Les exemples d’interprétation que nous donnons sont très loin d’être exhaustifs : ils ne font qu’indiquer et esquisser un cadre général décrivant la problématique du Signe. Ils ne sauraient donc être pris au pied de la lettre. Chaque être, en effet, apporte ses propres réponses, plus ou moins originales, aux questions que soulève un Signe. Il n’y a pas de recette. En vous aidant de la Théorie du zodiaque et en combinant logique, observation et imagination, vous pourrez développer mille autres significations possibles, mille autres variations sur le même thème.
Il est possible que votre Signe solaire ne soit pas dominant dans votre thème natal. On peut par exemple être né sous le Signe du Bélier, alors que le Signe le plus valorisé est le Taureau. Dans ce cas, il vous sera probablement difficile de vous reconnaître dans les interprétations qui vous sont proposées ici. Pour vous sentir concerné, il vous faudra vous reporter aux interprétations correspondant à votre Signe dominant. Pour déterminer quels Signes sont dominants dans votre thème natal, n’hésitez pas à visiter notre site et à réaliser votre mini-portrait astrologique gratuit grâce à notre logiciel Astrosoft.
Entre ses compagnons saisonniers spécialistes des dépenses immodérées, le Taureau gère prudemment son capital-vie. Il est par excellence le centre des réflexes de défense, la souche de toutes les formes d’inhibition. La deuxième étape de la marche solaire met en relief l’organisation de la vie contre ses propres excès ; l’autorégulation impose une discipline et le sommeil, comme le calme taurien, élève un barrage réfractaire aux stimulations extérieures. Autisme, nonchalance, prudence, tout concourt à l’économie, à l’exploitation judicieuse de la vie afin que le bien-être se prolonge et que l’usure s’éloigne dans le temps.
Inhibition veut dire fermeture ; l’entourage se heurte à l’esprit oppositionnel du Taureau, à sa volonté d’entendre ce qui lui plaît. Il paraît doué pour contrecarrer les plus beaux élans et pèse de tout son réalisme de l’autre côté des enthousiasmes prompts. La moindre accélération de l’ambiance le fige, il va jusqu’à faire demi-tour lorsque tout s’entraide pour le pousser en avant, aussi sa destinée est-elle semée d’embûches et de labyrinthes. Mieux qu’un frein, il dispose d’un système compensateur qui s’applique à rectifier les écarts en deçà et en delà du juste milieu. Le scepticisme, la défiance, ne sont chez lui que des moyens pour ralentir un mouvement trop ardent car il se garde d’arrêter une lancée forte d’un juste calcul et se fait un devoir d’épauler les décisions réfléchies. S’il se pique de sagesse, il n’en est pas moins sujet à poursuivre quelque chimère inspirée par l’excitabilité de sa nature printanière. À ses yeux, une bonne connaissance de la lutte à entreprendre importe plus que la rationalité de l’entreprise ; au fond, il y a en lui une plus grande part de volonté réalisatrice que de réalisme tout court. Aussi ne cherche-t-il pas nécessairement un but proche et logique, il lui suffit d’être pénétré de sa volonté, de garder une image fidèle de son objectif. On remarque ses qualités de patience, de résistance, d’endurance, ce qui est encore en dessous de sa faculté de conserver intacts à travers les années ses mobiles, ses opinions ou ses sentiments.
Le type Taureau ne croit pas aux productions spontanées, ni en la valeur précoce, ni aux miracles champignons. Ce qui n’a pas le pouvoir de retour sur soi lui est suspect. La hâte ne s’y prend pas à deux fois : pas de sécurité ni de certitude donc, deux choses inconcevables pour l’inhibition naturelle ! Pour être acceptable dans les valeurs tauriennes, il faut avoir subi les variations de fortune, surpassé les trépidations de la croissance. Ce qui reste imperturbable malgré les bourrasques du destin a des chances d’être essentiel et à ce titre recevable. Avec de tels critères, le type Taureau est fatalement conduit à considérer la plupart de ses frères humains comme de futiles étourneaux ; quelle que soit sa sociabilité apparente, son estime est rare.
Les rapports régissant chaque Signe central avec ses acolytes saisonniers sont instructifs. En contraste avec Bélier et Gémeaux, instantanément mis en éveil, vifs et fugaces dans leurs décisions, le Taurien cogite d’interminables parenthèses. Il est téméraire de lui arracher de but en blanc un air d’approbation. Non point qu’il se retranche dans la neutralité ou l’immobilisme du doute ! Il prend le temps de construire sa pensée en l’enrichissant des virtualités infinies du concret.
