À trente ans, l’enfance est déjà loin. En trente ans, le nouveau-né est en principe devenu un adulte autonome, indépendant, responsable et sûr de lui. Pourquoi alors évoquer dans ce livre la longue période de trente à quatre-vingt-quatre ans ? Parce que quand l’enfant devenu adulte échappe à ses parents pour vivre sa propre vie, il continue de grandir, d’apprendre, de se transformer, mais surtout parce que le long stade gouverné par la planète Uranus est celui que vivent les parents pendant qu’ils élèvent leurs enfants. L’adulte n’est pas un “produit fini”, il fait lui aussi des apprentissages, et pourtant il est frappant de constater combien les psychologues se sont peu intéressés au fonctionnement de l’adulte. Il n’est donc pas inutile d’inventorier les divers acquis et pertes qui caractérisent cette période, au cours de laquelle on devient successivement adulte, d’âge mûr et enfin vieillard.
S’il paraît relativement facile d’observer les similitudes de fonctionnement chez les enfants d’une même classe d’âge, c’est apparemment moins évident en ce qui concerne les adultes : au cours de la quarantaine, la personnalité individuelle définitive est en général installée, peu susceptible de changements majeurs, et chacun semble manifester au plus haut point, jusqu’à la caricature parfois, la nature propre de son caractère. Les adultes sont si différents les uns des autres, si fortement individualisés qu’on a tendance à considérer chacun d’entre eux comme un spécimen unique.
Et pourtant… Les adultes, si différents soient-ils les uns des autres, appartiennent à la même classe d’âge, dont ils partagent les problèmes spécifiques, la vision du monde, les préjugés, les questionnements, la sentimentalité, le type d’intelligence, etc. Pendant la longue durée de révolution sidérale de la planète Uranus, qui gouverne la période de trente à quatre-vingt-quatre ans, notre croissance se poursuit, même si elle semble moins évidente, même s’il est vrai que l’homme a déjà derrière lui sept stades d’apprentissages et qu’on apprend infiniment plus de choses pendant ses trente premières années que pendant celles qui restent à vivre. De trente à quatre-vingt quatre ans, un objectif majeur s’impose : affirmer et accomplir pleinement son individualité, rassembler et coordonner les différentes facettes de sa personnalité pour devenir pleinement soi-même.
C’est bien connu : aux alentours de la trentaine, chacun de nous vit avec plus ou moins d’intensité une période de transition au cours de laquelle il évalue ce qu’il a déjà accompli. On fait le bilan de ses échecs et réussites, satisfactions et insatisfactions. Certains remettent ainsi radicalement en cause leurs choix professionnels ou affectifs et décident de réorienter leur vie en fonction de nouvelles priorités, en se disant souvent qu’ils n’ont plus le droit à l’erreur. L’âge de trente ans, qui voit le début du stade uranien, est un grand tournant de l’existence.
L’idéalisme et les recherches tâtonnantes et anxieuses de l’adolescent doivent laisser la place au froid réalisme adulte, les valeurs intégrées au stade précédent tendent désormais vers l’efficacité. Il n’est plus question d’introspection : l’adulte de 30 à 40 ans est de moins en moins enclin à réfléchir sur lui-même. Il se préoccupe avant tout de sa carrière, de sa passion ou de sa vocation, cherche à devenir un bon exécutant dans la branche qu’il a sélectionnée, se conformant aux règles, inquiet au sujet de son avancement, disposé à accepter désormais de nombreux aspects du système social. On ne joue plus. Pas de temps à perdre : il travaille avec acharnement pour devenir un spécialiste dans son domaine, lancé dans une compétition effrénée avec ses rivaux qui visent comme lui des postes de pouvoir et de responsabilité.
Le hasard comme l’incertitude sont bannis. Il faut savoir ce que l’on veut. L’adulte-type se fixe des objectifs spécifiques et cultive de hautes ambitions qu’il entend réaliser selon un calendrier précis (à trente ans, l’échéance est souvent celle de quarante ans, durée approximative du demi-cycle d’Uranus — 84/2 = 42). Il s’installe dans un style de vie qu’il a choisi, fonde une famille, cherche la stabilité et la reconnaissance sociale et professionnelle. L’adulte est donc un être tout entier tendu vers des buts précis et ambitieux qui mobilisent toute son énergie et n’incitent guère au retour sur soi.
