La nature des effets astrologiques est avant tout conjecturale, stochastique et chaotique. Il n’existe par conséquent pas de déterminisme astrologique mécanique dont une étude statistique pourrait montrer, et non démontrer, la probabilité ou l’improbabilité. Ce fait n’a pas empêché partisans et adversaires de l’astrologie de s’y livrer pour le meilleur (rarement) et le pire (presque toujours). Pourtant, des études statistiques sérieusement conduites pourraient mettre en relief et détecter quelques-uns des effets astrologiques les plus saillants et donc les plus visibles. Mais celles-ci n’ont encore jamais été réalisées, bien que tous les éléments soient réunis pour qu’elles puissent être faites. Pour des chercheurs audacieux, un vaste territoire inconnu reste donc à explorer, sachant qu’il se limiterait à la partie émergée de l’iceberg astrologique, dont environ 90 %, en filant cette glaciale métaphore, resteraient donc hors de portée de toute statistique…
Cette étude a été menée en 2003 par Geoffrey Dean et son acolyte Ivan Kelly. D’une ampleur inédite, elle s’est fondée sur 5591 naissances, enregistrées par le National Child Development Study (NCDS) et s’étant produites entre le 3 et le 9 mars 1958 dans la conurbation du Grand Londres, le choix de cet espace restreint permettant de minimiser l’impact théorique des effets de longitude et de latitude. Environ 92 % des heures natales étaient exactes à 5 minutes près. De ces données ont été extraites 2100 paires de jumeaux astraux, dont 73 % étaient nés à 5 minutes près avant ou après et 4 % à moins de 15 minutes près.
Pour mener à bien cette étude statistique, Geoffrey Dean s’est basé sur un échantillon de population autre que celui des statistiques Gauquelin : celui des “jumeaux temporels”. Aussi appelés “jumeaux astraux”, ce sont des individus nés dans des intervalles temporels et géographiques suffisamment rapprochés pour qu’ils aient des cartes du ciel natales identiques ou similaires. Selon Dean, “à un moment donné, la carte du ciel natale indique soit-disant un trait X, le moment suivant un trait Y, et ainsi de suite. Donc les jumeaux temporels devraient davantage être semblables à X que prévu par le hasard, ce qui fait d’eux LE test définitif de l’astrologie, puisque tous les artefacts de lecture prêtant à confusion sont évités.” Nous allons démontrer que cette affirmation péremptoire est vide de sens.
Le test portait sur la corrélation entre le fait astronomique du coucher de Saturne et diverses caractéristiques (que Dean appelle “traits”) attribuées par l’astrologie “traditionnelle” à Saturne, et plus précisément à un Aspect de carré (écart angulaire en longitude écliptique de ± 90°) Saturne-Lune. Pour vérifier si cette corrélation était confirmée ou non par la statistique, les résultats obtenus ont été comparés à ceux donnés par diverses variables et en particulier à ceux d’un test psychométrique portant sur les aptitudes cognitives et d’un autre prétendant mesurer “l’extraversion”. Et ce qui devait logiquement arriver arriva : cette étude statistique infirma les assertions irrationnellement hyper-déterministes de l’astrologie “traditionnelle”. Ce qui ne signifie en rien que cette étude a invalidé les effets astrologiques en eux-mêmes, puisque ceux-ci sont de nature conditionnelle, c’est-à-dire qu’ils n’opèrent qu’à l’intérieur d’un faisceau de variables extra-astrologiques qui modulent leur expression sans changer leur nature. Mais avant de développer cet argument, présentons ce test.
Les jumeaux astraux sont loin d’être rares. Dans une ville d’un million d’habitants, plus de 20 000 d’entre eux (2 %) ont un jumeau astral né avec moins d’une minute d’écart, et environ 200 000 (20 %) avec un écart de moins de 10 minutes. On constate à peu près la même proportion chez les jumeaux issus du même utérus au cours d’une même gestation, qu’ils soient monozygotes (environ 1/3 du total) ou dizygotes. Et ces nombres s’accroissent très rapidement avec la taille de la ville et en acceptant des écarts horaires supérieurs ou très supérieurs à 10 minutes. Geoffrey Dean en conclut avec raison que “de ce fait, le nombre de jumeaux temporels dans l’Histoire Occidentale est si énorme (des centaines de millions), que de nombreuses similitudes dans la personnalité et les événements vont se produire du seul fait du hasard.” On peut même raisonnablement y ajouter les centaines de millions de l’Histoire Orientale, pour faire bonne mesure et pour être équitable.
“Il en résulte”, poursuit Dean, “que la poignée de cas routinièrement cités par les astrologues ne peuvent pas espérer être convaincants.” Et il a raison en ce qui concerne les astrologues “traditionnels”, qui sont pour la plupart hyper-déterministes et sont persuadés que “l’horoscope, c’est le Sujet”. Ce qui signifie que pour eux, la personnalité, l’histoire et le destin d’un individu ont pour unique cause l’état du ciel au moment de sa naissance. Il s’agit bien entendu là d’une absurdité facilement démontrable, même sans l’appui de statistiques portant sur des centaines de milliers de cas. Un peu d’observation suffit. Mais beaucoup d’observations au cours de plusieurs millénaires montrent également que Dean n’a pas tout-à-fait raison.
Car après tout, si les astrologues sont parvenus à affecter aux Signes & planètes certaines “influences” caractéristiques sur les comportements humains, c’est pour une raison précise. C’est en effet en observant des ressemblances, non pas entre les jumeaux astraux stricto sensu, mais entre des multitudes d’individus nés sous des cieux et à des époques différentes, mais avec certaines configurations ou positions zodiaco-planétaires identiques ou similaires, qu’ils ont laborieusement et patiemment obtenu ces résultats. Et ces résultats ne sont rien d’autre que les productions de statistiques primitives. Il n’est pas nécessaire pour être de parfaits jumeaux astraux d’avoir des “traits de caractère” semblables, et d’authentiques jumeaux utérins peuvent avoir des “traits de caractère” très dissemblables. Le réel des similitudes et dissimilitudes observables est beaucoup plus complexe que Geoffrey Dean le prétend, et avec lui tous les anti-astrologistes et pro-astrologistes fatalistes.
Pour chaque personne ont été sélectionnées 110 variables mesurées à l’âge de 11, 16 et 22 ans. Ces variables étaient à la fois astrologiques et extra-astrologiques. La liste précise des 94 variables que Dean et Kelly considéraient comme spécifiquement astrologiques a été soumise à 7 astrologues “éminents” qui l’ont unanimement agréée : pour ces derniers, elle récapitulait donc des éléments qui étaient tous censés être selon eux montrés par la carte du ciel natale. Parmi les 16 variables extra-astrologiques figuraient par exemple l’âge de la mère, sa pression sanguine et au moment de l’accouchement et la durée de celui-ci. Les astrologues “éminents” étaient tous d’accord pour considérer que ces 16 variables ne pouvaient relever de la carte du ciel natale.
La mesure des 94 variables considérées comme spécifiquement astrologiques incluait les résultats de tests concernant le QI, la lecture et l’arithmétique ; les évaluations comportementales à propos de “l’anxiété”, de “l’agressivité” et de la “sociabilité” provenant d’enseignants et des parents ; des données physiques comme la taille, le poids, la vision et l’audition ; des auto-évaluations d’aptitudes par exemple à l’art, à la musique ou aux sports ; et une variété d’autres comme le métier, la prédisposition aux accidents et le statut marital. Dean mentionne aussi plus spécifiquement une mesure des scores d’extraversion faite sur un minuscule échantillon de 103 cas (soit environ 20 %) qu’il dit basée sur “une combinaison de notations sur 13 échelles pertinentes, telles que les traits impulsif, prudent et sociable”, ce qui est pour le moins très imprécis. L’utilisation du terme “extraversion” et les très fréquentes références au questionnaire psychométrique EPQ de Eysenck dans les écrits de Dean laissent à penser que ces diagnostics concernant l’extraversion sont en fait les résultats de tests EPQ, mais Dean ne dit rien là-dessus. Ce qui est une faute considérable quand on joue au donneur de leçons anti-astrologistes maniaque de la précision.
À ce stade on peut déjà établir une statistique imparable, dont les résultats hautement significatifs sont incontestables : il a existé 100 % d’astrologues “éminents” suffisamment renommés et néanmoins imbéciles, ignares et fatalistes pour considérer que l’ensemble des 94 variables ci-dessus énumérées était contenu dans une carte du ciel natale. Mais ne jetons pas la pierre à ces 7 imbéciles et à eux seuls : ils constituent un échantillon tout-à-fait représentatif de ce que croit et pense la majorité des astrologues “traditionnels”, et il n’est pas nécessaire de procéder à une étude statistique pour le savoir et le constater. Mais alors une première conclusion s’impose : ce que l’étude de Geoffrey Dean sur les jumeaux astraux a entre autre mesuré, ce n’est pas un quelconque effet astrologique, mais la stupidité fataliste avérée de 7 astrologues “éminents”. Rien de moins, rien de plus. Ce simple fait en relativise déjà considérablement la portée.
La plupart des 94 variables considérées comme spécifiquement astrologiques par ces 7 “éminences” ne le sont en effet pas du tout. Les scores au QI dépendent à la fois de facteurs génétiques, environnementaux et socioculturels, et pas du tout astrologiques. Un imbécile peut être né le même jour, à la même heure et au même endroit qu’un génie intellectuel. Les scores en lecture et arithmétique dépendent en petite partie du QI et en grande partie de l’éducation et de facteurs sociaux qu’il est vain de chercher dans l’horoscope natal. Tout comme il est absurde d’y chercher la taille, le poids, les facultés visuelles ou auditives qui résultent de variables génétiques, sanitaires et environnementales. Les aptitudes à l’art, à la musique ou aux sports relèvent avant tout de facteurs socioculturels (pour les deux premiers) et physiques innées et/ou acquises (pour les seconds). Avec le même Thème natal on peut développer des qualités artistiques, intellectuelles, ou sportives, et même deux de celles-ci ou les trois à la fois.
Le métier qu’on exerce n’est pas indiqué dans les astres à la naissance, il s’inscrit à l’intérieur de déterminismes socioculturels et d’opportunités en rapport ou non avec le QI. La “prédisposition aux accidents” est une variable si vague qu’elle est insignifiante : de quels accidents s’agit-il ? Les infractions systématiques au code de la route sont-elles inscrites dans le ciel natal ou dans une éducation défectueuse conduisant à l’incivilité et/ou à l’imprudence ? Il en est de même pour le statut marital. Au temps pas si ancien où le mariage pour tous était la norme, tout le monde ou presque était marié. Dans les sociétés Occidentales, désormais l’union libre et même le célibat sont devenus des normes acceptées. Le statut marital est donc une variable sociologique, et non astrologique.
Les schèmes comportementaux ne sauraient eux aussi se réduire à ce que peut en dire et même prédire une carte du ciel natale. Pour ne garder que les exemples retenus par Dean, on peut être ou devenir anxieux, agressif ou sociable pour des raisons et déraisons extra-astrologiques de natures diverses déjà énumérées. Un Thème natal ne fait que proposer un canevas de tendances qui s’actualiseront de manière différente selon le contexte extra-astrologique où il sera amené à se développer en interaction avec d’autres conditionnements sociaux, culturels, géographiques, historiques, etc. Il n’existe pas de fatalité psychologiste.
L’incompétence conjointe et unanime de Dean et des 7 astrologues “éminents” a été de ne pas avoir su distinguer l’héritage terrestre du bagage céleste, les variables extra-astrologiques de celles qui ne le sont pas. Mais il faut reconnaître que ces faux ennemis étaient unanimement d’accord sur un point : cette étude n’avait pour finalité objective que de tester les assertions de l’astrologie fataliste. En cela il a été très concluant, à la grande satisfaction de Geoffrey Dean et au grand désespoir des 7 imbéciles et de tous les astrologues fatalistes qu’ils représentaient.
Revenons à l’analyse de l’étude en question. Elle est divisée en deux parties bien distinctes. La première partie implique 5591 personnes nées entre les 3 & 9 mars 1958. De cet échantillon ont été extraits 2100 jumeaux astraux. Mais le graphique de Geoffrey Dean illustrant cette sélection indique que la taille de cet échantillon est de 2088 et que la période concernée va du 5 au 9 mars. 12 jumeaux et 2 jours se sont donc évaporés entre l’image et le texte. Dean ne précise pas sur quelle durée s’étalent ces naissances. En divisant 2100 (ou 2088) par 7, on obtient 300 (ou 298) jumeaux astraux par jour si on divise les mêmes nombres par 5, le nombre de jumeaux par jour est de 420 (ou 417). Ces imprécisions répétées (on les retrouve à l’identique dans 2 textes différents publiés à 13 ans d’intervalle, ce qui laisse largement le temps de faire les corrections nécessaires) sont hautement suspectes et ces données sont donc sujettes à caution.
L’échantillon de 2100 jumeaux astraux semble être d’une taille importante et la précision horaire impressionnante, mais prenons comme hypothèse que ces naissances s’étalent sur une semaine entière. Pendant cette durée, et en découpant chaque jour en tranches de 10 minutes (durée minimum utile pour modifier significativement l’orientation du ciel), on obtient 144 cartes du ciel différentes par 24 heures, soit un total de 1008 (144 × 7). Si l’on tient compte de ces réalités astronomiques et que l’on divise la cohorte de 2100 jumeaux astraux par 7 ou par 5, l’échantillon réel des vrais jumeaux astraux se réduit donc considérablement : il est en réalité constitué de 7 ou 5 petites cohortes d’environ 300 ou 420 jumeaux par jour, chacune de ces cohortes ayant un ciel natal différent. Cela n’empêche pas Geoffrey Dean d’affirmer, contre toute évidence, que “Ici, la corrélation en série est une mesure directe de la taille de l’effet et est extrêmement sensible en raison de la grande taille de l’échantillon”, comme si l’échantillon de 2100 n’était pas composé de 5 ou 7 groupes ayant des caractéristiques astronomiques différentes, ce qui rend la taille d’effet considérablement moins significative qu’il le prétend.
Nulle part Dean ne fait mention de ce fait pourtant incontestable. Pas plus qu’il ne mentionne le nombre de jumeaux utérins (probablement au nombre de ± 42), et parmi ceux-ci la proportion de monozygotes (probablement au nombre de ± 14), alors qu’une précaution méthodologique élémentaire aurait du l’inciter à comparer les résultats obtenus par ces différents groupes. Cela d’autant plus que les monozygotes ont plus tendance à se ressembler que les dizygotes. Les nombres habilement présentés par Dean apparaissent ainsi pour ce qu’ils sont : un trompe-l’œil, une fiction anti-astrologiste. Geoffrey Dean est décidément un spécialiste dans l’art de jeter de la poudre aux yeux en jonglant habilement avec nombres et données.