L’obstruction qu’il manifeste envers le monde externe s’applique également aux messages intérieurs : discipline de l’esprit, contrôle des désirs, suspicion envers soi. Notre Taurien à besoin de gagner pour lui-même son estime réticente ; secrètement il n’a pas grande opinion de sa personne, ce n’est qu’avec le temps, lorsqu’il aura rassuré ses propres critères qu’il croira en lui, avec la même force de ses doutes passés.
La mentalité dite “possessive” du type Taureau n’est qu’une forme de sa fonction protectrice ; elle sauve le Printemps de ses Signes prodigues. Il est commun de tenir ce type zodiacal pour le plus intéressé. Élargissons le concept d’intérêt, nous aurons une appréciation plus exacte d’une conduite qui se défend de l’aventure et qui doit s’appuyer sur un motif solide pour être efficiente. On reconnaît sans peine derrière les attributions classiques du Taureau (incubation, assimilation, accumulation) la force de l’inhibition naturelle.
La fonction Sensation atteint au deuxième stade de l’évolution saisonnière le niveau de l’adaptation pratique. Forte de son développement, elle est pour le natif un moyen d’affirmation directe. La réalité éprouvée avec l’aisance d’un connaisseur devient un théâtre d’expérimentations faciles. Les données sensibles, devenues familières, sont une source de plaisirs divers : artistiques, gastronomiques, philosophiques. En toute quiétude la conduite se fie à la sensation (positivisme, pragmatisme, hédonisme).
Dans l’induction négative en dehors d’un centre remarquable d’intérêt tout est oublié, banni du champ de conscience. La fascination, la passion, la simple attention illustrent l’induction négative. Ce mécanisme, fragile au Bélier, exprime un aspect essentiel du Taureau. Bien des qualités et travers du signe reposent sur l’induction : son entêtement, ses colères, sa fidélité, son dévouement envers les affections privilégiées. Peu réceptif et même hermétiquement clos quant aux influences étrangères à son idée fixe, il devient expressif lorsque l’on touche le point sensible, ce point dont la force éclipse toutes les autres valeurs. En vertu de l’induction, l’ouverture à autrui est donc limitée ou du moins spécialisée. L’être possédé par sa vérité n’admet pas la contradiction, il refuse souvent de confronter ses opinions dans une discussion libre. Il n’est pas question de dogmatisme, bien qu’il soit sujet à ce travers, mais il n’a d’entendement que pour sa raison, objective ou non. De même, son but prime sur tout et sur tous, rien n’enraye sa marche. S’il ne fonce pas sur l’obstacle (à moins d’une forte colère) il l’use, le décourage, l’écrase sereinement.
L’excitation concentrée donne au Taureau une grande capacité de travail. N’oublions pas que l’induction négative, selon Pavlov, est réflexe, inconditionnelle (I) et engage par conséquent l’énergie instinctive, c’est en somme la puissance du désir qui tient lieu de volonté. Aussi, l’effort fondé sur un intérêt majeur ou une passion dominante dispose d’énormes réserves.
D’autres aspects de l’induction portent le type Taureau à traiter avec une attention de bénédictin des problèmes très superficiels. S’il regimbe avant de prendre une charge, la fatalité le cloue ensuite à la tâche. Il fait d’un incident la cause d’un désastre, comme il prêche parfois un “tout irait mieux” avec un conditionnel puéril. La concentration ouvre la possibilité d’une discipline établie dans la joie de subir l’image dominante, d’en être le maître et le martyr. C’est à l’excitation concentrée, induite, propice à une spécialisation poussée que ce signe doit sa réputation de profondeur (Taureau, virtuose de la monocorde).
La puissance du type Taureau réside dans l’orientation exclusive de son énergie, orientation éliminant fantaisies, à-côtés, chemins de hasard. Évidemment, lorsque l’objet auquel il se donne fait faillite notre Taureau perd sa raison d’être. La dépossession soulèvera chez lui des réactions extrêmes, il est dans sa logique de sombrer sur son œuvre.