Il programme à long terme ses activités, choisit, élit, tranche, décide. En début de stade, on observe une trop grande centration sur la réussite individuelle. Excessivement tendu vers le processus d’individuation, la conquête d’une compétence, d’un positionnement précis dans son milieu socio-professionnel lui permettant d’émerger de la masse indifférenciée, il cherche obstinément à s’extirper du doute, de l’incertain, de l’aléatoire ; délaissant sa situation présente, inhibant ses affects, il entend imposer sa synthèse personnelle, son style, sa vision à lui de ce que doit être l’ordre du monde.
Alors qu’au stade précédent, l’adolescent n’hésitait pas à se mettre en porte-à-faux par rapport au consensus social dominant, l’adulte semble opérer comme un retour au conformisme du stade jupitérien (deux à douze ans). Cette ressemblance ne doit pourtant pas faire illusion : si l’acceptation du consensus relève chez l’enfant jupitérien d’une adaptation nécessaire (“l’univers social est ainsi, et je me conforme à ce qu’il attend de moi”), c’est chez l’adulte davantage un choix délibéré : “puisque tout compte fait la société est ainsi et que je ne peux pas passer mon temps à la contester comme un adolescent attardé, je dois faire avec pour y tenir mon rôle et y conquérir ma place.” Ainsi la dynamique d’insertion sociale conformisante est-elle surtout pour l’adulte l’expression d’une lucidité suraiguë — qu’on peut éventuellement qualifier de cynique (au sens étymologique, tant il est vrai que pour les philosophes cyniques grecs, le bonheur s’obtient par une exaltation solitaire de la volonté).
L’adulte se veut efficace, lucide, performant, quel que soit son secteur d’activité. Le hasard, le jeu, le rêve, la fantaisie sont délibérément exclus de son univers, les curiosités gratuites sont bannies, et reportées à plus tard les questions fondamentales que se posait l’adolescent : tout cela nuit à l’efficacité de l’action, au bon déroulement du programme, à l’exercice souverain de la volonté. Une volonté polarisée sur un seul but : réussir à trouver sa place individuelle dans le concert collectif, rendre efficaces socialement les valeurs qui l’habitent. Il se sent mûr, responsable, apte, s’il est original, à imposer ses vues personnelles… ou moins personnelles lorsqu’il se contente de se faire le haut-parleur, de devenir le porte-parole conformiste et convaincu de sa génération.
L’adulte quitte les essais et les interrogations adolescentes pour des objectifs bien définis. Dans le meilleur des cas, l’idée claire et nette qu’il a de ses possibilités de développement lui permet de formuler ses principes et ses buts avec un maximum de précision. La multiplicité des questions qui assaillaient l’adolescent trouvent des réponses qui se voudraient définitives, qui ont pour vocation de structurer sa conduite qu’il veut performante, compétitive ou plus simplement compétente. Idéalement, l’adulte est “celui qui sait”, celui qui dispose d’un capital d’expérience dont il peut extraire la “substantifique mœlle” en termes de connaissance, celui qui ne doute de rien, celui qui impose sa vision du monde et ses connaissances aux bébés ignorants, aux enfants avides d’apprendre et aux adolescents dubitatifs.
Le fonctionnement intellectuel de l’adulte se caractérise par une prépondérance de l’intelligence de synthèse. Il ne cherche plus un savoir hypothétique comme l’adolescent, il rassemble, organise et cristallise l’ensemble de ses connaissances en un faisceau pointu. L’univers mental adulte est peu souple, mais sait exploiter à fond un capital de savoir. Les vérités énoncées se doivent d’être claires, tranchées, impérieuses, sans ambiguïtés. La pensée concentrée, polarisée, spécialisée, sait ce qu’elle veut et où elle va, programme les activités sans hésitation : elle est avant tout instrument de décision.
