Passé le premier mois de son existence, marqué, nous l’avons vu, par l’indifférenciation et la fusion avec son milieu ambiant, l’observation attentive de ses multiples nouveaux comportements montre que le bébé perd progressivement et irrémédiablement cette perception globale et homogène du monde extérieur. Pendant la cinquième semaine se produit en effet une véritable révolution à l’intérieur de son système nerveux central : ses cinq sens se différencient de plus en plus dans un climat anarchique, alors qu’auparavant, ils étaient si intimement liés qu’ils n’en constituaient qu’un seul (rappelez-vous l’expérience de la sucette). Bébé apprend alors à percevoir le monde extérieur à travers de multiples canaux sensoriels, expérience toute nouvelle qu’il ne maîtrise pas et qui bouleverse profondément les sensations qu’il avait l’habitude d’éprouver.
Une expérience simple illustre bien ce phénomène : jusqu’à un mois, lorsqu’on dissociait dans l’espace le visage et la voix de sa mère (tandis que le visage de cette dernière se trouvait à sa droite par exemple, un magnétophone situé à sa gauche émettait le son de la voix maternelle), le bébé montrait son trouble et son inconfort en s’agitant, en pleurant : une telle différenciation heurtait sa perception “lunaire”, globalisante, totalisante de sa mère. À partir de la sixième semaine au contraire, cette dissociation ne semble plus le gêner, ce qui montre que la vue et l’audition sont désormais disjoints chez lui, et qu’il ne cherche pas à les coordonner. De même, il éprouve de plus en plus de difficultés à mettre son pouce dans sa bouche, alors que cet acte instinctif, déjà présent au stade fœtal, ne lui posait aucun problème pendant le premier mois. Enfin, il lui est devenu quasi-impossible de faire deux activités à la fois, comme téter et regarder : quand il tète, il ferme les yeux et lorsqu’il regarde, il cesse de téter.
Désormais, le monde perçu n’est plus pour lui formé d’une globalité homogène, mais d’une multitude de signaux indépendants les uns des autres, de nouveaux, inconnus et mystérieux signes émergeant du magma indifférencié de sa perception antérieure. Rien ne va plus de soi : il lui faut maintenant apprendre à interpréter, à “décoder” ces étranges signes pour se reconstituer une vision du monde cohérente. Le monde extérieur, qui le laissait auparavant indifférent, l’intéresse maintenant au plus haut point.
Au stade mercurien, bébé vit donc dans un monde “explosé”, constitué de mille facettes, dont il est bien incapable de saisir l’unité et qui sollicitent de plus en plus son attention naissante, fragile, discontinue, friande de stimulations nouvelles. Là où il ne percevait auparavant qu’une réalité massive dont tous les éléments (êtres, choses, ambiances, situations) s’aggloméraient en un tout indistinct, il perçoit aujourd’hui une multitude de signaux dont chacun semble vouloir dire quelque chose, dont chacun paraît constituer une unité distincte. Là où il ne remarquait rien de spécial autour de lui, il s’aperçoit maintenant que mille tableaux différents lui font signe, l’interpellent, sollicitent son attention naguère flottante, son intérêt auparavant quasi-inexistant. Etres et objets prennent des formes mieux identifiables, des contours plus précis.
Un rien suscite son instinct de recherche, son envie de découvrir, d’explorer ce monde nouveau. Il est curieux de tout, à sa manière, plus contemplative qu’active. L’inattendu le stimule, on dirait presque qu’il l’espère, le souhaite, qu’il est en attente de la moindre modification de la situation où il se trouve, du milieu où il vit, de l’ambiance environnante. Une situation, un milieu, une ambiance avec lesquels il ne se confond plus et avec lesquels il lui faut donc apprendre à communiquer. Ses yeux écarquillés promènent un regard étonné sur ce qui se passe autour de lui, à l’affût de la moindre nouveauté, du plus petit incident susceptible de briser la monotonie des heures et des jours et, contrôlant de mieux en mieux les mouvements de sa tête, il élargit considérablement son spectre de vision. Il aime de plus en plus être sorti de son berceau trop connu, à l’espace trop limité : lorsqu’on l’installe ailleurs, il perçoit son environnement sous un nouvel angle, avec un autre point de vue, d’autres perspectives. Heureux de ces changements, il sourit. Mais il ne faut pas lui demander de fixer trop longtemps son attention sur un seul être ou un seul objet : il a trop soif de stimulations variées pour être capable de véritablement se concentrer sur un sujet ou un objet précis. Ses centres d’intérêt musardent, s’arrêtant brièvement sur un élément du décor avant de passer à un autre.
