Au-delà de Pluton gravite une ceinture de “planétoïdes” dont on pense qu’ils sont majoritairement formés de poussière et de glace, matières résiduelles de la formation des planètes. C’est l’astronome Gerard Kuiper qui, au début des années 50, a eu l’intuition de leur existence, qui ne fut confirmée que pendant les années 90.
Gerard Kuiper, astronome néerlando-étatsunien, a donc donné son nom à cet anneau-ceinture. On pourrait logiquement penser qu’il en est le théoricien, le penseur ou le découvreur, mais pas du tout. Il n’a évoqué l’existence de ladite ceinture qu’en 1951, alors que dès 1930, année de la découverte de Pluton, les astronomes Leonard et Leuschner postulaient déjà que Pluton “était le premier d’une série de corps transneptuniens, dont on attend encore la découverte des membres restants mais qui sont destinés à être un jour ou l’autre détectés”. Kuiper, lui, estimait en 1951 que cet anneau se serait formé très tôt au cours de l’évolution du système solaire, mais qu’il aurait ensuite disparu. Pourquoi cette erreur ? Parce qu’il croyait, comme nombre d’astronomes de son époque, que Pluton était de la taille de la Terre et qu’en se formant par accrétion de mini-corps célestes il avait éparpillé ceux qui restaient en-dehors du système solaire. Bref, si Kuiper avait eu raison, la ceinture qui porte son nom n’existerait pas aujourd’hui !
Le premier objet transplutonien de la ceinture de Kuiper fut détecté en 1992. C’est un astricule au diamètre inférieur à 120 km (5 % de celui de Pluton), situé à 43,89 U.A., ayant une période orbitale de 290 ans, une excentricité très modérée de 0,075 et une inclinaison de 2,195° sur le plan de l’écliptique. Ses découvreurs envisagèrent de l’appeler “Smiley”, en l’honneur de l’espion de fiction inventé par le romancier John le Carré, décrit par Wikipedia comme “doté d’une redoutable intelligence, d’une intuition suraiguë tournant à la paranoïa, de complexes d’infériorité car il est petit et rondouillard, d’un complexe de supériorité car il se sait plus intelligent que ses adversaires, George Smiley est un espion aussi redoutable qu’atypique.” Malheureusement pour eux, le nom “Smiley” était déjà pris par un encore plus minuscule (21,1 km) astéroïde de la “ceinture principale” gravitant entre Mars et Jupiter. Il fut donc baptisé 1992QB1, inaugurant ainsi le très long catalogue des objets transneptuniens recevant une “désignation provisoire”, dont seule une infime minorité sortira pour être baptisée par de plus prestigieux noms de divinités, gréco-romaines ou non.
La désignation provisoire se compose du nombre de l’année (1992), puis d’une première lettre de A à Y indiquant le demi-mois de la découverte (“Q” = 2e quinzaine d’août), suivie d’une deuxième lettre de A à Z indiquant l’ordre de la découverte (‘B’ = 2e découverte à partir du 16 août), sachant que la lettre “I” est éliminée dans les deux cas afin d’éviter la confusion possible avec le chiffre “1”. La 25e découverte de la quinzaine correspond donc à la seconde lettre “Z”. Si une 26e découverte est faite au cours de cette quinzaine, on revient à la seconde lettre ‘A’ et on ajoute un nombre indiquant combien de fois la 2e lettre a été utilisée pendant la quinzaine en question. La désignation provisoire “1992QB1” signifie donc que le premier objet transplutonien a été le 27e astéroïde découvert dans la 2e quinzaine d’août 1992 (très exactement le 30 août). Il était précédé de 1992QZ et de 1992QA1 dont, curieusement, on ne retrouve pas la trace dans les nomenclatures disponibles sur Internet.