La deuxième partie se concentre sur la journée du 6 mars 1958 et sur l’heure précise de 10 h 32. C’est en effet à ce jour et à cette heure-ci (selon lui) que que s’est produit un carré presque exact (0° 11′ d’orbe) entre Saturne “exactement opposé à l’Ascendant” et la Lune, ce que Dean décrit comme “l’événement concernant Saturne le plus fort pendant toute la période du 3 au 9 mars”. Geoffrey Dean n’explique pas pourquoi il a décidé de se focaliser sur ce carré Saturne-Lune. Mais après tout, c’est son droit de choisir de tester un unique élément. Par contre, c’est une tromperie sur la marchandise statistique que de prétendre que cette étude exclusivement destinée à tester la réalité des effets de Saturne, alors que c’est explicitement du duo Saturne-Lune qu’il s’agit. Nous y reviendrons ultérieurement.
Précisons tout d’abord que pour les coordonnées géographiques de l’arrondissement londonien de Wandsworth (50° 30′ N, 0° 10′ W), cet événement saturnien ne s’est pas produit à 10 h 32 mais à 10 h 49. C’est en effet à cette heure précise qu’ont eu lieu le coucher exact de Saturne et son carré presque exact à la Lune (0° 05′ d’orbe). La cause de cette erreur de 17 minutes réside très probablement dans l’absence de prise en compte des latitudes écliptiques de Saturne et de la Lune, qui étaient alors respectivement de +1° 22′ et de –3° 06′. Or en raison de ce différentiel de latitude écliptique, il était impossible d’observer à la fois le coucher exact de Saturne et le carré Saturne-Lune exact. Cette précision ne change rien à l’affaire sur le fond, mais elle est l’occasion de souligner une fois de plus le manque d’exactitude des données auxquelles se réfère Dean. Et bien que cette imprécision n’altère pas les résultats de ce test, nous utiliserons ici l’heure de 10 h 49.
L’imprécision de l’heure de référence de ce test n’empêche pas Geoffrey Dean de le baser sur deux faits astronomiquement réels mais astrologiquement chimériques. Il semble en effet avoir considéré qu’il lui fallait absolument se référer au moment exact du coucher de Saturne et de l’Aspect Saturne-Lune. Or ayant été lui-même astrologue, il ne pouvait ignorer que les astrologues admettent un orbe avant et après l’Aspect exact, ce qui signifie qu’un Aspect n’a pas besoin d’être exact pour être efficient. Tous sont très loin d’être d’accord sur l’étendue maximale de cet orbe mais leurs sept représentants “éminents” qui ont servi de caution à cette étude auraient très probablement été unanimes à considérer qu’un orbe de 5°, voire 7° avant et après l’Aspect exact était acceptable. C’est donc sur ces données objectives et mesurables que Dean aurait du fonder son étude, et non sur les deux seuls événements ultra-précis qu’il a sélectionnés arbitrairement (et qui sont d’ailleurs imprécis comme on l’a montré).
Pour être encore plus rigoureux et ainsi mieux étayer sa démonstration, il aurait même du tester statistiquement les résultats obtenus avec différents orbes. Étant donné le caractère réducteur de son hypothèse générale et l’absence de pertinence du choix des variables astrologiques sur laquelle elle est fondée, il ne fait aucun doute que cette étude aurait montré l’absence de significativité du critère des orbes. Il n’en reste pas moins que Dean se trompe et trompe le monde en affirmant que le coucher exact de Saturne au carré exact de la Lune est “l’événement concernant Saturne le plus fort pendant toute la période du 3 au 9 mars”. Il affirme par ailleurs qu’un carré Saturne-Lune est “une position traditionnellement tenue pour renforcer considérablement” la force de Saturne, ce qui est faux : un Aspect ne renforce rien en soi, il ne fait que créer une relation spécifique entre deux planètes. Nous y reviendrons ultérieurement.
Si l’on conserve le critère des passages exacts de Saturne aux quatre angles de la sphère locale mais qu’on admet arbitrairement un orbe très réduit de ± 5°, il se produit en réalité 13 “événements saturniens” majeurs durant cette période. Ils ne concernent pas que la Lune le 6 mars, mais aussi Mercure du 7 au 9 mars. Et si l’on admet comme une majorité d’astrologues un orbe plus étendu de ± 8°, le carré Saturne-Mercure peut alors être considéré comme efficient dès le 6 mars, donc en même temps que le carré Saturne-Lune. Et ce qu’aurait alors du tester Geoffrey Dean à cette date, c’est un double carré de Lune et Mercure à Saturne. Et même dans ce cas de figure, il est très probable que les résultats de cette statistique réellement adaptée à son objet auraient infirmé les assertions astrologiques pour les raisons déjà mentionnées.
Le tableau ci-dessous récapitule les 13 réels “événements saturniens” pour la période concernée si l’on admet arbitrairement un orbe des Aspects de ± 5°. Les cases rouges désignent les événements que l’astrologie juge les plus importants, c’est-à-dire les moments où les planètes en Aspect sont en même temps angulaires à l’AS, au MC, au DS et au FC, ce qui se produit 7 fois. La case noire désigne “l’événement concernant Saturne le plus fort pendant toute la période du 3 au 9 mars” selon Dean. Il ne fait pas partie des 7 “événements saturniens” majeurs de cette période et ne doit son statut privilégié qu’à une chimérique précision qui ne mesure pas la même chose que ce que mesurent les astrologues. Mais il est vrai que la quête de mesures d’une précision absolue mène souvent à la dé-mesure, comme l’a très bien démontré le mathématicien, épistémologue et écrivain Denis Guedj dans son excellent livre Le Mètre du monde.
Revenons à l’analyse des résultats de la deuxième partie de cette étude. L’objet de celle-ci, rappelons-le, était de tester un échantillon de jumeaux astraux nés le 6 mars à 10 h 49, dont 73 % étaient nés à ± 5 minutes et 4 % à ± 15 minutes de cette heure fatidique, et de vérifier s’ils avaient ou non des caractéristiques communes correspondant aux assertions astrologiques relatives à un carré Saturne-Lune considéré comme dominant.
De ces assertions, Geoffrey Dean ne semble retenir que deux mots-clés, puisque pour les décrire il se contente de mentionner que “Saturne est considéré comme indiquant la restriction et la limitation.” Ce sont effectivement des mots que l’on retrouve très fréquemment dans la lexicographie saturnienne de l’astrologie traditionnelle. Mais on en recense quantité d’autres qui ont eux aussi de hautes fréquences, comme par exemple “concentration”, “méthode”, “patience”, “réflexion profonde”, “distance”, “stabilité”. Et ces mots-là ne sont pas du tout du même registre que “restriction” et “limitation”. On peut même affirmer qu’ils n’appartiennent pas au même champ lexical.
Les mots “restriction” et “limitation” n’apportent en effet aucune information utile sur le fonctionnement psychologique d’un individu, à moins de les prendre au pied de la lettre. Dans ce cas, ils prennent un sens quasi-pathologique et en tout cas systématiquement dépréciatif : dire vaguement de quelqu’un qu’il est “restreint” et “limité” n’est jamais un compliment. Les mots “restriction” et “limitation” ne font sens que si l’on précise ce qui est l’objet de “restriction” et “limitation”. Pour l’illustrer, prenons l’exemple de deux individus, l’un préférant sa vie extérieure et l’autre sa vie intérieure. Ces deux attitudes sont en principe opposées, et pourtant elles s’organisent autour de restrictions et de limitations. L’être d’extériorité restreint et limite le champ de sa vie intérieure et, inversement, l’être d’intériorité restreint et limite le champ de sa vie extérieure. On conçoit aisément que décrire ces deux individus si différents comme identiques, car adeptes de la “restriction” et de la “limitation”, n’a aucun sens en soi et ne permet pas d’évaluer réalistement leurs comportements respectifs.
Réduire les caractéristiques astrologiques de Saturne à la “restriction” et à la “limitation” est donc insensé et insignifiant. C’est pourtant sur ces seuls critères que Geoffrey Dean s’est tout d’abord basé pour évaluer statistiquement la “saturnité” de son échantillon de jumeaux astraux. Pour ce faire il aurait fait passer à 2193 d’entre eux une mixture de quinze tests cognitifs portant sur des données telles que l’intelligence, la lecture et les mathématiques, et comparé les résultats obtenus avec la supposée propension saturnienne à la “restriction” et à la “limitation”. Il est évident que le résultat statistique obtenu n’a pas permis d’observer une nette dominante d’idiots, d’illettrés et de nuls en maths pour cause de “restriction” mentale ou de “limitation” intellectuelle. Cela d’autant plus qu’une carte du ciel natale ne donne aucune information au sujet de telles aptitudes cognitives, qui sont des variables extra-astrologiques. Dean en a conclu qu’il n’existait pas d’effet saturnien, ce qui est une escroquerie intellectuelle. Une fois de plus, on nage avec Geoffrey Dean en pleine charlatanerie dans un océan de foutaises.
Le diagramme ci-dessus accompagnait l’étude de Dean. Il montre très bien que les 2100 jumeaux astraux (mystérieusement devenus 2193) étaient répartis sur toute la semaine du 3 au 9. L’étude portait donc sur ± 300 jumeaux par jour (ou ± 313 si l’on retient le chiffre de 2193), soit 7 échantillons distincts, chacun d’entre eux se situant à l’intérieur du total de 1008 cartes du ciel théoriques déjà évoquées plus haut. Nous avons donc maintenant la certitude que les échantillons de vrais jumeaux astraux sont de taille extrêmement réduite. Si l’on considère par exemple que ces naissances se répartissaient uniformément dans chaque tranche de 10 minutes correspondant à 144 cartes du ciel théoriques journalières, on n’obtient que le chiffre de ± 2 jumeaux toutes les 10 minutes. Cette répartition égalitaire est très peu probable et Dean n’en donne pas le détail. Mais quel qu’il soit, le nombre de vrais jumeaux astraux par jour et par tranche horaire de 10 minutes est très faible. On peut l’évaluer en moyenne à ± 50 si l’on conjecture qu’ils se sont par exemple concentrés sur 6 tranches horaires par jour. Tirer des conclusions à partir de statistiques portant sur des échantillons aussi réduits n’est tout simplement pas sérieux. C’est la raison pour laquelle Geoffrey Dean préfère brandir le chiffre de propagande anti-astrologiste de 2100 (ou 2193) qui regroupe frauduleusement tous les soi-disant jumeaux, qu’ils aient ou non les mêmes cartes du ciel.
Dean aurait-il secrètement reconnu (mais ce n’est qu’une très incertaine conjecture) que les mots “restriction” et “limitation”’ n’étaient peut-être pas les plus pertinents, surtout accolés à un test d’aptitude composé concernant l’intelligence, la lecture et les maths ? Très probablement pas, mais il affecte néanmoins d’en douter pour introduire la seconde partie de son dispositif statistique, consacrée cette fois à l’évaluation psychologique de l’échantillon gémellaire : “Mais pouvons-nous être sûrs que le test est vraiment approprié ? Il se peut que l’aptitude soit une mesure trop large pour montrer les effets de Saturne, auquel cas nous avons besoin de quelque chose comme l’extraversion qui est plus clairement liée à Saturne (prudence, réserve).”
“Extraversion” : voici donc que Dean se pique de psychologisme et qu’il le fait en brandissant l’étendard d’un seul mot. Il affirme tout d’abord qu’avec une dominante saturnienne, “L’astrologie prédit une baisse des scores d’extraversion.” Et pour prouver que l’astrologie a tout faux, il a fait fait référence à un test psychologique basé sur “des évaluations sur treize échelles pertinentes telles que impulsif–prudent et aimer les fêtes” appliqué à 103 jumeaux nés le 6 mars. Ce très petit échantillon est né dans une plage de temps comprise entre 3 heures avant et 3 heures après l’heure fatidique de 10 h 49. Si l’on divise cette durée de 6 heures en parties de 10 minutes, il s’agit donc de 36 groupes ayant chacun une carte du ciel natale un peu ou très différente, chaque groupe étant composé en moyenne de moins de 3 jumeaux. Le graphique accompagnant le texte de Dean précise d’ailleurs que seules 12 naissances avaient eu lieu dans une tranche de 12 minutes autour de 10 h 49. De tels échantillons sont beaucoup trop réduits pour en tirer quelque conclusion que ce soit. Et surtout si la statistique est basée sur l’étalon d’un test psychologique qui ne concerne pas spécialement Saturne. Ce que nous allons maintenant démontrer.
Les tests basiques d’évaluation cognitive ne posent pas de problèmes de validité majeurs lorsqu’ils portent sur des données comme l’intelligence, la lecture et les mathématiques. Il faut cependant qu’ils aient été effectués par un psychologue compétent ayant veillé à faire passer ces tests dans des conditions optimales pour la personne. On peut bien sûr ne pas être d’accord avec la définition de l’intelligence telle qu’elle est mesurée par le QI, mais cette mesure est objective, tout comme le sont les aptitudes à la lecture ou à la résolution de problèmes mathématiques et la rapidité avec laquelle sont effectuées ces opérations. Elle est objective car ce type de test exclut chez l’individu qui y est soumis toute possibilité de biais subjectifs tels que ceux d’ignorance, d’acquiescement, de tendance centrale ou de désirabilité sociale. Le seul biais subjectif possible consiste dans la décision que peut prendre un individu de donner volontairement des réponses erronées et d’être très lent. Il s’expose alors dans le cas le plus extrême à être considéré comme inintelligent, analphabète et incapable de raisonnement abstrait. Ce n’est généralement pas son intérêt, sauf dans des cas exceptionnels. Il n’en est pas de même, et de très loin, en ce qui concerne les tests d’évaluation psychologique.
Il est d’usage de différencier sciences “dures” et sciences “molles”. Les premières, comme par exemple les mathématiques, la biologie ou la physique, sont des sciences de l’exactitude. À partir des théorèmes, justifications, et démarches mathématiques, on aboutit à un résultat qui est soit vrai, soit faux. Il n’y a qu’une alternative, pas de juste milieu. De même, la biologie et la physique étudient des phénomènes incontestables dont elles tirent des lois précises qui se présentent comme incontestables jusqu’au moment où de nouvelles découvertes les remettent en question. Les sciences “molles”, aussi appelées “sciences humaines” ou “sciences sociales” telles l’économie, la sociologie ou la psychologie, sont des sciences de l’inexactitude. Ce qu’elles mesurent ou prétendent mesurer est une réalité mouvante et variable à laquelle elles essaient de s’adapter et qu’elles s’efforcent de théoriser. Les phénomènes particuliers qu’elles en extraient, très souvent de manière arbitraire, sont contestables et presque systématiquement contestés. Les “sciences molles” sont par conséquent un domaine où règnent le flou, l’imprécision et la contestation, à tel point que les plus durs et fanatiques des scientistes vont jusqu’à durement et fanatiquement contester le statut de “science” qui leur est attribué.