À cette époque aussi, bébé devient de plus en plus ludique. Il se réveille pour s’amuser et d’ailleurs, sa maman et lui passent de plus en plus de temps à jouer ensemble pour le pur plaisir du jeu inutile, des bons moments de détente qu’on partage. même quand il gazouille, il s’amuse, se réjouissant des sons qu’il émet, prenant un plaisir ludique et désintéressé à multiplier les vocalises. Et en jouant, il apprend quantité de choses en ordre dispersé… Bébé fait en permanence l’école buissonnière. Inutile donc de vous préciser que la tradition astrologique a toujours mis la curiosité sous l’influence de la planète Mercure…
L’astrologie a aussi attribué l’intelligence à Mercure. Cela signifierait-il que l’enfant devient entre un et trois mois un intellectuel capable de raisonnements abstraits et logiques et disposant d’un Q.I. (Quotient Intellectuel) supérieur à la moyenne ? L’observation et le bon sens nous démontrent à l’évidence que ce n’est pas le cas. Et pourtant… La faculté, l’aptitude à être sans a priori curieux de tout ce qui se passe autour de soi, à s’ouvrir spontanément à la diversité des facettes de la réalité, caractéristique du bébé au stade mercurien, n’est-elle pas la forme originelle de l’intelligence ?
S’il est vrai qu’une des fonctions premières et donc probablement fondamentale de l’intelligence est de s’étonner et donc d’admettre une ignorance, de préférer s’interroger qu’affirmer, de formuler des hypothèses plutôt que des conclusions, d’aller du connu vers l’inconnu, alors c’est bien entre un et trois mois, pendant le premier cycle sidéral de la planète Mercure, qu’on peut observer chez le bébé les premiers signes d’intelligence.
Aller du connu vers l’inconnu, c’est précisément ce qu’apprend le bébé de cet âge, en particulier au cours de ses relations avec sa mère. On a en effet observé qu’instinctivement, celle-ci évite de se répéter à l’identique, de rabâcher, c’est-à-dire de reproduire le connu, lorsqu’elle communique avec son enfant, comme si elle comprenait intuitivement qu’il était impossible de focaliser longtemps l’intérêt de son bébé si elle ne changeait pas subtilement et sans cesse sa relation avec lui. C’est ainsi qu’inconsciemment, elle modifie toujours ses gestes et ses mimiques, même au cours des activités maternelles les plus banales (langer, nourrir, coucher, parler avec le bébé) pour maintenir son attention : tandis que se déroule un processus connu, reconnu et donc attendu et clairement identifiable par l’enfant (être langé, nourri, couché, communiquer), les subtiles variations de ces gestes et mimiques communs, jamais répétés à l’identique, permettent de maintenir un “suspense”, de solliciter l’intérêt de l’enfant pour l’inconnu. C’est ainsi qu’au sein même d’une situation prévisible se manifeste l’imprévisible, et que l’inconnu fait irruption au cœur même du connu.
L’habitude de ce type de relation s’installant, le bébé au stade mercurien est de plus en plus fondé à formuler, à sa manière non-verbale, des hypothèses : que va-t-il se passer de nouveau la prochaine fois ? Ainsi est-il de plus en plus souvent et intensément en attente de nouveauté, d’inattendu, d’inconnu, de surprise, à partir du moindre signe qui lui permette de formuler de nouvelles hypothèses : “le biberon ou le sein vont-ils venir ou non ? Bientôt ou plus tard ? Sera-ce le sein ou le biberon ? Maman m’a parlé d’une certaine façon la dernière fois, va-t-elle recommencer ?”
Ce sont donc bien des éléments connus et donc reconnaissables qui fondent ces hypothèses. On sait par ailleurs que si la mère introduit trop de variations visuelles (par ex. : le biberon attendu est rarement de la même couleur, de la même taille et de la même forme), le bébé, sans cesse obligé de ré-identifier le biberon, n’est plus en attente de ce qui pourrait arriver à partir de l’arrivée d’un biberon qu’il (re)connaît bien… De même, si les subtiles modifications de la communication entre maman et bébé ne sont pas compensées par un dialogue très régulier, le bébé n’est plus réceptif aux modifications du dialogue, mais en attente anxieuse (et pleureuse, et coléreuse !) du dialogue lui-même : “mais qu’attend donc maman pour me faire signe ?”