Ce bon vieux 1992QB1, qui est toujours affublé de sa “désignation provisoire” en 2015, 23 ans après sa découverte, aurait quand même mérité d’être baptisé d’un nom de dieu, en tant que premier de sa classe sur le plan des découvertes transplutoniennes. Comme il est tout petit, on aurait pu en faire un enfant du Pluton romain, auquel on n’en connaît officiellement aucun étant donné qu’aucune déesse (même Proserpine, qu’il avait enlevée) ne voulait se dévouer pour faire de lui un père tant il était invivable. Son alter ego grec Hadès, lui, aurait eu une fille nommé Macaria, déesse de la “mort heureuse”. On aurait donc pu renommer 1992QB1 Macaria, un joli petit nom pour un minuscule astéroïde, et puis de “Smiley” à la “mort heureuse”, il n’y a qu’un pas à franchir… Certes, cette divinité n’est mentionnée que par un obscur et tardif lexique byzantin du Xe-XIe siècle, la Souda, ce qui rend sa réelle existence mythologique sujette à caution, mais ce n’est pas pire que la nomenclature floue, bordélique et poreuse des catégories d’objets transneptuniens, non ?
Faute de pouvoir descendre d’Hadès, 1992QB1 a reçu un lot de consolation discret mais décisif. En effet, les deux lettres et le chiffre de son nom (“QB one” donc) se prononcent en anglais “kiou-bi-ouane”, d’où a été tiré le néologisme “cubewano” (prononcez “kioubiouano”) désignant les astéroïdes de la ceinture de Kuiper n’ayant pas de résonance avec Neptune ou d’autres planètes. En pinaillant un peu, on pourrait objecter (transneptuniennement bien sûr), que les cubewanos auraient dû s’appeler les “cubewaninos”, étant donné que le néologisme a été forgé d’après “plutino” qui signifie “petit Pluton”.
Passé cet intermède cubewanesque, revenons à la ceinture de Kuiper. Elle est peuplée d’objets célestes transneptuniens extrêmement variés en termes de volumes, de masses, de compositions chimiques, de distances au Soleil, de durées de révolution, de satellites, etc. Si variés qu’il apparaît comme impossible de les classer globalement dans une seule catégorie homogène. L’U.A.I. les a donc classés dans des sous-catégories. Les principales sont les suivantes :
• Les Objets Résonants : leur durée de révolution sidérale est dans un rapport simple avec celle de Neptune : 1:1 (astéroïde troyen de Neptune, c’est-à-dire partageant la même orbite), 1:2 (twotino), 1:3 (threetino), 1:4 (fourtino), 3:5, etc. Pluton, par ex., est un Objet Résonant de type 2:3 c’est-à-dire un “plutino” : il effectue deux révolutions sidérales (247,74 × 2 = 495,48) pendant que Neptune en réalise trois (164,8 × 3 = 494,4). Leurs orbites sont plutôt elliptiques. Quant au premier plutino en-dehors de Pluton, il a été découvert en 1993 et “provisoirement” — et toujours — nommé 1993RO.
• Les Objets Non Résonants ou “cubewanos” : leurs orbites sont indépendantes de celle de Neptune, dont ils sont très distants, et son plutôt circulaires comme celles des planètes intraneptuniennes.
• Les comètes périodiques : la ceinture de Kuiper en serait le principal réservoir. Ce sont de petits corps qui s’en sont échappés et parcourent des orbites elliptiques régulières autour du Soleil. Exemple : la comète de Halley, qui a une période de révolution de 76,09 ans.