Bien sûr, il peut être difficile à une telle pensée de rester fluide, de se modifier souplement, de se décentrer d’elle-même. L’adulte est souvent trop sûr du bien-fondé de ses affirmations, de ses certitudes, et ne supporte en général guère la contestation, la remise en question de sa vision du monde. Ainsi s’accroche-t-il fermement et parfois exagérément aux principes, idéaux et concepts qu’il estime universels, comme s’il craignait que le chaos et le désordre s’installent s’il ne maintenait pas dans ce domaine une attention concentrée, une vigilance sans relâche. Après tout, c’est l’homme adulte qui est aux commandes de la société, qui dit et fait les lois, impose son autorité et ses valeurs, quitte souvent à se laisser aller à des abus de pouvoir.
C’est souvent aux alentours de la quarantaine que l’adulte décide de jouer cavalier seul, d’abattre sa carte personnelle, de déployer le grand jeu de l’indépendance conquérante. Il ne supporte plus d’être opprimé, bridé ou dominé par ceux dont il subissait jusqu’à présent l’autorité et qui exerçaient sur sa vie une influence dont il estime désormais qu’il peut se passer. Il prend ses distances avec son modèle, son mentor, qui est souvent un collègue plus âgé que lui. même si ce dernier l’a aidé à entrer ou à progresser dans sa carrière, il estime qu’il n’a plus besoin de lui ni de personne… et que le temps est peut-être venu de lui ravir sa place !
L’adulte revendique une pleine autonomie et une totale indépendance. Il veut se faire tout seul, au prix de contraintes librement acceptées, d’une autocoercition voulue. Sa volonté se raidit, il ne compte plus que sur lui-même, sur ses propres forces et ses propres capacités, délaissant appuis et aides extérieurs. Les maîtres n’ont plus rien à lui apprendre, il peut même entrer franchement en compétition avec eux pour la conquête d’un poste ou d’un titre ; il veut être son propre maître, décidant souverainement de son destin. L’individualisme prend le pas sur la solidarité, souvent perçue comme une forme d’aliénation et de dépendance. Il faut savoir ce que l’on veut et ce que l’on vaut. L’adulte ne doute pas du bien-fondé de ses ambitions légitimes.
Dignité, intransigeance, autonomie, indépendance, orgueil… à l’âge adulte, l’individu entend s’exprimer à sa manière propre dans toute son irréductible singularité. En début de stade, ce peut être le “jeune cadre dynamique”, le bulldozer arriviste prêt à tout écraser sur sa route pour parvenir à ses fins, à briser des liens d’affection, d’amour et d’amitié pour grimper dans les hiérarchies sociales. Avec la maturité et vécu d’une manière moins caricaturalement outrancière, l’adulte est aussi celui qui se soustrait au vouloir des autres, aux pesanteurs de la fatalité, aux contingences de la situation présente pour affirmer son vouloir propre, sans se soucier de l’opinion d’autrui, indifférent aux critiques. Il se verticalise, il n’est pas question pour lui de plier, de se courber, de ravaler ses ambitions, de renoncer à sa dignité.
La “moralité profonde”, qui apparaît (si elle apparaît) au cours de l’adolescence, continue (idéalement) à se développer et s’enrichir pendant l’âge adulte, avec pourtant un certain retour à la morale conformiste et normalisante : les gens de plus de trente ans sont plus conservateurs que les adolescents et les adultes de moins de trente ans. L’adulte en effet construit sa pensée sur des critères théoriquement rationnels qui mettent l’accent sur le respect de la volonté majoritaire de la collectivité, laquelle est supposée indispensable au maintien de l’ordre dans la société. Il est par expérience mais aussi intuitivement persuadé, au fond de lui-même, du fait qu’à long terme aucun équilibre social ne peut durer sans des lois fermement établies, et accepte ainsi librement de se conformer à ces lois.
