Pendant plus de 2500 ans les astrologues n’ont eu qu’une notion intuitive et empirique de ce qu’est la réalité objective d’un Aspect. Ils se bornaient à en constater empiriquement certains effets réels et à en imaginer d’irréels. Très rares et très embryonnaires ont été les tentatives de conceptualisation et donc de théorisation, comme celle exposée par Ptolémée au IIe siècle et celle proposée par Kepler au XVIIe. Toutes deux ont débouché sur des explicatives erronées et des échecs. Ce n’est qu’au XXe siècle que le concept d’Aspect a commencé à être véritablement élaboré, permettant de distinguer le vrai du faux dans les antiques et traditionnelles notions et de formuler une théorie explicative rationnelle à travers une conception d’ensemble de l’astrologie. La conception et la représentation graphique contemporaines des Aspects sont le produit d’une longue histoire, et l’idée même d’Aspect a évolué au cours des millénaires.
L’œuvre de l’astronome-astrologue allemand Johannes Kepler (1571–1630) se situe à un moment-clé de l’histoire des sciences, un siècle après la révolution copernicienne : avec Copernic (1473–1543), on est passé du géocentrisme à l’héliocentrisme et Kepler a découvert que les orbites planétaires n’étaient pas des cercles parfaits, mais des ellipses. Face à cette révolution dans notre conception du monde, les astrologues sont divisés. Nombre d’entre eux ont certes été de fervents partisans et promoteurs de l’héliocentrisme ; mais une grande partie s’y sont opposés en ce qu’il semble remettre radicalement les bases de leur savoir, voire même le ruiner définitivement pour les plus pessimistes.
L’astrologie est alors en pleine ébullition et se retrouve ballottée au milieu de courants multiples et contradictoires. D’une part, les Aspects planétaires avec leurs orbes ont lentement pris une relative autonomie par rapport aux angles zodiacaux. Mais d’autre part et dans la même période, les traductions des textes gréco-romains lors de la Renaissance ont fait ressurgir les écrits de Ptolémée avec leurs angles zodiacaux et les ont rendus disponibles pour tous les astrologues sachant lire le latin. De plus, ces traductions ont eu pour effet de faire inopinément greffer la doctrine des 4 Éléments sur les antiques conceptions du zodiaque et des planètes. Et enfin, pour couronner le tout, l’héliocentrisme menace de saper à la base les principes sur lesquels reposaient les Aspects planétaires qui n’étaient pas sortis de leur gangue zodiacale depuis très longtemps. Il y a de quoi être secoué…
L’héliocentrisme pose en effet un problème redoutable à la récente conception des Aspects planétaires. La Terre a été déboutée de la place centrale qu’elle occupait jusqu’alors dans le système solaire. Or les Aspects planétaires n’ont de réalité et de sens que d’un point de vue géocentrique : les angles de longitude écliptique qui séparent les planètes étant calculés depuis le centre de la Terre, il n’ont plus la même existence dans un référentiel héliocentrique où les planètes forment entre elles de tout autres angles. Ils se retrouvent potentiellement condamnés à n’être au mieux que des apparences relatives, au pire des illusions perceptives alors qu’en fait, les Aspects sont des fréquences géocentriques qui se déduisent de fréquences héliocentriques.
Ce nouvel argument ne manquera pas d’être avancé par les anti-astrologistes de l’époque, comme par exemple le philosophe et théologien Pic de la Mirandole (1463–1493) qui réduisait les Aspects à un simple effet d’optique en dépit de ses très vagues connaissances en astrologie comme en astronomie. Cette charge anti-astrologique n’empêchait pas ce fervent catholique diaboliquement doublé d’un passionné d’hermétisme d’affirmer par ailleurs qu’“aucune science ne peut mieux nous convaincre de la divinité de Jésus-Christ que la magie et la cabale”, affirmation qui est un curieux effet d’optique ésotérico-théologique… d’ailleurs condamnée par les autorités ecclésiastiques romaines, qui comptaient nombre d’astrologues ou astrologisants dans leurs rangs ! C’était par exemple le cas des papes Jules II (1443–1516), contemporain de Pic de la Mirandole, qui fit “déterminer par des astrologues le jour de son couronnement et de son retour de Bologne” ou Paul III (1468–1549), qui “n’a jamais tenu de consistoire sans que les astrologues lui eussent désigné l’heure favorable” si l’on en croit le très sérieux historien Jacob Burckhardt.
