède, afin d’équilibrer l’ensemble. Pour être complet, l’être humain devrait pouvoir incarner chacun des douze profils adaptés au gré des situations rencontrées. Mais si la vision et les comportements de l’individu courant passent pour une bonne part par le filtre qu’interpose entre le monde et lui la constante interaction de ses conditionnements terrestres avec son conditionnement céleste, il n’actualise tout au plus de ce dernier que trois ou quatre séries de tendances, sans toujours parvenir à mettre à profit leurs potentialités, ni à les harmoniser au mieux.
Le lecteur attentif remarquera que plus on avance dans le cycle zodiacal, plus ses incitations successives sont complexes et difficiles à actualiser. Par exemple, il semble a priori plus simple d’être dans la spontanéité de type Bélier, qui fait réagir de façon tranchée aux sollicitations, que dans le détachement de type Poissons, qui incite à chercher une troisième voie dépassant les choix binaires et se référant à une forme d’absolu. En déduire que les natifs du dernier Signe — Poissons — sont plus évolués que ceux du premier — Bélier — serait bien sûr erroné. Les Signes du zodiaque et le conditionnement céleste global renseignent sur la nature de l’intelligence mais non sur son degré. Il n’y a pas plus de Béliers évolués que de Poissons évolués et un Bélier de haut niveau sera forcément supérieur à un Poissons de niveau bas ou moyen. À niveau égal, ils seront aussi intéressants l’un que l’autre, ainsi que l’un pour l’autre, dans la mesure où la différence de fond entre leurs sensibilisations respectives les rendra complémentaires.
Les douze profils adaptés développés ici le sont dans leurs grandes lignes. Pour en faciliter la compréhension, le parti a été pris d’utiliser des propos empruntés à des personnalités célèbres nées sous le Signe étudié [15], ce qui a parfois contribué à mettre la barre haut ou à forcer le trait. Il s’agit là de profils théoriques schématiques, qui indiquent des tendances générales et auxquelles nul ne saurait s’identifier à cent pour cent. À chacun de transposer dans son vécu et de relativiser les informations.
À l’heure actuelle, les astrologues ne sont pas en mesure de savoir si l’effet que semblent produire les rythmes zodiacaux dans l’hémisphère Nord est le même dans l’hémisphère Sud, et s’il faut ou non inverser les Signes [16]. Il existe des zodiaques plus universels [17] et moins explorés que celui fondé sur les variations cycliques des rythmes jour/nuit, présence/absence du Soleil et des planètes pour les latitudes Nord moyennes. C’est sur ce zodiaque local que nous allons nous pencher [18].
[1] En France, depuis qu’au XVIIe siècle, l’État a interdit aux astronomes la pratique, courante jusque-là, de l’astrologie.
[2] Le premier ouvrage de fond de Jean-Pierre Nicola, La Condition solaire, a été publié en 1964.
[3] Ce sont les scientifiques qui veulent absolument croire et faire croire que les astrologues prennent l’astrologie — moderne ou traditionnelle — pour une science exacte, alors qu’aucun astrologue, même le plus médiocre, n’a jamais rien prétendu de tel !
[4] Ces rythmes sont développés plus loin. En réalité tout se passe comme si, à sa naissance, l’être humain fixait le type de réactivité qui va de pair avec les rythmes en question.
[5] Le premier volet de l’astrologie informe sur le conditionnement dit « céleste » qui prédispose à certains modes réactionnels préférentiels. Le deuxième, dont il ne sera pas question ici, permet de faire non pas de la divination, autrement dit des prédictions, mais des prévisions. Ces deux volets se fondent sur les mêmes bases théoriques.
[6] Notre personnalité est en quelque sorte façonnée par ce que nos multiples conditionnements ont fait de nous, comme par ce que nous avons réussi à faire d’eux, mais elle ne s’y résume pas.
[7] Les réalités collectives au moment de la naissance sont un conditionnement en soi, mais elles évoluent par la suite. Une naissance en France autour des années vingt dans une famille juive pouvait présenter beaucoup de conditions favorables à l’évolution, et priver de la vie ou de la liberté, une vingtaine d’années plus tard.
[8] Le rapport entre la distance d’une planète au Soleil et la durée de son cycle vaut aussi pour Pluton, Mercure et la Lune, seule la localisation de leur orbite diffère quelque peu de celle des autres planètes.
[9] L’équateur céleste est dans le prolongement de l’équateur terrestre.
[10] Le pôle diurne domine et augmente au printemps ; il domine et diminue en été. Le pôle nocturne domine et augmente en automne, il domine et diminue en hiver.
[11] Cela ne vaut pas pour les Signes du centre de la saison et nous verrons plus loin pourquoi.
[12] Les ouvrages de Jean-Pierre Nicola et de Richard Pellard expliquent ce symbolisme de façon plus élaborée, moins simplifiée qu’ici.
[13] Ce sont la pratique et des études statistiques qui ont amené à cette conclusion. Un ciel natal s’oriente selon deux axes : l’axe horizontal Ascendant/Descendant et l’axe vertical Milieu-du-Ciel/Fond-du-ciel. Quand le Soleil passe au Milieu-du-ciel, il est midi, quand il passe au Descendant, la nuit tombe, au Fond-du-ciel, il est minuit. S’il s’agit d’une planète, on parle de lever, de culmination, de coucher, etc. Les angles du ciel sont les points d’intersection du méridien et de l’horizon du lieu avec l’écliptique, autrement dit les points Ascendant, Milieu-du-ciel, Descendant, Fond-du-ciel.
[14] Le groupe conditionaliste s’est constitué autour de Jean-Pierre Nicola pour faire connaître ses idées. Le qualificatif « conditionaliste » a été choisi pour souligner que l’homme est tributaire de sa « condition » solaire, et que le ciel natal est un conditionnement qui conditionne les conditionnements terrestres autant qu’il est conditionné par eux.
[15] Il ne faut rien conclure de hâtif sur les personnalités citées en exemple, en particulier quand elles le sont dans le cadre d’un profil inadapté : leurs propos ne sont utilisés que dans la mesure où ils éclairent concrètement l’exposé théorique.
[16] Le fait que le rapport terre/mer de l’hémisphère Nord soit l’inverse de celui qui caractérise l’hémisphère Sud est une piste éventuelle pour justifier que les mêmes signaux aient l’effet inverse d’un hémisphère à l’autre, si des statistiques tendent à prouver que dans l’hémisphère Sud, le Signe du Bélier, par exemple, prédispose aux mêmes tendances que dans l’hémisphère Nord et non à celles du Signe de la Balance.
[17] Celui, par exemple, des variations de la déclinaison des planètes et du Soleil, autrement dit des variations de leur hauteur par rapport à l’équateur céleste. Le zodiaque étudié ici est dit « photopériodique » parce qu’il se base sur les variations locales de la lumière.
[18] Les astrologues conditionalistes nomment « zodiaque photopériodique » celui qui concerne la succession des rythmes solaires et planétaires au fil des douze Signes. Ils appellent « zodiaque réflexologique » celui qui concerne la traduction parallèle chez le récepteur humain des réflexes spécifiques d’ouverture, de fermeture, de rapidité ou de lenteur qui y correspondent.