L’adulte admet toutefois qu’il existe des circonstances où la loi commune, qu’il respecte au plus haut point, peut entrer en conflit avec d’autres impératifs moraux. Il se réserve alors la possibilité de faire intervenir une “clause de conscience”, un “droit à la désobéissance” qui n’est pas dans son esprit un acte d’indiscipline, mais l’affirmation décidée d’une haute et intransigeante fidélité à l’égard de lui-même et des principes collectifs qu’il place au-dessus de tout. À ses yeux, ses éventuelles rébellions sont une autre manière de témoigner de son besoin de maintenir, à contre-courant quand il le faut, un certain ordre moral. Idéalement, le conformisme moral de l’adulte est un conformisme volontaire, délibéré, voulu, réfléchi qui n’exclut pas d’intransigeantes remises en cause, parfois légitimes, parfois arbitraires, mais toujours claires et inflexibles… comme le sont la loi et la morale communes.
Le statut d’adulte implique donc une conscience aiguë des réalités collectives. Au mieux, il permet à l’individu de réaliser un juste équilibre entre sa volonté d’accomplissement personnelle, sa liberté individuelle, et les lois générales. Il accepte de se soumettre aux normes collectives pourvu qu’elles soient aussi proches que possible des principes qu’il s’est forgés en son âme et conscience. Rien à voir avec le conformisme de l’enfant entre deux et trois ans, nourri d’un pressant besoin de s’adapter aux règles du jeu social et au fond incapable d’en faire radicalement, si besoin est, le procès.
Entre quarante et cinquante ans, l’adulte est en général amené à prendre lucidement conscience de ses possibilités professionnelles, à réévaluer ses aspirations d’adolescent et de jeune adulte. Il est plus ou moins obligé d’admettre, s’il continue sur sa lancée actuelle, qu’il est des objectifs qu’il n’atteindra jamais, des ambitions sur lesquelles il doit faire une croix définitive. Il pense aux années qu’il a déjà vécues et à celles qui lui restent à vivre, et peut s’il le veut s’auto-évaluer avec une grande lucidité. Passée l’enfance insouciante et l’adolescence ardente, soucieuse et prête à s’ouvrir à tous les possibles, passées les premières années de sa vie d’adulte, il prend alors conscience que sa vie a désormais le visage du destin. On ne se refait pas. On est ce qu’on est, définitivement.
Qu’il ait réussi sa vie ou non, en comparant son présent avec ses espérances et projets passés, qu’il se dise qu’il a fait tout ce que l’on pouvait à force de volonté et de discipline personnelle n’y change rien : les dés sont jetés et au fond, l’adulte prend conscience qu’il est l’objet d’un devenir inéluctable. Il ne peut revenir en arrière, si ce n’est de manière marginale et superficielle. Il ne lui reste plus qu’à balayer de son esprit les rêves impossibles, à s’accepter tel qu’il est et à essayer d’être aussi intensément et authentiquement lui-même dans la voie qu’il s’est choisie ou qui lui a été imposée par les circonstances.
L’intégration de ces apprentissages auxquels convie l’âge uranien peut induire des comportements différents selon le caractère et les conditions de vie particulières de chaque individu. Pour certains, cet âge permet de se satisfaire de la situation fixe, établie et reconnue qu’on est parvenu à conquérir. L’adulte alors cherche à maintenir coûte que coûte son statut social, son rôle professionnel, sa situation dans une hiérarchie donnée. Il fait valoir ses hautes compétences tout en se réfugiant derrière l’autorité acquise, au risque d’un manque de renouvellement, d’une sclérose de l’activité devenue machinale.
Mais pour d’autres, la maturité peut aussi donner le goût forcené des grandes aventures individuelles, où l’on joue gros et risque tout entre l’audace et la témérité. Les dernières aventures possibles avant le déclin physique qu’entraîne la vieillesse : tout, plutôt que l’enlisement dans la routine, plutôt que le plat moutonnement uniforme des foules. Cet adulte-là a la certitude insensée ou intuitive qu’il peut, à force de volonté, maîtriser son destin. Qu’il renonce à d’impossibles rêves ou qu’il décide de se révolter contre sa destinée, l’homme d’âge mûr a sa sagesse : il lui faut de toutes façons se dompter, se maîtriser, être fièrement lui-même en dépit de tout, ne pas dévier de ses objectifs quelles que soient les circonstances.