Qu’en pense Kepler, astrologue convaincu et néanmoins acteur déterminant de l’héliocentrisme ? Eh bien, sur ce sujet comme sur bien d’autres, il refuse carrément de se laisser embrouiller par ces arguments. Partisan convaincu de la réalité et de l’efficience des Aspects planétaires géocentriques, dont il fera même la pierre angulaire de sa conception de l’astrologie, ce grand architecte de l’héliocentrisme argumente contre les anti-astrologistes héliocentristes de son temps. Pour lui tout simplement, “la géométrie ou l’harmonie des Aspects n’est pas entre les étoiles dans le ciel, mais se situe plutôt ici-bas sur Terre au point qui recueille tous ces rayons” et “cette capacité qui confère du pouvoir aux Aspects ne réside pas dans les corps célestes eux-mêmes ; car les Aspects… sont sur la Terre et sont des figures pures, dont l’essence ne provient pas du mouvement planétaire, mais est plutôt produite par la position accidentelle de chaque paire de corps par rapport à la Terre.” Et pour finir d’enfoncer ce clou argumentatif, il précise que “l’expérience, plus que toute autre chose, donne de la crédibilité à l’efficacité des Aspects. C’est tellement clair que cela ne peut être nié que par ceux qui eux-mêmes ne les ont pas jugés…”
Pour Kepler donc, l’héliocentrisme n’enlève rien à la réalité et à l’efficience des Aspects. Leur caractère purement géocentrique n’est pas qu’un effet de “point de vue” au sens premier de cette expression : “panorama, lieu depuis lequel on a la vision d’un paysage”. Les Aspects mesurent selon lui - et sur ce point il a raison - les relations et interactions entre planètes telles qu’elles sont non seulement perçues (vues), mais aussi intégrées, assimilées, vécues par les Terriens, corps, âmes et esprits confondus. De ce point de vue, que la Terre soit au centre du système solaire ou qu’elle n’y soit pas ne change rien. Pour Kepler l’héliocentriste, le caractère géocentrique de la réalité des Aspects n’est donc pas un problème.
La vidéo ci-dessous (10′ 00″) est une animation commentée de la notion d’Aspect chez Kepler.
Kepler opère une rupture radicale d’avec la conception des angles zodiacaux qui a prévalu pendant près de 1500 ans. Par la même occasion et dans un grand élan réformateur, il se débarrasse de l’influence prêtée aux Maisons, rejette (à tort) le zodiaque et donc abandonne la doctrine des Maîtrises planétaires sur les Signes. Il se livre ainsi à un grand ménage et un tri impitoyable au sein des données de l’antique univers ptoléméen. Et en même temps, il s’oppose catégoriquement à la doctrine des 4 Éléments que les astrologues ont adoptée au cours des deux derniers siècles.
Bref, Kepler ne fait pas dans la demi-mesure. Voici ce qu’il écrit au début du XVIIe siècle : “Je rejette complètement la division en douze Signes égaux, les Maisons, les dominations, les triplicités. Je ne retiens que les seuls Aspects et ramène l’astrologie à la doctrine harmonique. […] Quoi qu’il en soit, et même si je me régale à bon droit de cette très ingénieuse imitation de la nature et de cette distribution des qualités entre Signes, je n’y attache quand même pas plus de prix qu’elle ne mérite ; et ce n’est pas parce que les premiers auteurs ont emprunté une loi à la nature pour leurs spéculations arbitraires, qu’en retour la nature des choses célestes s’est soumise en tout à leurs spéculations… Il apparaît plutôt de l’examen attentif des causes (des dénominations) que les Signes du zodiaque ont reçu le nom des Éléments seulement en raison d’inventions arbitraires ; et qu’en réalité ils ne sont liés par aucune parenté particulière avec les Éléments qui ont servi à les nommer.”
