Après avoir enregistré de nombreux tubes — entre autres Week-end à Rome, Duel au Soleil, Tatoo — et traversé bien des crises, le chanteur-fétiche des années 80 est de retour avec un disque de maturité à la fois léger et grave, sombre et lumineux. Françoise Hardy l’a rencontré pour nous.
La configuration dominante du Thème natal de Étienne Daho est une conjonction Jupiter-Pluton en Lion opposée à Vénus en Verseau au double carré de Mars-Saturne en Scorpion. Le Soleil en Capricorne est la planète la plus faible.
Ses réponses aux questions devraient donc refléter les pôles hyper-dominants de sa personnalité :
▶ Vos qualités : vous percevez d’emblée ce que les situations concrètes auxquelles vous aimez à vous confronter directement ont de prometteur. Réaliste, énergique et pragmatique, l’action organisée est pour vous un viatique qui permet de secouer toutes les scléroses, de refuser toutes les fatalités. Là où d’autres perçoivent des situations figées et sans espoir, vous ne voyez que des opportunités stimulantes de construire du neuf et du solide : aucun obstacle ne vous paraît insurmontable, et aucun échec, aucune difficulté ne vous rebute. votre volontarisme actif, combatif et vivifiant vous incite à lancer des initiatives hardies et audacieuses et pourtant frappées au coin d’un bon sens mêlé de réflexions novatrices.
▶ Vos défauts : trop souvent saisi par une véritable frénésie d’action et de réalisation, vous avez tendance à vous surmener, au risque de gaspiller trop rapidement vos réserves d’énergie. Votre haine de la routine vous incite à vous désintéresser vite de ce que vous avez commencé à entreprendre pour vous jeter à nouveau dans d’autres combats, d’autres conquêtes qui vous galvanisent davantage, quitte souvent à ce que vous ayez du mal à tirer profit des fruits de votre réalisme. Brouillon et désordonné, sujet à des réactions brusques et intempestives en dépit de votre bon sens, vous minimisez dangereusement les obstacles placés sur votre chemin et accordez une foi trop aveugle à votre pouvoir d’agir concrètement sur les choses.
▶ Vos qualités : difficile de trouver des refus et des rejets plus rigoureux et vigoureux que les vôtres. Votre cérébralité inquiète, lucide et différenciatrice s’attaque avec une cruelle subtilité à tous les lieux communs, toutes les certitudes partagées, tous les principes sacro-saints, tout ce que les règles de la bienséance réprouve. Vous êtes doué pour jeter de l’huile sur le feu, pour provoquer les crises et les ruptures nécessaires. Virtuose de l’insinuation, du non-dit, mais aussi de l’accusation sans concessions, ajustant vos critiques circonstanciées avec un maximum de précision, à l’aise dans les situations complexes et délicates, votre ruse sophistiquée vous permet toutes les audaces.
▶ Vos défauts : à force de ne voir que le mauvais côté des choses, de n’appréhender les relations humaines que sous l’angle du complot virtuel et les situations concrètes que sous leur aspect d’obstacle fatal et insurmontable, vous risquez fort de vous enfermer dans le marasme d’un monde que vous considérez comme sans espoir et sans issue. Fataliste, dégoûté et revenu de tout, vous semblez trouver un malin plaisir à vous opposer stérilement à toute proposition, à ne vous intéresser qu’à ce que la majorité rejette, parfois pour d’excellentes raisons, à salir, à choquer, à prendre le reste du monde à rebrousse-poil. Excessivement curieux du caché, investigateur de mystères, vos interprétations sont tendancieuses.
