En janvier 2003, j’ai eu l’idée d’écrire un article pour les Cahiers Conditionalistes, à propos du chanteur du groupe Noir Désir, Bertrand Cantat. Par cet article, je voulais surtout tenter de percer à jour les mystères de ce personnage à la fois secret et entier, connu et inconnu, hermétique et limpide. En dehors de toute démarche de fan hystérique ou d’astrologisant imbu de son savoir pseudo-occulte, j’ai donc écrit quelques lignes que j’estime les plus respectueuses et les plus objectives possibles, à propos d’un artiste que j’admire.
Une actualité des plus sordides et des plus effroyables qui soient m’oblige aujourd’hui à revenir sur cet article. Comme chacun le sait (les médias et la presse à sensation ne se sont pas privés d’en faire leurs choux gras), Bertrand Cantat a commis un crime en se rendant responsable de la mort de l’actrice Marie Trintignant. Il ne m’appartient pas, bien sûr, de commenter ce qui s’est passé, de jouer les pythies charognardes ou de gloser à tort et à travers à propos de ce terrible drame.
En clair, ce qui s’est passé cette nuit du 26 au 27 juillet ne change strictement rien à ce que j’ai écrit dans mon article “Bertrand Cantat, un bouquet de nerfs”. Certains passages résonnent étrangement aujourd’hui, à la lumière de ce récent “fait divers”. D’autres passages, notamment la fin qui se voulait optimiste, ont été durement contredits par ce sinistre point de non-retour. Mais lorsqu’on analyse le travail d’un artiste, on met entre parenthèses tout ce qui fait le délice des gazettes, les aspects sordides, ordinaires et privés de la vie de ces individus, pour ne s’intéresser qu’à la substantifique mœlle : l’œuvre.
Ce que Cantat a pu faire dans cette chambre de Vilnius et qui a coûté la vie à cette immense actrice, à cette femme fabuleuse qu’était Marie Trintignant ne me regarde pas. Ce malheur, volontaire ou involontaire qu’il a créé, ne concerne qu’une sphère privée et n’enlève absolument rien au talent, au génie de Cantat. Mais cette tâche indélébile fera longtemps mal au cœur de tous ceux qui se disaient fans de Noir Désir et de tous ceux qui s’identifiaient à Bertrand Cantat… Les nouveaux faisceaux, les nouveaux soleils, ne brilleront plus, depuis qu’une Étoile est morte…
Marie Trintignant, fille de Jean-Louis et de Nadine Trintignant, est née le 21 janvier 1962, à 13 h, à Boulogne-Billancourt. Comme Bertrand Cantat, son thème est marqué par une Lune hyper-dissonée. La Lune de Bertrand Cantat est dissonnée par sept planètes, celle de Marie Trintignant, par six planètes ! Tous deux avaient en particulier en commun des dissonances Lune-Neptune, Lune-Saturne, Lune-Soleil et Lune-Mercure. Autant le dire tout de suite : l’histoire d’amour que vivaient ces deux écorchés vifs était marquée par cette Lune fissurée, agressée, intranquille… Ils se sont trouvés comme deux navires perdus au milieu d’une mer de chaos et de désordre. Comme deux être épris de liberté, bien décidés à vivre chaque instant de leur vie au bord de la rupture, de la limite. Comme deux amoureux en quête de fusion absolue, tendus au-delà de toute raison et pour toujours et à jamais : en dépit du bon sens.