Dans ce texte, Kepler écrit sans ambiguïté qu’il ne retient de l’héritage ptoléméen “que les seuls Aspects et ramène l’astrologie à la doctrine harmonique”. Les Aspects ptoléméens qu’il évoque étant en fait, comme on l’a vu, des angles zodiacaux, autant dire qu’il ne gardait pratiquement rien de ce legs multiséculaire. Mais la formulation de sa phrase nous confirme qu’à son époque, les angles zodiacaux avaient peut-être été convertis en Aspects interplanétaires, au moins dans l’esprit de quelques astrologues savants, au point pour Kepler de faire comme si Ptolémée traitait des Aspects interplanétaires alors qu’il ne considérait que des angles zodiacaux. Mais l’œuvre de Robert Fludd (1574–1637), un astrologue, médecin et mystique rosicrucien anglais contemporain de Kepler, montre que les angles zodiacaux étaient sans doute encore la norme à la même époque. En effet, voici ce qu’on peut lire dans son Traité d’astrologie générale paru au XVIIe siècle : “On dit que deux planètes sont en Aspect lorsqu’elles se communiquent leurs qualités par les signes zodiacaux.”
On observera que la position de Kepler sur le zodiaque et les 4 Éléments a évolué au cours de sa vie… et de ses préoccupations alimentaires. Ainsi en 1603, il voyait une signification dans le fait que la conjonction Jupiter/Saturne de cette année-là, qui se produit environ tous les 59,6 ans dans différents Éléments et environ tous les 200 ans dans le “trigone de Feu” Bélier-Lion-Sagittaire : “Il est vraiment remarquable que les époques les plus significatives apparaissent à-peu-près à aux mêmes périodes de temps” (lettre à un ami). Mais il se démarquait des astrologues contemporains en ne faisant prudemment de ces événements astronomiques que des “événements coïncidents”, et non des effets.
Dans le même registre mais pour une raison différente, il évoquait dans son almanach ses prévisions pour l’hiver 1618 (donc très tard dans sa vie) : “il pourrait y avoir de la pluie ou de la neige, les causes en étant Vénus et Mercure en Sagittaire”, ce qui va à l’encontre du rejet du zodiaque qu’il affichait alors dans ses écrits astrologiques savants. Dans ce cas, il est clair qu’il se pliait aux standards de l’astrologie commerciale pour faire bouillir la marmite de sa famille, et ce n’était pas de gaîté de cœur : ainsi, dans une lettre à son ami Michael Maestlin, il exprimait sa préoccupation de voir son travail alimentaire sur les almanachs de prédictions faire du tort à sa réputation scientifique. Mais il fallait bien gagner sa croûte et “well, nobody’s perfect”…
Et puis cela a permis aux générations suivantes d’anti-astrologistes falsificateurs de l’histoire de faire leur miel d’un extrait de lettre de Kepler à propos de ses almanachs : “De quoi vous plaignez-vous si une fille que vous jugez folle [l’astrologie] soutient et nourrit une mère sage mais pauvre [l’astronomie] ? […] Si l’on n’avait eu le crédule espoir de lire l’avenir dans le ciel, auriez-vous jamais été assez sage pour étudier l’astronomie pour elle-même ?”… en arguant de cette citation pour prétendre qu’il ne voyait dans l’astrologie qu’une source de revenus complémentaires alors que jusqu’à son dernier souffle, il a toujours été un astrologue convaincu et pratiquant.
