Aujourd’hui, l’essentiel des bataillons de l’anti-astrologisme se recrute chez les scientistes et les rationalistes de tout poil. Mais les gens d’églises diverses ont aussi leur opinion, bien tranchée, sur la question. C’est entre autre le cas des chrétiens, et plus particulièrement des catholiques : on assiste dans ce domaine à l’alliance sacrée de l’éprouvette et du goupillon. Mais étant donné que nombre de frontons et de piliers de cathédrales sont littéralement recouverts de symboles astrologiques, les choses sont plus compliquées qu’il n’y paraît au premier abord…
Représentations du Sagittaire et du Capricorne sur le fronton de la basilique de Vézelay :
Commençons par le document le plus récent produit par le Vatican : il s’agit du Catéchisme de l’Église Catholique (éd. Mame/Plon). Le paragraphe 2116 est tout à fait explicite :
“Toutes les formes de divination sont à rejeter : recours à Satan ou aux démons, évocation des morts ou autres pratiques supposées ‘dévoiler’ l’avenir. La consultation des horoscopes, l’astrologie, la chiromancie, l’interprétation des présages et des sorts, les phénomènes de voyance, le recours aux médiums recèlent une volonté de puissance sur le temps, sur l’Histoire et finalement sur les Hommes en même temps qu’un désir de se concilier les puissances cachées. Elles sont en contradiction avec l’honneur et le respect, mêlé de crainte aimante, que nous devons à Dieu seul.”
Voilà qui est clair et net. De fait, l’astrologie et l’Église officielle n’ont jamais fait bon ménage. Les ecclésiastiques ont condamné l’astrologie lors des Conciles d’Ancyre (314), de Vannes (461), d’Agde (506), d’Orléans (511), d’Auxerre (578), de Reims (630), de Tolède (633), de Rome et (721) de Londres (1125).
Ces condamnations à répétition avaient une bonne raison : le ver astrologique était dans le fruit chrétien, puisque la plupart des gens qui étudiaient et pratiquaient l’astrologie en Occident étaient des lettrés et que la plupart de ces derniers étaient ecclésiastiques. Ce qui a valu aux moins discrets d’entre eux d’être excommuniés, déclarés “infâmes, inhabiles à témoigner en justice, privés de toute dignité ecclésiastique, et enfermés en monastère”, ce qui n’était pas très malin, puisque c’était dans les bibliothèques des monastères que l’on pouvait trouver les ouvrages d’astrologie disponibles à ces époques. Dans les cas les plus graves, on joignait à ces condamnations des “épreuves par eau bouillante ou fers rouges”.
Quelques siècles plus tard, lors de ses vœux de nouvel an, le premier janvier 2002, le pape Jean-Paul II s’est attaqué aux astrologues et aux voyants. Pourquoi cette condamnation ?
“Chez l’homme, a dit Jean-Paul II, le désir est bien vif de connaître le sens et la dynamique des événements personnels et communautaires dans lesquels il est impliqué. Il aimerait savoir avant ce qui arrivera après, de façon à ne pas être pris par surprise. Jésus, cependant, n’a jamais satisfait cette curiosité… Jésus nous exhorte à ne pas chercher inutilement à connaître tout ce qui est réservé à Dieu.”
Cette déclaration a fait pas mal de bruit. En France, les quotidiens France-Soir et Le Monde ont consacré de longs articles aux propos papaux et aux réactions passionnées qu’ils ont provoqués chez les croyants et/ou les astrologisants. D’une manière à la fois cynique et ironique, le premier journal en a d’ailleurs profité pour annoncer : “Que vous croyiez en Dieu, dans les astres ou dans les deux, France-Soir vous propose votre horoscope de l’année.”
France-Soir ne s’est pas contenté de proposer à ses lecteurs les prévisions horoscopiques pour 2002. Il a également donné la parole au théologien dominicain Jacques Arnould, qui a relayé la condamnation papale dans les termes suivants : “Jean-Paul II a voulu rappeler que notre histoire, nos histoires, ne sont pas écrites dans le ciel comme elles le seraient dans la pierre ou sur un programme informatique. Certes, la Bible nous dit que nos existences sont dans la main de Dieu, mais n’y sont pas enfermées.”
