Le stade lunaire a duré un peu moins d’un mois, le stade mercurien presque deux mois, le stade vénusien quatre mois et demi. Avant d’aborder le stade solaire, long lui aussi de quatre mois et demi, le bébé a appris à se sentir à l’aise, en harmonie avec son milieu ambiant (Lune), à communiquer, prendre contact tous azimuts, s’étonner de ce qui l’entoure et exercer sa curiosité spontanée (Mercure), puis à s’attacher, créer des liens avec autrui et découvrir sa sensorialité ainsi que la puissance de ses désirs (Vénus). Que de progrès en quelques mois ! L’être inachevé, indifférencié, plein de virtualités encore en gestation du premier mois s’est mué en un individu sociable et bavard, affectueux et sensible.
C’est aux alentours de huit mois que commence à s’unifier enfin ce qu’on appelle le “champ perceptif” de l’enfant. Jusqu’à un mois, ce champ perceptif était homogène, global, indifférencié : l’ouïe, la vue, l’odorat, le goût et le toucher se confondaient chez lui en un “tout-perçu”. Jusqu’à trois mois, cette globalité perceptive originelle explosait, se différenciait jusqu’à plonger le bébé dans un maelström de perceptions sans liens entre elles ; jusqu’à huit mois, il apprenait progressivement à coordonner ses perceptions, à les faire travailler ensemble. À un an, durée de révolution de la Terre (et donc, vu de la Terre, du Soleil), son champ perceptif est complètement unifié. Le “cerveau conscient” est désormais aux commandes, centralisant, coordonnant et interprétant l’ensemble des perceptions, et permettant au bébé de se représenter avec netteté le monde qui l’entoure.
Vers huit mois, le bébé commence donc à se forger des images, des représentations, des schémas permanents et précis des objets, des êtres et des situations. Les spécialistes appellent cette nouvelle aptitude la “permanence de l’objet”. Pour mieux cerner ce phénomène, revenons un peu en arrière : à six mois par exemple, le bébé est capable de chercher et de prendre un cube, ou bien, s’il n’est pas à portée de ses mains, de crier pour l’obtenir, mais uniquement si une partie quelconque de cet objet est dans son champ de vision. Si on masque ce cube sous un tissu, le bébé l’oublie et se comporte alors comme si le cube n’existait plus pour lui. L’objet n’a donc pas pour lui une réalité permanente : il n’existe que s’il est visible, partiellement ou totalement.
À neuf ou dix mois, son attitude change du tout au tout : mis dans la même situation, il soulève le tissu pour retrouver le cube et si, sous ses yeux, on cache à nouveau l’objet sous un tissu d’une autre couleur ou sous un papier, il recherchera le cube sous le premier tissu. Cette fois, l’objet caché continue à “exister” pour l’enfant, même s’il n’est plus visible. L’objet a donc acquis une réalité permanente dans le cerveau de l’enfant, sous forme d’image mentale. Le fait que le bébé recherche le cube dans sa première cachette alors qu’il “devrait” le chercher dans la seconde montre, d’une part, qu’il est peu sensible aux modifications concrètes de la situation (alors qu’il a pu l’observer, il ne tient aucun compte du changement de cachette), et d’autre part que, quelle que soit la cachette concrète qui masque le cube concret, le cube abstrait, c’est-à-dire la représentation du cube non-visible, reste permanente dans son cerveau. C’est pourquoi on dit de l’enfant de cet âge qu’il a acquis la permanence de l’objet. Le cube caché, invisible, continue d’exister dans sa tète sous forme d’image. La “réalité” du cube n’est plus tributaire de la perception sensorielle immédiate.
L’acquisition du schéma d’objet permanent constitue une véritable petite révolution chez l’enfant. C’est grâce à lui que vont se constituer les notions d’espace (si l’objet n’est pas là, c’est qu’il est ailleurs), de temps (si l’objet n’est pas là en ce moment, il y était avant et il le sera peut-être après) et de causalité (si l’objet n’est plus là maintenant, c’est qu’il a été déplacé ou caché). C’est toujours grâce à ce schéma d’objet permanent que le bébé peut prendre conscience de son individualité : si les objets existent indépendamment de lui, il existe lui-même indépendamment d’eux.