• Au bord intérieur et au-delà de la ceinture de Kuiper gravitent les Objets Épars ou “disque de débris”, situés entre 48 et plus de 100 U.A., dont les orbites sont très excentriques et inclinées. La limite entre ceinture de Kuiper et celle des objets épars est tout aussi incertaine si l’on en croit Wikipedia : “Les objets épars forment une population peu dense qui s’étend au-delà de la ceinture de Kuiper jusqu’au moins 100 U.A. Ils possèdent des orbites fortement elliptiques et inclinées par rapport au plan de l’écliptique. La plupart des modèles de formation du Système solaire comportent des planétoïdes glacés se formant initialement dans la ceinture de Kuiper, puis déplacés vers le disque des objets épars par des interactions gravitationnelles, particulièrement celles de Neptune. Éris, le plus gros objet transneptunien connu (en 2007), ou 1996 TL66 en sont deux exemples.D’après le Minor Planet Center qui catalogue officiellement tous les objets transneptuniens, un objet de la ceinture de Kuiper (KBO) est, par définition, un objet dont l’orbite est située exclusivement dans la région nommée ceinture de Kuiper, quelle que soit son origine ou sa composition. Les objets en dehors de la ceinture sont classés sous le terme d’objets épars. Cependant, dans certains cercles scientifiques, le terme objet de la ceinture de Kuiper est utilisé pour désigner tout planétoïde glacé originaire du Système solaire externe qui aurait fait partie de la ceinture, même si son orbite s’est par la suite déplacée au-delà de la ceinture de Kuiper (vers la région du disque des objets épars). Ils décrivent fréquemment les objets épars sous le nom d’objets de la ceinture de Kuiper épars. Éris est ainsi souvent considéré comme objet de la ceinture de Kuiper (KBO), bien que techniquement ce soit un objet épars (SDO). Il n’existe pas en 2007 de consensus parmi les astronomes sur la définition de la ceinture de Kuiper.” On peut ajouter que l’U.A.I. a inventé, en sus de la catégorie des objets épars, celle des “objets détachés”, encore plus lointains. Ce consensus n’existe toujours pas en 2015.
Les résolutions 5 & 6 de de l’A.G. de 2006 de l’U.A.I. définissent ainsi les statuts de “planète” et de “planète naine” :
▶ Une planète est un corps céleste qui est en orbite autour du Soleil, a une masse suffisante pour que sa gravité l’emporte sur les forces de cohésion du corps solide et le maintienne en équilibre hydrostatique, sous une forme presque sphérique, a éliminé tout corps susceptible de se déplacer sur une orbite proche.
▶ Une “planète naine” est un corps céleste qui est en orbite autour du Soleil, a une masse suffisante pour que sa gravité l’emporte sur les forces de cohésion du corps solide et le maintienne en équilibre hydrostatique, sous une forme presque sphérique, n’a pas éliminé tout corps susceptible de se déplacer sur une orbite proche, n’est pas un satellite.
▶ Tous les autres objets en orbite autour du Soleil sont appelés “petits corps du Système Solaire”.
Conformément à la définition ci-dessus, Pluton est une planète naine. Il est identifié comme le prototype d’une nouvelle catégorie d’objets transneptuniens. En lisant attentivement ces textes officiels, on constate que selon l’énoncé du statut de ce qui est considéré par l’U.A.I. comme une “planète”, celle-ci peut être un satellite (puisqu’il n’est pas mentionné que ça ne peut pas être le cas), alors que ce n’est pas possible pour une “planète naine” (puisqu’il est clairement mentionné que ça ne peut pas être le cas), ce qui n’est pas très sérieux, étant donné que de toutes façons un satellite naturel ne gravite pas autour du Soleil, mais autour de son centre d’attraction micro ou macro-planétaire.
Mais il y a plus grave. Nulle part il n’est spécifié quelles sont les limites inférieures et supérieures en taille et en masse qui définissent en quoi une planète est définie comme “naine” ou “pas naine”. Seule la limite inférieure est vaguement évoquée en invoquant l’“équilibre hydrostatique”, un concept flou dont on sait empiriquement qu’il dépend de la composition, de l’environnement et de l’histoire du corps céleste qui atteint cet état, indépendamment de ses dimensions. Ce flou pas du tout artistique n’est pas le fruit d’une omission involontaire : en effet, la première version de ces résolutions définissait précisément l’équilibre hydrostatique comme s’appliquant “aux objets dont la masse dépasse 5×1020 kg (soit 500 milliards de milliards de tonnes) et le diamètre 800 km”. Ce lapin en toc et en équilibre hydrostatique tout droit sorti du chapeau d’un escroc prestidigitateur ne fut pas retenu dans la résolution finale. Pour quelle raison ? Peut-être la gêne, voire la honte d’avoir voulu édicter une loi ne correspondant à aucune réalité physique incontestable. Et plus probablement aussi la volonté non-exprimée, inavouable et acharnée d’avoir le champ libre pour distribuer à leur entière discrétion le statut de “planète naine” à un maximum d’objets transneptuniens, dans le but de banaliser au maximum ce Pluton qu’ils avait décidé de nanifier. Bref, du grand n’importe quoi.