Comme de nombreuses religions, le christianisme a toujours entretenu une relation très ambiguë avec l’astrologie. D’un côté, l’Église l’a très tôt condamnée en tant que pratique païenne et croyance superstitieuse faisant de l’ombre à la toute-puissance divine et niant le libre-arbitre que Dieu aurait accordé à l’Homme (ce qui est un sacré paradoxe) ; de l’autre côté, innombrables sont les églises dont les frontons, les colonnes et les clochers s’ornent de symboles planétaires et zodiacaux et, de plus, il est de notoriété publique que de nombreux papes et leurs cours ont recouru jusqu’au milieu du XVIe siècle à l’astrologie. Il y a même eu des papes astrologues !
Le prêtre Jacques Arnould le reconnaît volontiers : “les prélats, dit-il, croyaient comme leurs contemporains que les astres étaient mus par des forces venant directement de Dieu, éventuellement des anges, et que les destins de l’humanité s’inscrivaient dans leurs trajectoires. Nous savons désormais que ce sont les lois de la physique qui règlent ces mouvements. Pour suivre de près l’aventure spatiale, j’aime à dire que désormais, ce n’est plus notre destin qui est écrit dans les étoiles par le doigt de Dieu, mais nous qui inscrivons nous-même notre destin dans les étoiles.”
De la part d’un théologien catholique, utiliser cet argument purement physicien et matérialiste est plutôt surprenant. On se serait plutôt attendu à ce qu’il vienne d’un scientifique rationaliste. Il est quand même étrange d’appeler l’astronautique au secours de la métaphysique. Mais l’astrologie possède apparemment ce mystérieux pouvoir qui pousse régulièrement les contraires (en l’occurrence le croire et le savoir) à s’amalgamer pour s’unir contre elle. Pourquoi ? Parce qu’elle dérange à la fois le croire chrétien, pour lequel l’astrologie serait incompatible avec la volonté divine et le savoir scientifique actuel, qui affirme, par ignorance et manque de curiosité, que les astres du système solaire n’exercent aucune influence sur nous. Pourquoi ces paradoxes et ces malentendus ?
“Recourir à l’astrologie et aux autres formes de voyance, poursuit notre théologien, c’est non seulement donner à ces pratiques un pouvoir qu’elles ne possèdent pas, mais c’est aussi s’inscrire contre la foi en Dieu Créateur de l’Univers et de l’humanité”. Là, il montre clairement qu’il ne sait pas de quoi il parle : d’une part, l’astrologie n’est pas une “forme de voyance”, mais l’étude des relations et interactions entre les espèces vivantes (dont l’Homme) et les astres du système solaire, et d’autre part, la voyance n’est nullement incompatible avec la foi.
Nous savons aujourd’hui que le rire n’est pas le propre de l’homme : quantité de mammifères supérieurs s’amusent et ont le sens de l’humour. Par contre, l’envie de connaître l’avenir semble bien être une propriété fondamentale de l’espèce humaine. Le père Arnould le reconnaît bien volontiers : “C’est dans la nature de l’Homme de s’interroger sur son avenir. Sans doute est-ce l’un des caractères qui nous distinguent des animaux. Le croyant n’a aucune raison de l’ignorer, mais il doit agir en cohérence avec sa foi. D’une certaine manière, astrologie et sciences occultes comblent un manque pour ceux qui n’ont pas la foi.” Peut-être, mais alors comment expliquer que de nombreux voyants et astrologues sont profondément croyants ?
Le dominicain postule que nous n’avons pas la possibilité de prédire l’avenir mais affirme étrangement que “les boules de cristal ou les prévisions informatisées se trompent bien souvent”. Bizarre raisonnement au silicium (le cristal et les puces informatiques ont en commun le quartz) : si l’avenir est imprévisible, comment se fait-il que voyants et astrologues ne se trompent que “bien souvent” ?
