Docteur es sciences, directeur de recherche en biologie au CNRS jusqu’à sa retraite, Suzel Fuzeau-Bræsch a rencontré l’astrologie à 42 ans, alors qu’Uranus (dominant dans son thème) transitait le Milieu-du-Ciel et amorçait son second demi-cycle. Elle s’est passionnée pour ce sujet tabou dans la communauté scientifique. Courageusement, elle n’a pas hésité à affronter les critiques, la commisération ou le rejet de ses collègues. Depuis 1989, elle a publié trois livres qui ont fait du bruit : L’astrologie (coll. Que Sais-je, P.U.F.), Astrologie, la preuve par deux (Éd. Robert Laffont) et Pour l’astrologie (Éd. Albin-Michel). Entretien avec une scientifique hors-normes.
1970. Les premiers ordinateurs proposant des études de thèmes font leur apparition en Angleterre. S. Fuzeau-Bræsch est à Londres, en mission avec une délégation scientifique. Curieuse, elle se procure les portraits astrologiques informatisés de quelques-unes de ses connaissances. Par jeu, elle fait disparaître toute mention des dates de naissance et essaye d’attribuer à chaque personne le portrait astrologique qui lui ressemble le plus. Surprise : elle a un pourcentage d’identifications réussies très important. Quelque temps plus tard, elle reproduit l’expérience avec d’autres personnes, avec des résultats similaires. Une interrogation a surgi, une passion est née.
Richard Pellard : L’histoire des sciences démontre que les découvertes importantes naissent très souvent d’un “hasard”, d’une “erreur” ou d’un “malentendu”. Les portraits astrologiques produits par les ordinateurs sont pour la plupart erronés par simplisme : ils n’interprètent pas un thème synthétiquement et ne prennent quasiment jamais en compte sa complexe organisation, en particulier la hiérarchisation des éléments qui le constituent. Les “portraits astrologiques” que délivrent les imprimantes sont presque toujours une succession d’interprétations des planètes en Signes, succession qui ne prend pas en compte le caractère dominant ou non-dominant de ces positions planétaires. C’est toujours vrai aujourd’hui, ça l’était encore davantage au début de l’astrologie informatisée, puisque la mémoire très limitée des premiers ordinateurs ne permettait pas de produire des portraits très sophistiqués. Et pourtant, c’est à partir de cette première expérimentation que vous avez commencé à vous pencher, avec un a priori positif, sur le fait astrologique. Comment analysez-vous rétrospectivement, après avoir sérieusement étudié l’astrologie, les circonstances de cette découverte ?
Suzel Fuzeau-Bræsch : Tout d’abord, je n’avais pas d’a priori positif comme vous le dites ; au contraire je tenais l’astrologie pour quelque chose d’irrationnel. Lire des textes informatisés m’a frappé, non pas par leur parfaite exactitude, mais par des éléments partiellement justes qui ne pouvaient être dus au hasard. J’ai pensé qu’il y avait donc “quelque chose là-dessous” qu’il me fallait apprendre pour juger. Non, il n’y a pas eu de “passion”, aussitôt l’interrogation. Mon tempérament et ma formation de scientifique m’ont toujours conduite à juger sur pièce, après une connaissance approfondie. C’est pourquoi j’ai décidé dès ce moment-là d’apprendre l’astrologie, la faire fonctionner et, après seulement, juger et prendre parti.
À l’époque où vous avez découvert l’astrologie, vous travailliez précisément, dans le cadre de vos recherches en biologie, sur les corrélations entre les signaux lumineux solaires et le déclenchement périodique de certains comportements animaux. Ces phénomènes “photopériodiques” varient en fonction de la durée des jours et des nuits, donc des saisons, donc de la hauteur du Soleil par rapport à l’équateur… L’astrologie zodiacale n’est pas loin, puisque chaque Signe se définit par un rapport jour-nuit ou diurne-nocturne spécifique. Pouvez-vous nous parler de vos recherches sur le photopériodisme ?
J’ai travaillé, en effet, sur les cycles de vie d’insectes en rapport avec la longueur des jours, les phénomènes de “diapause”. La diapause est un état très particulier qui permet à l’animal à sang-froid de passer l’hiver, mais en préparant cet état alors que la saison n’est pas encore arrivée, justement en se régulant sur les longueurs des jours qui anticipent la mauvaise saison. C’est un phénomène très important et très répandu dans le monde vivant. Mais on ne peut réellement penser au zodiaque dans la mesure ou en hémisphère sud, les saisons sont inversées et les diapauses aussi, tandis que le zodiaque astrologique semble bien être le même pour toute la Terre. Le photopériodisme est important pour l’être humain, mais il n’y a pas que cela.
Si les comportements animaux se modifient en fonction de la durée des jours et des nuits, du rythme des saisons, on peut raisonnablement penser qu’il en est de même pour les comportements humains. L’astrologie pourrait donc être étudiée expérimentalement dans les laboratoires du CNRS. Avez-vous essayé de convaincre vos collègues scientifiques d’entreprendre ces recherches ?
Quoi qu’il en soit du photopériodisme, il est certain que l’astrologie pourrait être étudiée en laboratoire. Mais au CNRS il n’en est malheureusement pas question aujourd’hui. Bien sûr, j’en ai parlé à des collègues et certains sont d’accord avec moi.
Comment et avec qui avez-vous par la suite étudié l’astrologie ? Votre formation scientifique vous a-t-elle servi ou desservi dans l’étude et la pratique de cette discipline ?
