La Science Objective dénie à l’astrologie toute réalité. Mais elle oublie souvent ses propres aveuglements et limitations, et ferait mieux de balayer devant sa porte, surtout quand ses robots accouchent de golems…
Dans la tradition magique juive et des légendes d’Europe orientale, le golem (mot hébreu qui signifie “masse informe, embryon”) est une créature artificielle, au corps d’argile et à forme humaine. Voici comment le décrit le kabbaliste Scholem : “Sur son front est écrit emeth (vérité), il grossit chaque jour et devient facilement plus grand et plus fort que tous ceux qui vivent dans la maison, alors qu’au début il était si petit. Par peur de lui ils effacent la première lettre afin qu’il ne reste que meth (mort), sur ce, il s’écroule et redevient de l’argile. Un homme avait laissé par insouciance grandir son Golem ; il était devenu si grand qu’on ne pouvait même plus atteindre son front. Alors il ordonna, par peur, au valet de lui enlever ses bottes, avec l’idée qu’étant baissé, il pourrait lui atteindre le front. Cela réussit, la première lettre fut enlevée mais tout le poids d’argile tomba sur le juif et l’écrasa.”
Harry Collins et Trevor Pinch, dans leur récent et passionnant petit livre, Tout ce que vous devez savoir sur la science (Éd. Seuil Points-Sciences), n’hésitent pas à comparer la science à un golem… ou à un robot. La science officielle considérant l’astrologie comme au mieux une croyance irrationnelle, au pire comme une pratique de charlatans, et lui déniant de toute façon toute réalité, il n’est pas inintéressant de savoir comment elle fonctionne de l’intérieur, quels sont les préjugés qui l’habitent, les valeurs sur lesquelles elle est fondée, les principes qui l’animent et les méthodes qu’elle utilise. On gagne toujours à bien connaître son ennemi.
Entendons-nous bien : il n’est pas question pour l’astrologue que je suis de faire unilatéralement le procès de la science au simple motif qu’elle dénie à l’astrologie — et parfois aux astrologues — le droit à l’existence. Il serait stupide d’être aussi borné que les scientistes. Stupides et scientistes, Harry Collins et Trevor Pinch ne le sont certainement pas. Ils ne sont pas non plus anti-scientifiques, puisqu’ils sont respectivement professeur et directeur du Centre d’études sur la science d’une université anglaise, et enseignant au Département d’études sur la science et la technologie d’une université américaine. Ce qu’ils critiquent et contestent, c’est l’image que la science donne d’elle-même.
Quelle est-elle, cette image ? Celle d’une vénérable institution neutre, objective, rationnelle, raisonnable, rigoureuse, majestueuse, à l’écart des passions et déraisons humaines, toute entière tournée vers la connaissance théorique et expérimentale de la nature pour en faire profiter la collectivité humaine. Du haut du piédestal où elle s’est elle-même hissée, elle juge souverainement du vrai et du faux, du réel et de l’irréel, du juste et de l’injuste avec une lucide, froide et rassurante impartialité. Elle amène à l’Humanité souffrante la Connaissance, la Santé et le Progrès.
Pour ses zélotes, la science est “un croisé assiégé par les apôtres de mystiques obscurantistes tandis que d’autres individus plus sinistres encore attendent leur heure pour fonder un nouveau fascisme sur les décombres du savoir scientifique” ; pour ses critiques les plus virulents, c’est “l’ennemi public n° 1 : notre douce planète, notre sentiment de justice, notre sens du beau et du poétique sont offusqués par des technocrates — incarnant l’antithèse de la culture — inféodés à des capitalistes avides de profit.” Pour les premiers, la science est une bienfaitrice de l’humanité. Pour les seconds, elle n’est qu’un robot froid et sans âme.
Ces deux positions extrêmes sont également caricaturales. La science n’est ni un robot bienfaiteur, ni un robot malfaiteur. Ce n’est d’ailleurs pas du tout un robot : elle est trop fantasque et trop irrationnelle pour être comparée à un automate bien programmé. Elle n’est qu’une activité humaine comme les autres, faite par et pour des hommes : “la science ne ressemble ni à un preux chevalier ni à un monstre sans pitié. Qu’est-elle alors ? La science est un golem.”