Les multiples prophètes de la Bible se seraient-ils eux aussi “bien souvent” trompés ? Les prophéties de la très catholique Vierge de Fatima, apparue à trois enfants au Portugal en 1917, ne seraient-elles que des élucubrations siliceuses ? Pour répondre à ces gênantes questions, notre dominicain se transforme en jésuite : “Il ne faut pas écarter toutefois la possibilité pour certains humains, dit-il, d’avoir une certaine vision de l’avenir… Ces prophéties sont reconnues par la tradition chrétienne. Je dirai simplement qu’elles ne sont pas nécessaires à la foi. Bien plus, elles doivent se plier à la foi, aux exigences du message évangélique.”
Cela revient à dire que “certains humains”, de préférence bibliques, ont la possibilité et le droit de prédire l’avenir, et pas les autres. Une phrase peut ainsi résumer les propos du père Arnould : “l’avenir est imprévisible, mais néanmoins prévisible.” Il y a là comme un petit problème de logique fondamentale. Comment le résoudre ? N’étant pas logicien, je vous propose simplement de méditer sur une expérience vécue.
Je pratiquais l’astrologie depuis une dizaine d’années lorsque, par l’intermédiaire d’une relation commune, je fis la rencontre d’un curé de campagne qui s’intéressait à la science des astres. Il me confia alors que lorsqu’il était au séminaire, dans les années 1930, de très nombreux candidats à la prêtrise étaient comme lui. Je fis alors avec lui l’étude de son Thème natal et, croyez-moi, ce n’était pas un mystique illuminé : plutôt le genre de curé qui trimballait sa caisse à outils dans sa vieille 2CV Citroën pour rendre service à ses paroissiens là où il savait que les prières étaient inefficaces.
Quelques années plus tard, il demanda à me revoir. Il traversait une terrible période de doute, de “nuit de la foi” comme disent les chrétiens, et voulait savoir si cette difficile épreuve pouvait être explicable par des échéances astrologiques. C’était effectivement le cas : il traversait une période où ses modèles, principes et valeurs directrices (pour lui, la foi en Dieu) étaient profondément déstabilisés, remis en question. Nous en parlâmes longuement ensemble. À la suite de cet entretien, il comprit qu’il lui était nécessaire de transformer son rapport personnel au divin pour ne pas perdre définitivement la foi, ce qu’il fit avec de grandes difficultés. Finalement, sa foi en ressortit confirmée et approfondie.
Cette anecdote illustre à merveille les rapports que peuvent entretenir astrologie et religion. Affirmer que “Recourir à l’astrologie, c’est s’inscrire contre la foi”, comme le fait Jacques Arnould, est une insulte à la mémoire et à la foi de mon ami le bon curé de campagne, aujourd’hui décédé. L’astrologie n’est pas affaire de croyance, mais d’expérimentation empirique. On ne croit pas aux astres comme on croit en Dieu, à moins d’être astrolâtre, et je sais par expérience que les astrolâtres font de mauvais astrologues. L’astrologie sérieuse n’a rien à voir avec l’horoscopolâtrie et n’est en rien l’ennemie de la raison ni de la foi, n’en déplaise aux anti-astrologues scientistes et cléricaux.
Personnellement, je suis agnostique, mais tous les astrologues ne le sont pas. L’un d’entre eux, Louis Saint-Martin, doctorant en philosophie, “catholique romain, astrologue et fier de l’être” selon ses propres propos, soutient que le ciel “est porteur d’un sens parce qu’il est avant tout projet d’un Créateur […]. Ainsi, l’astrologie constitue une grâce spécifique, une carte marine que Dieu accroche au faîte de chacun de nos berceaux pour l’aider à comprendre un peu.” Dans ce cas de figure, l’astrologue catholique a moins de problèmes de logique que le théologien. Comprenne qui pourra et qui voudra.
Représentations du Verseau et du Bélier sur le fronton de la cathédrale de Strasbourg :
Maurice Maupilier à Jean-Pierre Nicola
Cher ami,
Intéressés ou non par la Foi chrétienne, les astrologues ne peuvent se désintéresser de son opinion sur l’astrologie. Je vous envoie donc photocopie de ce qui a été publié dans le tout récent Catéchisme. Avec un large contexte, qui situe mieux le passage qui vous intéresse directement, le paragraphe 2116 :
“Toutes les formes de divination sont à rejeter : recours à Satan ou aux démons, évocation des morts ou autres pratiques supposées ‘dévoiler’ l’avenir. La consultation des horoscopes, l’astrologie, la chiromancie, l’interprétation des présages et des sorts, les phénomènes de voyance, le recours aux médiums recèlent une volonté de puissance sur le temps, sur l’Histoire et finalement sur les Hommes en même temps qu’un désir de se concilier les puissances cachées. Elles sont en contradiction avec l’honneur et le respect, mêlé de crainte aimante, que nous devons à Dieu seul.”