L’important, en l’occurrence, est surtout de noter qu’à partir de quarante ans, l’adulte occupe des rôles sociaux “à responsabilité” (que ce soit en tant que parent ou dans sa vie socio-professionnelle) où il décide largement pour les autres : il est, d’une manière ou d’une autre, à un échelon ou à un autre des hiérarchies sociales, un représentant de la génération “aux commandes”, avec l’impression, à tort où à raison, d’être investi d’un pouvoir individuel sur le collectif qui lui permet d’orienter sa propre carrière, son propre devenir mais aussi celui des autres, d’indiquer la marche à suivre, de décider de l’itinéraire.
À cet âge, qu’il ait ou non réussi à accomplir ses objectifs individuels à la hauteur de ses espérances initiales, l’adulte se sent très concerné pour la génération suivante. Il se préoccupe de guider, enseigner, montrer la voie, estimant qu’il est assez sage, compétent et expérimenté, qu’il s’est forgé une vision du monde suffisamment structurée et synthétique pour cela. L’adulte devient le maître et, idéalement, applique à son enseignement magistral ses qualités de discipline, de sagesse et de self-control, sachant qu’il est plus apte et plus expérimenté pour faire les meilleurs choix possibles dans la vie.
L’adulte contrôle son affectivité à mesure que s’amoindrit la puissance de ses instincts et que diminue sa force physique. Il apprend à ne plus laisser ses émotions prendre le pas sur sa cérébralité organisée, ce qui lui permet de prendre des décisions plus froides et plus lucides, longuement mûries à l’écart des désordres du cœur et des sens. Il y a d’ailleurs tout au long du stade uranien désexualisation, cérébralisation ou spiritualisation des rapports humains : l’adulte est celui qui est capable de considérer les autres comme des individus, et non comme des objets d’investissement libidinal, de désir sexuel.
L’adulte qui est arrivé à son plein épanouissement peut donc se comporter comme un véritable guide expérimenté, respecté et écouté pour la clarté organisée de sa vision du monde, pour sa hauteur de vue, son aptitude à trouver des réponses simples aux problèmes complexes, pour son autorité éclairée et infaillible, pour sa rigueur et sa force de caractère… Avouons que c’est rare. L’évolution est une course d’obstacles, et nombreux sont les adultes pour qui elle prend fin entre quarante et cinquante ans, et qui abandonnent donc la partie, refusant de se renouveler. Le risque de l’adulte, c’est de se figer, de se durcir, de se fixer dans des habitudes de pensée immuables, de se fermer aux idées nouvelles, de se laisser dominer par l’ensemble des réponses qu’il a trouvé aux problèmes que lui pose la vie.
On dit alors des gens âgés qu’ils radotent, qu’ils sont atteints de surdité mentale ou psychique. On pense alors à la sinistre figure du vieillard sénile, atrabilaire, arthritique et aigri qui impose une vision du monde desséchée et sclérosée (“c’était mieux de mon temps !”), au mandarin inamovible et indéboulonnable agrippé à son autorité durement conquise ne supportant plus la moindre contradiction. L’adulte qui vieillit mal, loin de se comporter en guide expérimenté, ressasse à l’infini les mêmes certitudes aussi désuètes qu’autoritaires, ne sait plus se mettre à l’écoute des autres, refuse d’admettre les faits qui contredisent ses affirmations péremptoires, ne sait plus s’émouvoir, ne laisse plus s’exprimer son cœur.
Les quatre-vingt-quatre ans du cycle sidéral d’Uranus recouvrent pour la majorité d’entre nous la durée probable de notre vie terrestre. Sous le règne d’Uranus, la vieillesse puis la mort nous attendent. Au dernier stade de la vie, lorsque le temps lui est compté et que s’approche l’échéance fatale, l’adulte n’a plus le choix qu’entre le désespoir et l’intégrité personnelle. Le désespoir atteint ceux qui n’ont pas su donner un sens profond à leur vie : leur mort leur apparaît alors comme insensée elle aussi. Difficile de mourir sereinement et dans la dignité quand on est convaincu qu’on a gâché sa vie. On se rétracte alors dans la coquille dure d’un “moi-je” qui refuse de mourir. Dans un dernier sursaut de narcissisme égocentrique et désespéré, on s’écrie “pourquoi moi ?”, en refusant de considérer que la mort est la loi commune.