La même attitude s’observe dans les rapports entre le bébé et les gens de son entourage, et en particulier sa mère : il a maintenant dans le cerveau une représentation claire de sa mère et de sa relation avec elle et, si maman n’est pas présente à ses yeux dans la pièce où il se trouve, il pourra se donner comme objectif d’aller la chercher là où elle est. Car à partir de huit mois, l’enfant agit de plus en plus souvent en fonction de buts à atteindre. Et un but, n’est-ce pas une image, une représentation mentale qui nous arrache à notre présent immédiat pour nous projeter dans une autre dimension du temps : le futur ?
Entre huit et douze mois donc, le bébé commence à avoir une claire image mentale de son environnement, ce qui favorise une identification de plus en plus précise des êtres et des objets qui s’y trouvent. Grâce à ces images mentales, il peut donc désormais se fixer des buts, des objectifs, des programmes d’action, cela d’autant plus facilement qu’il peut maintenant se tenir debout en s’accrochant aux meubles ou à une main secourable, et marcher, ou à tout le moins ramper pour se diriger vers les objets ou les personnes dont il a décidé de se rapprocher.
Se fixer des buts, des objectifs à atteindre, c’est aussi exercer sa volonté consciente, savoir précisément ce que l’on veut. Ce n’est plus le “désir-tentation” du stade précédent, c’est faire preuve d’une activité intentionnelle clairement affichée, qui ne dépend en rien, en théorie du moins, des circonstances de la situation présente. En se donnant des buts, l’enfant découvre son pouvoir de décision. Il doit définir une direction, se donner des ordres de priorité, refuser de se laisser distraire par les à-côtés, sacrifier des satisfactions immédiates et sûres au profit d’autres plus incertaines, se donner une ligne de conduite et s’y tenir, être tout entier tendu vers la réalisation de l’objectif qu’il s’est fixé.
Ce n’est déjà pas simple pour des adultes. Pensez alors aux énormes efforts que doit faire le bébé découvrant les délices mais aussi les contraintes qu’impose la volonté consciente : il ne peut plus faire n’importe quoi comme ça lui chante, il doit apprendre à résister à d’éphémères tentations pour parvenir à ses fins. Mettez-vous à sa place. Par exemple, bébé a décidé d’aller retrouver maman à la cuisine. Pour cela, il doit traverser sa chambre. Chemin faisant, son regard accroche ce hochet rouge qui fait un si joli bruit, cet ours en peluche à la fourrure si douce : quelles tentations ! Non. Il n’y succombe pas. Obstinément, il continue sa route vers la cuisine… peut-être pour constater que maman n’y est pas ! À la privation volontaire de plaisirs fugaces succède alors l’angoisse. Dur, dur d’être un bébé au stade solaire !
Vers un an, l’enfant regarde son image dans le miroir et se reconnaît en elle, ce qui n’a rien d’évident pour lui : il lui faut pour réussir cet exploit faire abstraction de son vécu corporel immédiat, comprendre que l’image dans le miroir n’existe pas en soi, mais qu’elle n’est qu’un reflet de l’image qu’il donne de lui aux autres, et que cette image est la sienne. Image qui, elle, est bien réelle, mais dont il n’avait jamais imaginé ou soupçonné l’existence. Il peut alors s’identifier à lui-même, avoir une claire représentation de lui en tant qu’individu, cela d’autant plus qu’il peut aussi reconnaître l’image d’un proche à côté de lui — sa mère ou son père par exemple — dans le même miroir.
Le stade solaire est donc bien celui de l’auto-identification : “Je me reconnais dans mon image.” Dès lors, se posent de tous nouveaux problèmes pour le bébé : quelle image se fait-il de lui-même ? Quelle image donne-t-il de lui-même à ses parents ? Et parmi les différentes images de lui-même qu’il peut donner, laquelle préfèrent-ils ? Que lui faut-il faire ou ne pas faire pour correspondre à l’image que ces adultes, qu’il commence à admirer plus que tout, attendent de lui, et qui est le plus souvent celle d’un enfant “sage comme une image” ?
Devenu conscient de son apparence, le bébé se rend compte qu’il est un personnage qui peut jouer un rôle, qui peut agir sur son environnement humain par l’intermédiaire de ce qu’il reflète dans le regard des autres. Bref, il devient comédien, un véritable petit cabot gonflé de sa propre importance, prêt à faire tout ce qui est en son possible pour capter l’intérêt, l’attention, l’estime et l’admiration de ses parents et plus généralement des êtres plus âgés que lui. Dorénavant, un impératif s’impose à lui : être reconnu par la société à laquelle il appartient, c’est-à-dire par son milieu familial.
