Ce texte est paru dans L’introduction à l’astrologie conditionnelle de Max Lejbowicz (Éd. C.E.F.A. 1977). Il décrit et illustre par des exemples concrets quelques-uns des effets des phases équinoxiales, solsticiales et intermédiaires.
(Les phases) expriment un rapport, commun à 4 Signes, entre la durée des arcs nocturnes et diurnes, sans considération des saisons ; elles permettent de passer d’une typologie saisonnière de 4 éléments à une typologie zodiacale de 12 éléments.
Pour ces Signes, la durée des arcs diurnes et nocturnes tend à s’équilibrer (Vierge-Poissons), ou est encore proche de l’équilibre (Bélier-Balance) : les arcs nocturnes et diurnes ont des valeurs proches. Le sujet marqué par ces Signes a le Sens des Contraires, c’est-à-dire qu’il perçoit nettement une chose et son opposé. Chaque Signe développe le sens des contraires en référence à la saison à laquelle il appartient.
Au Bélier, V+ donne au sens des contraires une expression catégorique : là est le bien, ici le mal ; je sers un, je combats l’autre. La nuance est exclue : elle déboucherait sur un reniement. Un jeu de bascule très vif transforme une brève négation implicite en sur-affirmation brutale, qui se veut définitive. Parfois, les aléas de l’existence brisent la fidélité au premier choix ; c’est par exemple le cas de Murat (Soleil-Mercure-Vénus-Uranus/Bélier) qui, dévoué à l’excès à Napoléon Ier, le trahit lors de l’écroulement de l’Empire avant de lui revenir au moment des Cent Jours et d’en mourir fusillé. C’est le cas de Descartes (Soleil-Jupiter/Bélier) qui rejette sans appel l’héritage médiéval et que Voltaire juge ainsi : “Ce Descartes, après avoir fait semblant de douter, parle d’un ton si affirmatif de ce qu’il n’entend pas…”
À la Vierge, L+ donne un sens des contraires qui se plaît à comptabiliser les oppositions, à les immobiliser dans des constructions abstraites aboutissant ainsi à l’équivoque : à force de passer du pour au contre afin de les jauger, ils deviennent solidaires l’un de l’autre. Illustre cette tendance Hegel (Soleil-Neptune-Mercure/Vierge) philosophe chez qui les “positions extrêmes deviennent équivalentes” et où “les contraires ont même polarité”. Dans la pratique, nous avons un être rigide et réaliste.
La V− de la Balance permet de fines différenciations : elle analyse les éléments en concurrence pour conclure non sur une décision, mais sur un jugement : “Je suis un Gibelin pour les Guelfes et un Guelfe pour les Gibelins”, notait Érasme (Uranus-AS — Vénus-Mercure/Balance), Gibelins et Guelfes étant les deux grands courants qui s’opposaient au XVIe siècle au sujet de la papauté.
Avec L−, le Sens des Contraires des Poissons débouche sur la neutralité. Les contraires sont des différences à peine marquées à travers lesquelles s’écoule la vie et se forment les hommes : “La vie oscille comme un pendule, de droite à gauche, de la souffrance à l’ennui”, écrivait Schopenhauer (Vénus-Soleil- Saturne-Mercure/Poissons) dans une sentence lourde de la conjonction Soleil-Saturne. En conservant cette même tonalité saturnienne, on peut penser qu’Érasme (V−) aurait dit : “Je m’ennuie dans la souffrance ; je souffre dans l’ennui” Hegel (L+) : “Les êtres humains souffrent et s’ennuient et la souffrance et l’ennui sont les moments complémentaires d’un même mouvement vers l’unité.” Descartes (V+) : “Entre la souffrance et l’ennui, je choisis la souffrance contre l’ennui.”
On appelle ainsi les Signes situés au cœur des saisons : Taureau (printemps), Lion (été), Scorpion (automne) et Verseau (hiver). Chacun de ces 4 Signes est la deuxième étape du processus saisonnier qui, croissant au printemps et en automne et décroissant en été et en hiver, est classée en trois stades de croissance ou de décroissance : un faible (les Signes équinoxiaux), un moyen (les Signes intermédiaires, que nous sommes en train d’examiner) et un fort (les Signes solsticiaux, c’est-à-dire situés de part et d’autre de l’axe des solstices).