Revoilà notre golem ! Relisez sa description au début de cette tribune, et vous verrez que c’est le portrait tout craché de la science. Comme elle, “le golem est puissant et le devient chaque jour un peu plus” ; comme elle, “il obéit aux ordres de son créateur, travaille à sa place et le protège de l’ennemi sans cesse menaçant” ; et comme elle aussi, “il est maladroit et dangereux. Si ses maîtres ne le surveillent pas, il risque de les détruire par maladresse dans le déchaînement de sa force.”
Dans les mythes et légendes, les symboles ont généralement plusieurs sens, parfois contradictoires. Le golem n’échappe pas à cette loi : pour les juifs d’Europe de l’Est, il était tantôt considéré comme l’incarnation du mal, tantôt comme un “imbécile quelque peu encombrant qui ne connaît pas plus sa force que sa maladresse et l’étendue de son ignorance”, qui ressemble plus à un “éléphant dans un magasin de porcelaine qu’à un démon”.
À travers des comptes-rendus d’expérimentations vivants et drôles qui vont de la vie sexuelle des lézards à l’histoire des neutrinos solaires manquants en passant par l’histoire de la fusion froide, le transfert chimique de la mémoire, les preuves et théories de la Relativité ou les disputes de la génération spontanée, Collins et Pinch nous montrent que la science-golem n’est qu’un éléphant qui (se) trompe très souvent énormément confronté aux porcelaines du réel.
La science peut-elle prétendre à saisir la Vérité ? Pour donner vie au golem, on inscrivait sur son front le mot émeth (la vérité) : “c’est la vérité qui le met en mouvement. Mais cela ne signifie pas que le golem connaisse celle-ci — tant s’en faut.” Collins et Trevor nous révèlent ainsi toutes les magouilles, approximations et tripatouillages auxquels se livrent les scientifiques — même les plus illustres — pour faire coïncider les faits avec leurs théories, et inversement, sans oublier au passage la progression de leurs carrières, la recherche des honneurs, la compétition pour les prix Nobel et les douteuses sources de financement de leurs projets et recherches. Autant dire que la science n’a pas le monopole de la vérité, loin de là.
L’une des plus intéressantes affaires rapportées par ce livre est celle des neutrinos solaires. Je ne vais pas vous faire un cours de physique. Pour résumer, la science-golem avait imaginé un modèle théorique quantifié de la structure physique du Soleil. Pour vérifier si cette théorie était bonne, les scientifiques mirent en place des dispositifs expérimentaux qui ne la confirmèrent pas, ce qui a amené à remettre en cause la plupart des enchaînements d’hypothèses existantes en physique nucléaire et en astrophysique. Rien de moins. Cela se passait au milieu des années 70 et on en est toujours là à l’heure actuelle : la science-golem ne sait toujours pas si elle se trompe ou si elle ne se trompe pas.
“C’est comme si ces résultats avaient déchiré le tissu d’idées et de pratiques normalement tenues pour acquises. Pour un temps, les hommes de science ont pu penser l’impensable, explorer l’inexplorable, se libérer du joug de la science orthodoxe et se demander simplement : ‘Qu’en serait-il si… ?’ Mais si l’on prend au sérieux toutes les suggestions, tout ce que nous considérons pour acquis peut alors être remis en question”.
Mais la science-golem ne se remet en question que contrainte et obligée : “Si, en certaines circonstances, les hommes de science peuvent penser l’impensable, qu’est-ce qui les empêche de le faire la plupart du temps ? Si la réponse ne se trouve pas dans une Nature récalcitrante, il ne reste que la culture scientifique. Si la science fonctionne comme elle le fait, ce n’est pas tant en raison de contraintes impérieuses imposées par la Nature, mais parce que nous l’avons faite ainsi.”
Le golem-science, imbécile encombrant à la “bonne nature, quoi qu’un tantinet un peu écervelée”, ne découvre que ce qu’il veut bien découvrir, que ce qui ne se trouve pas dans la zone aveugle de son regard plein de préjugés. Pour lui, l’astrologie est impensable : il n’est donc pas question qu’elle suscite chez lui la moindre curiosité exploratoire. Les astrologues devraient comprendre qu’il est inutile d’attendre quelque reconnaissance que ce soit du golem-science et qu’il est tout aussi vain de chercher à l’imiter.