Inversement, les réponses de Étienne Daho aux questions devraient montrer qu’il ne correspond pas du tout au portrait suivant :
Vous avez besoin pour votre plein épanouissement de développer des échanges sociaux intenses, où vous occupez de préférence une situation que vous voudriez valorisante, centrale, reconnue, exemplaire. Dans votre optique, l’estime d’autrui n’est ni négociable ni à conquérir : elle est un dû, un préalable et, si vous avez l’admiration facile, vous voulez aussi en retour être vous-même inconditionnellement admiré. Noble, digne, droit, loyal, exigeant et transparent dans vos relations, vous recherchez l’approbation d’autrui en veillant autant que faire se peut à ne jamais décevoir les attentes dont vous êtes l’objet. Idéaliste et orgueilleux, extrêmement attentif à l’image que vous donnez de vous-même, vous vous efforcez d’être toujours à la hauteur de votre propre personnage pour ne pas déchoir ni décevoir. Votre sociabilité ne supporte pas les embrouilles, la médiocrité, la bassesse, les calculs mesquins, et encore moins la compétition. Vous savez à merveille user des conventions de la communication et vous mouler dans le rôle qu’on attend de vous.
Vous aimez la clarté, la netteté, la précision. Vous vous impliquez totalement, avec une extrême passion dans tout ce que vous faites et dites. Vous vous contrôlez, se maîtrisez et entendez tout contrôler et maîtriser autour de vous. Votre champ de conscience étroit vous incite à poursuivre avec obstination les buts et objectifs que vous vous êtes fixés et auxquels vous vous identifiez sans réserve. Vous êtes animé par des convictions inébranlables, des principes sacro-saints, des idéaux absolutistes, des valeurs essentielles sur lesquels vous êtes incapable de transiger. Tendu et ambitieux, décidé et volontaire, vous entendez régner sans faille et sans partage, avec une autorité régalienne, sur le domaine qui est le vôtre, et devenir ainsi un exemple, une référence, un modèle à suivre et imiter. Vous accordez une attention capitale au rôle social qui vous est imparti et possédez au plus haut point le goût du paraître. Extrêmement sensible aux honneurs et à la reconnaissance publique, vous aspirez à être le centre unique de quelqu’un ou de quelque chose.
Françoise Hardy : Tu es né sous un ciel contrariant puisque toutes les planètes qui favorisent certaines tendances se heurtent à des planètes favorisant les tendances inverses. On retrouve le même contraste sur le plan des signes occupés, avec le Capricorne — ton Signe solaire — qui déconditionne naturellement du monde extérieur et sensibilise à tout ce qui est périmé, dépassé et le Verseau — ton Signe lunaire — qui reconnecte au monde extérieur et à tout ce qui y est porteur d’avenir…
Étienne Daho : D’une certaine façon, le Verseau me sauve, il donne la dose de légèreté sans laquelle je ne serais peut-être qu’un corbeau sous Prozac. (Rires) Je n’ai jamais l’impression que des choses négatives vont arriver ou que ce que j’espère ne va pas se produire… Je n’ai pas toujours été ainsi, mais je me sens foncièrement positif, bien que je n’aie rien obtenu facilement et aie dû beaucoup me battre, ce qui a l’appréciable avantage de m’avoir aguerri…
Avec Saturne et Pluton dans les dominantes, le Capricorne porte au doute, à la démotivation…
J’ai plutôt eu des phases de remise en question qui ont même été de véritables plongeons, aux âges successifs de 20, 30 et 40 ans. J’avais chaque fois la sensation que tout ce qui pouvait m’arriver de bien se trouvait définitivement derrière moi !
Cette même composante (Capricorne, Saturne et Pluton) te prédispose à te sentir mieux dans la solitude et le retrait qu’en compagnie ou sur le devant de la scène…
J’ai choisi un drôle de métier puisque j’aurais aimé être l’homme invisible. J’ai toujours l’impression d’être très maladroit tant verbalement que gestuellement… La vie sociale me fatigue en général et je ressens le besoin d’être seul pour reprendre de l’énergie et pouvoir continuer à travailler.
Cela tient aussi à la faiblesse de ton Soleil qui met mal à l’aise dans les situations de représentation…
Je n’ai pas l’impression d’être en représentation sur scène, où l’emporte de loin le plaisir de chanter avec mon groupe, de faire quelque chose que j’espère être bien, ainsi que celui d’être porté par le public. Par contre, je suis en représentation à la télévision que je considère comme un loupe impitoyable, ce qui me fait perdre tous mes moyens !