L’ouverture du bébé sur l’inconnu s’initialise donc bien à partir de schémas connus et répétés suffisamment fréquemment et sous une forme assez facilement identifiable, conditions essentielles et nécessaires pour que son intelligence s’exerce : le bébé au stade mercurien ne s’ouvre à l’inconnu qu’à partir du connu, et donc de schémas clairement identifiés et repérables. Et c’est ainsi, en gagnant sur l’inconnu qu’il envisage ou présuppose à partir du connu qu’il reconnaît, que bébé devient intelligent… à sa manière !
Depuis des millénaires, tous les ouvrages d’astrologie affirment que Mercure est par excellence la planète de la communication. L’observation des nouveaux comportements du bébé entre un mois (fin du premier cycle de la Lune) et trois mois (fin du premier cycle mercurien) confirme cette très vieille intuition.
Nous avons déjà noté que l’âge mercurien voyait l’apparition de la curiosité. Précisons maintenant que cette curiosité est pour une très grande partie orientée vers les êtres humains qui entourent le bébé : sa maman bien entendu, mais aussi son père, ses frères et sœurs, ainsi que tous ceux qui passent un jour ou l’autre à portée de son regard. Bref, c’est à cet âge que le petit enfant devient sociable, ouvert à autrui, désireux d’établir avec lui des liens de communication : ayant perdu et dépassé l’attitude de fusion, de communion avec autrui propre au premier mois, il cherche maintenant le contact.
Cette envie de communiquer est sauvage, innée, spontanée : elle constitue un véritable besoin fondamental pour le bébé de deux mois. Son regard croise celui d’autrui avec insistance, comme s’il cherchait à établir une relation. Quels que soient les gens qui s’approchent de lui, il les suit des yeux, fixe intensément leurs visages, s’intéresse à eux, qu’ils soient connus ou inconnus. Un rien suscite ses gazouillis aimables et engageants. En présence de sa mère comme d’un étranger, il sourit, foncièrement disponible pour toutes les rencontres, et son bonheur est total si à ses gazouillis on répond par d’autres gazouillis ou par des mots, incompréhensibles pour lui certes, mais qui signifient pour lui qu’il y a échange, communication.
Le bébé au stade mercurien est un gros bavard, une véritable pipelette. À travers ses gloussements et gazouillis de plus en plus différenciés et les réponses qu’elles lui attirent, il apprend à mémoriser petit à petit la signification sociale des diverses expressions de ses interlocuteurs, ces multiples mimiques faciales par lesquelles, en-deçà de nos mots, de nos discours, nous exprimons nos émotions, nos sentiments et nos pensées. D’une certaine manière, les expressions de notre visage lorsque nous parlons à autrui sont des conventions sociales immédiatement reconnaissables qui permettent d’identifier chez autrui la tendresse ou la froideur, la colère ou la quiétude. Bébé imite spontanément ces expressions, ces signaux de base de toute communication humaine, et les reproduit bientôt si bien qu’à la fin du troisième mois, il est devenu un véritable expert en communication, maîtrisant de mieux en mieux les règles implicites de celle-ci : parler à chacun son tour, écouter l’autre attentivement et lui répondre en tenant compte de ses mimiques.
Notons au passage que cette communication est pré-verbale : le bébé est incapable de s’exprimer, de communiquer avec autrui en utilisant le langage officiel, conventionnel qui est celui des adultes. En soi, ses gazouillis ne signifient rien : ils témoignent simplement de son ouverture foncière à autrui, de son envie d’établir avec lui un échange qui n’engage rien. Il est mû par le plaisir de la rencontre, du dialogue pour le dialogue, et non par celui de transmettre des informations claires et précises.
Grand communicateur, le bébé de un à trois mois est donc un être extrêmement sociable en dehors de ses périodes de sommeil. Rien ne l’intéresse davantage qu’un visage humain qui se penche sur lui et que l’écoute des sons de la voix humaine. Une expérience a toutefois démontré que cette sociabilité est dépourvue de toute affectivité : si l’on présente à l’enfant de cet âge un masque à l’image schématique du visage humain (un ovale, deux ronds pour les yeux et un “sourire-banane” pour la bouche), il réagit immédiatement par un sourire, comme il le fait en présence d’une personne en chair et en os. Il ne fait pas de distinction formelle entre un masque et un visage, ce qui signifie que pour lui, l’autre n’est pas vraiment un partenaire concret, une personne vivante, mais avant tout un “émetteur de signaux intéressants”, ou en d’autres termes un “vecteur de communication” plutôt abstrait.