Vous observerez que toute la présentation tourne autour de la condamnation de la divination et de la recherche de l’avenir par le recours à des puissances considérées comme des divinités qu’on pourrait se concilier par divers moyens toujours regardés comme bourrés de superstition et d’idolâtrie, aux sens que vous trouvez dans les pages de contexte. Le texte ne me paraît pas informé correctement de certaines vues modernes sur l’astrologie, et semble la confondre avec des formes de charlatanisme ; on a voulu rassembler en un fourre-tout facile un peu n’importe quoi, sur quoi on ne s’est pas préoccupé d’information juste et complète. Les paragraphes 2111 et 2113 me semblent plus sensés. Le paragraphe 2114 atteint davantage au fond d’origine et immuable de la Foi chrétienne. Le 2117 ne me parait pas non plus hors de sens. D’autant plus que la préoccupation est d’atteindre les catholiques de toute langue, race, civilisation, hérédité. Je dirais donc que toute la documentation précédente que vous avez en main reste valable, en particulier l’appréciation portée dans le dictionnaire Catholicisme. Si le texte peut avoir une utilité c’est d’affiner votre esprit critique et de marquer vos différences avec les lamentables excès qu’on confond avec vous. Profitez-en, le cas échéant, pour préciser vos différences entre vos écoles. Enfin, les non-catholiques et non-chrétiens n’ont pas à se sentir concernés par ce texte.
Sur le paragraphe 2115, je dirai qu’il n’y a pas a accorder autorité sans nuance a la formule : “…s’en remettre avec confiance entre les mains de la Providence pour ce qui concerne le futur et a abandonner toute curiosité malsaine a ce propos.” En Foi chrétienne, l’homme est libre et autonome et ne cesse de recevoir de l’origine Créante cet Univers comme sien, où il peut prospecter, découvrir, chercher à mieux connaître tout, y compris ce qui concerne son futur terrestre, sans céder à ce qu’on appelle superstition, idolâtrie, volonté de nuire ou d’asservir, et sans céder au fatalisme. Et la prospection psychologique sous ces dernières conditions est toujours entre ses mains.
Il faut quand même dire plus à propos de cet épais volume de 676 pages grand format. Il lui arrive d’être saupoudré de pages d’esprit ouvert et l’ouverture ne se confond ni avec je ne sais quel mouvement progressiste ou libéral ou je ne sais quoi d’autre ; mais il reste que ce volume a été voulu comme une tentative de blocage contre les ouvertures du dernier Concile et comme une arme pour un nouveau combat de conversion contre tous ceux qui n’auraient pas sur la Foi chrétienne les mêmes opinions que le Pape et son haut fonctionnaire intellectuel de confiance, le cardinal Ratzinger, les autres ouvriers de l’œuvre étant d’autorité secondaire. Les pressions pour une rédaction conforme à ces vues a été multiple et constante sur les sujets chauds. Il ne faut pas se laisser prendre à un jeu traditionaliste déjà commencé. Ce Catéchisme n’est pas plus une œuvre de “l’infaillibilité papale” que les autres catéchismes précédents, y compris celui de l’ancien Concile de Trente. Une pub. le présente comme “le message chrétien dans son intégralité et sa totalité”. Cela est dit pour s’en faire une arme future, mais ce catéchisme, compilation de documents divers, n’intègre pas des vues tout aussi chrétiennes que celles qui sont ici inscrites et il y a longtemps que la totalité du message chrétien a été délivrée en moins de mots et en beaucoup de langues, et cela des les premiers siècles (dont l’ampleur des vues n’est d’ailleurs ici que fort peu présente). La pub. ajoute : “Le Texte qui fait Foi.” Non, c’est un texte qui traite de la foi conformément à l’essentiel révélé de la foi chrétienne mais qui a été restreint dans son envergure possible par les vues en plus d’un lieu dominatrices d’autorités chrétiennes dont les personnes sont parfaitement honorables mais dont les préférences sur les catéchismes et l’évangélisation-combat n’ont pas à s’imposer a tous. Si bien que sur tous les grands points en discussion dans les sociétés humaines aujourd’hui ce volume n’a pas à passer comme l’enseignement, “infaillible” et désormais imposé à tous, de l’Église. Souvenons-nous de Galilée et de bien d’autres, de bien d’autres. Il n’y a pas non plus a s’accrocher au style : on reconnaîtra souvent la langue… de bois du vieil ecclésiasticisme.