D’autant plus n’importe quoi que la limite inférieure du diamètre censé permettre l’équilibre hydrostatique (d’ailleurs contestée par certains astrophysiciens pour une autre raison : les corps glacés transneptuniens atteindraient peut-être cet équilibre à des diamètres estimés entre 200 à 400 km) a en catimini été arbitrairement fixée à 1000 km pour définir les premières “planètes naines” officiellement reconnues comme telles, ce qui a permis d’incorporer dans ce groupe les plutinos Pluton et Hauméa (ont on n’est pas sûr qu’il en soit un), l’objet épars Éris, le cubewano Makémaké et même Cérès, qui a eu droit à un rattrapage in extremis en dépit de son diamètre estimé à 952 km. Cette troupe d’élite est suivie de près par celle des peut-être futures planètes naines, dont le diamètre moyen est estimé compris entre 600 et 800 km, composée de 13 objets dont 3 plutinos (dont Charon, vrai-faux satellite de Pluton étant donné que le duo Pluton-Charon constitue une “planète double”, lequel qui devrait pourtant être exclu puisqu’il est un satellite mais aussi inclus en raison de son diamètre estimé de 1207 km ! — ne cherchez pas à comprendre, c’est de la Science), 2 objets épars et 8 cubewanos ; parmi eux Quaoar, un cubewano, a un diamètre estimé à 1250 km, soit nettement plus que Cérès, tout comme Sedna, objet épars au diamètre estimé à 995 km ainsi que Orcus, un plutino au diamètre estimé à 946,3 km donc similaire à celui de Cérès. Ensuite, la possibilité de devenir une future “planète naine” se dégrade à mesure que le diamètre estimé décroît. Entre 100 et 200 km, c’est très loin d’être gagné. En-dessous du seuil fatidique et fétichiste des 100 km, les astricules n’ont aucune chance de figurer parmi les élus.
En résumé, la limite supérieure (non spécifiée officiellement mais exigée de facto) pour être une “planète naine” est d’avoir un diamètre moyen de 2370 km comme celui de Pluton, et il n’existe pas de limite inférieure précise et astrophysiquement fondée. C’est donc bien Pluton qui était visé à Prague, et rien d’autre.
Une fois le statut de “planète naine” énoncé et Pluton privé du statut de planète tout court, les magiciens de l’U.A.I. ont donc décidé que les “planètes naines” pouvaient indifféremment appartenir aux Objets Résonants, aux Objets Non-Résonants ou aux Objets Épars, et même à la ceinture d’astéroïdes entre Mars et Jupiter (cas de Cérès). Pour ne pas faire trop désordre et ne pas mélanger Cérès avec les objets transneptuniens (ça ferait quand même désordre !), il fut donc également décidé de créer la sous-catégorie des “plutoïdes”, de laquelle Cérès a été exclue, et le tour était joué !