Tu t’en sors admirablement à chaque fois pourtant…
À quel prix ! (Rires)
La Vierge, ton Signe ascendant, ne doit pas arranger les choses puisque sa fonction d’auto-protection conduit au self-control, à la réserve, à la prudence, mais favorise l’angoisse vis-à-vis de tout ce que l’on ne maîtrise pas…
J’ai toujours envie que tout soit aussi bien que possible, aussi proche que possible de l’idéal, ce qui peut constituer un frein… Vouloir tout maîtriser est un fantasme…
As-tu des phobies ?
Malheureusement ! J’ai longtemps eu l’impression de ne pouvoir maîtriser un véhicule et j’ai donc eu la phobie de conduire… J’ai aussi la phobie de rester enfermé trop longtemps, celle de m’engager…
Quelle serait la situation la plus cauchemardesque à tes yeux ?
Manger du riz dans un avion qui part pour le Japon. (Rires.) Sérieusement, je crois que la pire situation consiste à se trouver enfermé dans le noir. J’en parle en connaissance de cause, puisque ça m’est arrivé il y a quelques années dans un métro londonien : absorbé par ma lecture, j’avais laissé passer le terminus et me suis retrouvé à la gare de triage, entièrement seul dans un wagon éteint et verrouillé. C’est amusant à raconter aujourd’hui, mais je l’ai vécu comme un cauchemar paroxystique !
Naître au lever de Pluton prédispose à un caractère réfractaire en refus des façons conventionnelles et linéaires de penser et d’agir…
C’est vrai…
Naître au lever de Jupiter incite au contraire à préférer l’adaptation, la normalité à la marginalité…
J’ai effectivement les deux aspects. La normalité est très pratique car elle permet de se fondre dans la foule et d’être tranquille, irrepérable, invisible… En même temps, je me suis toujours senti rebelle par rapport à des formes de pensées trop générales, trop normales qui m’énervent et dont je prends vite le contre-pied…
Te sens-tu autant “dedans” que “dehors” ?
C’est le strapontin au milieu de l’allée. Je me suis toujours senti comme ça, que ce soit à l’école, dans la chanson ou ailleurs… Ça résume toute ma vie… C’est une histoire de solitude, ce qui n’est pas si mal finalement…
On peut aussi parler de souci d’efficacité à court ou moyen terme par Jupiter alors que Pluton et Saturne font aller dans le sens d’une authenticité qui ne tient aucun compte des critères commerciaux…
J’acquiesce encore. Je suis très conscient du confort qu’amène le succès mais ça ne m’oblige pas à baisser ma culotte, puisque ce qui est populaire, joli, agréable n’exclut pas la qualité. Par ailleurs, j’ai un flair particulier pour l’authenticité ou l’inauthenticité. Je sais quand quelqu’un n’est pas vrai et cela me dérange au point de me détourner de ses chansons quand bien même je les apprécie et de préférer quelqu’un qui chante des chansons que j’aime moins, simplement parce qu’il ou elle les chante avec tout son cœur…
D’après ton ciel, la cérébralisation, la volonté de contrôle ne font pas bon ménage avec l’instinct, les pulsions…
Je ne supporte pas la perte de contrôle. C’est quelque chose qui me fait peur et c’est la raison pour laquelle je ne me suis jamais drogué. Évidemment, perdre le contrôle dans le plaisir m’est arrivé souvent. C’est très agréable bien sûr et en même temps c’est une sorte de défi qui n’est pas du tout dans ma nature.