Si on vous objecte quelque jour cette œuvre, ne vous laissez pas trop impressionner. Demandez d’autres preuves.
Nous avions fait une allusion a Hypatie. Il n’est pas mauvais que je vous livre ce supplément d’information. Dans les années 400 elle enseignait tout ce qu’on appelle maintenant philosophie, sciences mathematiques, theologie non-chrétienne (elle était païenne), astronomie et astrologie, à la célèbre Université d’Alexandrie d’Égypte. On est sûr qu’elle était fille de Théon et qu’elle enseignait les œuvres de Théon et celles de Ptolémée. Brillamment. Les auteurs du temps sont unanimes à célébrer la noblesse de son enseignement et l’extraordinaire influence qu’elle exerçait sur ses élèves, parmi lesquels des chrétiens qui la vénéraient, telle grand Synésius qui sera évêque de Cyrène.
Mais c’était aussi le temps ou montait en puissance un christianisme intolérant contre un paganisme lui aussi intolérant. On se battait jusqu’au sang. Jusqu’aux tortures et à la mort. On a tente de cacher la vérité. Pourquoi ? Cette professeur de mathématiques et d’astrologie élaborée et de haute philosophie importunait certains membres du clergé chrétien, parmi lesquels le prêtre Théophile qui déjà avait trempé dans l’incendie de l’immense bibliothèque du Serapeum (d’ou une irréparable perte pour l’humanité), le prêtre Pierre, qui, en 415, faisait partie de la maison du patriarche chrétien Cyrille, et le patriarche Cyrille lui-même. Ce dernier s’est montre plus d’une fois, non seulement buté et d’un esprit étroit mais au nom de sa foi, fanatique.
Il avait payé de sa personne pour expulser les Juifs et brûler leurs synagogues. Paya-t-il de sa personne lors du massacre d’Hypatie ? Directement, ce n’est pas prouvé. Indirectement c’est sûr. Car ce jour de 415 où la populace chrétienne, poussant jusqu’au bout la logique qu’on lui avait ardemment enseignée, se précipita chez Hypatie et la massacra, à la tête des massacreurs comme meneur, se trouvait le clerc de Cyrille, Pierre. Cyrille depuis, a été, — dirons-nous amnistié ? — En tout cas, il a été déclaré saint. Réhabilitation d’Hypatie ?
Je reviendrai pour conclure au Catéchisme ; on y a inséré une illustration intéressante dont je vous envoie aussi la photocopie. J’en ai déjà entendu un commentaire très militant d’une évangélisation dite nouvelle, mais c’est à tort. La gravure reproduit le sarcophage d’un Romain d’une illustre famille, Junius Bassus. L’œuvre date de 359, on l’a trouvée sous la Basilique St Pierre, au point central des fouilles. Elle représente certes le Christ mais non pas écrasant l’erreur sous ses pieds, militantisme qui lui est ici bien étranger. La réalité peut intéresser les astrologues. Lisons l’œuvre en commençant par le registre inférieur.