Un autre comportement, caractéristique de cet âge, illustre cette sociabilité sans affectivité du bébé “mercurien”. On observe en effet qu’à l’exception de sa mère, avec laquelle il continue à entretenir les puissants liens de complicité instinctive qui se sont forgés pendant la période foetale et lunaire, l’enfant ne semble pas développer de préférence marquée à l’égard des diverses personnes avec lesquelles il entre en contact social et établit une gazouillante communication. L’interlocuteur du moment est le bon. L’étranger, l’inconnu ont droit aux mêmes sourires, aux mêmes regards, aux mêmes gloussements que le proche. Le bébé ne s’attache à personne en particulier et entretient avec chacun des êtres qu’il rencontre une relation dépourvue de demande affective. Nous verrons que cette attitude change du tout au tout à partir du troisième ou quatrième mois, période au cours de laquelle le bébé commence à “avoir ses têtes”, à s’attacher plus précisément et plus profondément aux personnes qui lui “plaisent”… Mais n’anticipons pas sur le stade vénusien.
La sociabilité du bébé au stade mercurien, si elle est dépourvue de tout investissement affectif, de tout attachement privilégié (à l’exception de la mère) envers les gens avec lesquels il communique, n’en est pas moins soumise à d’impérieuses et contraignantes conditions préalables. Pour que cette ouverture spontanée à autrui, ce sens instinctif du dialogue se développe harmonieusement, il est indispensable que l’enfant se sente d’emblée compris, reconnu, accepté comme interlocuteur à part entière.
Si nul ne lui manifeste d’intérêt, si personne ne se met à son écoute, le bébé de cet âge est bien incapable d’exiger par lui-même que s’instaure la communication, sinon en pleurant pour témoigner de son insupportable solitude et appeler un interlocuteur quelconque à sa rescousse. Ces pleurs sont chez lui, non pas l’expression d’un nouveau mode de communication alternatif, mais une régression au stade précédent, le stade lunaire : il se sent globalement mal dans cette situation d’absence de communication, et manifeste ainsi son déplaisir.
Ainsi l’enfant a-t-il besoin d’un regard bienveillant, d’une oreille attentive qui n’exige rien de lui. Une certitude puissante s’impose au bébé : quoi qu’il “dise” à sa manière à travers ses mimiques, ses regards ou ses gazouillis, il doit être immédiatement et inconditionnellement l’objet d’un intérêt évident de la part de l’autre. Il attend tout de l’autre.
Si le contact avec autrui ne s’établit pas comme le bébé l’attend et l’entend a priori, il est désarmé, inapte à se négocier, à chercher un accord avec lui, à trouver par lui-même des solutions de compromis ou des terrains d’entente permettant la discussion. Il est persuadé qu’il existe d’emblée une connivence si totale entre lui et l’autre qu’il n’est pas possible que le dialogue ne s’établisse pas. En ce sens, la sociabilité spontanée du bébé le rend profondément dépendant d’autrui : un interlocuteur ne saurait être pour lui qu’un complice amical avec lequel règne une entente tacite, et non quelqu’un qu’il faut convaincre, persuader, à qui il faut démontrer qu’on a quelque chose d’important à lui dire.
Nous sommes en état mercurien lorsque, comme le bébé de un à trois mois, nous adoptons une attitude spontanée de curiosité éveillée et désintéressée, que le moindre signal en provenance du monde extérieur nous sollicite, nous intéresse, nous incite à voir les choses sous un nouvel angle. Lorsque nous nous disons “pourquoi pas”, que nous sommes sans restrictions prêts à nous ouvrir à la nouveauté, à l’imprévu, à l’inédit, à l’inconnu, sans jamais préjuger de ce qui pourrait arriver. Nous sommes en état mercurien lorsque notre attention est volatile, discontinue, dispersée, qu’elle papillonne d’une situation, d’une idée, d’un être ou d’une chose à l’autre sans jamais se fixer durablement.