Le 11 juin 2008, l’U.A.I. a donc annoncé la naissance officielle de la sous-catégorie des plutoïdes, incluant Pluton, Hauméa, Makémaké et Éris. Afin de ne pas confondre les plutinos et les plutoïdes bien que Pluton soit en 2015 le seul à être la fois l’un et l’autre, voici leurs définitions respectives :
• Définition officielle des plutinos : “objets transneptuniens, situés dans la ceinture de Kuiper, et qui sont en résonance 2:3 avec Neptune. Cela signifie qu’ils effectuent deux orbites autour du soleil pendant que Neptune en fait trois. De ce fait, et même s’ils croisent l’orbite de la planète géante, ils ne peuvent être éjectés gravitationnellement par celle-ci” et “Si, en majorité, les orbites sont peu inclinées, de nombreuses orbites des plutinos sont similaires à celle de Pluton”. Les plutinos mettent environ 247,3 ans en moyenne à parcourir leurs orbites (247,74 pour Pluton), avec des écarts de quelques années en plus ou en moins. La plupart d’entre eux ont des orbites peu inclinées sur l’écliptique, néanmoins un certain nombre d’entre eux ont des inclinaisons orbitales assez similaires à celle de Pluton (entre 10° et 25°). Les diamètres des plus renommés s’échelonnent entre 28 et 2370 km, ce qui donne une moyenne de 622 km si l’on inclut Pluton et 476 si on l’exclut, ce qui signifie que Pluton est environ 5 fois plus gros que la moyenne des plutinos.
Parmi eux figurent quelques excentriques tels que 2005 TV189, qui a la plus forte inclinaison orbitale (34,5°),1996 TP66, qui a l’orbite la plus elliptique avec une excentricité de 0,33 qui lui vaut un périhélie à mi-chemin d’Uranus et Neptune, 2007 JH43 qui a une orbite quasiment circulaire, et encore 2002 VX130 dont l’inclinaison orbitale est la plus faible (1,5°). Enfin, bien que l’influence gravitationnelle de Pluton soit considérée comme négligeable étant donné sa petite masse, le spectre de résonance (la gamme de demi-grands axes compatibles avec la résonance avec Neptune) est très étroit et n’est qu’un tout petit peu plus large que la sphère gravitationnelle de Pluton ; de ce fait, assez rapidement à l’échelle des temps astronomiques et selon de récentes simulations numériques, un bon nombre de plutinos ayant une excentricité de ±10 % à 30 % sont voués à être éjectés de la résonance à cause de leurs interactions avec Pluton… qui serait donc capable de nettoyer au moins une partie importante de son voisinage orbital lui aussi ! Enfin, Pluton est la seule planète double parmi les plutinos (le centre de masse du couple Pluton-Charon est localisé entre eux, et non sous la surface de Pluton, à la différence du couple Terre-Lune, qui est un duo planète-satellite classique). Bref, vous l’avez compris, Pluton n’est pas du tout un plutino comme les autres. C’est le plus gros, le plus massif, celui dont l’orbite est la plus stable et le seul capable de nettoyer son orbite, et une planète double…
• Définition officielle des plutoïdes : “objets célestes en orbite autour du Soleil à un demi-grand axe supérieur à celui de Neptune qui possèdent une masse suffisante pour que leur gravité l’emporte sur les forces de cohésion du corps solide et le maintiennent en équilibre hydrostatique (sous une forme presque sphérique) et qui n’ont pas nettoyé le voisinage de leur orbite” et non officiellement “sont caractérisés par une orbite plus inclinée et plus elliptique que celles des planètes classiques”. Traduction en clair : un plutoïde n’est rien d’autre qu’une “planète naine” transneptunienne, ce qui le distingue de Cérès, “planète naine” intra-neptunienne. Le plutino Pluton, lui, est un plutoïde nanti de la résonance 2:3 avec Neptune.