Pour Kepler donc, l’astrologie est un savoir dont l’objet est exclusivement l’étude des Planètes, de leurs Aspects et de leurs influences. C’était là une conception de l’astrologie révolutionnaire, qu’il était quasiment le seul à partager.
Les Aspects sont pour lui uniquement déterminés par leurs longitudes écliptiques. Jamais il ne fait mention de leurs latitudes dans ses textes astrologiques. Il admet la nécessité et la réalité des orbes, en témoignent par exemple ces extraits de l’interprétation qu’il fait de son propre Thème natal : “le Soleil en sextile avec Saturne signifie soin et ténacité.” Or cet Aspect formait un angle de plus de 61°. Il admet aussi un orbe de presque 3° pour son carré Mercure-Mars lorsqu’il écrit que “Si Mercure est en aspect avec Mars comme c’est son cas, Mars le terrifie ; alors l’esprit devient trop rapide, porté à la colère, au jeu, aux distractions, à avoir des histoires, des querelles, à commettre des péchés, à ne se laisser arrêter par rien, à se mêler de tout : il y a tout cela chez notre natif” (le “natif” en question, c’est bien entendu lui qui s’objective).
La façon spontanée qu’il a d’évoquer ces Aspects avec orbes et le fait qu’il n’ait pas lui-même théorisé ce phénomène laisse à penser que cette pratique était probablement assez répandue parmi les astrologues de son époque et qu’il la faisait sienne comme si elle constituait une évidence sur laquelle il n’y avait pas à revenir, et sur laquelle son esprit très critique ne s’est d’ailleurs pas exercé.
Ajoutons à cela qu’il évoque “Mercure dans la Maison VII” qui “signifie rapidité et dégoût du travail, car lui-même est en mouvement”, et nous saurons aussi qu’à l’instar de Ptolémée il considère comme déterminantes les angularités planétaires. En effet, vu que Kepler rejette les significations traditionnellement attribuées aux Maisons, cette mention de Mercure en VII, donc proche du Descendant (de son coucher) n’a de sens qu’en considérant que la Maison VII fait partie de celles pouvant contenir les planètes proches des Angles de la sphère locale (AS, MC, DS, FC). NB : On connaît deux versions différentes de son heure de naissance.
Dans un autre texte encore, il répète que “les Aspects sont le seul genre de chose que je retiens de l’astrologie - et j’y mets autant d’acharnement, au nom de la doctrine harmonique et la philosophie, que je montre d’endurance à soutenir que le reste de la cuisine des astrologues est presque entièrement à éliminer.” Il est temps, par conséquent, de considérer attentivement ce qu’il entend par cette mystérieuse “doctrine harmonique” qu’il a explicitée dans son livre Amélioration des fondements de l’astrologie.
Dans son Tetrabiblos, Ptolémée signalait brièvement la parenté entre les angles zodiacaux et les cordes des instruments de musique, dont la longueur produisait des accords harmoniques. C’était là une considération marquée du sceau de Pythagore, qui fut le premier à relier les nombres à la musique en avançant qu’une impression musicale harmonieuse pouvait “s’expliquer mathématiquement”, les lois de l’harmonie des nombres se reflétant dans celles de la musique, et vice versa. Kepler reprit à son compte cette corrélation et s’engouffra alors vers 1602 dans des recherches astro-mathématico-musicologiques afin de construire une solide théorie des Aspects sur ces bases.
Les angles zodiacaux de Ptolémée, que Kepler adopta en les transposant des Signes aux planètes, étaient fondés sur la division des 360° du cercle zodiacal par les nombres entiers 1 (conjonction), 2 (opposition), 3 (trigone), 4 (carré) et 6 (sextile). Selon Ptolémée rappelons-le, les divisions du cercle sur lesquels étaient fondés ces 5 angles zodiacaux “majeurs” avaient la propriété de pouvoir y faire figurer des droites et des polygones réguliers géométriquement distribués selon les 12 Signes. Mais Kepler avait une conception planétaire des Aspects et il rejetait les limites traditionnellement assignées aux douze Signes. Selon lui en effet, “il apparaît que cette ancienne division du zodiaque en douze parties égales repose principalement sur l’arbitraire humain, et que les Signes en réalité ou naturellement ne sont pas si précisément séparés les uns des autres, ou que leurs caractéristiques, telles que définies par ces limites, se chevauchent.”