Nous sommes en état mercurien lorsque nous sommes disponibles pour toutes les rencontres de hasard, prêts à communiquer avec n’importe qui n’importe quand et n’importe où, pourvu que ces rencontres ne nous engagent en rien et qu’elles soient agréables, pour le simple plaisir d’échanger des propos sans véritable importance avec quelqu’un, juste “pour voir” ce qui va se produire au cours de cet échange. Nous sommes en état mercurien lorsque nous sommes a priori intéressés par tout ce que pourrait nous dire l’autre, non pas à cause de ce qu’il nous dit, mais pour le bonheur de la conversation, sans nous sentir impliqués en quoi que ce soit dans ce que nous disons.
Nous sommes toujours en état mercurien lorsque nous gardons l’esprit ouvert pour tout ce qu’il est possible d’imaginer, de concevoir, d’anticiper, lorsqu’un film, un livre, un tableau, une rencontre nous “parlent” d’emblée et nous incitent à aller plus loin, à nous questionner, nous interroger, à formuler une multitude d’hypothèses gratuites, lorsque nous sommes à l’affût du moindre indice qui pourrait nous étonner, nous surprendre, nous amuser, nous ravir. Nous sommes en état mercurien lorsque nous sommes à l’écoute de tous les sons de cloches, de toutes les opinions et que nous refusons de sélectionner parmi elles la seule, l’unique, la vraie, tant est grand notre accueil à la diversité, aux innombrables facettes du monde et des gens, tant le moindre événement suscite en nous une foule d’idées contradictoires.
Nous sommes aussi en état mercurien lorsque nous sommes incapables de prendre au sérieux qui ou quoi que ce soit, que nous abordons les êtres, les choses et les situations à la légère, avec désinvolture, décontraction ou humour, lorsque nous nous adonnons à des activités ludiques, gratuites, juste “pour voir”, pour la joie de la découverte ou le plaisir du jeu, sans intérêt, sans calcul : activités sans importance, qui n’engagent à rien, où il n’y a rien à “gagner”, où aucun but ni aucune discipline ne s’imposent. Enfin, nous sommes en état mercurien lorsque nous cultivons simultanément de nombreux centres d’intérêt, que nous faisons de multiples projets à la fois, sans trop nous soucier de les approfondir ou de leur donner une assise tangible.
Les êtres chez qui Mercure est dominant sont excessivement ouverts, curieux, sociables, communicatifs, bavards, curieux, touche-à-tout, mobiles, ludiques… au risque d’être toute leur vie instables, dispersés, superficiels. Au contraire, ceux chez qui Mercure est faible dans le thème natal peuvent être, dans les cas extrêmes, incapables d’amusements gratuits, de décontraction souriante, de curiosité spontanée, d’écoute attentive, de légèreté insouciante, de sociabilité détendue, de mobilité d’esprit.
Dans l’article intitulé Astro-cerveaulogie paru en septembre 1991 dans le n° 17 des Cahiers conditionalistes, je faisais état des dernières découvertes en psychogénétique de la prime enfance réalisées par J. Mehler et E. Dupoux, chercheurs du laboratoire de sciences cognitives et de psycholinguistique commun au CNRS et à l’EHESS, découvertes exposées dans leur passionnant livre Naître Humain (Éd. Odile Jacob). Depuis, la science a encore progressé, confirmant une fois de plus (sans le savoir ni le vouloir bien entendu) les significations des fonctions planétaires dans la Théorie des âges conditionaliste découverte et formulée il y a plus de quarante ans…
L’un des axes de recherche majeurs de la psychogénétique est de parvenir à identifier, dans le fonctionnement humain des premières années, ce qui relève de l’inné (structures neurophysiologiques communes à toute l’espèce) de ce qui relève de l’acquis (apprentissages et conditionnements socioculturels). Pour mettre en perspective le sens de ces nouvelles découvertes, rappelons que jusqu’à il y a une trentaine d’années, la recherche sur le fonctionnement des bébés était monopolisée, à quelques exceptions près (comme par exemple Jean Piaget) par des psys divers qui s’acharnaient à projeter sur les nouveaux-nés leurs fantasmes d’adultes freudiens.