Le stade solaire voit l’apparition de la sociabilité intentionnelle, volontaire, délibérée. De sept mois à un an, l’enfant fait quatre fois plus de mouvements dans la direction d’autrui que pendant les sept mois précédents. Et s’il a découvert la permanence des objets, il ne s’intéresse que très modérément à eux, leur préférant largement la compagnie de ses semblables, les êtres humains. Certes, il était déjà extrêmement sociable auparavant. Mais il s’agissait d’une sociabilité inconsciente, instinctive, spontanée, naturelle, détendue, involontaire, n’exigeant de lui aucun effort, aucune intention, aucune concentration. Il ne se réglait pas sur les attentes des autres, mais demandait plutôt à autrui de se régler sur ses propres attentes.
À présent qu’il est conscient de son image et de son individualité, tout a changé. L’enfant sait ce qu’il veut : faire comme les adultes, et surtout comme ses parents qu’il prend désormais comme modèles, à l’image desquels il s’identifie dans une admiration inconditionnelle. Que faut-il faire, comment faut-il agir pour mériter en retour leur admiration ? L’enfant comprend vite qu’il faut les observer attentivement et calquer ses comportements sur les leurs : ses conduites d’imitation intentionnelle déclenchent en général les applaudissements du cercle familial dont il devient de plus en plus le centre. Plus il reproduit les gestes, les attitudes, les sons qu’ils émettent, et plus il est félicité, choyé, récompensé pour son adaptation aux normes.
C’est à huit mois, tout au début du stade solaire, qu’il comprend lorsqu’on lui dit “non”, c’est-à-dire qu’il réalise qu’il est des choses qu’il ne doit pas faire sous peine d’être réprimandé. Or toute société, toute culture est fondée sur le “non”, sur l’interdit, sur le tabou : il y a des choses qui ne se font pas, et ceux qui enfreignent ces interdictions quasi-sacrées sont immédiatement exclus, rejetés, marginalisés. Précisément tout ce que déteste l’enfant de huit à douze mois, avide de reconnaissance publique, d’inclusion dans le cercle familial, d’intégration dans la société des adultes. Son obéissance aux “non” qu’on lui impose marque donc son entrée dans la socio-culture : pour être admis, reconnu, valorisé, admiré, il faut faire comme les autres, se plier aux us et coutumes, aux permis et interdits, à la morale et à l’éthique de son milieu et de son époque, accepter de se laisser intérieurement structurer par des règles imposées de l’extérieur.
C’est donc au stade solaire que se structurent ses premiers modèles, ses premiers comportements culturels que le bébé reproduira scrupuleusement. Pour conserver l’estime de ses parents, il s’interdit désormais certaines conduites spontanées, inhibe certains comportements dont il s’est aperçu qu’ils ne plaisaient pas aux adultes, en adopte volontairement de nouveaux, plus conformes aux rites familiaux. Il fait de son mieux pour respecter les consignes qui lui sont imposées, les ordres qu’on lui donne. Acceptant docilement toutes ces conventions, il devient conventionnel. L’enfant brouillon, indiscipliné et capricieux des premiers mois s’est transformé en enfant-modèle animé par un véritable idéal de perfection pour toujours rester à la hauteur de ce que ses parents attendent de lui, et à la hauteur de l’image qu’il veut leur donner de lui-même. Le stade solaire voit la naissance du narcissisme, de l’image idéale de soi (‘rR’).
Pendant la première année, le bébé acquiert, par écoute et imitation involontaire, tout le répertoire fondamental de sons qui va lui servir de base à l’apprentissage des premiers mots. Vers huit mois, il pratique l’écholalie, c’est-à-dire l’imitation consciente des sons qu’émettent les autres, même s’il ne comprend pas encore la signification précise des paroles. À neuf mois, dans une évolution normale, il dit “maman” et “papa”. À dix ou onze mois, il prononce au moins deux mots ayant une signification et à un an il en prononce au moins trois.
C’est donc pendant le stade solaire que le bébé fait l’apprentissage des rudiments du langage verbal, qui marque une évolution capitale dans son rapport au monde : lui qui jusque là s’interrogeait sur le monde, le ressentait émotionnellement sans pouvoir le comprendre intellectuellement, le voilà qui pénètre pour la première fois dans ce monde pour lui magique, mystérieux, impalpable, invisible, extraordinaire : le monde des mots.