On ne les suivra pas sur ce terrain-là, mais force est de constater que dans le domaine des sciences “molles”, la psychologie occupe une place de choix. On ne va pas ici faire l’inventaire des multiples théories psychologistes contradictoires ou antagonistes, basées ou non sur des faits, qui prétendent expliquer ou éclairer les lois de fonctionnement des comportements, du caractère et de la personnalité humaine. On se contentera de signaler qu’on peut classer ces approches en deux groupes distincts : les “théories du type” et les “théories du trait”. Les premières insistent sur la nature exclusivement qualitative des différences individuelles, considérées comme innées et réduites à des “types” simples, composés ou complexes, et se fondent généralement sur une théorie explicite qui les fonde a priori. Les secondes résultent au contraire d’une approche quantitative et empirique consistant dans l’observation de “traits” eux aussi simples, composés ou complexes, prennent davantage en compte les caractères acquis de ceux-ci, et visent à une classification pragmatique des différences.
Très différentes, les “théories du type” et les “théories du trait” ont pourtant au moins un point commun qui nous intéresse tout particulièrement ici : leur référence à l’extraversion et à l’introversion, deux concepts forgés par le psychologue Carl Gustav Jung. Dans l’optique “typique” de celui-ci, il s’agit de deux catégories fondamentalement distinctes, dont l’association avec d’autres “types” eux aussi jungiens tels que la Sensation, le Sentiment, la Pensée et l’Intuition permettrait de couvrir et d’expliquer théoriquement l’ensemble des phénomènes relatifs à la psychologie individuelle. Les “théories du trait” ont repris à leur compte cette opposition “typique” entre extraversion et introversion, mais en faisant de celles-ci les deux pôles d’un seul continuum sur lequel la plupart des individus se distribuent. Du point de vue des “théories du type” donc, on est ou n’est pas extraverti ou introverti. Et du point de vue des “théories du trait”, on peut être un peu, beaucoup, passionnément ou pas du tout extraverti ou introverti.
Pendant très longtemps, les psychologues en tant que tels étaient dépourvus d’existence, et ceux qui en faisaient alors plus ou moins office se référaient alors pour la plupart à l’antique théorie des quatre tempéraments Bilieux, Sanguin, Flegmatique et Lymphatique élaborée par Hippocrate environ 2500 ans auparavant. Ils ne se souciaient pas de les mesurer et se contentaient de les évaluer au pifomètre, au doigt mouillé ou très rarement par l’intermédiaire de l’astrologie.
Avec les premiers balbutiements de la psychologie scientifique vers 1875, cela a commencé à changer. Mais ce n’est qu’au tournant des années 1940 que des psychologues ont commencé à utiliser la psychométrie afin d’essayer de mesurer empiriquement, expérimentalement et statistiquement les dimensions psychologiques et les structures de la personnalité, en particulier à l’aide de questionnaires. Or on ne peut mesurer que des variables (ou plus exactement les valeurs de celles-ci), étant donné que la mesure d’un phénomène invariable est en soi insignifiante. Le problème qui se pose alors est celui du caractère abstrait, non-directement observable des variables psychologiques. Aucune mesure directe d’un “type” ou d’un “trait” n’étant possible, il est d’abord indispensable de définir ceux-ci très précisément, puis de les “opérationnaliser”, c’est-à-dire de mettre en correspondance une réalité supposée objective (par ex. les réponses à un test) avec une dimension psychologique - un “type” ou un “trait” donnés. Ce n’est qu’au terme de cette démarche qu’il est possible d’accéder à ce qui peut s’approcher au plus près d’une commensurabilité relative. Se pose alors un autre problème : celui de la validité objective des tests.
Les tests se présentent sous la forme de questionnaires (forcément orientés) auxquels l’individu est censé répondre objectivement, rationnellement, sincèrement et en connaissance de cause, c’est-à-dire de lui-même (ou d’un autre, si le test porte sur sa propre évaluation des caractéristiques psychologiques d’autrui). Il s’agit bien entendu là d’une pure idéation. Dans la réalité, aucun test ne peut éviter une part de subjectivité élevée… que d’autres tests sont censés corriger et faire baisser. Les quatre principaux biais subjectifs sont le biais d’ignorance (fait très courant d’avoir une mauvaise ou une non-connaissance de soi), le biais d’acquiescement (tendance fréquente chez certains à répondre “oui” plutôt que “non”, quelle que soit la question posée), le biais de tendance centrale (tendance très répandue à n’utiliser que les propositions au centre de l’échelle de réponse afin de ne pas donner un avis tranché par indécision ou ignorance), et enfin le biais de désirabilité sociale (tendance de certains répondants à donner les réponses dont ils estiment qu’elles donneront une bonne impression d’eux-mêmes).
Le biais de désirabilité sociale est spécifique. Présent dans les réponses écrites, il peut prendre une ampleur démesurée dans le cadre d’un questionnaire associé à un entretien en face-à-face, lors duquel le testé veut plaire (ou déplaire) au testeur, ou encore dans celui d’un recrutement professionnel (les tests psychologiques étant aussi un commerce très lucratif). Enfin, il ne faut pas négliger l’importance des biais & variables culturels, qui posent le problème de l’universalité des modèles les plus répandus. Ceux-ci sont étasuniens, donc d’une culture qui valorise exagérément l’extraversion, alors que par exemple la culture japonaise favorise davantage l’introversion.
Ces nombreux et divers biais affectant la validité des tests de personnalité ne semblent pas avoir eu une taille d’effet importante dans l’esprit de Geoffrey Dean quand il s’est servi de l’un d’entre eux comme étalon pour mesurer la saturnité hypothétique des jumeaux astraux londoniens. Pourtant, étant donnée la taille minuscule de l’échantillon (103 individus divisés en de multiples sous-groupes), les biais de subjectivité pourraient avoir eu une importance décisive sur les résultats. Dean aurait du mener une contre-enquête, mais il ne l’a pas fait puisque les résultats l’arrangeaient.
Les tests psychologiques n’indiquent donc que des probabilités, et les corrélations qu’ils permettent d’obtenir ont souvent une faible significativité statistique. Pour tenter d’augmenter celle-ci et donc dans l’espoir de mieux approcher la complexité floue du réel, mais aussi pour alimenter le commerce des tests en nouveautés monnayables, les psychométriciens perfectionnent sans arrêt leurs questionnaires, leur ajoutent régulièrement de nouveaux items, observent ou inventent de nouvelles dimensions de la personnalité sous forme de “types” ou de “traits” qui se décomposent eux-mêmes en de multiples sous-types et sous-traits, etc. De tout cela il résulte que les résultats des tests purement psychologiques, même ceux qui se présentent comme les plus sérieux, ne sont pas indiscutables. Il faut donc être bien naïf, de mauvaise foi ou mal intentionné pour en faire un critère objectif incontestable pour distinguer ce qu’il y a de vrai et (surtout) de faux dans les assertions astrologiques.
C’est tout particulièrement le cas des tests inspirés par les théories de Hans Jürgen Eysenck. Dans la catégorie des “théories du trait”, ils sont parmi les tests qui obtiennent les plus faibles taux de corrélation. Il s’agit d’ailleurs dans le cas d’Eysenck d’une “théorie du type” innéiste déguisée en “théorie du trait”, étant donné qu’il ne prend que très faiblement en compte le rôle de l’environnement dans la formation des traits de caractère. Geoffrey Dean ayant toujours utilisé les tests de Eysenck pour étayer ses études anti-astrologistes (et peut-être aussi dans le cas des jumeaux londoniens), il est indispensable de présenter la conception de la personnalité sur laquelle ils se fondent.
Eysenck a proposé en 1947 un premier modèle descriptif de la psychologie individuelle. Selon cette théorie simpliste, les dimensions de la personnalité se réduiraient à deux traits basiques et indépendants : l’extraversion (ouverture, bavardise, hauts niveaux d’affects positifs tels que se sentir bien, besoin de stimulations externes) et le névrosisme (instabilité émotionnelle, hauts niveaux d’affects négatifs tels que la dépression et l’anxiété). Ces deux traits sont bipolaires et définissent une direction indiquant une échelle de graduation de 0 à 24 entre, d’une part l’extraversion minimale et la maximale, et d’autre part le névrosisme minimal et le maximal. Dans ce modèle, l’introversion et la stabilité émotionnelle ne sont conçues que comme les valeurs zéro de l’extraversion (“E”) et du névrosisme (“N”). C’est donc là un choix très orienté en faveur de “E” et “N”.
Ces deux axes bipolaires perpendiculaires délimitent quatre quadrants désignant autant de sous-traits composés : les extravertis stables et instables, les introvertis stables et instables. Cette classification semble nouvelle et originale. Or elle ne l’est pas. Côté pseudo-nouveauté, les quatre sous-traits ne sont rien d’autre qu’une transposition, dans un vocabulaire descriptif modernisé, des quatre tempéraments hippocratiques découlant de la théorie des quatre humeurs : l’extraverti stable est le Sanguin, l’extraverti instable le Bilieux (Colérique), l’introverti stable le Lymphatique (Flegmatique) et l’introverti instable l’Atrabilaire (Mélancolique). Côté pseudo-originalité, les traits d’extraversion et d’introversion sont empruntés à Jung pour lequel il s’agissait de types plus que de traits. Pour bricoler son modèle, Eysenck n’a donc fait que superposer deux concepts jungiens simplifiés aux quatre tempéraments d’Hippocrate. On peut ainsi considérer cette première théorie comme un vulgaire amalgame.
Notons que les 4 tempéraments hippocratiques sont associés aux 4 Éléments aristotéliciens (Feu-Colérique, Air-Sanguin, Terre-Mélancolique et Eau-Flegmatique), et que cette théorie des 4 Éléments est l’un des piliers de l’astrologie dite “traditionnelle”. C’est en effet avec cette théorie que celle-ci explique les propriétés & significations des Signes et des planètes. Les 4 sous-traits du modèle de Eysenck sont donc équivalents aux 4 types astrologiques. De plus, chaque Élément se décompose en ses Qualités premières (Chaud, Froid, Sec, Humide) : le Feu est Chaud & Sec, l’Air Chaud & Humide, la Terre Froide & Sèche, l’Eau Froide & Humide. Les 4 Qualités constituent ainsi deux axes bipolaires perpendiculaires (Froid-Chaud, Humide-Sec) qui sont identiques aux axes Introversion-Extraversion et Stabilité-Instabilité de Eysenck. On peut donc avancer que l’Introversion est froide, l’Extraversion chaude, l’Instabilité sèche et la Stabilité humide. Eysenck n’a décidément rien inventé ni découvert. Il a remis de vieilles Lunes au goût du jour.
Le plus paradoxal et amusant dans ce plagiat éhonté, déformateur et désinformateur est que les tests issus de ce modèle copieur, issu des mêmes sources que celui de l’astrologie classique, ont été utilisés par Eysenck lui-même et par Dean pour invalider les assertions astrologiques relatives aux Éléments attribuées aux 12 Signes. C’est une autre affaire étant donné qu’on ne traite pas ici du zodiaque, mais des planètes et en particulier du duo Saturne-Lune. Notons cependant que Eysenck a pris position en faveur des statistiques Gauquelin concernant les Planètes. Voici ce qu’il écrivait à ce propos : “Je pense que l’on peut dire que, en ce qui concerne l’objectivité de l’observation, la signification statistique des différences, la vérification de l’hypothèse et la réplicabilité, il existe peu d’ensembles de données en psychologie qui pourraient rivaliser avec ces observations (…). Je pense que nous devons admettre qu’il y a quelque chose ici qui nécessite une explication” (magazine New Behaviour, 1975).
L’essentiel ici est de souligner que les tests issus du modèle simpliste de Eysenck donnaient de faibles corrélations statistiques, et que ce fait ne semble pas avoir dérangé Dean, puisqu’il a (probablement) fait de ces tests l’étalon à partir duquel il a décidé d’infirmer les traits attribués à Saturne. Et cela alors même que la principale critique qu’il adresse aux études Gauquelin concernant les effets planétaires réside dans leurs faibles corrélations statistiques. Ce qui revient à constater que Geoffrey Dean considère qu’un signal faible et peu significatif devient fort et très significatif s’il infirme une assertion astrologique, mais que le même signal faible devient inexistant et donc non-significatif s’il la confirme.
On peut aussi se demander pourquoi Dean n’a testé que l’extraversion “E”, et pas le pas le névrosisme “N” de ses jumeaux saturniens. Il aurait probablement obtenu les mêmes résultats négatifs, mais au moins aurait-il respecté le modèle de Eysenck. On ne teste pas une hypothèse avec un demi-étalon quand l’étalon de référence se compose de deux éléments, ce n’est pas sérieux. En effet, même si Eysenck considère que “E” et “N” sont indépendants, ils sont associés dans le même modèle, ce qui signifie qu’ils y sont interdépendants. Ce genre de sélectivité biaisée et d’élucubration démontre une fois encore que l’anti-astrologisme se fonde sur des présupposés pseudo-sceptiques et irrationnels.
Revenons au modèle de Eysenck. Constatant que les tests issus la première mouture de sa théorie ne produisaient que de faibles corrélations statistiques, et que des traits de caractère qui lui semblaient réels et importants échappaient à cette théorie, Eysenck décida en 1974 de lui ajouter un troisième facteur : le psychoticisme (“P”) et son ombre, la socialisation (“S”). Le psychoticisme se caractérisait par la froideur, l’agressivité, l’égoïsme et l’hostilité interpersonnelle, et la socialisation par la chaleur, la bienveillance, l’altruisme et la convivialité. Eysenck passait ainsi de 2 dimensions à à 3 dimensions, l’axe psychoticisme-socialisation “P-S” étant perpendiculaire au plan contenant “E-N”. Les tests EPI (initiales de Eysenck Personnality Inventory) issus du premier modèle se transformèrent alors en tests EPQ (Eysenck Personnality Questionnaire).
On peut s’interroger sur la raison qui a poussé Eysenck à choisir le psychoticisme comme facteur de 3e dimension. Il n’est pas indifférent de constater qu’il l’a fait au moment où le marché des tests d’évaluation psychologique à destination des entreprises devenait un commerce très florissant aux U.S.A., et que le test EPI était totalement lacunaire pour cerner le profil recherché chez les cadres supérieurs, soit une combinaison d’agressivité et d’extraversion. Et que la moitié de ce profil ressemblait étrangement à celui correspondant au score le plus élevé sur l’échelle socialisation-psychoticisme, soit celui d’un individu “agressif, péremptoire, égocentrique, antipathique, manipulateur, arriviste, dogmatique, masculin, dur”. Un ensemble de traits qui sont autant de “qualités” de compétiteur indispensables pour gagner des parts de marché face à la concurrence.