Faut-il alors s’abandonner au découragement ? Pas du tout : il faut continuer à chercher sur le terrain du réel par des méthodes et conceptions originales. Comme le disent Collins et Trevor (qui ne sont pas suspects d’astrologisme), “C’est pour nous la seule façon de trouver le courage d’escalader les sommets interdits d’hier et ceux qui viennent de se former derrière nous. Si nos exemples nous ont appris une chose, c’est qu’il n’y a pas de logique de la découverte scientifique. Ou plutôt, s’il en existe une, c’est celle de la vie de tous les jours.”
Texte paru dans Astrologos n° 9, février 2002.
▶ L’anti-astrologisme chrétien
▶ Pour en finir avec l’anti-astrologie
▶ Quelques recherches sur l’influence astrologique
▶ Quelques réponses à un astronome anti-astrologue : expérience vécue
▶ Yves Ouatou et les Zantis en B.D.
▶ Yves Ouatou et l’anti-astrologisme médiatique
▶ Yves Ouatou et les tours de la Défense
▶ Le S.O.R.I. : L’Objet
Les significations planétaires
par
620 pages. Illustrations en couleur.
La décision de ne traiter dans ce livre que des significations planétaires ne repose pas sur une sous-estimation du rôle des Signes du zodiaque et des Maisons. Le traditionnel trio Planètes-Zodiaque-Maisons est en effet l’expression d’une structure qui classe ces trois plans selon leur ordre de préséance et dans ce triptyque hiérarchisé, les Planètes occupent le premier rang.
La première partie de ce livre rassemble donc, sous une forme abondamment illustrée de schémas pédagogiques et tableaux explicatifs, une édition originale revue, augmentée et actualisée des textes consacrés aux significations planétaires telles qu’elles ont été définies par l’astrologie conditionaliste et une présentation détaillée des méthodes de hiérarchisation planétaire et d’interprétation accompagnées de nombreux exemples concrets illustrés par des Thèmes de célébrités.
La deuxième partie est consacrée, d’une part à une présentation critique des fondements traditionnels des significations planétaires, d’autre part à une présentation des rapports entre signaux et symboles, astrologie et psychologie. Enfin, la troisième partie présente brièvement les racines astrométriques des significations planétaires… et propose une voie de sortie de l’astrologie pour accéder à une plus vaste dimension noologique et spirituelle qui la prolonge et la contient.
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Pluton planète naine : une erreur géante
par
117 pages. Illustrations en couleur.
Pluton ne fait plus partie des planètes majeures de notre système solaire : telle est la décision prise par une infime minorité d’astronomes lors de l’Assemblée Générale de l’Union Astronomique Internationale qui s’est tenue à Prague en août 2006. Elle est reléguée au rang de “planète naine”, au même titre que les nombreux astres découverts au-delà de son orbite.
Ce livre récapitule et analyse en détail le pourquoi et le comment de cette incroyable et irrationnelle décision contestée par de très nombreux astronomes de premier plan. Quelles sont les effets de cette “nanification” de Pluton sur son statut astrologique ? Faut-il remettre en question son influence et ses significations astro-psychologiques qui semblaient avérées depuis sa découverte en 1930 ? Les “plutoniens” ont-ils cessé d’exister depuis cette décision charlatanesque ? Ce livre pose également le problème des astres transplutoniens nouvellement découverts. Quel statut astrologique et quelles influences et significations précises leur accorder ?
Enfin, cet ouvrage propose une vision unitaire du système solaire qui démontre, chiffes et arguments rationnels à l’appui, que Pluton en est toujours un élément essentiel, ce qui est loin d’être le cas pour les autres astres au-delà de son orbite. Après avoir lu ce livre, vous saurez quoi répondre à ceux qui pensent avoir trouvé, avec l’exclusion de Pluton du cortège planétaire traditionnel, un nouvel argument contre l’astrologie !
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