En ce registre est représenté, sous la forme d’un géant plein de puissance et soulevant a deux mains, comme signe de divinité, une écharpe d’étoffe gonflée en voûte, Ouranos-Kronos, dieu des cieux et du kosmos. Au registre supérieur est assis un tout jeune homme qui représente Christ en Gloire ; comme le Réel enfin réussi de l’homme uni à la Divinité. Ses pieds reposent sur la voûte de voile et le front puissant d’Ouranos, non pas en puissance écrasante, vengeresse, dominatrice, mais en continuité. Le registre inférieur est calculé pour signifier cela par la pose des bras d’Ouranos dont la pointe finale de sommet triangulaire se trouve au centre du front de Christ ; les pieds sont posés en calme, le pied gauche étant en continuité avec le front d’Ouranos, le pied droit étant appuyé, lui aussi en continuité, sur la voûte dont nous avons parlé. Dans l’antiquité vivante cet ensemble calculé représentait une manifestation de continuité. Sens très cohérent, et compris et senti. Les deux piliers sont ornés d’angelots et de représentations des fruits naturels de la terre. Nous sommes à Rome : les personnages qui entourent Christ sont les deux apôtres morts à Rome, martyrs, Pierre, à droite, Paul, à gauche.
Le sculpteur était un bon sculpteur. Lui-même ou ceux au moins qui l’inspiraient savaient fort bien ce qu’ils voulaient signifier, quelle conviction ils voulaient exprimer. Il n’y a pas là archéologie morte ou seulement ornementale : il est d’ailleurs possible que les autres surfaces sculptées du sarcophage, non représentées ici, aient prolongé la symbolique enseignante. Mais ne suffit-il pas que le panneau du sarcophage de ce Junius Bassus dont la famille, très cultivée, a compté parmi les premiers chrétiens, soit représenté tel quel ? Que ceux qui aient choisi de le faire reproduire ne lui aient pas donné de signification particulière, cela, finalement, importe peu par rapport au fait.
À vous, cher ami, de voir ce que vous pouvez faire de cette longue lettre. Amicalement.
Maurice Maupilier, le 1er décembre 1992.
Voici ce qu’on peut lire sur le site Internet Catholique.org :
L’astrologie est-elle un passe-temps inoffensif ?
L’astrologie est une absurdité potentiellement dangereuse parce qu’elle diffuse, en les rendant attrayantes, les idées ésotériques du New Age. Il n’y a cependant pas la moindre évidence scientifique que les étoiles et les planètes influencent nos vies quotidiennes. Et même si elles avaient une influence — si, par exemple, leurs champs gravitationnels provoquaient des maux de tête ou des modifications hormonales — notre date de naissance n’aurait en fait aucune importance, contrairement à ce que les charlatans de l’astrologie prétendent.
Les journaux rendent un bien mauvais service à leurs lecteurs quand ils impriment des horoscopes. Vous ne croyez peut-être pas en ces prédictions, mais des millions de lecteurs, trop crédules, leur accordent crédit. Et plus ils croient à ces inepties, plus ils s’éloignent des vérités du Christianisme. À grande échelle, la confiance aujourd’hui accordée si facilement et par un grand nombre de personnes à l’astrologie est une conséquence directe de la perte de la croyance en Dieu. Comme G.K. Chesterton le disait, “quand les gens cessent de croire en Dieu, ce n’est pas qu’ils ne croient en rien, mais qu’ils croient en n’importe quoi” L’astrologie conduit généralement à d’autres formes de superstitions et finalement à la perte de la foi. Pour connaître la condamnation de l’astrologie dans les Saintes Écritures, vous pouvez consulter par exemple : Isaïe 2:6, 47:13–15 ; Deutéronome 18:9–14 ; Lévitique 19:31 ; Actes 13:4–12. Ces textes sont assez explicites…
Le Catéchisme de l’Église Catholique explique que toutes les formes de superstitions et de divination du futur (horoscopes, astrologie, chiromancie, interprétation des présages et des sorts, phénomènes de voyance, etc.) sont contraires au Premier Commandement : “Tu n’auras pas d’autres dieux devant moi”. Elles naissent d’une volonté de puissance sur le temps, sur l’histoire et finalement sur les hommes, en même temps que d’un désir de se concilier les puissances cachées (CEC 2116). Elles sont contraires à l’esprit de confiance et d’abandon que nous devons avoir dans la Providence (CEC 2115).