Le tableau ci-dessus résume les qualités et défauts des 6 traits du modèle Eysenck à 3 dimensions. On remarque que les scores les plus élevés qui peuvent être obtenus dans les réponses au test EPQ correspondent pour 2/3 à des formes de psychopathologie. Ce modèle plus psychiatrique que psychologique n’est donc pas très adapté aux bien-portants. Il révèle une conception nettement dépréciative du fonctionnement humain. Il est également sexiste, puisque le psychoticisme est considéré comme masculin et la socialisation comme féminine. Pour comprendre la raison de ce sexisme, il faut savoir que Eysenck associait chacun de ses traits à des fonctions physiologiques, ce qui n’a jamais été prouvé, et qu’il mettait ainsi le psychoticisme exacerbé sur le compte d’un taux très élevé de testostérone, ce qui n’a pas non plus été prouvé. Or celle-ci est chez l’homme adulte environ 7 à 8 fois plus élevée que chez la femme, ce qui est un fait incontestable. Il s’ensuit que Geoffrey Dean, s’il avait été fidèle à l’évolution de la théorie de Eysenck, aurait non seulement du tester les valeurs de “E” et “N” chez les jumeaux saturniens, mais aussi celle de “P”, en différenciant les résultats obtenus par les mâles et les femelles. Et bien entendu en testant le taux de testostérone chez les femelles ayant obtenu des scores élevés en “P”…
Pour finir et pour la petite histoire, Eysenck a fini par ajouter un quatrième facteur à sa théorie et donc un nouvel axe dont on ne sait s’il est perpendiculaire, orthogonal, oblique ou parallèle aux trois premiers. Cet axe “M-D” pour Mensonge-Désirabilité sociale était destiné à tester statistiquement l’aptitude aux mensonges réussis ou ratés dans les réponses aux tests, et, partant, dans dans la vie en général. Les résultats des tests ont invalidé ce facteur “M”, ce qui est plutôt amusant. Une étude statistique portant sur de très petits échantillons prétend néanmoins avoir montré que les agents de change mâles sont statistiquement à la fois beaucoup plus psychoticistes et plus menteurs que les libraires femelles. On s’amuse comme on peut. Pour ma part, je connais un individu très introverti qui a systématiquement triché dans ses réponses à un questionnaire relatif au recrutement d’un profil de poste exigeant une extraversion maximale. Ce questionnaire était accompagné d’un entretien d’embauche fait par un psychologue. Cet individu a été recruté sans problème. Le facteur “M” de Eysenck est vraiment très amusant. Cet individu bénéficiait, il faut le reconnaître, d’une bonne connaissance de la façon dont les tests sont fabriqués. Il pouvait d’autant mieux rendre ses réponses cohérentes avec sa finalité (être embauché). Ce n’est pas le cas de tout le monde, mais il est probable qu’un nombre significatif d’individus aient les mêmes aptitudes, introduisant ainsi dans les données, en sus des biais déjà répertoriés, un de ces “artefacts sociaux” chers à Geoffrey Dean…
Quoiqu’il en soit la très grande majorité des psychologues a fini par délaisser les tests EPQ de Eysenck, jugés trop peu fiables et d’une significativité statistique trop faible pour le recrutement professionnel. De plus, cette théorie innéiste ne tenait pour eux pas assez compte du rôle de l’environnement, des contextes particuliers et des réponses aux tests d’aptitudes pouvant favoriser l’émergence de certains traits paraissant essentiels aux recruteurs. Il ne faut en effet jamais sous-estimer le poids du commerce des tests psychologiques dans leur élaboration. Il s’agit ici non seulement de science “molle”, mais aussi de science vendable et donc très souvent vendue.
C’est ainsi qu’un nouveau modèle a émergé et s’est imposé, accompagné de sa propre ribambelle de tests : le Big Five. Alors que l’approche de Eysenck était européenne, théorique et pétrie de vieille culture, celle des concepteurs du Big Five était étasunienne, empirique et tournée vers l’efficacité immédiate. Les 5 dimensions essentielles de la personnalité isolées et décrites par ce modèle ne doivent d’ailleurs plus grand-chose à Hippocrate ou à Aristote. L’Ouverture à l’expérience, la Conscienciosité, l’Extraversion, l’Agréabilité et le Neuroticisme, seule concession à une valeur négative, sont les noms de ces “Grands cinq”. Cette taxonomie des traits de personnalité est aussi appelée FFM (Five-Factor Model).
On l’a aussi baptisée du nom de modèle OCEAN, acronyme transatlantique de ces 5 dimensions qui ressemblent à un portrait-robot de l’étasunien urbain tel qu’il aime à se définir idéalement : un pionnier empirique, consciencieux, extraverti, convivial et détestant se sentir vulnérable. Le neuroticisme (tendance névrotique) ne figure dans ce tableau que comme une ombre possiblement éliminatoire, une figure de ce qu’il ne faut pas trop être dans un monde capitaliste et entreprenant soumis à une concurrence effrénée. Pas trop mais un peu quand même, puisque la colère et l’hostilité-agressivité, qui appartenaient au champ du psychoticisme chez Eysenck, ont migré dans celui du neuroticisme dans le Big Five, comme quoi les tests de personnalité font peu de cas de la nosographie psychiatrique. On trouve ainsi une littérature psychologiste destinée aux recruteurs qui les incite à ne pas sous-estimer la valeur d’un taux de neuroticisme supérieur à la moyenne chez les dirigeants.
Le modèle “E-N” de Eysenck et le modèle Big five n’ont que deux points communs : leur référence à l’extraversion et au neuroticisme. Les éléments de la personnalité qui émergent de ces deux tamis sont donc très différents, bien que les individus qui passent les uns et les autres tests soient identiques. Il existe cependant une autre similitude remarquable : le fait de ne considérer l’introversion que comme la valeur la plus basse de l’extraversion et non comme une valeur en elle-même.
Il n’est pas besoin de faire de tests, statistiques ou non, pour en conclure que l’extraversion jouit d’un bien meilleur crédit que l’introversion dans ces modèles. Dans cette vraie-fausse bipolarité dont l’un des pôles n’est de fait que l’ombre de l’autre, l’extraverti représente explicitement le dominant, donc le vainqueur dans la compétition sociale, et l’introverti le dominé, donc le vaincu, le “loser”. Malgré toutes les hypocrites précautions de langage “politiquement correctes” dont s’entourent les psychologues pour ne pas sembler cautionner ces représentations dévalorisantes pour les introvertis, les modèles descriptifs de la personnalité qu’ils créent ou utilisent très majoritairement parlent pour eux : c’est l’extraversion qui est mise en avant.
On peut s’interroger sur les raisons de cette flagrante inégalité de traitement. Pourrait-elle être le simple reflet de ce qui est à la base une inégalité numérique ? Ce qui revient à se demander quelle est la proportion d’extravertis et d’introvertis dans la population générale. Il est impossible de faire passer des tests à une proportion assez significative de celle-ci pour le savoir. Pour évaluer ce phénomène, on ne peut donc se fier qu’aux statistiques relatives à des populations ayant déjà passé des tests, qui valent ce qu’ils valent. Une étude a été réalisée en 2009 pour le compte du Wall Street Journal par des psychologues travaillant dans le recrutement. Elle était destinée à évaluer la proportion d’extravertis parmi 4000 très hauts dirigeants d’entreprise étasuniens ayant pour ce faire passé un test, très probablement un Big Five.
Selon cette étude basée uniquement sur les scores d’extraversion, la population générale des U.S.A. se composerait de 16 % d’individus très extravertis et de 34 % ayant un taux d’extraversion supérieure à la moyenne. Les 50 % ayant un taux inférieur à celle-ci sont par conséquent les introvertis, dont il n’a pas été jugé utile d’évaluer leur degré d’introversion. Introvertis et extravertis seraient donc en nombre égal, mais les sources (données et tests) ayant permis d’accéder à cette stricte égalité n’ont pas été publiées. On peut donc fortement douter de ces chiffres pour toutes les bonnes raisons que nous avons déjà mentionnées. Cela d’autant plus que d’autres études étasuniennes aux données invérifiables et non-sourcées feraient état d’une proportion d’environ 2 extravertis pour 1 introverti.
L’étude réalisée pour le Wall Street journal confirmait avec éclat que les introvertis étaient décidément d’incurables “losers”. En effet, plus l’on montait dans l’échelle hiérarchique de ces très hauts dirigeants et plus la proportion d’hyper-extravertis augmentait, passant de 30 à 60 %. Au plus haut niveau, on comptait 98 % d’extravertis pour 2 % d’introvertis. La proportion d’introvertis ayant refusé de se soumettre à ce test par honte ou par profond désintérêt n’a pas été mentionnée. Pas plus que le Wall Street Journal n’a jugé nécessaire de donner les résultats concernant les 4 autres valeurs du Big Five. Ce qui démontre bien l’importance démesurée accordée à l’extraversion, la collusion du commerce des tests avec les intérêts industriels et financiers. Et ce qui démontre inversement le peu d’importance qui est accordé à une étude réelle de l’introversion en elle-même, et non comme le simple faire-valoir négatif de la super-star positive qu’est l’extraversion dans un monde de plus en plus soumis aux valeurs triomphantes, dynamiques et entreprenantes du capitalisme sans frein. Selon une autre étude elle aussi non sourcée, environ 3 étasuniens sur 4 préféreraient spontanément se définir comme extravertis. On les comprend, au pays du très extraverti “rêve américain”.
Comment pouvoir, dans un tel contexte, prendre pour argent comptant les théories de la personnalité dominantes (les étasuniennes) et les tests qu’elles produisent ? La réponse est catégorique : on ne peut pas. Le monde de la recherche universitaire est beaucoup trop inféodé à celui du business. Il produit donc les modèles que ce dernier l’incite à produire. Des recherches sérieuses sur l’extraversion et l’introversion considérées comme des valeurs égales ne pourront être menées que par les chercheurs indépendants ne se prostituant pas avec le veau d’or pour en tirer leurs subsides et financements.
Revenons au test sur les jumeaux saturniens. Geoffrey Dean n’a pas précisé sur quel type de test de personnalité il s’est basé pour procéder à ces “évaluations sur treize échelles pertinentes telles que impulsif–prudent et aimer les fêtes” afin de déterminer le degré d’extraversion de ces 103 vrais-faux jumeaux astraux. S’il s’agit d’un test standard, il ne mentionne pas lequel (mais c’est probablement l’un de ceux d’Eysenck, bien qu’aucun d’entre eux ne soit basé sur les 13 échelles évoquées par Dean). Il pourrait tout aussi bien ne s’agir que d’un bricolage effectué à partir d’évaluations psychologiques faites par des enseignants ou des parents de ces jumeaux. Or ni les enseignants ni les parents ne sont formés à l’évaluation psychologique. Dans les deux cas, il s’agit d’une faute grave qui ne permet pas d’évaluer la pertinence de ce test. On peut donc à bon droit le considérer a priori comme entaché de biais, voire insignifiant, cela d’autant plus qu’il n’a été réalisé dans des conditions inconnues sur un minuscule échantillon.
Admettons quand même que ce test puisse avoir quelque valeur. Il porte donc sur une corrélation, dont Dean estime qu’elle aurait du être significative, entre Saturne et un faible score d’extraversion, corrélation qui n’a pas été validée par ce test. Mais qu’est-ce que l’extraversion ?
L’extraversion et son symétrique, l’introversion, sont deux concepts fondamentaux issus de la psychologie jungienne apparus pour la première fois en 1921 dans son livre Les Types psychologiques. Il convient donc d’abord de se référer avant tout au sens que leur a donné Jung lui-même avant que les producteurs universitaires et/ou commerciaux des multiples “tests de personnalité” ne s’en emparent en les vulgarisant pour les incorporer à leurs modèles. Les définitions précises de Jung sont les suivantes : “Tandis que l’extraverti fait constamment appel à ce qui lui parvient à partir de l’objet, l’introverti s’appuie principalement sur ce que l’impression sensorielle constelle à l’intérieur du sujet.” Un individu extraverti puise donc ses informations directement dans les stimuli sensoriels du monde extérieur, alors qu’un introverti ne retient de ces stimuli que ceux qui ont laissé une forte empreinte subjective dans son monde intérieur. L’extraversion en soi n’a donc rien à voir avec le fait d’être “impulsif” et d’“aimer les fêtes”. L’impulsivité est une variable qui s’applique à l’extraversion comme à l’introversion. Un extraverti impulsif réagit au quart de tour aux sollicitations du monde extérieur. Un introverti impulsif s’y soustrait avec la même rapidité. On peut être extraverti et ne pas aimer les fêtes. On peut être introverti et aimer les fêtes qui provoquent un écho dans sa propre sensibilité.
De plus, extraversion et introversion, dans l’optique de Jung, ne sont pas des types figés, pas plus qu’il ne considère l’introversion comme le simple étiage de l’extraversion. Extraversion et introversion coexistent chez chaque individu, et ce sont la dominance et la constance de l’une ou de l’autre qui déterminent le “type psychologique” : selon Jung, “Tout type humain possède les deux mécanismes, celui de l’extraversion aussi bien que celui de l’introversion ; seule la prédominance relative de l’un ou de l’autre détermine le type.” Il écrivait aussi qu’il “faut savoir que si chaque individu présente un type psychologique dominant, il peut passer dans le type opposé à l’occasion d’une émotion, d’un changement d’humeur, au fil du temps et de sa propre évolution.” Il ajoutait même que “tout individu est une exception à la règle” des types, et qu’il n’existait pas “quelque chose comme un pur extraverti ou un pur introverti. La place d’un tel homme serait dans un asile de fous.”
La théorie de la personnalité de Jung, même s’il avait lui-même relativisé le caractère trop figé de ses “types”, avait un gros défaut : elle avait été élaborée en-dehors de tout contrôle ou vérification objective, une vingtaine d’années avant que la psychologie ne commence à devenir une science expérimentale. Elle n’était basée que sur les conclusions qu’il avait tirées de ses propres expériences et observations sur ses patients à la lueur de son immense culture et de ses croyances. Or ses patients n’étaient en rien représentatifs de la population en général : il ne s’agissait que de personnes entichées de psychanalyse et de “psychologie des profondeurs”, appartenant pour la plupart aux classes sociales supérieures. L’influence de Jung sur le terrain du début de la psychologie expérimentale fut néanmoins énorme à travers sa conception des “types”.
Les types psychologiques jungiens ont d’ailleurs accouché vers 1942 d’un questionnaire de personnalité, le MBTI (Myers-Briggs Type Indicator), basé sur 16 “types” jungiens composés censés représenter autant de types de personnalité différents. Il a été conçu par Katherine Cook Briggs, et sa fille Isabel Briggs Myers, toutes deux n’ayant aucun diplôme ni connaissances réelles en psychologie mais une grande vénération idolâtrique pour l’œuvre de Jung. Elles ont fait du MBTI une entreprise commerciale très lucrative, en dépit du fait que les études statistiques faites à partir de ce modèle ne montrent aucune corrélation significative et systématique avec la personnalité de qui que ce soit, si ce n’est par hasard. La description de chaque “type” est en effet extrêmement idéelle, idéalisée et flatteuse pour l’auto-estime des sujets testés, et nulle part on n’y trouve de mention de traits de caractère pourtant très concrets et très fréquents tels que l’égoïsme, la paresse, la méchanceté, l’agressivité, l’arrivisme, la cupidité, etc. En bref, le MBTI n’est plus utilisé aujourd’hui que par des groupies pseudo-jungiennes. Oublions-le : il n’a aucun intérêt.