De ce fait, sans pour autant abandonner la conception géométrique des Aspects (la géométrie était pour lui sacrée), il s’était affranchi des contraintes numériques qu’exigeait le positionnement des polygones réguliers dans un cercle. Il pouvait imaginer et inventer d’autres Aspects afin d’essayer de les faire correspondre aux lois pythagoriciennes de l’harmonie musicale. Sa conception à la fois géométrique et cinématique des intervalles musicaux l’obligeait à penser les Aspects en termes de cycles et donc de durées.
Il se libéra donc progressivement des polygones réguliers, en s’astreignant néanmoins mystérieusement à contenir ses explorations numérico-musicologiques dans les limites du dénominateur 10. En restant dans cette limite et dans le spectre des nombres entiers ainsi que des Aspects permettant de former des polygones réguliers, il admit ainsi le semi-carré (360°/8 = 45°), mais rejeta d’abord le semi-sextile (360°/12 = 30°) puis finit par l’adopter plus tard. En quittant ce spectre et s’enhardissant jusqu’à abandonner les polygones réguliers, il inventa le décile (360°/10 = 36°) et le quintile (360°/5 = 72°). Ce sont peut-être ces deux nouveaux Aspects qui le conduisirent à aller encore plus loin, cette fois en passant des fractions aux entières, ce qui donna naissance au biquintile (360°/2,5 = 144°). Après quoi la porte était ouverte à tous les Aspects possibles et imaginables : le trioctile ou sesquicarré (360°/8 × 3), le tridécile (360°/10 × 3 = 108°), le quinconce (360°/2,4 = (150°), etc.
Kepler se retrouva ainsi vite submergé par la marée d’Aspects mineurs et hyper-mineurs qu’il avait créés. Certains correspondaient à peu près à des harmoniques musicaux et d’autres non. Il les appliqua aussi à la météorologie, car à cette époque la prévision du climat relevait de l’astrologie et il ne se privait pas de l’utiliser afin de plus ou moins (plutôt moins que plus d’ailleurs) prévoir la pluie et le beau temps. Ces nouveaux Aspects se révélèrent incapables de permettre de faire systématiquement les pronostics des orages. L’interprétation de leurs hypothétiques effets dans les Thèmes natals ne donnait rien non plus. Et au bout de longues années de recherches et d’observations, il finit par abandonner progressivement et à regret cette piste.
Dans la préface de ses Éphémérides pour l’année 1617, il écrivait ainsi qu’en dehors des 5 Aspects majeurs, il n’en admettait plus aucun autre en-dehors du semi-sextile de 30°, du quintile de 72° et du biquintile de 144°, tout en remarquant que “Néanmoins, à chaque fois que j’observe des tempêtes, le quinconce de 150° semble aussi être très fort.” Et enfin, dans les Éphémérides des nouveaux mouvements célestes de l’an 1617 à l’an 1628 qui seront publiées en 1630, année de sa mort, il annonce finalement qu’il abandonne toute référence à la musique dans la quête de la “doctrine harmonique” des Aspects, à laquelle il a consacré de si longues années. Il le fait en constatant amèrement que c’est entre autre “parce que le sesquicarré convient à la musique, mais pas le semi-sextile, et que ce dernier est efficient, mais le précédent ne l’est pas.” Il aura essayé jusqu’au bout.
Quel bilan tirer de cette recherche de la “doctrine harmonique” des Aspects ? On serait tenté de répondre par une autre question : “tout ça pour ça ?” Mais ce serait partiellement injuste. Ce fut un échec paradoxalement fécond, en ce qu’il permit, pour la première fois dans l’histoire de l’astrologie, d’explorer le champ des Aspects planétaires dans une totale indépendance vis-à-vis du zodiaque. Grâce à Kepler, l’Aspect planétaire est devenu un élément en soi et il est devenu légitime de choisir d’interpréter un Thème natal en se basant exclusivement sur cet élément.