Les physiologistes ont étudié les effets de ces trois stades de croissance ou de décroissance sur le système nerveux. Selon leurs observations, il se produit au stade moyen, celui qui correspond à nos Signes intermédiaires, un phénomène d’induction : la croissance de l’excitation externe ne s’accompagne pas de la croissance de l’excitation dans le système nerveux, comme au degré faible ou fort, mais de sa concentration ; et cette concentration aboutit à une inhibition : c’est en quelque sorte un point noir qui apparaît sur une surface blanche. Inversement et de la même manière : la croissance d’un excitant négatif donne, au deuxième stade d’intensité, une réaction d’excitation positive : ce pourrait être un point de lumière dans la nuit…
Prenons les Signes printaniers : le phénomène dominant de la saison est l’arc diurne qui est en croissance, soit pour formule saisonnière générale ‘F+ V+’. Le premier degré de la croissance est le Bélier qui, tout de vif argent, lui correspond ; le deuxième est le Taureau réputé pour sa placidité : le phénomène d’induction transforme la Force d’excitation en Force d’inhibition de sorte que sa formule particulière est ‘F− V+’. Remarquez le rapport nouveau entre la Vitesse et la Force d’inhibition. Jusqu’ici, la Vitesse accompagne la Force d’excitation et la Lenteur, la Force d’inhibition. L’induction inverse le lien : elle est un rapport particulier entre l’inhibition et la Vitesse (au Taureau et au Scorpion) et entre l’excitation et la Lenteur (au Lion et au Verseau).
Examinons la psychologie du Taureau à la lumière de la formule ‘F− V+’ (Force d’inhibition naturelle, Vitesse d’excitation). Le Taureau n’a qu’une idée en tête et qu’une passion au cœur ; son idée est fixe et sa passion, unique ; autour : le vide. La placidité du Taureau n’est vraie que pour cet autour de sa passion et de son idée. Touchez à sa femme, combattez son credo : il prend le mors aux dents ; les illustrations du dynamisme du Taureau ne manquent pas :
▶ la libido dans les conceptions de Freud Pluton-Soleil-Uranus-Mercure/Taureau). énergie sexuelle à la fois biologique et psychique.
▶ le mouvement de l’histoire dans l’œuvre de Marx (Lune-Soleil-Vénus/Taureau),
▶ Teilhard de Chardin (Saturne-Jupiter-Soleil-Vénus-Neptune-Pluton/Taureau) qui crée une série de néologismes “dynamiques” ou donne un sens “actif” à des mots déjà connus : anthropogenèse, biogenèse, christogenèse, cosmogenèse, noogenèse, pas de réflexion, vortex.
Ainsi, V+ est protégée par F− et si aucun aspect planétaire ne contredit la formule, V+ est gérée parcimonieusement, concentrée, attelée à une tâche unique. Autre possibilité : un “comportement à pulsion”. Des excitations s’accumulent qui laissent le Taureau impassible ; puis brusquement, l’accumulation des excitations fait craquer le barrage de retenue : le Taureau déverse son trop plein dans un bouillonnement irrésistible :
▶ Jean Gabin (Vénus-Mercure-Soleil-Mars/Taureau) dont, à l’écran, les brusques éclats, après de longs moments d’impavidité, expriment ce trop-plein,
▶ Max Planck (Soleil-Pluton-Vénus-Mercure-Jupiter-Uranus/Taureau), physicien à qui on doit la notion de “quantum”, valeur discontinue d’énergie.
On peut poursuivre avec les trois autres Signes intermédiaires ; chaque fois nous aurons le même schéma : ces Signes qui semblent se différencier des Signes ouvrant et fermant les saisons, s’y rattachent en fait par le mécanisme de l’induction. Au Lion, nous aurons la Force d’excitation débloquante, au Scorpion, la Force d’inhibition différentielle et au Verseau la Force d’excitation recréative. Notons les nouveaux rapports qui s’établissent dans le zodiaque à la suite du processus d’induction : le Taureau, quoique Signe printanier, se caractérise déjà par une conduite, le Lion, quoique Signe d’été, par une attitude, le Scorpion, par une politique et le Verseau, au cœur de l’hiver, par un comportement.