Ce n’est que lorsqu’une nouvelle approche, dite “cognitiviste”, est apparue, que les choses ont commencé à changer. “La science cognitive, écrivent Mehler et Dupoux, se propose précisément de déterminer, par l’étude expérimentale et formelle, les propriétés psychologiques qui, par-delà les différences culturelles et individuelles, sont communes aux êtres humains. Il lui faut décrire le fonctionnement de la mémoire, du langage, de l’attention, de l’interaction avec autrui ou de la perception, mais aussi déterminer les structures nerveuses qui les supportent. L’étude du comportement exige donc la collaboration, voire l’intégration de nombreuses disciplines, de la linguistique à la neurobiologie en passant par l’informatique.” Vous remarquerez que ces pauvres psy ont été oubliés dans la liste, ce qui n’est pas le fruit d’un hasard ou d’un malencontreux oubli…
Mehler et Dupoux critiquent “l’apprentissage par instruction”, qui est “le mécanisme qui permettrait à des structures présentes dans l’environnement d’êtres transposées dans un organisme.” Exemple illustrant cette théorie : c’est parce que l’enfant, feuille blanche à sa naissance, “vit au sein d’un environnement riche d’énoncés linguistiques, qu’il intégrerait cette structure et deviendrait capable de produire de tels énoncés.” Ce qui ne répond pas à la question : “Comment cet apprentissage est-il possible ?” Piaget a essayé de répondre. D’après lui, la répétition régulière de stimuli externes (dans notre exemple, des stimulations langagières), finirait par créer des structures internes. La structure naîtrait de la fonction. Traduction conditionaliste : la Théorie des âges créerait le R.E.T.
Autre théorie, que rejettent également Mehler et Dupoux : “l’apprentissage par sélection”, qui suppose un individu “riche en potentialités, mais à tel point qu’il en devient incompétent. Il doit sélectionner les possibilités qui sont compatibles avec l’environnement et éliminer les autres. L’appauvrissement du potentiel cognitif permet donc un progrès dans son efficacité.” Elle est, entre autre, défendue par Jean-Pierre Changeux (voir l’article précédent), et pose un problème de taille : de quelle nature est le “générateur de diversité” inné dans l’homme ? Et quels sont les mécanismes de sélection ? Traduction conditionaliste : ce “générateur de diversité” serait une sorte de R.E.T. non-inné, les mécanismes de sélection revenant à la Théorie des âges.
Résultat de ce double refus : les deux cogniticiens pensent qu’il existe des structures innées, génétiquement transmises et permettant, en gardant notre exemple initial, de faire automatiquement, si l’environnement le permet, l’apprentissage du langage : “Lorsque le bébé grandit et s’achemine vers la maîtrise d’une langue naturelle, on constate une suite d’étapes qui semblent dépendre plus d’une ‘horloge biologique’ que de l’environnement”. Traduction conditionaliste : d’abord, il y a le R.E.T., structure innée, ensuite vient la Théorie des âges, qui lui permet de s’actualiser. Dans cette optique, la structure innée et génétiquement transmise déterminerait le fonctionnement de l’horloge biologique interne et conditionnerait le développement chronologique des “apprentissages”.
La multitude d’expériences auxquels Mehler et Dupoux ont soumis les bébés les amènent à affirmer que “nous n’avons pas à apprendre à coordonner les différentes données de nos sens pour en extraire, comme par miracle, des objets. Dès le départ, le monde perceptif est organisé, et ce, parce qu’il renvoie à des représentations abstraites qui sont originaires. Elles fournissent en quelque sorte des schèmes qui permettent d’établir des correspondances entre les stimuli.” Les expériences effectuées sur les bébés confirment la perception globale de l’enfant de moins d’un mois (stade lunaire). Ensuite, le bébé structure progressivement sa vision et perception du monde à partir de “représentations abstraites qui sont originaires”. La formulation évoque très précisément le “R extensif” : des modèles innés, préétablis permettant de se représenter le monde : “De l’espace aux objets, le bébé semble équipé d’un riche modèle du monde.”
Mieux : on sait que l’ordre de la théorie des âges n’est pas celui du R.E.T. Nos représentations ne deviennent conscientes qu’au stade solaire, entre 8 et 12 mois (ce que confirment les cogniticiens). Auparavant, nous vivons, au stade mercurien, puis au stade vénusien, dans un monde de proto-représentations inconscientes d’elles-mêmes, ce que postule ce bouquin : “ainsi, il est parfaitement possible, et même plausible que le modèle du monde physique ne s’exprime chez le nouveau-né que sous la forme de quelques mécanismes assez primitifs, semblables aux comportements précurseurs.”