La dissonance Saturne-Mars peut bloquer plus ou moins l’agressivité…
J’éprouve une espèce de confusion vis-à-vis de mes états de violence que je masque sous des aspects affables parce qu’ils me font peur. Cela tient à ce que les circonstances de mon enfance m’ont obligé à les ravaler pendant très longtemps et m’ont donc sinon coupé de sentiments plus ou moins normaux, tout au moins empêché de les manifester : réagir violemment à quelque chose qui ne va pas, par exemple… Ma violence est pourtant là, je ne la sens que trop ! Le sport, qui est un défoulement canalisé, me permet d’en libérer une partie et me fait beaucoup de bien…
Il est temps d’évoquer la conjonction Vénus-Lune-Mercure en Verseau qui correspond au côté sentimental, doux, rêveur de ta personnalité que tout le monde connaît. Mais là encore, tu devrais être un sentimental contrarié…
Je suis, c’est vrai, un affectif de base, plein d’attentions pour l’autre. Malheureusement, je ne sais pas gérer tout ce qui est “sentiments” et cela se transforme toujours en quelque chose de douloureux. Il en résulte l’angoisse de m’engager… J’en viens d’ailleurs à me demander si l’amitié amoureuse ne serait pas ce qui me rendrait le plus heureux. L’idéal serait peut-être de désirer quelqu’un avec qui je sois très ami.
Mal gérer, cela signifie ne pas trouver le juste milieu entre être trop près et trop loin ?
Quand on est trop “là”, on perd l’affaire. J’essaie donc de paraître plus détaché. Mais ça fait longtemps que je n’ai pas été amoureux : je ne sais même plus comment ça marche. (Rires)
Ta quête vénuso-lunaire d’harmonie et de fusion affectives, se heurte à l’attrait plutonien pour les expériences multiples, voire destroy…
Je ne crois pas beaucoup à la fusion : c’est un fantasme ! Mais le destroy m’angoisse. Faire n’importe quoi me donnerait une idée trop négative de moi-même. Les histoires d’un soir sont déprimantes au petit matin. Voilà justement pourquoi le compromis de l’amitié amoureuse me tente aujourd’hui. Ça peut encore changer, bien sûr…
L’ennui c’est que, par essence, l’amitié exclut le désir ! Pour en revenir à ton angoisse à propos de l’engagement, puis-je me permettre de la préciser en disant que les dissonances que ta Vénus natale reçoit de Saturne et de Pluton débouchent généralement sur la peur de dépendre autant que sur celle d’être quitté.
C’est pour ça que je pars le premier ! À cause de la peur d’être quitté.
Par ta conjonction Vénus-Lune en Verseau, on t’imagine épidermique, idéaliste, naïf, désarmé, désarmant, alors que par Mercure, Saturne et Pluton, tu pourrais être distancié, détaché, peut-être même cynique ?
Me voilà démasqué ! (Rires) Le naïf candide qu’il y a en moi ayant forcément pris des coups, répond à tout ce qui est susceptible de le blesser par une attitude beaucoup plus dure.
Pour l’astrologue, l’aspect “dur” serait une composante de ta personnalité et non une réaction à ta vulnérabilité, et ton ciel natal te demanderait en fin de compte de trouver le juste milieu entre les extrêmes qui t’habitent : distance-présence, attachement-détachement, douceur-dureté, contrôle-détente…
C’est une des bases de la thérapie que j’ai suivie et qui, à défaut de changer ce que l’on est, permet de mieux gérer les contradictions… Car c’est extrêmement fatigant à vivre tout ça… Les gens me fatiguent mais je me fatigue moi-même aussi. (Rires) Je suis dur à suivre parfois et j’aimerais bien être quelqu’un de différent, ce serait tellement plus simple !
Article paru dans le n° 13 du Fil d’ARIANA (avril 2000) & dans le n° 1 d’Astrologos (septembre 2000).
Le petit livre du Capricorne
par
49 pages. Illustrations en couleur.
Ce livre présente et explique les trois zodiaques : celui du décor des constellations, celui de l’astrologie traditionnelle basé sur les Quatre Éléments symboliques (Feu, Terre, Air & Eau) et celui de l’astrologie naturelle basé sur les phénomènes astronomiques objectifs.
Interprétation du Capricorne selon la symbolique classique et selon ses réflexes dans le zodiaque naturel (force, vitesse, équilibre) ; interprétation du Capricorne en fonction des planètes dominantes ; le Signe solaire & le Signe Ascendant.
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