Il est absolument certain que ma formation scientifique m’a servie dans l’étude de l’astrologie que j’ai réalisée. Rigueur, rationalisme, déterminisme, autant de caractéristiques indispensables. J’ai réalisé cette étude auprès de personnes compétentes, y compris des contacts avec l’auteur du système “conditionaliste” R.E.T., et je me suis efforcée de ne pas me cantonner à une seule “école” astrologique, cela aussi me paraît scientifique. J’ai surtout fait l’effort de construire et analyser pour moi plusieurs centaines de thèmes avant de prendre définitivement position en rédigeant le Que sais-je ?.
Jusqu’à la fin des années 80, le volume de la collection Que Sais-je consacré à l’astrologie était rédigé par un astronome anti-astrologue notoire, Paul Couderc. En 1989, coup de théâtre : les Presses Universitaires de France (P.U.F.), qui ont demandé à Suzel Fuzeau-Bræsch, pro-astrologue notoire, d’écrire une nouvelle version de cet ouvrage, publient L’astrologie. Aussitôt, une tempête se déclenche chez les anti-astrologues scientifiques et universitaires, d’autant plus que le livre connaît un grand succès, que ses éditions se multiplient et qu’il est traduit dans de nombreuses langues. Pour la première fois dans l’histoire de la collection Que Sais-je, l’astrologie était présentée d’une façon honnête et positive.
Quand, comment et pourquoi et les responsables de Que sais-je se sont-ils adressés à vous pour la nouvelle rédaction de l’opuscule consacré à l’astrologie ? Se sont-ils réellement rendu compte de ce qu’ils faisaient ?
Lorsque l’auteur du précédent Astrologie dans la collection Que sais-je ? des P.U.F., M. Couderc, est décédé, l’éditeur l’a retiré de la publication. Il était en effet une simple polémique virulente contre l’astrologie et tranchait sur l’ensemble de la collection qui est une encyclopédie où les dossiers doivent être ouverts dans la plus grande objectivité possible. Pour l’Astrologie nouvelle à rédiger, il n’y avait que moi en France pour être scientifique et la connaître… donc le choix était facile ! Les Presses Universitaires de France étaient bien évidemment conscientes du changement !
Pouvez-vous nous parler de vos relations avec vos collègues scientifiques et avec les anti-astrologues rationalistes suite à la publication de ce livre et des ouvrages suivants ?
Les réactions ont été variées, j’ai découvert des esprits ouverts qui acceptaient ma démarche, d’autres fermés… Mais la plupart étaient courtois et ne m’attaquaient pas car j’étais connue comme scientifique depuis longtemps. La sur-prise fut la plus fréquente des attitudes. Quant aux médias officiels grand public, comme La Recherche, Science & Vie, etc., la technique est le “rideau de fumée” pour ne pas faire connaître mes livres, c’est-à-dire… le silence.
D’après vous, les anti-astrologues rationalistes sont-ils animés par une démarche scientifique expérimentale objective et rigoureuse ?
Non, les “anti-astrologues” ne sont pas animés d’une démarche scientifique, car ils jugent sans connaître, ce qui est parfaitement contraire à l’esprit scientifique.
Actuellement, rarissimes sont les scientifiques estimés et officiellement reconnus qui osent avouer publiquement leur intérêt pour l’astrologie. C’est trop dangereux pour leur crédibilité et leur carrière. Suzel Fuzeau-Bræsch, auteur de plus de 150 publications scientifiques, respectée dans son milieu, est l’un de ces oiseaux rares dont on ne peut mettre en doute ni la rationalité, ni la scientificité de sa démarche. Comment analyse-t-elle les relations entre science officielle et astrologie ?
En 1992, vous avez fondé le R.A.M.S., Groupe de Recherches en Astrologie par des Méthodes Scientifiques. Pouvez-vous nous parler des activités de cette association, et qu’entendez-vous par “méthodes scientifiques” ?
Oui, j’ai fondé le R.A.M.S. avec plusieurs amis afin d’impulser des travaux de recherche sur l’astrologie. Nous n’avons pas d’a priori théorique en ce qui concerne les méthodes d’astrologie utilisées. Des groupes de travail se forment, autour de différents thèmes (typologie du thème de naissance, transits, influence de la Lune, etc.), et nous publions un cahier des résultats chaque année. “Méthodes scientifiques” signifie avant tout “esprit scientifique rationnel” et toute la panoplie des méthodes habituelles reconnues : statistiques, confrontations avec l’astronomie, sont mises à l’œuvre.
Selon vous, est-il possible d’imaginer, à brève échéance, la création d’un laboratoire de recherche expérimentale sur l’astrologie au C.N.R.S. (Centre National de la Recherche Scientifique) ?
Non, il n’est pas possible de rêver ainsi. Il faut travailler et développer l’esprit scientifique dans le milieu astrologique, publier des résultats et progressivement nous faire connaître en montrant un visage uni d’une astrologie rationnelle que tout le monde peut comprendre. Alors un jour viendra où les relations système solaire-êtres humains deviendront une évidence. Des spécialistes de différentes disciplines en viendront forcément à rechercher le pourquoi et le comment de ces relations : je suis optimiste pour l’avenir.
Article paru dans le n° 3 d’Astrologie naturelle (juillet 1998).
Le petit livre du Capricorne
par
49 pages. Illustrations en couleur.
Ce livre présente et explique les trois zodiaques : celui du décor des constellations, celui de l’astrologie traditionnelle basé sur les Quatre Éléments symboliques (Feu, Terre, Air & Eau) et celui de l’astrologie naturelle basé sur les phénomènes astronomiques objectifs.
Interprétation du Capricorne selon la symbolique classique et selon ses réflexes dans le zodiaque naturel (force, vitesse, équilibre) ; interprétation du Capricorne en fonction des planètes dominantes ; le Signe solaire & le Signe Ascendant.
Téléchargez-le dès maintenant dans notre boutique