En 2015, quatre planètes naines transneptuniennes sont toujours officiellement considérées comme des plutoïdes par l’Union astronomique internationale (les mêmes qu’en 2008) : Pluton, Éris, Makémaké et Hauméa. Étudions de plus près ces trois compagnons de Pluton (les photos de ces astres sont accompagnées de représentations des déités qui leurs sont associés. Remarquez que la déesse Hauméa est nettement plus gironde que la néo-planète naine correspondante n’est “ronde”) :
• Éris (nom de la déesse grecque de la discorde) fut repéré en même temps que Sedna mais ne fut officiellement identifiée que deux ans plus tard, en 2005. Cet objet céleste est rapidement apparu comme plus “présentable” que Sedna pour concourir au titre de “planète X”. Il semblait en effet au moins aussi gros que Pluton et peut-être un peu plus, décrit son orbite à l’excentricité énorme (0,44068, ce qui lui vaut un périhélie à 37,78 U.A. et un aphélie à 97,64 U.A.) en environ 558 ans, ce qui est beaucoup plus raisonnable car beaucoup moins loin que Sedna. Certes, les astronomes ont légèrement tiqué en constatant que l’inclinaison de son orbite sur l’écliptique était un peu exagérée (environ 44° contre environ 17° pour Pluton, soit presque 3 fois plus, alors que l’inclinaison de l’orbite plutonienne les faisait déjà râler depuis sa découverte, mais bon…), mais Éris fut un temps presque acceptée comme 9e planète à la place de Pluton… Éris est en 2015 considéré comme un plutoïde, “planète naine” appartenant aux “objet épars” vu qu’il est trop loin pour être un cubewano, mais ça peut changer.
• Makémaké (nom du dieu créateur dans le panthéon Rapa-Nui de l’île de Pâques) a été découvert en 2005, se trouve en moyenne à 45 U.A. du Soleil, a une durée de révolution de 309 ans, une inclinaison de 29° et un diamètre de 3/4 de celui de Pluton et, par la grâce de l’U.A.I., est considéré comme “objet massif de la ceinture de Kuiper” et cubewano, puisqu’il est privé de la résonance avec l’orbite neptunienne et de plutoïde parce que c’est comme ça et pas autrement.
• Le cas de Hauméa (nom de la déesse hawaïenne de la fertilité et de la naissance) est plus croquignolet. Découvert en même temps que Makémaké, sa période de révolution est de 284,14 ans, son inclinaison de 28,12° et sa distance moyenne au Soleil est de 43,28 U.A. Il se caractérise aussi et surtout par sa forme oblongue (entre 1600 et 2500 km dans sa plus grande longueur et environ 900 km dans sa plus petite longueur), ce qui n’est pas très sphérique mais très ovoïde, mais ça n’a pas empêché l’U.A.I. de le classer parmi les plutoïdes, objets célestes qui, rappelons-le ont une “forme presque sphérique”. En géométrie, une sphère est “une surface constituée de tous les points situés à une même distance d’un point appelé centre”, et un sphéroïde désigne ce qui a “une forme proche de la sphère” donc en aucun cas une forme ovoïde très oblongue telle que celle d’Hauméa, Ou alors, pour faire rentrer Pluton et Hauméa dans la même catégorie, il faudrait considérer qu’un ballon de rugby a la même forme qu’un ballon de football : on frise là le hors-jeu ! Enfin, quoique considéré comme un plutoïde, le statut de Hauméa reste incertain : c’est soit un cubewano, soit un objet ayant une résonance 7:12 avec Neptune, bien que les cubewanos soient par définition non liés avec Neptune dont ils sont trop éloignés, et quoiqu’il soit admis que certaines résonances supputées ou observées peuvent être de simples coïncidences et que ce pourrait être le cas pour Hauméa. Admirez la rigueur scientifique qui a présidé à l’élection de Hauméa au titre de “planète naine” !
Résumons : on prend un “objet épars”, un cubewano et un autre objet qui est peut-être un cubewano et peut-être pas, et on leur donne un statut de “planètes naines” plutoïdes bien que ces trois astres n’aient à peu près rien à voir les uns avec les autres sinon leurs diamètres dissemblables mais néanmoins supérieurs à 1500 km (soit presque le double du diamètre de 800 km considéré comme limite pour l’équilibre hydrostatique — serait-ce une application optimisée du “principe de précaution” par l’U.A.I. ?) et leurs formes différentes (deux sphéroïdes et un ovoïde). La nanification de Pluton aurait-elle rendus fous les membres de l’U.A.I. qui l’ont votée et tous les scientifiques qui la soutiennent ? Et ce ne sont là que quelques exemples de la folie irrationnelle qui règne dans la classification des objets transneptuniens.