En lunaires contrariés, Cantat et Trintignant ont tous les deux cherché un bonheur inaccessible, une tranquillité introuvable. Chacun dans son genre a repoussé les limites de sa vie pour goûter au plus près le sentiment de la liberté. Tous les deux ont tenté de se construire un cocon familial harmonieux au sein duquel ils pouvaient se ressourcer. Tous les deux également éprouvaient le besoin de tout remettre en question, de tout briser, pour ensuite essayer de reconstruire, comme on recolle les morceaux d’une vie affective morcelée, éparpillée, débridée. Marié, père de deux enfants, Cantat a tout quitté pour rejoindre Marie. Par ailleurs, sa musique et ses paroles ont toujours été alimentées par son propre goût pour la fuite, l’excès, le refus du confort, en clair par sa difficulté à vivre sereinement sa nature lunaire. “Nous n’avons fait que fuir, nous cogner dans les angles”, a-t-il en particulier exprimé dans un de ses poèmes. Faut-il voir dans son carré Lune-Mars, une illustration de cette violence intérieure qui l’a poussé à aller au-delà de toute limite acceptable ? La réalité, en tout cas, est là, odieuse, inhumaine, barbare : à force de coups, il a fini par tuer l’être qu’il aimait le plus au monde.
De son côté, Marie a eu quatre enfants, nés de pères différents. À l’image de Colette, dont elle interprétait le rôle au cours de ce fatidique tournage de Vilnius, elle plaçait la liberté amoureuse au centre de sa vie. Comme elle l’exprimait elle-même dans sa dernière interview (livrée au journal [Oh La !]), “Colette était une féministe avant l’heure, une femme libre, cultivant un certain goût du bonheur. La modernité de son personnage est de trouver, dans cette quête impossible de la liberté, une liberté individuelle, avec une grande volonté d’absolu qui passe par le scandale, la provocation, le besoin d’exclusivité.”
Verseau comme elle, il est évident que Marie Trintignant se reconnaissait absolument dans ce personnage de femme exceptionnelle. Colette résume en effet beaucoup de valeurs anti-lunaires, au sens où son féminisme contredisait la sempiternelle image de la femme maternelle, fée du logis, soumise, docile et fidèle à son cher époux…
Indépendante, non-conformiste, originale, Marie Trintignant était une actrice rare au sens où elle savait créer d’instinct un style propre et unique. À mi-chemin entre ses deux Signes dominants, le Capricorne et le Verseau, elle véhiculait un savant et intense mélange de discrétion et d’extravagance, d’étrangeté et de familiarité, de distance et de passion. Jean-Marie Durand, dans Les Inrockuptibles : “Cette intensité résume peut-être le mieux un caractère bien plus trempé et borderline que pouvaient ne le faire croire son flegme un peu sec et son lymphatisme de façade. Sous son calme apparent et sa folie douce sommeillait une vitalité dévorante, sanguine. Dévorante pour elle-même et pour les autres. Pour qualifier son appétit de tout — de lire, d’aimer, de jouer —, certains nommeraient cela du romantisme, d’autres de la passion.” Une femme Verseau, avec une Lune pour le moins contrariée. “Marie Trintignant était une actrice populaire, au sens premier du mot. Populaire pas seulement parce que fille de son père, mais aussi en tant que femme affranchie des règles et des dogmes, éprise de liberté. Libre et aventureuse jusqu’à s’ouvrir sur le tard à la chanson, libre et aventureuse jusqu’à multiplier rencontres et paris.”
Entre le moment où ils se sont rencontrés, en début d’année 2003, et le moment où tout s’est arrêté dans l’horreur et l’absurdité, en juillet 2003, Bertrand Cantat et Marie Trintignant ont dû subir deux transits mettant à mal leur fonction lunaire. Depuis décembre 2002, Neptune était à l’opposé de la Lune de Marie Trintignant. En juillet 2003, Uranus était au carré de la Lune de Cantat. De quoi sérieusement réveiller des tensions latentes et émousser des susceptibilités particulièrement viscérales.
Jean-Pierre Nicola écrivait, dans Le grand livre des prévisions, à propos du transit dissonant Uranus-Lune, que subissait Cantat en ce funeste mois de juillet 2003 : “Dissonante, la fonction ‘rT’ et ‘non-E’ d’Uranus perturbe l’homogénéité lunaire (le silence de l’équilibre personnel au quotidien) sous des angles différents. Le ‘petit r’ entraîne les décisions fâcheuses, les remèdes excessifs pour les mots et les désordres que l’on veut combattre. On gâche ses rapports avec les intimes, amis, familiers ou partenaire par des conflits d’autorité, un certain besoin d’opposer ses caprices, ses humeurs, ses désirs, à la sensibilité d’un autre qui sous un transit identique peut surenchérir… Un certain plaisir irritant à vivre au bord des ruptures, qui peuvent en effet survenir. Le temps est aux passions agrémentées de cruauté mentale, ou de tout autre ingrédient qui rend l’attachement violent et peu durable.”