Pour ces Signes, le déséquilibre entre la durée des arcs diurnes et nocturnes est maximum, soit au profit des arcs diurnes (Gémeaux et Cancer), soit au profit des arcs nocturnes (Sagittaire et Capricorne) : le pôle non-dominant s’estompe, perd son autonomie et tend à être englobe dans le pôle dominant. Le sujet réclame ce qu’il refuse, refuse ce qu’il réclame.
Valéry (Lune-AS/Gémeaux, Mars/Sagittaire et Saturne/Capricorne) à parlé de la “présence de l’absence”. Kafka (Pluton-Satume-Vénus-Mercure-Lune/Gémeaux et Soleil-Jupiter/Cancer) prétendait que le possible lui était impossible. Quant à Sartre (Pluton-Mercure-Soleil/Gémeaux, Neptune/Cancer et Uranus/Capricorne) : “il n’est ni communiste, ni bourgeois, mais il s’efforce d’être l’un et l’autre ensemble” ; parlant de son enfance, il écrit : “j’étais la proie de deux mystiques opposées, mais je m’accommodais fort bien de leurs contradictions.” Pascal (Soleil/Gémeaux, Mercure/Cancer et Mars/Capricorne), qui a essayé de concilier la foi chrétienne avec les impératifs rationnels, a durement jugé la phase égalitaire de : “Descartes, inutile et incertain.”
Les conduites amoureuses des trois Signes printaniers nous permettront de mieux comprendre ces trois paliers successifs que constituent les phases. Au Bélier règne le hasard des rencontres sur le rythme des coups de foudre ; l’engagement, total, est sans suite : le Bélier aime successivement toutes les femmes (phase égalitaire). Nous avons vu que le Taureau réagit fortement aux signaux faibles : il aime une femme et y reste fidèle en oubliant les autres (phase paradoxale). Troisième palier, les Gémeaux : la passion est généralisée ; il voit toutes les femmes qu’il rencontre et elles lui rappellent par quelques côtés la femme toute abstraite qu’il aime. À chacun de ces Signes, on peut attribuer une maxime :
▶ Toutes les femmes se valent (le Bélier, type Casanova),
▶ Il n’y a qu’une femme qui vaille quelque chose : celle que j’aime (le Taureau, type Marx),
▶ Il n’y à qu’une femme qui vaille quelque chose : celle que je retrouve dans toutes les autres (le Gémeaux, type Alfred de Musset).
On peut poursuivre cette comparaison des conduites amoureuses, avec les deux Signes solsticiaux, Gémeaux et Cancer : leur phase ultra-paradoxale s’interprète en fonction de la saison à laquelle ils appartiennent. On vient de voir qu’aux Gémeaux (F+ V+) le processus amoureux connaît une diffusion maximale : ce Signe est marqué par l’abstraction de la Femme Unique que ses natifs essaient de retrouver à travers toutes les femmes et sous des formes qui, pour être diverses, se ramènent à la force de composition et à la phase ultra-paradoxale : simples flirts qui refusent l’engagement (composition amoureuse avec l’entourage telle que la vivent par exemple les personnages de Françoise Sagan (Soleil-Mercure-Gémeaux), recherches des jouissances les plus diverses (totalisation des possibilités érotiques), cérébralisation de la passion (inversion amoureuse : j’aime pour penser : Pétrarque avec Laure). Au Cancer (F− L+), le processus commence à s’intérioriser et se fixe sur le mythe de la Femme Idéale : “Il n’y a qu’une femme qui vaille quelque chose, celle en qui je retrouve toutes les autres”, avec diverses conséquences possibles : amours platoniques (j’aime d’autant plus que je désire moins : Baudelaire, Lune/Cancer, avec Mme Sabatier ; Modigliani, Soleil-Mercure-Vénus/Cancer, avec Lunia Czekowska), amours narcissiques (j’aime pour me retrouver renforcé), amours casaniers (j’aime pour me reposer : Robert Schuman, Mercure-Vénus/Cancer, La Fontaine, Saturne-Mercure-Vénus-Soleil/Cancer). Des Gémeaux au Cancer apparaît un début d’inhibition avec, toujours, la phase ultra-paradoxale en œuvre.