Selon les nouvelles normes édictées par le groupuscule d’excités de l’A.G. de Prague qui a voté l’exclusion de Pluton du cortège des planètes non-naines, l’ensemble des astres du système solaire peut ainsi être classé selon le tableau suivant :
Pour compléter ce tableau, en voici un autre qui récapitule quelques-unes des caractéristiques des objets de la ceinture de Kuiper en résonance avec Neptune :
Cette classification en trois grandes catégories d’objets transneptuniens (ou quatre, ou cinq !) semble claire. En fait, elle n’est que le résultat d’un vulgaire et approximatif bricolage et elle est tout sauf claire. En effet, les catégories d’objets transneptuniens définies par l’U.A.I. n’ont pas de définitions universellement reconnues, les frontières entre les trois (ou quatre, ou cinq) catégories sont floues et perméables (certains objets changent ainsi souvent de catégorie) et la notion de résonance neptunienne n’a jamais été définie précisément (on ignore par exemple si toutes les résonances actuellement considérées (probablement à tort pour nombre d’entre elles) comme de non-coïncidences se valent et, si ce n’est pas le cas, lesquelles seraient astrophysiquement pertinentes et pour quelles raisons, etc.), ce qui permet toutes les manipulations, par simulation numérique informatique pour astronomes geeks dans le moins pire des cas ou par votes d’Assemblées Générales délirantes et non-représentatives quand l’U.A.I. bureaucratique s’en mêle et s’emmêle.
Première réponse : nous n’en savons rien. Ceci dit, on peut quand même émettre quelques hypothèses.
Prenons le cas de la durée de révolution sidérale de Sedna, qui est estimée à 10 500 ans et dont l’orbite est très elliptique. Elle serait au plus proche du Soleil dans 72 ans. Elle resterait en moyenne environ 875 ans dans chaque Signe. Avec un orbe de 18° maximum de part et d’autre, une conjonction de Sedna à une autre planète durerait environ 1050 ans. Pour qu’elle forme le premier carré à sa position natale, il faudrait attendre 2625 ans. Par rapport à Pluton et au temps de l’échelle humaine, on change radicalement de registre… on n’est plus dans la même “famille planétaire”.
Par ailleurs, comme a pu l’écrire Jean-Pierre Nicola, “il n’est pas suffisant de tourner autour du Soleil pour faire partie du système solaire”. Exemple : les comètes, corps célestes venus d’ailleurs et qui se trouvent satellisées autour de Soleil pendant des durées variables, puis finissent par se consumer ou en être éjectées.
Ensuite, mêmes remarques que pour les astéroïdes entre Mars et Jupiter :
“Si la distance héliocentrique de 2,8 U.A. participe a la cohérence du système solaire, en l’absence de critères de sélection comme pourraient 1’être le diamètre de la planète ou son excentricité, elle n’a pas de représentant exclusif. Avec une incertitude de 2 % les candidats se multiplient : Pallas (2,77), Laetitia (2,77), Eleonore (2,79), Kepler (2,68), Dembowska (2,92), Eunomia (2,64). L’utilisation des cycles correspondants ne permet pas des analyses contrôlables. À quel astricule revient le mérite de conduire la maturation a l’âge jupitérien. À Cérès, Cybèle, Pallas, ou au matricule 1668 (2,8 UA) ? L’hypothèse d’un effet global, guère mesurable, va à l’encontre du principe de fonctions différenciées qui, pour des raisons encore indemontrées impose un seul astre par fonction… Notre Soleil serait-il en représentation de Représentation s’il n’était seul ? Peut-être, mais un peu moins. Ainsi, en astrologie, les éléments célestes multiples, astéroïdes, parts, aspects mineurs, foyers vides, rejoignent une fonction contraire au Soleil dans leurs significations. Pluton, probablement parce qu’il contribue à l’harmonie du système solaire, reste le représentant décisif, non pas exclusif, de la pluralité”.