En fait, à huit mois, le bébé, à force de “dialoguer” par l’intermédiaire de sons sans signification avec sa mère, a déjà appris toutes les conventions qui structurent le langage. Mais à présent, ces codes conventionnels peuvent être utilisés pour désigner des êtres, des objets ou des situations précis. Précision : un maître mot pour le bébé. Le langage doit pour lui être clair, transparent, sans ambiguïté, immédiatement compréhensible : comment se repérer dans ce nouveau monde si à chaque mot unique ne correspond pas une chose unique ? Comment respecter une consigne si elle n’est pas précisément énoncée, et toujours de manière identique ? Le langage verbal “solaire” est en fait un proto-langage : ce n’est que vers deux ans qu’il fera le véritable apprentissage du langage conventionnel. Pour l’heure, dans le cerveau de l’enfant de cet âge, le mot doit être le reflet absolument fidèle de la chose, s’identifier complètement à elle, lui permettant une absolue compréhension, sous peine d’absolue incompréhension de sa part.
Information parue dans Libération du 28/10/1997 : “À huit ou neuf mois, les bébés ne comprennent pas le sens des mots. Mais pour tester leur mémoire, Peter Juscyk et Elisabeth Hohne de l’université de Baltimore (USA) ont fait écouter à quinze d’entre eux trois petites histoires… dix fois chacune pendant dix jours. Chez eux, assis sur une chaise, les enfants ont également eu droit à la lecture d’une longue liste de mots enregistrés sur bande magnétique. La moitié venait des histoires, les autres étaient des leurres, des mots-pièges aux mêmes consonances. Deux semaines après cette opération, les bébés ont à nouveau droit à cette liste de mots. Les deux chercheurs ont alors pu constater qu’ils étaient plus attentifs à ceux tirés des histoires. En dix jours, ils avaient donc pu extraire des mots d’un flux continu de paroles, et les retenir. Il reste encore à savoir comment.”
Cette toute récente expérience de psychogénétique illustre parfaitement le rapport de l’enfant au langage au début du stade solaire : au milieu d’une multitude de sons-phonèmes, ils savent instinctivement, d’une manière innée, distinguer les “vrais” mots, non pas pour ce qu’ils signifient, mais pour ce qu’ils sont. Le mot, l’unité de base du langage, est reconnu pour ce qu’il est.
Rappelons que le mot jupitérien signifie, décrit, illustre (‘r’) une réalité vécue, expérimentée, éprouvée (‘E’), tandis que le mot uranien signifie, décrit, illustre (‘r’) une réalité abstraite, complexe, inévidente (‘T’). Pour le mot uranien comme pour le mot jupitérien, il existe une nette différence entre le signifié (niveau-source ‘E’ ou ‘T’) et le signifiant (niveau-but ‘r’). Dans le cas du mot solaire, le signifiant (‘r’) est le signifié (‘R’). Il ne s’agit pas d’un langage descriptif de quelque chose d’autre que le langage, mais d’un langage auto-référent. Pas besoin donc, au fond, de comprendre le sens des mots : il suffit de savoir efficacement et précisément les repérer (‘r’) et les mémoriser, sans se demander d’où ils viennent (“non-tT”) ni à quoi ils servent (“non-eE”). Au stade solaire, le mot n’est plus confondu avec un phonème distrayant (‘tR’ de Mercure) ni avec un phonème émouvant (‘eR’ de Vénus). Il devient un phonème signifiant (‘rR’) : tout est prêt pour l’acquisition ultérieure du langage conventionnel, qui est le langage jupitérien. Mais avant cela, l’enfant devra passer par la brulûre de la confrontation aux réalités tangibles, loin des mots et phonèmes. C’est l’objet du stade marsien. Une fois de plus, les travaux les plus récents en psychogénétique viennent confirmer la Théorie des âges…
La découverte qu’il est une individualité distincte, un individu à part entière doté d’une identité précise, s’accompagne chez l’enfant de huit à douze mois d’une conscience exacerbée de son unicité. Nous l’avons déjà observé en évoquant ses comportements sociaux : tel le Soleil au centre du système solaire, il lui faut être le centre d’intérêt unique de la cellule familiale. Cela se remarque également dans la façon qu’il a de savoir déplacer les objets qui le séparent d’un objectif, mais d’être incapable de faire de même pour autrui. Il sait très correctement situer l’ensemble des choses par rapport à lui-même, à ce qui pour lui est une évidente et absolue position centrale qu’il est le seul à occuper, mais ne se situe jamais dans un espace collectif, comme s’il se prenait pour le centre de l’univers autour duquel tout tourne et s’organise.