Dix ans plus tard, de nouvelles expériences confirment les travaux de Mehler et Dupoux. Ils démontrent que dès le stade mercurien (1 à 3 mois), les mécanismes du langage sont présents. Pour information, voici le texte de l’article que Sylvie Briet a publié dans Libération du 10/12/2002 :
“Bébé ne parle pas, mais dès l’âge de deux mois, tout est prêt. Ce sont les régions gauche de son cerveau qui traitent le langage. Comme chez l’adulte. Le cerveau est très tôt équipé avec les mécanismes du langage, et il dispose d’une grande plasticité, c’est ce qui ressort de travaux publiés par une équipe française du CNRS qui a travaillé à l’hôpital Necker-Enfants malades à Paris. Elle a obtenu ces résultats grâce à une technique récente de plus en plus utilisée pour connaître le fonctionnement du cerveau : l’imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf). Mais c’est la première fois en France qu’une équipe de recherche est autorisée à pratiquer une telle exploration chez des bébés en bonne santé.
À l’endroit, à l’envers. On sait que chez les adultes, l’hémisphère gauche est dédié à cette fonction (du moins dans 90 % des cas, certains ont en effet ‘le langage à droite’. En revanche, la différence de timbre de voix fait en général travailler l’hémisphère droit. Existe-t-il dès la naissance une région du cerveau spécialisée dans le langage ? L’adulte est-il un ‘prolongement’ de ce qui se produit chez le bébé ? Pour en savoir plus, Ghislaine Dehaene-Lambertz, pédiatre de formation, a enregistré sa voix alors qu’elle lisait un livre pour enfants. C’est cet enregistrement en français, défilé à l’endroit et à l’envers qu’ont entendu vingt bébés âgés de 2 ou 3 mois pendant qu’ils étaient dans l’appareil d’IRM. Les bébés font en effet la différence entre leur langue maternelle et une langue étrangère, mais cette capacité disparaît si le texte défile à l’envers.
Les bébés étaient soit naturellement endormis, soit éveillés, allongés, immobilisés dans l’appareil d’IRM pendant 15 minutes. Tout en regardant des images sur écran placé au-dessus de leur tête, ils écoutaient l’histoire à l’endroit 20 secondes. Et, après un silence, ils l’écoutaient à l’envers 20 secondes également.
L’IRM permet de ‘voir’ ce qui ce passe dans le cerveau grâce à des images numériques d’une qualité de résolution spatiale sans précédent. L’IRM dite ‘anatomique’ est devenue un instrument-clé de la détection des tumeurs et autres lésions du cerveau. Plus récemment, l’IRM dite ‘fonctionnelle’ (IRMf), s’est mise au service de la recherche : elle fait apparaître les zones du cerveau qui rentrent en activité lorsqu’elles sont sollicitées par une fonction mentale. Lorsqu’une région cérébrale s’active, elle a besoin d’oxygène, qui est apporté par le système vasculaire : c’est ce que visualise l’IRM.
Les résultats montrent que lorsque le bébé écoute, l’hémisphère gauche s’active plus que le droit, et plus encore quand le langage défile à l’endroit. Certaines zones, comme le gyrus angulaire (zone de la mémoire des mots), ne sont pas stimulées par le langage à l’envers. ‘L’activation frontale nous a intéressés, explique Ghislaine Dehaene : on croit ces régions peu utilisées par le bébé car ce sont les dernières à devenir matures. Le frontal, c’est le siège des activités complexes : la planification, les relations sociales… Et nous avons constaté que les bébés ont une activité frontale plus importante lorsque la parole défile à l’endroit. Il n’y a eu aucune réponse frontale chez les bébés endormis.’
Deux camps opposés. Pour les chercheurs, ces résultats lèvent un coin du voile : tous les réseaux présents chez l’adulte existent chez le bébé bien avant qu’il ne sache parler. ‘Le cerveau est organisé très précocement, mais le système est très plastique : l’hémisphère gauche est prévu pour traiter le langage, mais si une lésion cérébrale survient à gauche chez l’enfant, l’hémisphère droit prend alors le relais de façon bien plus efficace que chez l’adulte.’ Ces travaux ne tranchent pas le débat entre les deux camps qui s’opposent sur l’acquisition du langage : les premiers estiment que la capacité à traiter le langage est innée et les deuxièmes pensent que le cerveau acquiert peu à peu cette capacité. Les résultats apportent toutefois un argument en faveur de la première hypothèse.”