Que la masse compacte du Taureau masque une vive réactivité, voilà qui froissera l’astrologie orthodoxe ! Et pourtant : ôtez le masque, supprimez l’induction, le Signe révèle son impétueuse turbulence. Le flegme apparent du Taureau, ne l’oublions pas, tient à la spécialisation de l’excitabilité ; en dehors donc de son domaine d’élection, il prend du retard sur les rythmes de l’entourage. Contrôlée par la force d’inhibition, polarisée par la concentration, la vitesse d’excitation quoique latente poursuit son développement. Elle donne au fond du tempérament du Taureau saveurs et travers de la constitution “cyclothymique” : verve, fécondité qui va jusqu’à la pléthore, griseries suivies d’états moroses. Elle justifie la qualité de “plasticité” accordée par la Tradition. L’univers intérieur renferme toutes les vivacités, toutes les tonalités hypomaniaques que le Bélier extériorise sans restriction. Ainsi peuvent s’accumuler dans la sensibilité Taurienne les tentations printanières. Il suffit que l’inhibition atteigne sa capacité de retenue pour que cet univers se défoule. Le rapport entre les deux termes de la formule Taureau (Force d’inhibition, Vitesse d’excitation) est donc important et suggère toute une gamme d’attitudes. Lorsque la Force d’inhibition domine nous aurons le type contrôlé, passionné calme, dépressif. Si l’inhibition dirige sans étouffer, nous aurons l’homme placide, débonnaire, organisé, le plus souvent bon vivant, orgiaque contrôlé. Le type grincheux, sujet à de violentes colères, exprime la tension entre le contrôle et la labilité d’excitation. Un dernier groupe comprendrait les dionysiaques qui, pour s’affranchir du contrôle de l’inhibition pratiquent un régime désinducteur riche en plaisirs.
Retenons que la Vitesse d’excitation est sous-jacente au Taureau ; c’est un flux souterrain, dont l’impétuosité apparaît à la moindre faiblesse de l’inhibition ou dans des circonstances exceptionnelles qui forcent le Taureau à entrer dans l’arène.
Succédant au Bélier, le Taureau paraît accommodant et porté aux conciliations. Il se tient toutefois en garde et n’ignore rien de ses allergies, c’est donc la force de composition qui impose ses nécessités : elle accepte de vivre parmi ceux que l’on hait, de côtoyer l’adversaire quotidien, d’admettre l’absurde contre une seule certitude et de mêler à son idéal un peu de basse matière. L’équivoque, l’hypocrisie, le jésuitisme sont, dans une certaine mesure, indispensables à toute réalisation, à toute plongée de l’esprit dans l’acte. Les Signes “fixes” incarnent le sens du réel, ils maintiennent leurs fins au prix d’un ajustement permanent aux fluctuations du milieu. L’astrologue Rudhyar a perçu leurs perpétuelles délibérations. Elles reflètent un intense travail d’adaptation au mouvant avec le souci constant de ne pas céder sur l’essentiel.
Composition et exclusion signent de concert le Taureau roublard, habile dans ses manœuvres, sachant sacrifier l’accidentel à l’essentiel au moment où se précise le choix. À côté de ce stratège, nous trouverons le sophiste, l’homme aux paradoxes, transfuge retranche dans une logique spécieuse.
La hausse de susceptibilité fausse l’appréciation des intensités. Des excitants faibles suffisent à provoquer une réaction parfois violente, en tout cas hors de proportion. Cet aspect quasi-pathologique caractérise le Taureau surmené par une idée fixe. Évoquons la jalousie, l’âpreté au gain comme exemples de phases paradoxales fortes déterminant un éveil morbide de l’attention. Des signaux fugitifs, d’ordre secondaire, de vagues analogies sollicitent le thème central. Les moindres indices justifient alors les positions tranchées. Sigmund Freud, natif du Taureau par le Soleil, du Scorpion par l’Ascendant, illustre le paradoxe d’intensité. La psychanalyse inverse le rapport de force entre conscient et inconscient.
La phase paradoxale conduit le Taureau à lire entre les lignes en dépit de la clarté du texte, à faire d’un rien une montagne. Contrôlée, cette exacerbation de la susceptibilité a son mérite : elle discerne les arrière-plans du Moi, les ficelles du caractère. Encore faut-il avoir affaire à une individualité riche et complexe, un type paradoxal commun tombe plutôt dans les pièges grossiers qu’un entourage facétieux propose à son leitmotiv.
L’élévation de susceptibilité provoque des réactions à des signaux de faible intensité : les signaux verbaux sont de désordre. Nous allons donc vers un hyper-conditionnement, vers l’abstraction, tandis que, par induction, le système inconditionnel recherchera des satisfactions de plus en plus frustes. La faim nous rend malins mais peu difficiles ! Dans la phase paradoxale le contraste est déjà sensible, iI appartient au Taureau parfois rustre et lourdaud dans ses appétits, néanmoins ouvert à de délicates préoccupations esthétiques.
La paresse s’installe lorsque la “libido” est rassasiée, l’ambition comblée, le désir saoulé. Elle digère la surcharge. La faiblesse d’excitation trouve-t-elle partout prétexte à surcharge ? Ce n’est pas la peur qui arrête l’action ou le mépris de la besogne, l’intérêt n’y est pas et rien ne résiste à cette vaste indifférence grosse de sagesse ou d’égoïsme. Ici le Signe du Taureau vit sur une expérience “préconçue”. À quoi bon éprouver ce qu’il croit savoir, à quoi bon vivre ce qui doit arriver, une fatigue anticipée l’éprouve. Ce luxe d’inertie connaît d’heureuses formulations : détachement ou réalisation du dieu-Bouddha.