C’est au cours de ce stade (généralement vers neuf mois… soit la durée de la gestation éventuelle d’un petit frère, d’une petite sœur !) qu’apparaît pour la première fois chez lui un nouveau sentiment : la jalousie. Et la jalousie, c’est précisément le refus et l’angoisse de n’être pas l’unique objet d’amour et d’intérêt des parents. La volonté d’être unique va d’ailleurs de pair avec un sens aigu et sourcilleux de la hiérarchie : entre huit et douze mois, le bébé porte peu d’intérêt aux autres enfants ; il leur préfère le contact des adultes, qu’il imite et qui le valorisent, et auxquels il se soumet pour entrer et rester dans leurs bonnes grâces.
Lorsqu’il a des relations avec les autres enfants, le même sens hiérarchique peut être observé : s’il se trouve avec un bébé de trois mois plus âgé que lui au moins, il se contente d’admirer, soumis, les parades de celui-ci. S’il se trouve avec un bébé ayant au minimum trois mois de moins que lui, c’est lui qui parade et qui joue le rôle du dominant ; et enfin, si la différence d’âge entre eux est inférieure à deux mois, la jalousie est la source de rapports conflictuels.
Sans qu’il faille le dramatiser à l’excès, ce phénomène est toutefois perceptible vers un an, lorsqu’à la fin du stade solaire, le bébé réalise que la revendication de son individualité ne peut que l’amener à se retrouver séparé d’avec sa mère. Tout le savoir fondamental qu’il a acquis, répété et réaffirmé pendant un an en sa compagnie risque d’être remis en question par son accession à l’indépendance. En fait, au stade solaire, il s’est profondément identifié à sa mère qui représente pour lui l’image même de la certitude absolue d’évoluer dans un monde clair, connu et élucidé, la pierre angulaire de tout ce qui fait sens pour lui, la seule personne susceptible de le reconnaître en permanence, l’unique modèle qui structure toutes les connaissances jusque là acquises. Vivre son individualité en toute indépendance est pour lui une menace de chaos. Le bébé au stade solaire a horreur de l’incertitude et de l’inconnu.
Nous sommes en état solaire, comme l’enfant de 7 mois 1/2 à 1 an, lorsque nous sommes a priori persuadés de la justesse de notre point de vue, lorsque nous réaffirmons avec force nos certitudes et nos convictions en écartant de notre esprit le moindre doute, la moindre hésitation, la plus petite restriction. Nous sommes en état solaire lorsque nous plaçons plus haut que tout notre sens de l’honneur, de la dignité, lorsque nous refusons, quelles que soient les circonstances, de nous abaisser à des comportements, des actes ou des pensées dont nous estimons que ce serait déchoir à nos propres yeux que de nous y abandonner. Nous sommes en état solaire lorsque nous ne transigeons pas sur nos principes essentiels, lorsque nous sommes prêts à tout sacrifier pour un idéal qui pour nous ne se discute pas, une cause qui nous semble absolument juste et à laquelle nous nous identifions complètement, lorsque nous adhérons passionnellement, sans aucune réserve, à une théorie ou une vision du monde claire et unifiante.
Nous sommes encore en état solaire lorsque nous admirons, adulons, respectons un être, une chose ou une idée plus que tout au monde, au point de vouloir l’imiter en tous points, de le prendre comme unique modèle, comme seule référence, comme source de toutes nos identifications, comme exemple à suivre pour toutes nos attitudes dans la vie. Nous sommes en état solaire lorsqu’il nous est inimaginable de ne pas être à la hauteur de ce qu’attend de nous cet être ou cette idée et que nous attendons en retour d’être par lui admiré, adulé, respecté, reconnu.