Il y a des catholiques, pourtant, qui prétendent que les rois mages étaient des astrologues. Ils affirment, par conséquent, que le Nouveau Testament reconnaît la légitimité de l’astrologie. Pas vraiment : en fait, les hommes qui ont suivi l’étoile jusqu’à l’enfant Jésus (Mt 2, 1–12) ont été appelés magi en latin, d’où dérive le mot “magicien”. Le mot latin vient du grec magoi. Tout ce que nous pouvons dire, c’est que ces hommes — dont le nombre ne nous est pas connu, mais que la tradition a établi à trois — étaient des connaisseurs dans ce qui était appelé “astrologie” à cette époque. Mais traduire le mot magi aujourd’hui par “astrologue” est un abus de langage.
Il s’agissait plutôt d’astronomes avant l’heure, et non pas de personnes faisant des prévisions d’horoscopes pour les riches et les crédules. Une croyance ancienne affirme que chaque personne est représentée par une étoile qui apparaît à sa naissance quelque part dans le firmament. À part cette prémisse, le récit biblique ne traite pas d’astrologie comme dans les journaux d’aujourd’hui, mais d’une forme primitive d’astronomie.
Non seulement le pitoyable rédacteur de cet articulet ne trouve rien de mieux que de reprendre des arguments anti-astrologiques scientisto-rationalistes (donc anti-religieux, ce qui est assez comique) de seconde main, mais en plus il montre qu’il ne connaît rien à l’Histoire en général, et à celle des religions en particulier.
Rappelons donc que les textes qui composent la Bible sont un “copier-coller” (adapté à la mode juive) de textes religieux mésopotamiens, en particulier L’épopée de Gilgamesh.
À propos des rois mages, rappelons également que le texte biblique emploie le terme de “mage”, ce qui à l’époque désignait couramment les prêtres perses ou mèdes (donc descendants des Chaldéens), qui étaient réputés pour leur connaissance en astronomie et astrologie, et qu’à cette époque le prêtre, l’astronome et l’astrologue étaient presque systématiquement un seul et même homme.
L’“étoile” de Béthléem a-t-elle existé, ou n’est-ce qu’un des nombreux mythes qui entourent la naissance et la vie du rabbi Yeschouah de Nazareth ? Nous n’en saurons probablement jamais rien. Un fait est néamoins avéré : la religion de la Bible est une adaptation de la religion chaldéenne, qui était entre autre basée sur l’astrologie. Dans ce contexte culturel, il était d’usage de croire que la venue de “grands hommes” coïncidait avec l’apparition de phénomènes célestes rares et particuliers. Étant donné que les religions astrales imprégnaient encore les mentalités collectives à l’époque où Yeschouah a vu le jour (entre −8 et −4 avant J.-C., étant donné que les archives romaines mentionnent la mort d’Hérode en −4, n’en déplaise aux ânes et aux bœufs catholiques qui croient encore à la naissance du Père Noël dans une crèche), on peut penser qu’il est très probable qu’un de ces phénomènes ait eu lieu.
La plus récente hypothèse (1999) a été émise par Michael Molnar, de l’Université Rutgers, aux États-Unis. Selon Philippe Gauthier, les prémisces de son hypothèse remontent à 1991, “lorsqu’il achète une pièce de monnaie romaine à l’effigie d’un bélier regardant une étoile. Cette pièce commémore l’annexion de la Jérusalem par Rome : le bélier, en effet, est le signe astrologique associé à la Judée à l’époque. Un peu plus tard, l’astronome tombe sur une version grecque de l’Évangile selon Mathieu. À ses yeux, le passage traitant de l’étoile des Mages peut s’y interpréter comme l’histoire d’une planète devenue stationnaire (parce qu’elle amorçait un mouvement rétrograde) au moment où elle se levait, peu avant le lever du Soleil. Pourquoi un tel mouvement aurait-il attiré l’attention des Mages ? Les croyances astrologiques en vogue à l’époque stipulent qu’un enfant né quand la Lune passe devant Jupiter est de nature divine et quasi-immortelle. À l’époque, astronomie et astrologie entretiennent des liens incestueux et les Mages ne font pas exception. Convaincus qu’un roi va naître, ils se mettent en route. Et comme la conjonction aura lieu dans la constellation du Bélier, ils se dirigent vers la Judée.