C’est ainsi qu’il a pu observer à tort ou à raison que “les personnes nées au moment de nombreux Aspects planétaires deviennent généralement laborieuses et agitées - qu’elles s’habituent, dès l’enfance, à acquérir de la richesse, qu’elles soient nées ou destinées à être actives dans la vie publique, ou qu’elles se consacrent à l’apprentissage… L’horoscope natal est une chose merveilleuse.” De ce point de vue, il a puissamment contribué à sortir l’astrologie de son ornière zodiacale : après tout, les planètes, leurs positions et leurs Aspects en mouvement ne sont-elles pas l’élément premier et essentiel dont les Signes ne sont que des phases ? Et enfin, cet échec a confirmé l’importance capitale des 5 Aspects majeurs, dont les longues et scrupuleuses observations de Kepler ont permis de valider le bien-fondé.
Certes, il n’a pas abordé le problème astrologique des latitudes écliptiques des Aspects. Il ne l’a pas fait pour deux raisons. D’une part, elles étaient incompatibles avec la doctrine harmonique qu’il recherchait : leur introduction aurait automatiquement été source de discordances disharmonieuses. Et d’autre part car Kepler était un être en mouvement dans un monde planétaire lui aussi toujours en mouvement, et qu’il considérait ainsi les Aspects comme les phases d’un cycle, et plus du tout comme des angles figés dans un absolu géométrique. N’affirmait-il pas que “les lois et périodes des cycles devraient faire l’objet d’une investigation en collectant des observations faites sur de nombreuses années” ?
Or les cycles et intercycles sont caractérisés par le retour périodique de configurations astrales particulières, mises sur le même plan afin de pouvoir calculer et prévoir leurs phases (les Aspects en longitude, précisément). De ce point de vue, seules les éclipses nécessitent la prise en compte des latitudes écliptiques, afin de prévoir les dates précises d’occultation qu’elles provoquent et le caractère partiel ou total de ces occultations. Et justement, Kepler a imaginé des méthodes mathématiques permettant d’améliorer notablement ces précisions. C’est donc en toute connaissance de cause qu’il négligeait les latitudes écliptiques en dehors de ces cas précis. Et trois siècles plus tard, il a été confirmé qu’il avait raison. Mais n’anticipons pas : nous devrons d’abord voir ce qui s’est passé dans la conception des Aspects entre les XVIIe et XXe siècles.
Trop occupé dans sa tâche de réforme héliocentrique des lois de l’astronomie, Kepler n’a pas eu le temps de mener à son terme celle de l’astrologie qu’il envisageait. Il n’en a laissé que l’esquisse fragmentaire qui dessine une astrologie réduite aux seules planètes et à leurs Aspects. Comme il n’a pas écrit de traité ou de manuel décrivant précisément la nouvelle conception qu’il en avait au soir de sa vie, il n’a pas fait école et aucun astrologue n’a suivi la voie qu’il avait tracée. Ceux qui avaient connaissance de ses recherches infructueuses n’en ont retenu que certains des Aspects mineurs qu’il avait inventés puis délaissés. Pour étoffer leur panoplie interprétative, ils les ont ajoutés aux cinq majeurs de Ptolémée sans se soucier de la quête de doctrine harmonique qui était à l’origine de leur création.
Notons toutefois, au crédit de Kepler, que trois des Aspects qu’il a imaginés méritent d’être retenus : le décil (36°), le quintil (72°) et le biquintil (144°). Ils le méritent non pour leur importance ou leur efficience supposée, mais parce qu’ils appartiennent à la même famille harmonique que les Aspects majeurs de Ptolémée. C’est l’astrologue Jean-Pierre Nicola qui a levé ce lièvre au XXe siècle.