Tout cela ne fait que confirmer les travaux de Mehler et Dupoux et ce que les conditionalistes savent depuis longtemps grâce à la Théorie des âges. Cela ne nous apprend donc pas grand-chose. Que nous disent quand même ces expériences sur le stade mercurien ? Qu’avec la fonction mercurienne, nous disposons d’un langage (niveau-source “Représentation”) virtuel qui n’a rien à dire de précis, de voulu, de spécifique (pas de niveau-but “représentation intensive” chez Mercure) mais qui peut virtuellement tout dire, même de l’insensé, même du n’importe quoi (niveau-but “transcendance intensive”)… pourvu que la parole défile à l’endroit.
Ce qui donne à réfléchir… Même le “n’importe quoi” mercurien a ses règles et sa syntaxe !
▶ Profil psychologique du Mercurien
▶ La fonction mercurienne ‘tR’ (transcendance de la Représentation)
▶ Soleil-Mercure-Vénus : Représentation extensive
▶ Mercure-Saturne-Pluton : transcendance intensive
▶ L’Esprit Mercure de C.G. Jung : une leçon de symbolisme
▶ Dès deux mois, le réseau du langage est en marche
▶ Introduction à la Théorie des âges planétaires
▶ L’échéancier planétaire et la Théorie des âges
Les significations planétaires
par
620 pages. Illustrations en couleur.
La décision de ne traiter dans ce livre que des significations planétaires ne repose pas sur une sous-estimation du rôle des Signes du zodiaque et des Maisons. Le traditionnel trio Planètes-Zodiaque-Maisons est en effet l’expression d’une structure qui classe ces trois plans selon leur ordre de préséance et dans ce triptyque hiérarchisé, les Planètes occupent le premier rang.
La première partie de ce livre rassemble donc, sous une forme abondamment illustrée de schémas pédagogiques et tableaux explicatifs, une édition originale revue, augmentée et actualisée des textes consacrés aux significations planétaires telles qu’elles ont été définies par l’astrologie conditionaliste et une présentation détaillée des méthodes de hiérarchisation planétaire et d’interprétation accompagnées de nombreux exemples concrets illustrés par des Thèmes de célébrités.
La deuxième partie est consacrée, d’une part à une présentation critique des fondements traditionnels des significations planétaires, d’autre part à une présentation des rapports entre signaux et symboles, astrologie et psychologie. Enfin, la troisième partie présente brièvement les racines astrométriques des significations planétaires… et propose une voie de sortie de l’astrologie pour accéder à une plus vaste dimension noologique et spirituelle qui la prolonge et la contient.
Téléchargez-le dès maintenant dans notre boutique
Pluton planète naine : une erreur géante
par
117 pages. Illustrations en couleur.
Pluton ne fait plus partie des planètes majeures de notre système solaire : telle est la décision prise par une infime minorité d’astronomes lors de l’Assemblée Générale de l’Union Astronomique Internationale qui s’est tenue à Prague en août 2006. Elle est reléguée au rang de “planète naine”, au même titre que les nombreux astres découverts au-delà de son orbite.
Ce livre récapitule et analyse en détail le pourquoi et le comment de cette incroyable et irrationnelle décision contestée par de très nombreux astronomes de premier plan. Quelles sont les effets de cette “nanification” de Pluton sur son statut astrologique ? Faut-il remettre en question son influence et ses significations astro-psychologiques qui semblaient avérées depuis sa découverte en 1930 ? Les “plutoniens” ont-ils cessé d’exister depuis cette décision charlatanesque ? Ce livre pose également le problème des astres transplutoniens nouvellement découverts. Quel statut astrologique et quelles influences et significations précises leur accorder ?
Enfin, cet ouvrage propose une vision unitaire du système solaire qui démontre, chiffes et arguments rationnels à l’appui, que Pluton en est toujours un élément essentiel, ce qui est loin d’être le cas pour les autres astres au-delà de son orbite. Après avoir lu ce livre, vous saurez quoi répondre à ceux qui pensent avoir trouvé, avec l’exclusion de Pluton du cortège planétaire traditionnel, un nouvel argument contre l’astrologie !
Téléchargez-le dès maintenant dans notre boutique