Nous sommes en état solaire lorsque nous sommes ultra-sensibles à l’image que nous donnons de nous-même à autrui, lorsque nous sommes hyper-vigilants à propos de notre impact social, lorsque nous affirmons et assurons avec fierté et orgueil notre image de marque, lorsque nous voulons à tout prix être reconnus en nous répétant nous-mêmes, lorsque nous adoptons des comportements exemplaires. Nous sommes en état solaire lorsque la reconnaissance d’autrui nous apparaît comme un dû, une évidence qui s’impose d’emblée, une exigence première que nous n’avons pas à conquérir, lorsque nous sommes prêts à tout pour ne pas décevoir les autres, pour répondre à leurs attentes, attirer leur attention, pour devenir un centre d’intérêt unique.
Nous sommes toujours en état solaire lorsqu’un but clair, un objectif précis, une ambition affichée s’imposent à nous avec une telle puissance et une telle force d’évidence que plus rien ne peut nous distraire dans notre volonté obsessionnelle d’atteindre ce but, de réaliser cet objectif, d’arriver au bout de cette ambition, même s’il faut pour cela sacrifier notre présent, nos satisfactions immédiates et mettre une sourdine à nos éventuelles réticences intérieures. Nous sommes en état solaire lorsque nous nous sentons absolument persuadés de savoir exactement où nous allons, que nous ne doutons pas de l’itinéraire fixé une bonne fois pour toutes, du programme à remplir, du plan à suivre à la lettre.
Avec un Soleil fort et dominant dans son thème de naissance, l’individu vit très fréquemment ces états solaires : on dira alors que c’est un idéaliste, un être à principes, un orgueilleux soucieux de son image de marque, un ambitieux avide de reconnaissance qui semble imperméable aux doutes, aux émotions et aux états d’âme. Si le Soleil est faible et non-dominant dans son thème, l’individu pourra éprouver de grandes difficultés à s’identifier à des idéaux motivants, à se préoccuper de son impact social, à imiter quelque modèle que ce soit. Il aura du mal ou refusera de s’imposer des lignes de conduite claires, droites, strictes et exigeantes, et à s’y tenir coûte que coûte.
C’est au cours de la 1re année que nous faisons les apprentissages fonctionnels auxquels nous convient les trois planètes (Soleil, Vénus, Mercure) relevant du niveau ‘R’ (“Représentation extensive”). Ce fait mérite quelques réflexions et approfondissements.
La “Représentation extensive”, nous l’avons vu, implique des grilles de lecture préalables, des “plans” qui permettent d’explorer le territoire et d’aller à la rencontre de l’inconnu. Ce qui implique qu’il existe des structures innées, génétiquement et astralement transmises qui donneraient la possibilité, de faire automatiquement, si l’environnement le permet, l’apprentissage du langage : “Lorsque le bébé grandit et s’achemine vers la maîtrise d’une langue naturelle, on constate une suite d’étapes qui semblent dépendre plus d’une ‘horloge biologique’ que de l’environnement”. Autrement dit, “nous n’avons pas à apprendre à coordonner les différentes données de nos sens pour en extraire, comme par miracle, des objets. Dès le départ, le monde perceptif est organisé, et ce, parce qu’il renvoie à des représentations abstraites qui sont originaires. Elles fournissent en quelque sorte des schèmes qui permettent d’établir des correspondances entre les stimuli.”
Il s’agit bien là de proto-représentations, de schèmes innés, d’une cartographie a priori inscrite dans notre cerveau. Il est à ce sujet tout particulièrement intéressant d’évoquer l’apparition progressive du langage.
On sait que les bébés, jusqu’à un mois “parlent” tous exactement la même langue, ou plus exactement pleurent et vagissent selon des intonations identiques, qu’ils soient français, turcs, tibétains ou bantous. Puis vient le temps des gazouillis incompréhensibles, auquel succède celui des gazouillis émotionnellement interprétables (le “pré-verbiage”), le tout étant couronné par le premier mot, vers 1 an. Au sens large, l’enfant de moins d’un an émet essentiellement des phonèmes. Il se trouve que, de la naissance à 1 an, le champ sonore ne cesse de se rétrécir. Et à 1 an, seules sont retenues les sonorités les plus fréquemment entendues, c’est-à-dire celles qui appartiennent à la socio-culture (la langue maternelle) du bébé.