Mais au terme de son développement, on observe aussi chez le vieillard, selon Erikson, un “amour post-narcissique du moi en général (non pas de sa propre personnalité) en tant qu’expérience spirituelle comportant une signification universelle. Cet amour du moi comporte l’acceptation de la vie passée, sans regrets pour les rêves qui n’ont pas été réalisés ou pour les expériences qui auraient pu être différentes.” Aux abords de la mort, apparaît alors une authentique sérénité, la fierté de l’accomplissement : l’homme à la fin du stade uranien a trouvé un sens individuel à l’universalité de l’Être, indépendamment des contingences matérielles de l’existence. Il admet n’être et n’avoir été qu’une fugitive cristallisation individuelle au sein du grand inconnu de l’univers. Dépouillé de tout désir, de tout affect, de tout regret, de tout remords, de tout projet, il quitte le monde apaisé, sachant qu’il a pleinement réussi son devoir d’individuation en assumant dignement et jusqu’au bout sa condition d’homme.
Nous sommes en état uranien, comme l’adulte de 30 à 84 ans, lorsque nous avons une conscience exacerbée de notre individualité, de notre singularité, de notre originalité, lorsque nous sommes persuadés que notre indépendance, notre autonomie, notre libre-arbitre, notre volonté de décider pour nous-mêmes de ce qui nous concerne ne peuvent souffrir aucune limitation, aucun compromis, aucune restriction. Nous sommes en état uranien lorsque nous avons des exigences si inflexibles, des motivations si profondes, des buts si indiscutables qu’il n’est pas question pour nous de plier devant des circonstances contraires, d’abdiquer de nos ambitions au nom d’un quelconque réalisme à courte vue, d’accepter des aménagements à notre situation qui ne seraient que des trahisons.
Nous sommes encore en état uranien lorsque nous refusons les demi-mesures, les valses-hésitations, les prudences timorées, lorsque nous prenons en notre âme et conscience des décisions que nous voudrions définitives, sans appel, sans nuances, lourdes de conséquences. Nous sommes en état uranien lorsque notre volonté est tout entière tendue vers un objectif exclusif de tout autre, lorsque nous faisons preuve d’une détermination et d’une autorité sans faille pour parvenir à nos fins, lorsque nous décidons de suivre sans faiblir un itinéraire rectiligne en engageant pleinement et totalement notre responsabilité individuelle en étant intimement convaincus que nous avons raison.
Nous sommes toujours en état uranien lorsque nous faisons preuve d’un implacable sérieux, d’une rigueur pointilleuse, d’une discipline systématique pour programmer nos buts, nos objectifs, nos activités, lorsque nous revendiquons nos compétences pointues, notre efficacité conceptrice, notre aptitude à simplifier le complexe. Nous sommes en état uranien lorsque nous rejetons le flou et l’approximatif au nom d’un idéal de clarté, d’extrême précision, d’absolue concision, lorsque nous nous spécialisons à outrance, que nous polarisons notre attention pour atteindre une efficacité maximale. Nous sommes en état uranien lorsque nous estimons que toute pensée ou activité doit être strictement mise en formules, hiérarchisée, codifiée afin que rien ne soit laissé au hasard.
Nous sommes enfin en état uranien lorsque nous nous comportons avec aplomb, originalité, indépendance, lorsque nous avons un sens aiguë de notre propre dignité, lorsque nous affirmons notre individualité ou notre individualisme dans ce qu’il a de plus profond, de plus basique, de plus inaliénable. Nous sommes en état uranien lorsque nous sommes persuadés d’être infaillibles, lorsque nous nous imposons et imposons nos vues sans hésiter, lorsque nous prenons sans ambiguïté position au sein de débats confus, lorsque nous estimons que nos certitudes et décisions procèdent toujours d’une logique rationnelle auquel nul ne devrait s’opposer ni trouver à redire. Nous sommes en état uranien lorsque nous vivons des instants d’exception où il faut jouer notre va-tout.