L’apport majeur de Kepler aura donc été d’en finir avec les angles zodiacaux statiques figés dans un espace géométrisé pour les convertir en Aspects interplanétaires cinématiques, fréquences-phases de cycles et d’intercycles. Son erreur majeure, elle, aura été de rejeter le zodiaque parce qu’il ne lui avait trouvé aucune explicative naturelle (alors que Ptolémée, lui, en avait partiellement découverte une en prenant en compte les déclinaisons) et qu’il rejetait autant sa division en 12 Signes que la doctrine des 4 Éléments qui avait été plaquée dessus un siècle avant lui.
▶ Théorie et pratique des aspects
▶ Les aspects, phases d’un cycle
▶ Aspects : existe-t-il un modèle traditionnel ?
▶ Aspects : théorie et bilan conditionaliste
▶ Introduction à l’interprétation des aspects
▶ Les Aspects planétaires et leurs orbes
▶ Les Aspects kepleriens
▶ Les “aspects” aux Angles
▶ Chronologie des Aspects et Transits
▶ Les Aspects planétaires
Les significations planétaires
par
620 pages. Illustrations en couleur.
La décision de ne traiter dans ce livre que des significations planétaires ne repose pas sur une sous-estimation du rôle des Signes du zodiaque et des Maisons. Le traditionnel trio Planètes-Zodiaque-Maisons est en effet l’expression d’une structure qui classe ces trois plans selon leur ordre de préséance et dans ce triptyque hiérarchisé, les Planètes occupent le premier rang.
La première partie de ce livre rassemble donc, sous une forme abondamment illustrée de schémas pédagogiques et tableaux explicatifs, une édition originale revue, augmentée et actualisée des textes consacrés aux significations planétaires telles qu’elles ont été définies par l’astrologie conditionaliste et une présentation détaillée des méthodes de hiérarchisation planétaire et d’interprétation accompagnées de nombreux exemples concrets illustrés par des Thèmes de célébrités.
La deuxième partie est consacrée, d’une part à une présentation critique des fondements traditionnels des significations planétaires, d’autre part à une présentation des rapports entre signaux et symboles, astrologie et psychologie. Enfin, la troisième partie présente brièvement les racines astrométriques des significations planétaires… et propose une voie de sortie de l’astrologie pour accéder à une plus vaste dimension noologique et spirituelle qui la prolonge et la contient.
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Pluton planète naine : une erreur géante
par
117 pages. Illustrations en couleur.
Pluton ne fait plus partie des planètes majeures de notre système solaire : telle est la décision prise par une infime minorité d’astronomes lors de l’Assemblée Générale de l’Union Astronomique Internationale qui s’est tenue à Prague en août 2006. Elle est reléguée au rang de “planète naine”, au même titre que les nombreux astres découverts au-delà de son orbite.
Ce livre récapitule et analyse en détail le pourquoi et le comment de cette incroyable et irrationnelle décision contestée par de très nombreux astronomes de premier plan. Quelles sont les effets de cette “nanification” de Pluton sur son statut astrologique ? Faut-il remettre en question son influence et ses significations astro-psychologiques qui semblaient avérées depuis sa découverte en 1930 ? Les “plutoniens” ont-ils cessé d’exister depuis cette décision charlatanesque ? Ce livre pose également le problème des astres transplutoniens nouvellement découverts. Quel statut astrologique et quelles influences et significations précises leur accorder ?
Enfin, cet ouvrage propose une vision unitaire du système solaire qui démontre, chiffes et arguments rationnels à l’appui, que Pluton en est toujours un élément essentiel, ce qui est loin d’être le cas pour les autres astres au-delà de son orbite. Après avoir lu ce livre, vous saurez quoi répondre à ceux qui pensent avoir trouvé, avec l’exclusion de Pluton du cortège planétaire traditionnel, un nouvel argument contre l’astrologie !
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