Mars-Jupiter-Saturne en soi (sans Signe)
Le sujet bénéficie d’un solide enracinement dans l’expérience de la vie. Il ne craint pas de se confronter avec les faits, parmi lesquels il sent d’instinct ceux qui, représentatifs pour la société où il évolue, sont aussi porteurs d’une signification universelle. Son dynamisme s’insère sans effort dans des cadres sociaux et des schèmes conceptuels. Son sens de l’action associe l’utilité pratique aux satisfactions personnelles immédiates et à une certaine sagesse. Son comportement vise à l’efficacité concrète, tout en respectant les normes sociales et les vérités générales. C’est un actif dont le pouvoir de réflexion ordonne la vitalité en fonction d’une échelle de valeurs aux larges résonances, sans lui enlever sa faculté d’insertion dans un groupe précis. Sage sans se perdre dans l’abstraction, il saisit les opportunités sans devenir opportuniste et respecte les codes sociaux sans être un conformiste.
Il est préférable, dans une première étape, de s’exercer à interpréter les thèmes en ne faisant intervenir que les planètes dominantes. Une fois rompu à cette pratique, on pourra faire intervenir les Signes. Vous avez, ci-après, deux esquisses de thème où Mars-Jupiter-Saturne sont dominants ; dans le premier cas, les Signes dominants sont Bélier-Vierge-Balance-Poissons (Signes en phase égalitaire) et dans le second, Gémeaux-Cancer-Sagittaire-Poissons (Signes en phase ultra-paradoxale). Pour faire mieux saisir la démarche, j’ai essayé d’utiliser dans ces deux cas à peu près les mêmes mots que ceux utilisés dans l’exemple sans Signe.
Mars-Jupiter-Saturne en Sens des Contraires-phase égalitaire
Le sujet bénéficie d’un bon enracinement dans le vécu qu’il s’efforce de manifester de manière unilatérale, tout en étant sollicité par des choix opposés. Sensible à la multiplicité des faits, il se confronte directement avec certains d’entre eux en ayant soin de motiver son choix par des réflexions générales et des préoccupations de prestige. Son dynamisme est réfléchi et cherche à se doter de références sociales. Son sens de l’action est électif et lui fait opter pour des solutions où l’utilité pratique se conjugue à une certaine sagesse sans délaisser ses propres satisfactions. Son comportement entend respecter un juste équilibre entre l’efficacité concrète, les normes sociales et les vérités générales. C’est un pondéré que préoccupe la réalisation pratique de ses choix dans des groupes précis. Rompu aux finesses intellectuelles, il entend saisir les opportunités pour parvenir à ses fins mais risque d’être parfois à contretemps.
Mars-Jupiter-Saturne en Sens des Ensembles-phase ultra-paradoxale
Le sujet bénéficie d’un bon enracinement dans le vécu qu’il exprime de manière très diverse, sinon même par moment très confuse. Sensible à la multiplicité des faits, il se plaît à se confronter avec eux, tour à tour ou simultanément, appréciant leur disparité mais soucieux de les soumettre au verdict d’une sagesse s’appuyant sur un ordre social. Son dynamisme multiforme conserve toujours le respect des cadres sociaux et des schèmes conceptuels. Son sens de l’action fédératrice concilie l’utilité pratique à une certaine sagesse mais sans que ses propres satisfactions soient oubliées. Son comportement associe étroitement l’efficacité concrète au respect des normes sociales et des vérités générales. C’est un homme-orchestre dont la vitalité s’exprime à l’intérieur de groupes au nom de valeurs générales. Expansif tout en sachant se limiter, il saisit habilement des opportunités pour parvenir a ses fins.
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