Après vérifications expérimentales, les “types” jungiens ont disparu en tant que tels et sont devenus des “traits” et, pour nous en tenir à notre sujet, seules les notions d’extraversion et d’introversion ont été conservées quoique reformulées en de nouveaux termes qui en modifient très sensiblement les qualités. Ce sont ces reformulations post-jungiennes qui importent ici, puisque ce sont elles qui sont utilisées par la plupart des modèles de personnalité post-jungiens.
Des études psychométriques et statistiques ont montré que la plupart des individus se situaient sur une courbe de Gauss entre les deux pôles extrêmes de l’extraversion et de l’introversion, ce qui a donné naissance à un nouveau groupe central, celui les “ambivertis”, dont on ne trouve trace ni dans l’œuvre de Jung ni dans les modèles ultérieurs et empiriques de description de la personnalité. Les ambivertis ne sont ni vraiment extravertis, ni vraiment introvertis : leurs comportements fluctuent modérément de l’une à l’autre attitude en fonction des situations et événements auxquels ils sont confrontés. On les soupçonne même de se comporter à la fois de manière extravertie et introvertie, c’est-à-dire d’être discrètement sociables, prudemment aventureux, calmement actifs, semi-directifs, etc. Autant de traits de caractère ambivalents, paradoxaux et subtils qui échappent en tant que tels aux modèles courants et à leurs questionnaires. Ils n’y apparaissent en effet que sous la forme de valeurs hautes de l’introversion ou de valeurs basses de l’extraversion, ce qui facilite les classements binaires mais empêche de les évaluer tels qu’en eux-mêmes.
On ignore de ce fait quelle est la proportion des ambivertis dans la population générale. Faute de définition précise et consensuelle des caractéristiques de l’ambiversion, il est vrai qu’il est très difficile d’en cerner la réalité statistique. Et quand on sait à quel point les définitions des limites de l’extraversion et de l’introversion font l’objet de débats et controverses, cela n’a rien d’étonnant. Pour évaluer la proportion de ces fantômes statistiques pourtant faits de chairs, d’os et de personnalités, on en est par conséquent à conjecturer. Les plus audacieux avancent que le nombre d’ambivertis (ni extravertis ni introvertis ou les deux à la fois) serait d’environ 2/3. Dans cette hypothèse haute, il ne resterait qu’environ 1/6 d’extravertis et 1/6 d’introvertis “réels” si l’on considère que les deux catégories sont équitablement réparties. D’autres, plus sélectifs-restrictifs et/ou conservateurs, estiment que les ambivertis réels ne constitueraient qu’environ 1/3 de la population. Si c’était vrai, les extravertis et introvertis “extrêmes” ne représenteraient chacun que 1/6 de la population.
Dans un cas comme dans l’autre, on serait alors amené à conclure que toutes les réponses aux tests portant sur l’extraversion souffrent d’un très important biais démographique initial qui les rend insignifiants dans au moins 1/3 des cas, ce qui est énorme. En l’absence de correction de ce biais à l’aide de nouvelles mesures, seuls les résultats concernant la fraction haute de l’extraversion et la fraction basse de l’introversion pourraient être considérés comme réellement significatifs.
On ne peut pas faire de la personnalité d’un être modérément expansif et modérément réservé, ou d’un réservé modéré modérément expansif, une simple juxtaposition de traits d’extraversion et d’introversion. La ligne de démarcation entre les deux se situe au sommet d’une courbe de Gauss où les extrêmes de touchent et se confondent, où il devient impossible de faire la différence, et donc où extraversion et introversion deviennent des critères impertinents pour évaluer de telles personnalités. Ajoutons qu’on peut évaluer à 100 % la probabilité qu’on ignore la réelle proportion d’ambivertis. On peut faire dire n’importe quoi à des statistiques quand elles sont basées sur des données réelles et vérifiables et sur des hypothèses cohérentes, et encore plus quand elles ne le sont pas. C’est une excellente raison de plus pour disqualifier le grossier test d’extraversion utilisé par Geoffrey Dean pour prétendre invalider toute corrélation entre Saturne et l’introversion dans un échantillon de vrais-faux jumeaux astraux de taille ridicule.
L’extraversion et l’introversion peuvent s’exprimer très différemment en fonction des variables auxquelles elles sont associées. Pour comprendre ce phénomène, il faut différencier tempérament et comportement. Le tempérament est la façon innée avec laquelle un individu interagit avec son environnement et lui répond. Le comportement est l’ensemble de phénomènes psychologiques observables par un témoin externe. Il se constitue donc à la fois de caractères innés (tempéramentaux donc) et de caractères acquis lors d’expériences et d’interactions sociales.
La timidité est un bon exemple de réflexe comportemental et non tempéramental. On ne nait pas timide, on le devient. L’introversion est souvent associée à la timidité, ce qui n’est pas toujours vrai : la réserve naturelle de l’introverti ne saurait être confondue avec la timidité, qui est un comportement de peur acquis lors d’interactions avec l’environnement social : peur d’être jugé, du regard des autres, de ne pas être à la hauteur, d’être rejeté, etc. La timidité peut ainsi devenir un obstacle majeur aux relations sociales, ce qui n’est pas le cas pour la réserve. On peut donc être réservé mais pas timide, et l’inverse est aussi vrai. C’est tout-à-fait courant. Cependant ces deux comportements peuvent être confondus par un observateur non-averti… ou dans des réponses forcément subjectives à des tests. Ces réponses sont faites par des individus qui généralement ne savent pas faire la différence entre ce qu’ils estiment être leur tempérament et leurs comportements.
▶ Un individu extraverti et timide peut donner l’impression d’être simplement réservé pour peu que sa timidité ne s’accompagne pas de manifestations physiologiques trop voyantes telles que le rougissement de son visage. Il est en fait tout sauf réservé, et vit dans une grande frustration dès qu’il est en situation d’interaction sociale. Son tempérament l’incite à rechercher celles-ci, mais la peur induite par la timidité l’en empêche. Il peut ainsi se retrouver la plupart du temps confiné dans un rôle d’observateur malgré lui. Dans ses réponses aux tests de personnalité, il aura alors une très forte tendance à valider toutes les questions positives destinées à évaluer l’introversion, alors qu’il n’est pas un introverti, mais un extraverti timide.
▶ Un individu introverti et non-timide n’a pas ce genre de problème. Sa réserve naturelle peut lui permettre de très bien gérer ses interactions sociales en les filtrant opportunément et à sa convenance. Il peut même s’y montrer parfaitement à l’aise, étant donné que chez lui aucune crainte liée à la timidité ne crée d’obstacles aux échanges et à la communication. Un observateur non-averti pourra s’y tromper, et considérer qu’il a affaire à un extraverti modéré. Et bien entendu, cet introverti non-timide, lorsqu’il répondra aux questions d’un test d’évaluation psychologique, aura une très forte tendance à valider toutes les questions positives destinées à évaluer son extraversion.
▶ Si la timidité peut prendre la forme passive qui vient d’être évoquée, elle peut aussi de manifester par des comportements actifs. L’extraverti timide peut ainsi conjurer et compenser la peur que lui vaut sa timidité en se montrant souvent agressif ou encore en faisant montre d’un excès d’assurance dans ses interactions sociales, etc. Toutes sortes de scénarios sont possibles. On peut donc être extraverti et timide, extraverti et non-timide, introverti et timide, introverti et non-timide. Seuls les extravertis non-timides et les introvertis timides peuvent correspondre, dans leurs comportements observables et dans leur auto-évaluation psychologique, aux traits relatifs à leur tempérament inné. L’extraverti non-timide cochera sans hésiter toutes les cases de l’extraversion, et l’introverti timide toutes celles de l’introversion. Or la proportion des extravertis timides et des introvertis non-timides dans la population est très probablement suffisamment importante pour introduire un biais majeur dans les résultats des tests de personnalité, et donc de les fausser. C’est un genre d’artefact social-comportemental qui a échappé à la prétendue sagacité anti-astrologiste de Geoffrey Dean.
Le diagnostic d’un tempérament inné, en principe immuable, peut donc être celui d’un comportement acquis, donc susceptible d’être changé par prise de conscience décisive et entraînement personnel et/ou dans le cadre d’une psychothérapie. Au terme de ce changement de comportement et si celui-ci est complet et réussi, un faux introverti réservé peut se transformer en vrai extraverti non-timide et un vrai introverti timide en apparent extraverti modéré. On peut aisément imaginer le désappointement d’un recruteur qui aurait sélectionné le candidat à un poste sur les bases de ses réponses à un test, et s’apercevrait tardivement qu’il n’avait en fait pas le profil de personnalité recherché.
Ajoutons à cela qu’on peut être introverti en public et extraverti dans l’intimité et vice-versa, et que la fréquence et la proportion de ces comportements varie en fonction des situations auxquelles l’individu est confronté et de son éventuelle timidité. Il en résulte qu’aucun psychologue sérieux ne s’attarderait à réaliser des tests et/ou une étude statistique portant exclusivement sur les critères d’extraversion et d’introversion : il sait d’expérience que ceux-ci ne donnent pas de résultats significatifs en eux-mêmes et que le tempérament inné ne doit pas être confondu avec les comportements acquis, même si les deux se mélangent. Extraversion et introversion ne sont des facteurs significatifs que si on leur a attribué des significations extrêmement précises et qu’on les associe à d’autres critères d’évaluation de la personnalité qui les contextualisent.
“L’extraversion” est un concept couramment utilisé dans un très grand nombre de tests psychométriques destinés à l’évaluation des composantes de la personnalité. Il revêt des significations très sensiblement différentes selon ces tests et leurs auteurs. Pour ne prendre que deux exemples, il n’a pas exactement le même sens dans le modèle MBTI (Myers-Briggs Type Indicator) dérivé de la théorie typologie jungienne (donc issue de la vieille culture européenne) et dans le modèle standard du Big Five qui ne repose sur aucune théorie a priori et se fonde sur le plus pur empirisme étasunien.
Enfin on ne saurait réduire a priori les traits associés à Saturne à la seule introversion, en particulier chez les saturniens ambivertis, comme il se doit et même si les ambivertis sont peu étudiés. Un saturnien dynamiquement ouvert aux signaux du monde extérieur se comportera en extraverti. Certes, il le sera moins et autrement (d’une manière plus distante) que par exemple un jupitérien, mais il le sera aussi. Par ailleurs un grand nombre de traits descriptifs du tempérament saturnien peut se retrouver à l’identique mais dispersé dans de nombreux items de la lexicographie de chacune des 5 dimensions de la personnalité du modèle du Big Five. Ce qui pose un autre genre de problème : en quoi et dans quelles limites les tests psychologiques standards (et lesquels) sont-ils compatibles avec l’étude des faits astrologiques ? Quand on fait des comparaisons, il ne faut pas se tromper d’étalon.
Il est loin d’être avéré et évident, de ce point de vue, que l’extraversion comme l’introversion soient des facteurs uniquement déterminés par des effets astrologiques. Il faut ici distinguer la part du tempérament qui relève de l’héritage génétique et celle qui appartient aux effets astrologiques qui se greffent sur lui à la naissance. L’observation montre qu’il est très possible que des facteurs basiques tels que l’extraversion et l’introversion soient des phénomènes partiellement innés et relatifs issus de la matrice génétique, et que les facteurs zodiaco-planétaires qui s’impriment dans le système nerveux au moment natal n’y manifestent leurs effets qu’à l’intérieur du cadre préétabli de cette matrice. Ce qui signifierait que les tendances exprimées par un Thème natal peuvent être vécues indifféremment sur le plan de l’extraversion ou de l’introversion. Ces tendances resteraient les mêmes, mais elles seraient plus extériorisées chez les extravertis et plus intériorisées chez les introvertis.
La corrélation du tempérament saturnien avec le score d’extraversion obtenu avec le résultat d’on ne sait quel test statistique réalisé en fonction d’une échelle de 13 facteurs simplistes destinés à mesurer l’extraversion sur 113 jumeaux astraux, qui forment en réalité 36 groupes distincts nés à des heures différentes, n’a donc aucune signification. En effet, les échantillons testés sont minuscules (3,138 individus en moyenne par groupe), l’extraversion telle qu’évaluée par les tests n’est pas un étalon pertinent, et il n’est même pas avéré que le test ait été réalisé dans des conditions garantissant l’objectivité de ses résultats. Et enfin nous avons démontré qu’il était faux d’affirmer que ce test avait été effectué lors de “l’événement concernant Saturne le plus fort pendant toute la période du 3 au 9 mars”.
Toutes les données sur lesquelles repose cette étude statistique sont fausses, biaisées ou impertinentes à l’exception de l’exactitude optimale des heures natales. Et cette dernière n’a eu pour seul effet que de permettre de démontrer que ces 113 jumeaux ne formaient pas un groupe homogène, contrairement à l’affirmation de Dean. Geoffrey Dean n’a donc rien démontré dans cette pseudo-expérience destinée à établir une corrélation entre Saturne et le tempérament extraverti. Il n’a fait que (se) tromper et jeter de la poudre anti-astrologiste aux yeux de ses lecteurs.
Il a commis une autre erreur majeure en considérant l’hypothétique tempérament saturnien comme un “type” absolu déconnecté de l’ensemble auquel il appartient. Cet ensemble est constitué, non seulement de toutes les configurations planétaires de la période concernée (variables astrologiques), mais aussi des variables comportementales (par ex. la timidité) et de toutes les variables extra-astrologiques dont le faisceau détermine aussi la personnalité des sujets testés. Or toutes ces variables ont eu une influence déterminante sur les réponses aux questions posées par le test de personnalité. Un tempérament n’existe pas dans le vide. Il s’inscrit dans le contexte particulier et un historique conditionnels qui modifient nécessairement et a minima l’ampleur et l’intensité avec lequel il s’exprime. La véritable personnalité d’un individu est le fait psychologique qui émerge au carrefour mouvant de ce réseau de conditionnements et de déterminismes, et non un élément absolu et indépendant figé dans une théorie ou un modèle plus ou moins empirique prétendant la décrire.
En bref, Geoffrey Dean a commis la même erreur que les astrologues “traditionnels” fatalistes, pour lesquels la personnalité d’un individu est toute entière déterminée par son ciel de naissance. Il faut ici rappeler que Dean a longtemps été l’un d’entre eux, et qu’il ne semble pas en avoir tiré la moindre leçon utile : il se contente de fustiger ce en quoi il croyait et ce qu’il pratiquait stupidement, c’est-à-dire la pire forme d’astrologie qui soit, qui est malheureusement la plus répandue.