L’inertie évoque l’ensemble et le détail du Taureau en faiblesse d’excitation. On entend : force sans emploi, engagée dans une pacifique négation, joie d’exister dans l’indolence, tranquillité garantie par la suppression des désirs.
Nous comprendrons le Taureau inadapté en nous référant à son manque d’excitation re-créatrice. Ce trait nous dit combien il est sujet à cristalliser ses attitudes, à s’enfermer dans une subjectivité codifiée et combien il est maladroit de lui demander de transposer un jugement. Il reste fixé à son plan d’accommodement, son espace, son temps. La richesse d’une distraction lui manque : il n’a pas la faculté de retourner ses dispositions. Parti du pied droit sur une idée catégorique, si la matière qu’il interroge ne lui répond pas, sa curiosité reste interdite, il lui vient mal à l’esprit de corriger sa question ou de changer d’interlocuteur. Le moins disponible des Signes, le moins rebondissant risque de s’écraser sur sa réalité. Péjorativement utile, pratique, terre-à-terre, il s’applique à épouser fidèlement l’idée-force qui l’anime ; incapable de décanter, de sublimer, de compenser. La vie c’est la vie, un sou c’est un sou, non pas un univers avec un trou mais un échelon figé dans une hiérarchie de valeurs.
La partie nocturne du signe favorisera éventuellement la fonction Intuition (stade archaïque selon le terme de Jung). Berkeley, Kant, Kierkegaard, feront bonne figure dans cette catégorie. Que l’on songe à l’immatérialisme de Berkeley contestant la réalité de nos sensations pour affirmer la primauté du spirituel. Kant, rationnel dans sa démarche, monte en épingle les impératifs moraux de la vie intérieure et prouve Dieu par l’analyse critique de nos facultés. Enfin, Kierkegaard identifie le subjectif au vrai : “seule la subjectivité est vérité.” Trois exemples propres à déceler le “syncrétisme” intuition-pensée avec les mauvais tours d’une mystique sentimentale. Faute de fixer un portrait disons que l’intuition tend à isoler le Taureau de toute communication possible. Elle se manifeste par un mysticisme dogmatique ou une pensée inflexible pénétrée de principes révélés par l’intérieur. Chez les types riches, elle permet de pressentir les déterminations impliquées par l’exercice des facultés. Il est certain, à cet égard, que la raison est assujettie à des conditions qui limitent, sinon son pouvoir, du moins son plan d’expansion et ses formes d’expression.
On connaît la légende mythologique attachée au Signe du Taureau : Thésée et le Minotaure, l’un représentant le Taureau adapté démêlant son labyrinthe grâce au fil de l’amour, l’autre représentant le Taureau archaïque prisonnier d’une subjectivité dévorante. La formule faiblesse d’excitation, Inertie d’inhibition, la plus complète en inhibition de tout le zodiaque, nous prévient d’un monstre aussi borné : le Moi empêtré dans son égoïsme, brouillant les pistes qui risquent de déboucher sur l’amour. En fait de sécheresse, de dureté, de réduction au monstre sacré, l’individualisme du Taureau peut en remontrer au Minotaure.
La schizoïde prend chez le Taureau faible une forme chronique. L’extravagance intériorisée affecte les relations intersubjectives ; les irruptions sont rares mais spectaculaires. Tel honnête homme métamorphosé en infâme consternera les quotidiens à grand tirage… Que savons-nous de notre asocialité ? Ce Taureau vertueux cache-t-il Robespierre ? Dieu merci, le refus d’autrui se traduit aussi par l’humeur taciturne et beaucoup d’avarice.
(1) L’induction positive implique une concentration d’inhibition (axe Verseau-Lion) phénomène de volonté acquise par opposition à la volonté-passion de l’axe Taureau-Scorpion où se concentre l’excitation.
Textes extraits de La Condition solaire, éd. Traditionnelles, 1964.
Le petit livre du Taureau
par
49 pages. Illustrations en couleur.
Ce livre présente et explique les trois zodiaques : celui du décor des constellations, celui de l’astrologie traditionnelle basé sur les Quatre Éléments symboliques (Feu, Terre, Air & Eau) et celui de l’astrologie naturelle basé sur les phénomènes astronomiques objectifs.
Interprétation du Taureau selon la symbolique classique et selon ses réflexes dans le zodiaque naturel (force, vitesse, équilibre) ; interprétation du Taureau en fonction des planètes dominantes ; le Signe solaire & le Signe Ascendant.
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