Quand ce passage de la Lune devant Jupiter rétrograde en Bélier a-t-elle eu lieu ? Fidèle aux Évangiles, Michael Molnar cible les quelques années qui suivent la conquête de Jérusalem par les Romains et qui précèdent la mort du roi Hérode (décédé, ironiquement, quatre ans avant l’ère chrétienne). Puis, il démarre une simulation informatique. Résultat : cette conjonction astronomique a eu lieu le 17 avril de l’an 6 avant Jésus-Christ.
L’étoile des Mages était donc une planète, selon l’astronome. Ou plus précisément, le passage de la Lune devant cette planète, Jupiter. Bien d’autres théories ont été proposées au fil des ans, mais celle-ci possède un attrait particulier. Cette occultation de Jupiter fut un événement fort peu spectaculaire. Seuls des gens instruits et calés en astronomie, comme les Mages, ont pu y porter attention. Ce qui explique sans doute pourquoi l’évangéliste a voulu souligner la chose.”
Et après tout, une naissance sous le Signe du Bélier, en “Sens des contraires” selon l’astrologie conditionaliste, illustre très bien la célèbre phrase de Jésus : “Celui qui n’est pas avec moi est contre moi”…
Qui est le plus crédule ? Celui qui “croit” en l’astrologie, ou celui qui croit en la virginité de Marie et à la Sainte-Trinité ?
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▶ Astrologie conditionaliste et spiritualité
▶ Histoire de l’astrologie arabe au Moyen-âge
▶ R.E.T. et théologie chrétienne
Les significations planétaires
par
620 pages. Illustrations en couleur.
La décision de ne traiter dans ce livre que des significations planétaires ne repose pas sur une sous-estimation du rôle des Signes du zodiaque et des Maisons. Le traditionnel trio Planètes-Zodiaque-Maisons est en effet l’expression d’une structure qui classe ces trois plans selon leur ordre de préséance et dans ce triptyque hiérarchisé, les Planètes occupent le premier rang.
La première partie de ce livre rassemble donc, sous une forme abondamment illustrée de schémas pédagogiques et tableaux explicatifs, une édition originale revue, augmentée et actualisée des textes consacrés aux significations planétaires telles qu’elles ont été définies par l’astrologie conditionaliste et une présentation détaillée des méthodes de hiérarchisation planétaire et d’interprétation accompagnées de nombreux exemples concrets illustrés par des Thèmes de célébrités.
La deuxième partie est consacrée, d’une part à une présentation critique des fondements traditionnels des significations planétaires, d’autre part à une présentation des rapports entre signaux et symboles, astrologie et psychologie. Enfin, la troisième partie présente brièvement les racines astrométriques des significations planétaires… et propose une voie de sortie de l’astrologie pour accéder à une plus vaste dimension noologique et spirituelle qui la prolonge et la contient.
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Pluton planète naine : une erreur géante
par
117 pages. Illustrations en couleur.
Pluton ne fait plus partie des planètes majeures de notre système solaire : telle est la décision prise par une infime minorité d’astronomes lors de l’Assemblée Générale de l’Union Astronomique Internationale qui s’est tenue à Prague en août 2006. Elle est reléguée au rang de “planète naine”, au même titre que les nombreux astres découverts au-delà de son orbite.
Ce livre récapitule et analyse en détail le pourquoi et le comment de cette incroyable et irrationnelle décision contestée par de très nombreux astronomes de premier plan. Quelles sont les effets de cette “nanification” de Pluton sur son statut astrologique ? Faut-il remettre en question son influence et ses significations astro-psychologiques qui semblaient avérées depuis sa découverte en 1930 ? Les “plutoniens” ont-ils cessé d’exister depuis cette décision charlatanesque ? Ce livre pose également le problème des astres transplutoniens nouvellement découverts. Quel statut astrologique et quelles influences et significations précises leur accorder ?
Enfin, cet ouvrage propose une vision unitaire du système solaire qui démontre, chiffes et arguments rationnels à l’appui, que Pluton en est toujours un élément essentiel, ce qui est loin d’être le cas pour les autres astres au-delà de son orbite. Après avoir lu ce livre, vous saurez quoi répondre à ceux qui pensent avoir trouvé, avec l’exclusion de Pluton du cortège planétaire traditionnel, un nouvel argument contre l’astrologie !
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