Autrement dit, au stade mercurien (‘tR’, de l’ici au lointain), nous émettons des signaux (‘R’) qui gardent une relative portée universelle (‘t’). Au stade vénusien (‘eR’, de l’ici au proche), la portée des signaux se réduit en fonction des langages de connivence qu’il nous faut utiliser pour nous faire comprendre de nos proches. Enfin, au stade solaire (‘rR’, maintien de l’ici), seuls font sens, et donc seuls sont dignes d’imitation et de reproduction, les signaux significatifs de la langue maternelle : “En réduisant l’éventail de sons qu’il est préparé à entendre, le bébé devient capable de traiter avec plus de facilité ceux qui méritent son attention… de même, en réduisant l’éventail des sons qu’il produit, il devient plus apte à intégrer ses sons pour en faire des mots” (Douriez).
Ainsi la fonction solaire nous permet-elle de n’entendre et reproduire que ce qui fait sens pour nous. Ainsi sommes-nous, dès notre première année, structurés et animés par des proto-représentations qui ne deviennent conscientes que petit à petit : “ainsi, il est parfaitement possible, et même plausible que le modèle du monde physique ne s’exprime chez le nouveau-né que sous la forme de quelques mécanismes assez primitifs, semblables aux comportements précurseurs.”
▶ Profil psychologique du Solaire
▶ La fonction solaire ‘rR’ (représentation de la Représentation)
▶ Pouvoirs de Soleil-Lune : le Soleil
▶ Soleil-Mars-Pluton : Pouvoir extensif
▶ Apollon et son ombre : quand le Soleil se fait violence
▶ Soleil-Mercure-Vénus : Représentation extensive
▶ Soleil-Jupiter-Uranus : représentation intensive
▶ Introduction à la Théorie des âges planétaires
▶ L’échéancier planétaire et la Théorie des âges
Les significations planétaires
par
620 pages. Illustrations en couleur.
La décision de ne traiter dans ce livre que des significations planétaires ne repose pas sur une sous-estimation du rôle des Signes du zodiaque et des Maisons. Le traditionnel trio Planètes-Zodiaque-Maisons est en effet l’expression d’une structure qui classe ces trois plans selon leur ordre de préséance et dans ce triptyque hiérarchisé, les Planètes occupent le premier rang.
La première partie de ce livre rassemble donc, sous une forme abondamment illustrée de schémas pédagogiques et tableaux explicatifs, une édition originale revue, augmentée et actualisée des textes consacrés aux significations planétaires telles qu’elles ont été définies par l’astrologie conditionaliste et une présentation détaillée des méthodes de hiérarchisation planétaire et d’interprétation accompagnées de nombreux exemples concrets illustrés par des Thèmes de célébrités.
La deuxième partie est consacrée, d’une part à une présentation critique des fondements traditionnels des significations planétaires, d’autre part à une présentation des rapports entre signaux et symboles, astrologie et psychologie. Enfin, la troisième partie présente brièvement les racines astrométriques des significations planétaires… et propose une voie de sortie de l’astrologie pour accéder à une plus vaste dimension noologique et spirituelle qui la prolonge et la contient.
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Pluton planète naine : une erreur géante
par
117 pages. Illustrations en couleur.
Pluton ne fait plus partie des planètes majeures de notre système solaire : telle est la décision prise par une infime minorité d’astronomes lors de l’Assemblée Générale de l’Union Astronomique Internationale qui s’est tenue à Prague en août 2006. Elle est reléguée au rang de “planète naine”, au même titre que les nombreux astres découverts au-delà de son orbite.
Ce livre récapitule et analyse en détail le pourquoi et le comment de cette incroyable et irrationnelle décision contestée par de très nombreux astronomes de premier plan. Quelles sont les effets de cette “nanification” de Pluton sur son statut astrologique ? Faut-il remettre en question son influence et ses significations astro-psychologiques qui semblaient avérées depuis sa découverte en 1930 ? Les “plutoniens” ont-ils cessé d’exister depuis cette décision charlatanesque ? Ce livre pose également le problème des astres transplutoniens nouvellement découverts. Quel statut astrologique et quelles influences et significations précises leur accorder ?
Enfin, cet ouvrage propose une vision unitaire du système solaire qui démontre, chiffes et arguments rationnels à l’appui, que Pluton en est toujours un élément essentiel, ce qui est loin d’être le cas pour les autres astres au-delà de son orbite. Après avoir lu ce livre, vous saurez quoi répondre à ceux qui pensent avoir trouvé, avec l’exclusion de Pluton du cortège planétaire traditionnel, un nouvel argument contre l’astrologie !
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