L’influence astrologique de Pluton semble avérée. Impossible, par exemple, de comprendre le fonctionnement psychologique d’un homme comme François Mitterrand sans se référer à la dominante plutonienne dans son Thème natal.
Il se trouve enfin que les recherches en astrométrie de Jean-Pierre Nicola ont formellement démontré que les astres du système solaire sont organisés en couples, et que Pluton, de par ses caractéristiques astronomiques, fait partie de ces couples.
Reste à déterminer si les objets transplutoniens participent de la même famille harmonique et s’ils sont eux aussi “couplables”. Les recherches sont en cours.
Enfin, ces objets transplutoniens se caractérisent par des orbites très elliptiques et très fortement inclinées sur le plan de l’écliptique, ce qui les différencie très nettement des neuf planètes “classiques”.
Affaire à suivre donc…
▶ La déplanétisation de Pluton, une décision hystérique
▶ Soleil-Pluton, un couple particulier
▶ La ceinture d’astéroïdes entre Mars et Jupiter
▶ Varuna et la bêtise astrologique
▶ Sedna : une dixième planète ?
Les significations planétaires
par
620 pages. Illustrations en couleur.
La décision de ne traiter dans ce livre que des significations planétaires ne repose pas sur une sous-estimation du rôle des Signes du zodiaque et des Maisons. Le traditionnel trio Planètes-Zodiaque-Maisons est en effet l’expression d’une structure qui classe ces trois plans selon leur ordre de préséance et dans ce triptyque hiérarchisé, les Planètes occupent le premier rang.
La première partie de ce livre rassemble donc, sous une forme abondamment illustrée de schémas pédagogiques et tableaux explicatifs, une édition originale revue, augmentée et actualisée des textes consacrés aux significations planétaires telles qu’elles ont été définies par l’astrologie conditionaliste et une présentation détaillée des méthodes de hiérarchisation planétaire et d’interprétation accompagnées de nombreux exemples concrets illustrés par des Thèmes de célébrités.
La deuxième partie est consacrée, d’une part à une présentation critique des fondements traditionnels des significations planétaires, d’autre part à une présentation des rapports entre signaux et symboles, astrologie et psychologie. Enfin, la troisième partie présente brièvement les racines astrométriques des significations planétaires… et propose une voie de sortie de l’astrologie pour accéder à une plus vaste dimension noologique et spirituelle qui la prolonge et la contient.
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Pluton planète naine : une erreur géante
par
117 pages. Illustrations en couleur.
Pluton ne fait plus partie des planètes majeures de notre système solaire : telle est la décision prise par une infime minorité d’astronomes lors de l’Assemblée Générale de l’Union Astronomique Internationale qui s’est tenue à Prague en août 2006. Elle est reléguée au rang de “planète naine”, au même titre que les nombreux astres découverts au-delà de son orbite.
Ce livre récapitule et analyse en détail le pourquoi et le comment de cette incroyable et irrationnelle décision contestée par de très nombreux astronomes de premier plan. Quelles sont les effets de cette “nanification” de Pluton sur son statut astrologique ? Faut-il remettre en question son influence et ses significations astro-psychologiques qui semblaient avérées depuis sa découverte en 1930 ? Les “plutoniens” ont-ils cessé d’exister depuis cette décision charlatanesque ? Ce livre pose également le problème des astres transplutoniens nouvellement découverts. Quel statut astrologique et quelles influences et significations précises leur accorder ?
Enfin, cet ouvrage propose une vision unitaire du système solaire qui démontre, chiffes et arguments rationnels à l’appui, que Pluton en est toujours un élément essentiel, ce qui est loin d’être le cas pour les autres astres au-delà de son orbite. Après avoir lu ce livre, vous saurez quoi répondre à ceux qui pensent avoir trouvé, avec l’exclusion de Pluton du cortège planétaire traditionnel, un nouvel argument contre l’astrologie !
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