Ce que Dean aurait du étudier et tester, c’est comment le tempérament saturnien s’exprime chez des jumeaux astraux compte tenu des variables extra-astrologiques. Cet échantillon de 113 individus était en effet composé de mâles et de femelles riches ou pauvres, bien ou mal aimés, bien ou mal élevés, grands ou petits, malades ou bien-portants, intelligents ou stupides, instruits ou ignares, aînés ou puînés, sains d’esprit ou affectés de troubles psychiatriques, beaux ou laids, gentils ou méchants, forts ou faibles, moraux ou immoraux, adaptés ou inadaptés sociaux, croyants ou athées, timides ou assurés, ayant vécu des expériences traumatisantes ou non, créatifs ou non, etc. Et toutes ces variables ont un impact direct et puissant sur l’édification de la personnalité.
La moindre précaution méthodologique aurait donc du être de constituer des groupes caractérisés par les mêmes variables et de les tester séparément. Il aurait ainsi pu confirmer ou infirmer que la condition saturnienne se vit différemment selon la constellation de variables extra-astrologiques à l’intérieur de laquelle elle s’exprime. Son étude aurait alors été cohérente avec son objet, en admettant que les réponses de ces individus au test de personnalité qu’il a utilisé aient eu un degré d’objectivité optimal, ce qui est peu probable mais impossible à démontrer. Afin d’éviter au maximum la confusion possible entre tempérament et comportement, il aurait même du par exemple tester les réponses aux tests d’un groupe d’individus timides avant et après qu’ils aient réussi à vaincre leur timidité, et comparer ces réponses à celles d’un autre groupe composé de personnes étant restées timides. Il aurait du ensuite répliquer ces diverses études en se basant sur d’autres tests de personnalité qui ne mesureraient pas que le degré d’extraversion, mais l’ensemble des facteurs sélectionnés par ces tests comme étant des caractéristiques majeures de la personnalité. Il aurait ainsi réalisé une étude réellement scientifique.
Ce n’est pas tout. Le même ciel natal ou la même personnalité peuvent être vécus sur différents plans comme ceux de l’humeur, de l’action, de la pensée, de la passion et/ou de la création. Le plan de l’humeur est le plus commun : on se contente d’être ce qu’on est, de vivre son tempérament et ses comportements dans son travail, son temps libre et sa vie de couple, de famille ou de célibataire. Le plan de l’action est moins courant : on a de forts engagements visant à modifier son environnement concret. Dans ce cas tempérament et comportements se manifestent dans l’extériorité, alors qu’il sont plus intériorisés si les tendances de la personnalité s’orientent et se spécialisent sur le plan de la pensée. Quant aux engagements passionnels et créatifs, ils peuvent aussi bien concerner l’extériorité que l’intériorité selon leurs objets. Une même personnalité, un même tempérament ou un même ciel natal s’exprimeront donc d’une manière très différente selon ces différentes orientations. Et celles-ci influeront sur l’auto-perception et l’auto-évaluation de l’individu, et par conséquent sur ses réponses, vraies ou fausses, biaisées ou non, aux tests de personnalité simples ou complexes et pertinents ou non.
On en arrive ainsi à une méta-analyse de la personnalité qui transcende et déborde de toutes parts le Sujet testé et décrit par des modèles. Les tendances tempéramentales et caractérologiques de ce Sujet ne sont que de pures virtualités si elles ne s’investissent pas dans un Objet qui les actualise et donc les fait exister tout en les transformant. La personnalité du Sujet et son évolution s’inscrivent donc dans la Relation qu’il établit avec l’Objet d’investissement de ses tendances. Cet Objet peut être adéquat ou non, et de cette adéquation ou non-adéquation résulte une Intégration réussie ou non de l’ensemble de ces facteurs. Et en définitive, la personnalité réelle et aboutie, saturnienne ou non, sera la résultante équilibrée ou non de ces processus.
Ce n’est que dans le cadre de ce genre d’analyse plurifactorielle intégrant de multiples variables internes et externes au Sujet que l’on peut espérer pouvoir saisir le réel astrologique dans toute sa complexité stochastique et conditionnelle. Et non en faisant remplir des questionnaires de personnalité simplistes et biaisés dont on tire des statistiques tendancieuses, comme si l’étude du fonctionnement psychologique de l’être humain se réduisait à remplir des grilles de mots croisés ou de sudoku pour en extirper des lois lexicographiques ou numériques. Il ne faut donc pas se laisser impressionner par ce genre de tests anti-astrologistes.
Après cette indispensable revue critique des théories psychologistes et des questionnaires qui en découlent, revenons maintenant sur la tromperie sur la marchandise statistique lors de l’étude que Dean a réalisée le 6 mars 1958. La charlatanerie et les foutaises pseudo-psychologistes ne lui suffisant apparemment pas, Geoffrey Dean s’est aussi livré à une tromperie sur la marchandise, ce qui est une escroquerie tout court.
Il prétend en effet avoir réalisé une statistique sur les corrélations entre le coucher de Saturne et les caractéristiques psychologiques et cognitives de jumeaux astraux. En réalité, ce qui a été testé, ce n’est pas l’influence supposée d’une seule planète, Saturne, mais de deux : le couple Lune-Saturne associé par un Aspect de carré. Or nulle part il ne mentionne ce fait ni ne précise quelles seraient les caractéristiques lunaires, qui sont très différentes des saturniennes, et en quoi l’association des effets lunaires et des effets saturniens produit un ou plusieurs types de comportements irréductibles au seuls effets saturniens. Il semble avoir considéré la Lune comme un simple faire-valoir astronomique (et non astrologique) de Saturne, comme les théories de la personnalité modernes le font pour l’introversion vis-à-vis de l’extraversion.
Pour ne pas tromper ceux qu’il prétend informer sur sa marchandise anti-astrologiste, il aurait du réaliser un test portant sur les angularités d’un Saturne sans Aspect, ce qui n’est pas fréquent mais qui existe. La seule alternative aurait été de stipuler dans son hypothèse initiale qu’il ne tiendrait aucun compte des effets lunaires bien que ceux-ci existassent pour cause de carré Lune-Saturne, ce qui aurait été une autre forme d’escroquerie, intellectuelle celle-ci. Pour résumer, Geoffrey Dean n’a pas fait une étude destinée à mesurer les effets supposés de Saturne. Il a objectivement fait un test mesurant les effets associés de Lune-Saturne et, ceux ci étant infirmés selon une méthode nous l’avons vu très contestable, il en a conclu qu’il n’y avait pas d’effet saturnien. C’est comme s’il avait prétendu tester les effets d’une alimentation exclusivement carnivore chez une population composée à la fois de carnivores et de végétariens, alors qu’en réalité il testait sans le dire les effets d’un régime omnivore, et qu’il en avait conclu qu’un régime exclusivement carnivore était sans effet sur les uns comme sur les autres. C’est non seulement de l’escroquerie, mais aussi du pur délire.
Nous avons démontré qu’un tempérament, de cause astrologique ou non, est un facteur ne pouvant être compris et étudié - et éventuellement isolé pour les besoins de la cause statistique - qu’en l’associant à d’autres facteurs, les comportements, eux-mêmes induits par une multitude de variables. Et cela tout en étant sans illusion sur la pertinence des théories descriptives de la personnalité et de l’objectivité prêtée aux réponses apportées aux questionnaires, surtout lorsque ces théories et questionnaires sont considérés comme des étalons-témoins impartiaux. Le résultat de cette démonstration est sans appel : l’étude de Geoffrey Dean est psychologiquement et statistiquement insignifiante. Elle l’est non seulement parce qu’elle ne répond à aucun des critères pourtant indiscutables qui viennent d’être énumérés et analysés, mais aussi pour cause de tromperie sur la marchandise.
On pourrait donc rester sur cette conclusion sans appel. Mais pour être tout-à-fait complet, il est cependant indispensable de nous livrer maintenant à une expérience de pensée. Que se serait-il passé, qu’aurait t-on pu observer, quels auraient pu être les résultats de cette étude si Dean avait réellement testé l’objet qu’il a lui-même défini comme étant, non pas Saturne en soi, mais un Aspect de carré entre Saturne et la Lune ?
Pour tester cette hypothèse, il faut évoquer un phénomène que nous n’avons pas encore abordé : celui de la simultanéité ou de l’alternance, concordantes ou discordantes, des différents pôles ou facettes d’une personnalité. Personne ne vit en effet toutes ses tendances en même temps, et la cohabitation entre certaines de celles-ci peut être harmonieuse ou conflictuelle. Chaque situation, chaque contexte auquel un individu est confronté est susceptible de lui faire privilégier une tendance ou une autre, et donc de le faire apparaître sous un jour différent pour un observateur extérieur. Certaines tendances peuvent chercher à en contrôler, soumettre ou même éliminer d’autres, ce qui peut induire des refoulements plus ou moins bien vécus. Dans les cas les plus extrêmes, il peut en résulter à certaines périodes de la vie ce qui peut apparaître comme un brutal changement de personnalité alors qu’il n’en est rien : il s’agit d’une revanche du refoulé, d’une réorganisation de l’espace psychologique, volontaire ou non : les composantes fondamentales de la personnalité restent les mêmes, mais elles se hiérarchisent désormais différemment. Les différents pôles ou facettes d’une personnalité s’inscrivent donc dans une simultanéité et/ou une chronologie.
▶ Pour illustrer ce phénomène, prenons l’exemple d’un individu ayant obtenu des scores très élevés en extraversion et très bas en agréabilité dans ses réponses à un questionnaire Big Five. Il est donc considéré comme sociable, actif, éloquent et expansif mais en même temps tout aussi susceptible d’être critique, froid, antipathique, sévère et méfiant. Si ces deux pôles sont d’égale puissance et dissociés, il ne pourra pas faire autrement que de les exprimer alternativement en se montrant tour à tour ouvert ou désagréable, disponible ou querelleur, etc. Si sa tendance sociable-éloquente contrôle efficacement sa tendance désobligeante-réfractaire, il saura réfréner les effets de cette dernière. Mais si ce contrôle est inefficace, il ne pourra s’empêcher de laisser sa désagréabilité s’exprimer ouvertement. Si sa tendance sociable-extravertie soumet ou refoule sa tendance désagréable-querelleuse, cette dernière n’apparaîtra jamais dans ses comportements extérieurs, mais il sera alors perçu comme un être faussement détendu aux arrière-pensées suspectes, etc. Enfin, si lors d’une période-charnière de sa vie son comportement change du tout au tout, le sociable-extraverti se transformera en critique antipathique avec d’autant plus de virulence qu’il aura longtemps masqué et refoulé cette facette de lui-même en faisant assaut d’hypocrisie faussement enthousiaste. Une même configuration composée des mêmes éléments peut ainsi produire différents types de personnalité dans la simultanéité et la chronologie.
▶ Pour l’astrologie, un carré entre deux planètes est considéré comme un Aspect “dissonant” : il induit une conflictualité, un antagonisme ou une discontinuité entre deux pôles psychologiques. Les tendances psychologiques qu’expriment les planètes reliées par cet aspect dissonant s’affrontent, chacune cherchant à prendre le pas sur l’autre. Les problèmes que pose la dynamique de cette dissonance peut déboucher sur de multiples réponses individuelles ou scénarios de comportement. Les réponses les plus fréquentes vont de la subordination souple ou rigide d’une tendance à une autre, au refoulement partiel ou total d’une tendance par une autre, en passant par un vécu alternatif des deux pôles. Les dissonances mal intégrées, mal gérées ou mal vécues peuvent induire de profondes tensions et de douloureuses contradictions à l’intérieur de l’univers psychologique. Pourtant, l’expérience et la pratique de l’astrologie montrent que les êtres qui parviennent à gérer dynamiquement leurs conflits et contradictions - et donc leurs dissonances, carrés ou oppositions - deviennent plus vigilants, plus maîtres d’eux-mêmes, plus solides que les autres.
Indépendamment des effets de toute variable extra-astrologique, il existe donc différentes réponses théoriques, adaptées ou non, à la problématique posée par un carré. Il n’est donc pas possible, dans l’expérience de pensée à laquelle nous nous livrons, d’en tester une seule. Il est par ailleurs impossible de savoir a priori comment les 97 faux et les 12 vrais jumeaux astraux de l’échantillon de Dean du 6 mars 1958 ont chacun réagi à cette problématique, la probabilité d’une réaction plutôt que d’une autre étant déterminée par l’ensemble des variables non-astrologiques. Le tableau ci-dessous donne un aperçu des 14 principales possibilités de réponses théoriques au même carré Saturne-Lune. Chacune d’entre elles constitue une organisation différente des facettes de la même personnalité, et donc un comportement distinct, irréductible aux 13 autres.
Chacun des 12 autres Aspects dissonants (conjonction dissonante, carré, opposition) de ce Thème astral doit faire l’objet d’un même traitement, ce chiffre étant fonction de l’étendue des orbes qu’on a ici retenues, étendue elle-même déterminée par la théorie des Aspects développée par les recherches de l’astrologie contemporaine. L’ensemble produit un éventail de (14 × 12 =) 168 possibilités théoriques engendrant autant de vécus différents de ce même Thème, une quantité qui excède largement le nombre (113) de vrais-faux jumeaux astraux concernés par l’étude de Geoffrey Dean et davantage encore celui (12) des individus nés aux alentours de 10 h 49. Et encore ces facteurs ne concernent-ils que les Aspects dissonants. Si l’on ajoute les 4 Aspects consonants et les effets des Signes zodiacaux, qu’on considère que ce Thème peut être vécu dans l’extraversion, l’introversion ou l’ambiversion, et qu’on introduit l’influence de toutes les variables extra-astrologiques, cette quantité de qualités possibles est encore bien plus grande.
Ce n’est pas tout. Cet ensemble planétaire est hiérarchisé, et l’ordre d’importance de ses éléments est d’abord déterminé par le critère d’angularité, c’est-à-dire de la présence des planètes à leurs lever, coucher et culmination supérieure et inférieure. C’est d’ailleurs sur ce critère que Geoffrey Dean s’est fondé pour faire de 10 h 49 le moment fétiche de son étude, Saturne étant alors exactement en train de se coucher. Et pour réaliser sa statistique portant sur l’extraversion, il a rappelons-le réuni tous les couples de jumeaux nés 3 heures avant et après 10 h 49, ce qui fait d’eux de faux jumeaux puisqu’à l’intérieur de cette plage de temps plusieurs hiérarchies planétaires sont possibles. Mais ni les Aspects ni les angularités planétaires ne nécessitent d’être exacts pour être efficaces. C’est d’ailleurs ce que montrent les statistiques Gauquelin. Compte tenu de ce fait, en ne tenant compte que d’une plage horaire de ± 1 h 30 autour de 10 h 49, divisée en 3 tranches de 30 minutes, on obtient toutes les 1/2 heures des angularités différentes. Ce phénomène est représenté dans le tableau suivant.
