Sens des contraires chez le Bélier : le décideur. Premier stade du Sens des contraires, polarisé par la force et la rapidité de l’excitation : on choisit son camp sans hésitation et sans nuances, on est carrément pour ou contre, jusqu’au manichéisme. Franchise brutale, refus des compromis, “celui qui n’est pas avec moi est contre moi”. Comme les choix sont rapides, instinctifs, irréfléchis, l’adaptation peut demander de les remettre en question. Dans ce cas, virages à 180° : on combat avec la même violence ce que l’on avait adoré.
Sens des contraires chez la Vierge : le puriste. Avec la Force d’inhibition, la perception des frontières entre soi et autrui est claire : on ne se mélange pas, on fait la fine bouche, on perçoit avec précision les incompatibilités concrètes, les antagonismes immuables. On trace des limites intransgressables entre soi et le monde, le bien et le mal, le permis et l’interdit qui co-existent sans s’interpénétrer : classifications, ségrégationnisme, purisme. On protège son intégrité personnelle contre toute influence extérieure, et pour ce faire, on peut éventuellement, et délibérément, prendre un masque opposé à sa véritable nature.
Sens des contraires chez la Balance : l’arbitre. Les contraires sont associés : plus question de choix tranchés. On compare les éléments antagonistes, analyse leurs relations et interactions, pèse le pour et le contre et s’efforce de faire des choix qui ne soient pas exclusifs. L’élément non choisi est un complémentaire obligatoire, un partenaire à respecter. D’où une relative indécision : la perception des antagonismes et la sensibilité aux divergences s’accompagne du refus de toute ségrégation. Décisions modérées, choix pondérés sont facteurs de tiraillements, de dilemmes qui enrichissent la pensée : la hantise de la mésalliance ou le désir de ne pas se tromper favorisent une réflexion approfondie.
Sens des contraires chez les Poissons : le choix invisible. Sans trop savoir exactement ce que l’on veut, on sait parfaitement, systématiquement et patiemment éliminer, refuser et boycotter ce qu’on ne veut pas. On diffère sa réponse aux options contraires. En attendant que les choses se décantent tranquillement, et qu’au terme de cette décantation apparaisse la voie qu’on doit choisir, on préfère se faufiler entre les antagonismes, échapper aux dialectiques trop tranchées, naviguer entre deux eaux pour n’être pas prisonnier de dualismes réducteurs. On use ses adversaires à force de ne pas répondre. On est dans un monde statique où les contraires sont de plus en plus égaux, identiques et pourtant différents : la tentation est forte de rechercher une “troisième voie” pour transcender les fausses oppositions.
Phase égalitaire chez le Bélier : le tout pour rien. Une agressivité linéaire incite à tout combattre en bloc : tout est rejeté, mis dans le même sac. Hostilité viscérale à l’égard des “bonnets blancs et blancs bonnets”. Tout le monde a tort, amis comme ennemis. Le bien ne vaut pas mieux que le mal. Refus bornés, surdité mentale, philosophie personnelle figée que rien ne saurait remettre en cause. La perception des antagonismes, déplacée dans l’abstrait, revient à un “moi contre le monde entier”.
Phase égalitaire-choc des contraires chez la Vierge : l’allergique. Pourquoi “choc des contraires” ? Parce que les durées diurne et nocturne tendent à s’égaliser de plus en plus : il s’ensuit chez le virginien inadapté une extrême sensibilité aux contrastes absolus, vécue d’une manière très éprouvante : dilemmes paralysants, conflits insolubles entre désir et devoir, licite et illicite, le Moi et l’Autre. Quant à la phase égalitaire, elle rend le virginien encore plus systématiquement craintif, défiant, anxieux, quelle que soit l’attitude de ses vis-à-vis. Selon les cas, cela peut produire un repli autoprotecteur psychasthénique, ou bien, plus activement, l’intolérance, l’allergie à l’Autre, à tous les autres, le sectarisme : on ne se mélange avec personne, pas même avec ses plus proches amis.
Phase égalitaire chez la Balance : l’aplanisseur. L’associativité s’égalise : refus de choisir, vouloir être bien avec tout le monde, flirter avec ses ennemis, fréquenter indistinctement tous les milieux sans choisir son camp. La non-violence éventuelle se transforme en inconsistance. Quelles que soient les circonstances, on joue la carte de l’ouverture : compromissions. Les angles sont systématiquement arrondis. Au pire, on tire son épingle du jeu avec un égal mépris ou une égale indifférence à l’égard des alliés ou adversaires. Égalisation de l’en-soi et du milieu social : on vaut ce que vaut son milieu, son époque, on passe son temps à être à la mode au mépris de toute authenticité.
Phase égalitaire-choc des contraires chez les Poissons : le rien du tout. Tout se vaut, tout est égal, tout est indiffèrent. Rien ne fait ni chaud, ni froid. Le monde est plat, sans aspérités, tout n’est qu’ordre ou désordre immobile, calme absolu, sérénité infinie. D’où une suprême indifférence, au mieux proche du nirvana, au pire révélatrice d’un nihilisme absolu : le non-choix passif aboutit à n’être rien dans le tout, tout dans le rien et rien du tout. On attend paisiblement que ça se passe, que ça se casse ou qu’on s’en lasse, ou que le choc des contraires pulvérise toutes les bonnes ou mauvaises raisons qu’on a ou croit avoir de choisir son camp, sa voie, son destin.