Apparemment, la jalousie amoureuse aurait poussé Bertrand Cantat à commettre son acte dément. Un SMS, envoyé ce soir-là à Marie Trintignant par Samuel Benchetrit, l’un de ses anciens époux, aurait tout déclenché…
Quant à Marie Trintignant, une opposition de Neptune à sa Lune natale ne pouvait que mettre à mal sa tranquillité affective. Jean-Pierre Nicola, à propos du transit Lune-Neptune dissonant : “La dissonance s’interprète classiquement comme un indice de complications affectives. Le ‘non-R’ de Neptune, indifférent à l’identité sociale, utilise la Transcendance et les pièges de la passion pour déstructurer les quiétudes acquises. Sur un coup de fièvre sentimentale, les conduites habituelles deviennent pesantes à vivre, comme d’étranges servitudes, des punitions infligées à ce que l’on est. L’emprise amoureuse se manifeste sous les aspects négatifs de possession psychologique obsédante, démobilisante pour les responsabilités professionnelles et privées. Le plus pénible est lorsque ce besoin de communion intime qu’inspire Neptune n’est pas partagé.”
Jérôme Minet, producteur du téléfilm que Marie Trintignant tournait à Vilnius, parlait de “bulle amoureuse” pour qualifier l’état affectif de Marie Trintignant sur le tournage. On ne saurait mieux qualifier l’influence neptunienne que subissait Marie. Son amour pour Cantat agissait sur elle comme une drogue, elle était avec lui comme sur un nuage, dans un autre monde, dans un rêve. Elle était sous son emprise, comme si la réalité n’existait plus, comme si elle était enfermée dans la même bulle lunaire que lui. Cet amour fusionnel aurait pu, aurait dû, les conduire vers le bonheur de ne faire plus qu’un. Malheureusement, la folie de la jalousie en a décidé autrement… Quand un lunaire ne peut parvenir à la fusion espérée, peut-être qu’il en appelle à ses planètes anti-lunaires. En plein transit de Mars-Uranus sur son amas Poissons, Bertrand Cantat a été victime d’un coup de nerfs monstrueux, d’un accès brutal et démesuré de violence aveugle, probablement décuplé par l’abus de drogue et d’alcool.
De leurs côtés, Jean-Louis et Nadine Trintignant subissaient également des transits dissonants sur leurs Lunes natales. Avec ce drame, c’est une famille, un cocon, un clan qui a littéralement explosé. Jean-Louis Trintignant subissait en juillet 2003 une opposition Uranus-Lune, une conjonction Pluton-Soleil, une opposition Saturne-Mercure et une opposition Neptune-Mars… Au moment de perdre sa fille, Nadine Trintignant subissait quant à elle une opposition de Saturne à sa Lune natale… Bref, une sorte de “tragédie lunaire” de bout en bout.
Bertrand Cantat et Marie Trintignant avaient en commun de n’être pas doués pour le bonheur. Une mélancolie incurable et un mal de vivre tenace les a poussé à se rencontrer. Tous deux ont joué à se faire du mal. Jusqu’à la folie et jusqu’à en mourir. De ce drame romantique, de ce mauvais épisode d’une sorte de “Carmen” des temps modernes, il ne se dégage pourtant rien de poétique, rien d’émouvant, rien de lyrique. La morale de cette “histoire d’amour” n’existe pas. Encore une fois, ce triste scénario se conclut par un constat d’une implacable cruauté, qui ne donne pas envie d’aller plus loin et, encore moins, de prendre tout cela pour du cinéma : une femme est morte parce que son amant l’a tabassée à coups de poings. C’est tout.
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