Les individus dont le thème natal révèle un Uranus fort et dominant ont des convictions arrêtées, une perception puissante de leurs exigences individuelles, une intransigeance naturelle qui les incite à affirmer leur indépendance et leur autorité avec un aplomb souvent cassant. Ceux dont le thème de naissance ne valorise pas Uranus ont plus de difficultés que la moyenne à prendre des décisions radicales, à jouer la carte d’un individualisme cavalier. Ils refusent le plus souvent s’adonner au volontarisme exacerbé, ont du mal à programmer rigoureusement et systématiquement leur pensée et leurs activités et peuvent se dérober lorsqu’il s’agit d’affirmer ouvertement leur discours spécifique.
▶ Profil psychologique de l’Uranien
▶ La fonction uranienne ‘rT’ (représentation de la Transcendance)
▶ Uranus-Neptune-Pluton : Transcendance extensive
▶ Soleil-Jupiter-Uranus : représentation intensive
▶ Uranus
▶ Introduction à la Théorie des âges planétaires
▶ L’échéancier planétaire et la Théorie des âges
Les significations planétaires
par
620 pages. Illustrations en couleur.
La décision de ne traiter dans ce livre que des significations planétaires ne repose pas sur une sous-estimation du rôle des Signes du zodiaque et des Maisons. Le traditionnel trio Planètes-Zodiaque-Maisons est en effet l’expression d’une structure qui classe ces trois plans selon leur ordre de préséance et dans ce triptyque hiérarchisé, les Planètes occupent le premier rang.
La première partie de ce livre rassemble donc, sous une forme abondamment illustrée de schémas pédagogiques et tableaux explicatifs, une édition originale revue, augmentée et actualisée des textes consacrés aux significations planétaires telles qu’elles ont été définies par l’astrologie conditionaliste et une présentation détaillée des méthodes de hiérarchisation planétaire et d’interprétation accompagnées de nombreux exemples concrets illustrés par des Thèmes de célébrités.
La deuxième partie est consacrée, d’une part à une présentation critique des fondements traditionnels des significations planétaires, d’autre part à une présentation des rapports entre signaux et symboles, astrologie et psychologie. Enfin, la troisième partie présente brièvement les racines astrométriques des significations planétaires… et propose une voie de sortie de l’astrologie pour accéder à une plus vaste dimension noologique et spirituelle qui la prolonge et la contient.
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Pluton planète naine : une erreur géante
par
117 pages. Illustrations en couleur.
Pluton ne fait plus partie des planètes majeures de notre système solaire : telle est la décision prise par une infime minorité d’astronomes lors de l’Assemblée Générale de l’Union Astronomique Internationale qui s’est tenue à Prague en août 2006. Elle est reléguée au rang de “planète naine”, au même titre que les nombreux astres découverts au-delà de son orbite.
Ce livre récapitule et analyse en détail le pourquoi et le comment de cette incroyable et irrationnelle décision contestée par de très nombreux astronomes de premier plan. Quelles sont les effets de cette “nanification” de Pluton sur son statut astrologique ? Faut-il remettre en question son influence et ses significations astro-psychologiques qui semblaient avérées depuis sa découverte en 1930 ? Les “plutoniens” ont-ils cessé d’exister depuis cette décision charlatanesque ? Ce livre pose également le problème des astres transplutoniens nouvellement découverts. Quel statut astrologique et quelles influences et significations précises leur accorder ?
Enfin, cet ouvrage propose une vision unitaire du système solaire qui démontre, chiffes et arguments rationnels à l’appui, que Pluton en est toujours un élément essentiel, ce qui est loin d’être le cas pour les autres astres au-delà de son orbite. Après avoir lu ce livre, vous saurez quoi répondre à ceux qui pensent avoir trouvé, avec l’exclusion de Pluton du cortège planétaire traditionnel, un nouvel argument contre l’astrologie !
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