Ce tableau divise arbitrairement les 113 faux jumeaux astraux de Geoffrey Dean en 7 groupes de vrais, ces derniers étant effectivement nés sous un ciel similaire. Ces groupes, rappelons-le, ne peuvent selon les probabilités statistiques être constitués que d’environ 2 à 6 individus. Chacun de ces 7 groupes de 2 à 6 personnes aurait donc du être évalué en fonction de ses caractéristiques d’angularités planétaires propres et des différents comportements possibles qui leurs sont associés et que nous avons évoqués, et compte tenu des multiples variables extra-astrologiques qui ont elles aussi déterminé ces comportements. Il en résulte que si les 6 jumeaux nés aux alentours immédiats de 10 h 49, ou tous les autres nés de 1/2 heure à 1 heure avant ou après, avaient exactement le même vécu du même Thème qui aurait produit exactement la même personnalité, il ne s’agirait que d’un hasard statistique insignifiant, et non d’une loi astrologique fataliste.
Pour s’en convaincre il suffit de zoomer sur les 6 incontestables couples de jumeaux astraux de 10 h 49. On ignore s’il s’agit en même temps de jumeaux astraux et utérins. S’ils sont utérins, on ignore s’ils sont monozygotes ou monozygotes, et dans quelle proportion. On ne sait pas non plus s’il s’agit de 3 couples de jumeaux ou de 2 triplés. On ignore lesquels sont nés dans une famille riche ou pauvre, et on ne sait pas s’ils ont été désirés ou non. On ignore si certains ont hérité de tares génétiques altérant significativement l’expression de leur personnalité. On ne sait pas s’ils ont été bien ou mal élevés ou éduqués, et dans quel type de socioculture, etc. Bref on ne sait rien, strictement rien de leurs déterminismes terrestres qui ont pourtant contribué à la production de leurs “traits de caractère” et à l’édification progressive de leur personnalité.
Cette quantité et cette complexité des possibles ne signifient pas que toute statistique sur les effets astrologiques est irréalisable. Un psychologue se basant sur le Big Five est en droit d’isoler un échantillon composé par exemple d’extravertis désagréables et peu consciencieux pour le comparer avec un autre constitué d’extravertis agréables et très consciencieux afin d’obtenir des résultats utiles ou non à une recherche de validation quelconque. On peut de même isoler le carré Saturne-Lune pour faire des statistiques sur les 14 possibilités qu’a l’individu de réagir à cette incitation céleste en contextualisant ces réactions, c’est-à-dire en les associant à une sélection de variables clairement définies. Et il faudrait le faire en respectant strictement ce protocole et ces précautions méthodologiques, et non s’adonnant comme Geoffrey Dean à des charlataneries pseudo-scientifiques anti-astrologistes. C’est évidemment un peu plus compliqué à réaliser qu’une stupide, simpliste et tendancieuse étude sur l’extraversion.
Il reste à évoquer le cas des jumeaux utérins, qui sont à la fois biologiques et astraux s’ils sont nés à peu de minutes d’écart. Tous les facteurs et les variables qui leurs sont associés s’appliquent identiquement pour ce type de naissance gémellaire. Mais il y a bien entendu une très grosse différence entre jumeaux astraux et jumeaux bio-astraux, puisqu’ils sont conçus par la même mère et que leur relation se développe à l’intérieur d’un même cercle familial et socioculturel.
Les jumeaux naissent généralement le même jour (sauf en cas de naissances autour de minuit bien entendu) avec un intervalle allant de 4 minutes à 24 heures, la moyenne étant estimée à 17 minutes. Et 17 minutes peut être un écart suffisant pour qu’ils naissent sous un ciel très sensiblement différent. Côté statistiques, les monozygotes (“vrais jumeaux” issus d’un seul œuf) représentent 1/3 des naissances gémellaires contre 2/3 pour les dizygotes. Il naît environ 4/1000 monozygotes et 8/1000 dizygotes dans la population de couleur plus ou moins blanche (mais 16/1000 chez les Noirs et 4/1000 chez les asiatiques considérés comme “Jaunes”). Les monozygotes sont de même sexe (50 % de mâles et 50 % de femelles). Les dizygotes sont 50 % de même sexe et 50 % de sexe différent. Notons au passage que contrairement à ce que l’on a longtemps cru, les jumeaux monozygotes ont de vraies différences génétiques. Elles sont au nombre d’environ 360 selon un récent comptage et sont produites par des mutations apparaissant chez les fœtus.
Jusqu’à la fin des années 1970 et l’apparition de la PMA (procréation médicale assistée), les astrologisants ou astrologues ont rarement été confrontés à des cas de jumeaux utérins, à moins qu’il n’en aient eux-mêmes été ou qu’ils en aient eu parmi leurs proches. Cela explique probablement en partie pourquoi la plupart de ceux d’entre eux qui se réfèrent à l’astro-fatalisme “traditionnel” croient que les astro-jumeaux utérins se ressemblent nécessairement car nés sous le même ciel. Et qu’ils mettent généralement sur le compte du souvent insignifiant écart entre leurs heures de naissance la différence qu’ils sont bien obligés d’observer entre leurs tempéraments ou comportements respectifs.
Ces astrologisants ou astrologues-là, qui sont malheureusement majoritaires, vont pourtant devoir de plus en plus s’habituer au gémello-boom causé par la PMA. Cette technique a en effet dopé le nombre de naissance de jumeaux. Un couple ayant recours à la PMA a 25 % de probabilité d’avoir un couple de jumeaux (contre 1,6 % naturellement), et 2,5 % d’avoir des triplés (contre 0,03 % naturellement), et le nombre des quadruplés, quintuplés et sextuplés est lui aussi en augmentation. Et avec ou sans PMA, l’âge de la mère, en constante augmentation dans les pays développés, joue aussi son rôle dans ce moderne gémello-boom, puisque la probabilité d’une grossesse multiple naturelle est de 5,8 ‰ à 20 ans contre 13 ‰ entre 35–39 ans, soit un risque multiplié par 2,2.
En bref, les astrologisants ou astrologues vont devoir remettre en question leurs certitudes. Et admettre, placés devant tous ces de plus en plus fréquents faits gémellaires accomplis, que l’horoscope n’est pas le Sujet, mais une cartographie des principaux astres du système solaire au moment de la naissance de celui-ci, qu’il soit jumeau ou non. Et que les jumeaux ne sont pas sommés par quelque obscure fatalité de réagir identiquement aux incitations célestes qu’ils ont en commun. En ce sens, Geoffrey Dean a raison (ça lui arrive comme à tout un chacun) d’écrire que le problème des jumeaux est un “cauchemar” pour les astrologues. Mais ça n’en est un que pour ceux d’entre eux qui croient à un hyper-déterminisme astral.
Pour les autres, les astro-conditionalistes, la gémellité n’est qu’une réalité un peu plus complexe que celle d’une naissance unique. Et puisque l’horoscope n’est pas le Sujet, un même Thème astral peut se vivre à un, deux ou plusieurs, chaque individu en incarnant/intégrant préférentiellement un pôle ou une configuration caractéristique dans un rapport dialectique avec le ou les autres. Ou pour prendre une image, le Thème natal peut être considéré comme une même partition musicale jouée en solo, en duo, en trio ou en quatuor, chaque interprète ayant son instrument privilégié.
Des milliers de jumeaux utérins ont été soumis à des tests de personnalité comme celui du Big Five. Ils ont montré que les monozygotes se ressemblaient très modérément du point de vue du tempérament et les dizygotes très peu ou pas du tout. Il n’y a donc pas de corrélation systématique entre héritage génétique (identique chez les monozygotes), ressemblance physique et similitude tempéramentale. On ignore si les écarts horaires ont aussi été systématiquement testés afin de vérifier leurs incidences éventuelles sur les résultats, ce qui est dommage mais peu importe dans le fond. Précisons que les jumeaux astro-utérins sont déterminés par une variable extra-astrologique très différente absente chez les jumeaux astraux en général : il s’agit de la coexistence dans le même milieu social et familial. Les rôles de l’élevage et de l’éducation parentale vont donc ici être des facteurs importants favorisant ou non l’affirmation des différenciations individuelles.
Quels que soient les facteurs astrologiques concernés, la gémellité s’incarne à travers trois grands types de relation qui lui sont spécifiques. Il s’agit de la relation fusionnelle, de la relation de duo-duel (effet de couple) et/ou de la relation dominant-dominé, qui peuvent se combiner en des proportions variables et se modifier dans la durée. L’importance de l’écart horaire conjugué aux conditions d’élevage et d’éducation sont les sélecteurs déterminants de ces combinaisons et proportions.
▶ La relation fusionnelle : elle est évidemment très forte pendant la période fœtale, se perpétue pendant les 2 premières années et se relâche généralement à la fin de la première révolution sidérale de Mars… qui est justement d’environ 2 ans. Dans la succession des âges planétaires en effet, l’un des apprentissages majeurs de la fonction marsienne est celui du duo-duel, c’est-à-dire de l’aspect concret de la différenciation individuelle. Mais tous les jumeaux ne sont pas égaux devant ce relâchement de la fusion initiale. Les monozygotes nés avec un écart horaire minimal chercheraient davantage à perpétuer la fusion dans une relation de dépendance qui se caractérise par des comportements de mimétisme inconscient. Vers 2 ans cette dépendance évolue généralement vers l’interdépendance, source d’autonomie, et à l’adolescence la plupart finissent par développer une réelle indépendance. Les monozygotes nés avec un important écart horaire seraient moins fusionnels et les dizygotes encore moins.
Il est nécessaire de différencier la relation de symbiose émotionnelle de celle de fusion psychologique. La première s’origine dans un vécu fœtal commun qui laisse des traces très profondes dans les comportements post-utérins des monozygotes, et ce quel que soit leur écart horaire. La seconde serait une résultante de l’écart horaire et par conséquent serait en partie astrologiquement déterminée. Très réduit, cet écart peut inciter les jumeaux à vivre à l’identique leur relation à leur ciel natal. Ils auront alors des tempéraments et comportements très similaires, cela d’autant plus que le mimétisme sera fort. Mais cet inévitable mimétisme initial peut provoquer des comportements similaires qui recouvrent en fait des tempéraments différents qui finiront progressivement par se manifester. Dans ce cas très fréquent, les jumeaux auront “choisi” de dialectiser leur relation avec leur ciel identique, chacun en incarnant un ou plusieurs pôles. Il ne s’agit bien entendu pas d’un “choix” conscient, et donc pas d’un véritable choix. La symbiose-fusion émotionnelle coexiste alors avec la différenciation psychologique selon des modalités variables selon les individus.
▶ La relation en duo-duel : la construction de l’identité de chacun des jumeaux se fonde sur des différences tempéramentales manifestes. Celles-ci peuvent être relatives ou absolues. Si elles sont relatives, les jumeaux “choisissent” dans leur ciel natal commun les pôles qui différencient le plus leurs tempéraments, tout en conservant certains éléments identiques. Si elles sont absolues, les jumeaux construisent leur identité “en miroir”, par une relation de symétrie inversée, l’un incarnant des pôles inverses de ceux qu’incarne l’autre. Ils sont donc hyper-complémentaires : les faiblesses de l’un sont les forces de l’autre et vice-versa. Chacun peut ainsi se reposer sur l’autre pour qu’il fasse ce que lui-même ne sait pas faire : ils s’opposent en duel mais se complètent en duo, et le duo est inséparable du duel. Du relatif à l’absolu, toutes sortes de combinaisons sont possibles et aucune n’est prédictible. Ces relations gémellaires en duo-duel stochastique sont à la fois l’enfer des astro-fatalistes et le paradis des anti-astrologistes. Cet autre duo-duel entre enfer et paradis est leur problème, et pas celui des astrologues conditionalistes pour lesquels ce type de relation gémellaire fait partie de ce qu’ils observent régulièrement, sachant que pour eux l’horoscope n’est pas le Sujet.
▶ La relation dominant-dominé : c’est une variante déséquilibrée de la relation en duo-duel. Dans l’interaction duo-duelle, il n’y a égalité entre les jumeaux : ils jouent une partition où il peut y avoir de la rivalité, mais celle-ci reste complice et sans recherche de domination. Dans la relation dominant-dominé au contraire, la rivalité complice peut se transformer en conflictualité ouverte, l’un cherchant à établir son pouvoir sur l’autre. L’un se comporte ainsi en meneur, l’autre en suiveur, ces rôles n’étant pas toujours définitifs et pouvant être inversés en fonction des situations. Ils sont ou deviennent définitifs si l’un des jumeaux a un caractère nettement plus affirmé que l’autre. S’ils ont le même tempérament, donc qu’ils incarnent identiquement leur ciel natal, le suiveur tendra à systématiquement imiter le meneur tout en souffrant de ne jamais parvenir à être à sa hauteur, ce qui peut induire l’envie, la jalousie. S’ils ont des tempéraments différents, donc qu’ils incarnent des pôles différents ou inverses de leur ciel natal, le suiveur pourra avoir des comportements plus contrastés. Dans certains cas, assez fréquents, cette soumission apparente du suiveur ne sera qu’une façade trompeuse lui permettant de développer discrètement sa propre personnalité dans l’ombre de celle de son frère qui a plus besoin que lui d’occuper les premiers rôles. Dans d’autres cas, plus rares, la personnalité écrasante et dominatrice du meneur ne permet pas au suiveur de développer la sienne, au risque de graves dysfonctionnements. Toutes sortes de combinaisons sont possibles et aucune n’est déterminée par une fatalité astrologique.
C’est à l’intérieur de ces cadres relationnels qu’opère le déterminisme astrologique, ce qui démontre son caractère relatif. Il n’existe par conséquent aucune raison pour que des jumeaux nés avec un écart horaire très réduit aient une personnalité identique et développent entre eux les mêmes types de relations.
▶ Un exemple vous en est donné dans une étude de cas portant sur Rémy et Pascal, jumeaux monozygotes nés à 4 minutes d’intervalle : s’ils ont un fond tempéramental commun, ils n’en manifestent pas moins des comportements très différenciés et leur relation est plutôt du genre “duo-duel”. Leur mère, personne intelligente et avertie des spécificités de la condition gémellaire, les a élevés en favorisant l’affirmation de leurs différences plutôt qu’en insistant sur leurs ressemblances. La carte du ciel ci-dessous est celle commune aux deux frères. Il n’y en a qu’une pour deux car les 4 minutes d’écart ont dans ce cas une importance négligeable. Les pastilles de couleurs montrent comment les jumeaux se répartissent les configurations planétaires. Le pôle Neptune-Vénus-Mars (pastilles rouges) est celui de leur plus grande ressemblance ; les pôles Jupiter-Uranus-Soleil-Mercure (pastilles jaunes) et Lune-Saturne-Pluton (pastilles vertes) ceux par lesquelles ils se différencient très nettement.
Vous pouvez lire l’interprétation qui peut être faite de ce Thème commun dans cet article sur Les Thèmes de deux jumeaux monozygotes. Il était parfaitement possible pour un astrologue de prévoir quels seraient ces différences les plus probables s’il connaissait à l’avance sous quel ciel ces jumeaux étaient nés. C’est ce qui s’est produit, et la mère a confirmé la pertinence du descriptif probable de leurs personnalités respectives, fait par l’astrologue qui n’avait pas, précisons-le, rencontré les deux frères avant de procéder à cette évaluation prévisionnelle. C’est là un fait d’expérience tout-à-fait courant et inaccessible à des astrologues fatalistes autant qu’à des statisticiens anti-astrologistes adeptes d’hypothèses simplistes et hyper-déterministes.
Bien sûr la répartition des rôles et des pôles en cas de gémellités multiples (3-4-5-6 individus) est plus complexe. Les triplés monozygotes sont un phénomène extrêmement rare, leur probabilité étant d’environ 1/160.000. Qu’elles soient monozygotiques ou dizygotiques, ces naissances se produisent généralement avec d’importants écarts horaires : les jumeaux multiples ne naissent pas tous sous le même ciel, et ne sont donc pas des jumeaux astraux. Il s’ensuit que ce n’est pas en se fondant sur le cas des jumeaux utérins multiples que les anti-astrologistes parviendront à infirmer la réalité des effets astrologiques.
Les multiples études statistiques sur les corrélations entre les jumeaux utérins, leurs personnalités et l’astrologie ont presque toutes été réalisées par des scientistes anti-astrologistes. La seule exception à cette règle est l’expérience conduite par Suzel Fuzeau-Bræsch, directrice de recherches en biologie au CNRS et néanmoins pro-astrologiste. Les résultats de cette étude réalisée sur une population initiale de 251 et effective de 238 paires de jumeaux ont été exposés dans le livre Astrologie : la preuve par deux (Robert Laffont 1992). Les résultats positifs qu’elle estime avoir obtenus l’ont amenée à conclure qu’on “peut désormais affirmer que l’intervalle horaire de jumeaux peut être à l’origine d’une partie de leurs différenciation psychologique et comportementale détectable sur la base respective de leurs deux cartes du ciel de naissance” et “permet de dire clairement qu’autre chose que le hasard préside à la polarisation du couple gémellaire vers deux individus psychologiquement distincts et conclure que le facteur astrologique existe bel et bien”.
Ces résultats apparemment positifs pour l’astrologie ont bien sûr été accueillis avec enthousiasme et soulagement par les astrologues symbolistes “traditionnels”, qui y ont vu la confirmation de leurs conjectures et pronostics hyper-déterministes. Le fait que ces résultats aient été de surcroît obtenus par une scientifique du CNRS pratiquant par ailleurs une “science exacte”, la biologie, n’a fait que naïvement rehausser à leurs yeux leur caractère indubitablement probatoire. Or cette étude statistique est entachée de multiples et souvent graves erreurs et imprécisions astronomiques, astrologiques et méthodologiques qui rendent ses résultats peu crédibles.
On n’exposera pas ici en détail les données, la méthode et les résultats de cette étude. C’est d’ailleurs un astrologue, en l’occurrence le rédacteur de ces lignes, qui en a fait la première revue critique démontrant ses biais de confirmation, lacunes et insuffisances manifestes dans un article paru deux ans plus tard, en 1994. Il vaut en effet toujours mieux commencer par balayer devant sa porte astrologique ouverte avant de dénoncer la fermeture de celle du scientisme. Les anti-astrologistes ont bien entendu ensuite pris le relais sans savoir ou vouloir savoir qu’un astrologue les avait précédés. Parmi eux, celui qui a fait la critique la plus complète, objective, impeccable et implacable de l’étude de Suzel Fuzeau-Bræsch est Frédéric Lequèvre, dans un article paru en mars 2006 sur le site de l’Observatoire zététique. Frédéric Lequèvre, enseignant en technologie et en physique, est un adversaire résolu de l’astrologie. Mais contrairement à la plupart des anti-astrologistes pseudo-zététiciens, il l’a suffisamment étudiée pour savoir assez bien de quoi il parle, sauf lorsqu’il croit dur comme fer que les statistiques Gauquelin ont été infirmées par les réplications des divers comités anti-astrologistes. En lisant donc à la fois les critiques d’un astrologue et d’un adversaire de l’astrologie, vous serez bien informé au sujet de cette statistique qui ne prouve rien, sinon le manque de rigueur méthodologique et le manque de connaissances astronomiques et astrologiques de Suzel Fuzeau-Bræsch.
On se bornera ici à prendre l’exemple des cartes du ciel de deux jumelles monozygotes, Florence et Carole. Il suffira pour illustrer pratiquement toutes les erreurs et imprécisions qui rendent peu crédibles les résultats de cette statistique pro-astrologiste.
▶ Imprécision des données : naissance le 10/11/1965 à 16 h 15 & 16 h 30. Les coordonnées géographiques du lieu sont 43° 27′ N et 7° 14′ E. Cette latitude et cette longitude sont celles d’un lieu situé en pleine mer Méditerranée et en un lieu où ne se trouve aucune île. La localité la plus proche est Antibes (43° 34′ N, 7° 07′ E). Ce n’est qu’un exemple d’imprécision parmi de très nombreux autres.
▶ Longitudes & latitudes écliptiques : contrairement aux statistiques Gauquelin dont elle se réclame pourtant, Fuzeau-Bræsch ne s’est fondée que sur les projections des positions planétaires sur le plan écliptique, et n’a donc pas pris en compte leurs latitudes écliptiques. Cette erreur astronomique majeure lui a interdit d’évaluer correctement la situation précise et exacte des planètes dans la sphère locale. Si elle ne l’avait pas commise, elle aurait pu constater que les jumelles étaient nées au coucher de Pluton, dans un “secteur-clé” Gauquelin. Cette erreur majeure affecte cette statistique dans de très nombreux cas, dans une proportion suffisante pour rendre ses résultats insignifiants, au moins en ce qui concerne Pluton. Mais pas seulement puisque d’autres planètes ont elles aussi d’importantes latitudes écliptiques.
▶ Signes Ascendants : pour expliquer les différences comportementales entre les jumelles, Fuzeau-Bræsch s’est exclusivement fondée sur le fait que Carole avait un Ascendant Bélier et Florence un Ascendant Taureau, alors que les statistiques Gauquelin ont infirmé l’influence prêtée au Signe Ascendant. Elle n’a pas mentionné les angularités planétaires des deux jumelles, alors qu’elle le fait systématiquement dans les autres cas. Or les mêmes critères doivent s’appliquer à tous les éléments d’une statistique. Par ailleurs Fuzeau-Bræsch raconte n’importe quoi lorsqu’elle écrit à propos des Signes Ascendants identiques pour les deux jumeaux que “Par exemple, deux jumeaux dont les Ascendants sont respectivement à 16° et 22° du signe des Gémeaux seront, le premier ‘plus mobile, plus expansif’ (= signe des Gémeaux) et le second ‘moins expansif, plus attaché à la mère’ (= signe du Cancer).” Cela ne concerne pas Carole et Florence, puisqu’elles ont des Ascendants dans deux Signes différents, mais cela devait être noté. En procédant à de telles affirmations, Fuzeau-Bræsch montre qu’elle n’a rien compris au zodiaque.
▶ Orbes d’angularité : Fuzeau-Bræsch admet un orbe d’angularité autour des points AS-MC-DS-FC mais ne précise pas lequel. Étant donné que dans d’autres études elle évoque un orbe de 10° ou de 15°, on peut penser qu’elle a pris en compte l’un de ceux-ci. Admettons qu’elle ait retenu un orbe de 10° en longitude écliptique. Dans ce cas, Vénus peut être considérée comme angulaire (orbe de 8°) dans le Thème de Florence, mais pas dans celui de Carole. Florence serait donc “vénusienne”, mais pas Carole. Ce critère aurait du être le premier facteur discriminant leurs tempéraments respectifs, selon les règles que Fuzeau-Bræsch s’est imposées à elle-même pour cette étude, or elle ne l’a pas retenu. Ce genre de petit arrangement se reproduisant très fréquemment, il affecte la validité des résultats ainsi obtenus dans des proportions suffisantes pour les invalider.
▶ Zones Gauquelin : celles-ci n’ont rien à voir avec les orbes d’angularité telles que Fuzeau-Bræsch les définit, c’est-à-dire comptées en degrés de longitude écliptique. Les zones ou “secteurs-clés” Gauquelin sont en effet approximativement comptés en degrés dans la sphère locale et prennent en compte les latitudes écliptiques des planètes. Étant donné que Fuzeau-Bræsch se réfère explicitement à ces zones pour légitimer son étude, elle aurait du prendre en compte les présences planétaires dans ces zones. Dans le cas de Florence, Saturne et Vénus se situent clairement dans ces “secteurs-clés”, alors que dans le cas de Carole elles se situent à leurs limites, donc peuvent éventuellement en être exclues. Récapitulons : les deux jumelles auraient du être considérées comme “plutoniennes”, mais elles ne l’ont pas été. Florence aurait du être également classée comme certainement “saturno-vénusienne”, mais elle ne l’a pas été. Pascale aurait du faire l’objet d’une évaluation afin de vérifier si elle était ou non “saturno-vénusienne” selon les critères Gauquelin, mais cela n’a pas été fait. Encore un exemple du manque absolu de rigueur astronomique et méthodologique qui affecte cette statistique et rend ses résultats très peu signifiants, voire les invalide tant elle se répète fréquemment.
▶ Distinction par orbe d’angularité : quand Fuzeau-Bræsch ne prend pas pour seul prétexte une différence de Signe Ascendant pour justifier les différences de tempérament entre jumeaux, elle le fait en se fondant sur un autre critère arbitraire. Elle prétend en effet qu’entre deux jumeaux ayant une même planète angulaire, celui qui est né avec l’orbe d’angularité la plus étroite est davantage caractéristique de l’influence de cette planète. Dans le cas des deux jumelles et en retenant comme critère les zones Gauquelin, Florence serait ainsi “plus saturno-vénusienne” et Carole “moins saturno-vénusienne”. Or ce genre de critère flou et inquantifiable n’existe pas dans les statistiques Gauquelin, pour lesquelles une planète est ou n’est pas dans un “secteur-clé” (que les limites de ces secteurs soient valables et réelles ou non est un autre problème). Cette distinction par orbe d’angularité est l’un des fondements de l’étude de Fuzeau-Bræsch, qui les applique à tous les Thèmes. Il est contredit à la fois par les statistiques Gauquelin et par l’observation. Il n’a donc aucune valeur scientifique et son utilisation systématique invalide lui aussi les résultats de cette statistique.
▶ Questionnaire de personnalité : cette étude se fonde sur un questionnaire de personnalité d’un simplisme ahurissant basé sur des réponses positives ou négatives à des propositions telles que “plus énergique” ou “moins énergique”. Les réponses sont données par les familles, sans aucun filtre ni aucune intervention d’un tiers capable d’évaluer les inévitables très nombreux biais subjectifs de ces réponses. Fuzeau-Bræsch considère néanmoins comme valables ces réponses incontrôlables et donc dont l’objectivité est très peu probable dans la plupart des cas. Ce qui n’empêche pas Fuzeau-Bræsch de mettre en doute la validité d’autres questionnaires de personnalité standards autrement plus sophistiqués que le sien, quand ils contredisent les assertions astrologiques traditionalistes qu’elle défend. Encore un exemple flagrant de totale absence de sérieux et de rigueur.
Les mots-clés utilisés par Fuzeau-Bræsch pour définir les significations planétaires dans son questionnaire sont résumés dans le tableau ci-dessous. Leur absence concernant Vénus relève d’un oubli de sa part qui est aussi une coupable négligence. Leur nombre réduit ainsi que les notions vagues auxquelles ils se réfèrent ne sont qu’un concentré des assertions astrologiques les plus simplistes et caricaturales qu’on peut trouver dans les manuels d’astrologie en vogue. En aucun cas ils ne peuvent permettre de cerner la subtilité et la complexité des tempéraments planétaires.
Les mots-clés utilisés par Fuzeau-Bræsch pour définir les significations zodiacales dans son questionnaire sont résumés dans le tableau ci-dessous. Ils ont exactement les mêmes caractéristiques que ceux relatifs aux significations planétaires, à ceci près que les Signes sont aussi définis par l’extraversion et l’introversion. Fuzeau-Bræsch prétend que son étude confirme les résultats positifs obtenus par d’autres statistiques zodiacales. Elle mentionne en particulier une étude conduite en 1978 par Mayo, White & Eysenck. Ces derniers avaient conclu que les résultats de cette statistique, portant sur 2324 personnes ayant répondu au questionnaire EPI de Eysenck, permettaient d’affirmer que l’astrologie était capable de prédire, avec un degré significatif de probabilité, l’extraversion et l’introversion selon les Signes solaires. Un an plus tard Eysenck se rétracta, s’étant aperçu lors d’une réplication que l’effet constaté disparaissait si les individus testés ne connaissaient pas les significations attribuées à leur Signe solaire.
Ces statistiques basées sur le seul Signe solaire sont insignifiantes, nous l’avons déjà vu. Là n’est pas l’important. Ce qui l’est par contre, c’est que Fuzeau-Bræsch mentionne une réplication de cette même étude menée en 1988 par le psychologue Jan J.F. van Rooij, dont elle fait grand cas et selon laquelle, je cite Fuzeau-Bræsch, “l’hypothèse astrologique est à nouveau démontrée, les signes impairs ont beaucoup plus tendance que les pairs à être extravertis et cela avec une bonne significativité statistique.” Or c’est parfaitement faux. En fait, voici les conclusions de van Rooij : “La présente étude reproduit celle de Mayo, White et Eysenck (1978 ; Journal of Social Psychology, 105, 229–236) confirmant la proposition astrologique selon laquelle les personnes nées avec le Soleil présent dans un Signe positif (Bélier, Gémeaux, Lion, Balance, Sagittaire, Verseau) sont extravertis et ceux dans un Signe négatif (Taureau, Cancer, Vierge, Scorpion, Capricorne, Poissons) sont introvertis. Ce résultat a bien été trouvé, mais uniquement chez des sujets ayant des connaissances astrologiques. Comme explication, un processus d’auto-attribution est suggéré. En outre, il a été prouvé que cet effet d’auto-attribution est renforcé lorsque les sujets sont informés que l’étude concerne l’astrologie. Enfin, il a été prouvé que les sujets dont le Soleil était dans un Signe positif sont particulièrement sensibles à un tel signal. Bien que la validité de l’astrologie elle-même n’ait pas pu être démontrée, il est conclu que l’astrologie peut avoir une influence profonde sur l’auto-conception des gens, en raison de processus psychologiques tels que l’auto-attribution et l’auto-observation sélective.”
Fuzeau-Bræsch prend donc ses désirs pour des réalités, ce qui n’est ni très rationnel, ni très scientifique. Le questionnaire auquel ont répondu les parents ne comporte d’ailleurs aucun item concernant leur familiarité ou non avec les significations psychologiques des Signes. Ne serait-ce qu’en raison de cette absence, les résultats de sa statistique peuvent donc être hautement suspectés de très importants biais d’auto-attribution par voie parentale. Par ailleurs, l’extraversion et l’extraversion ne sauraient être exprimées uniquement par les Signes solaires et même par les Signes autres que solaires. Elles concernent à la fois le planétaire et le zodiacal, selon des modalités et combinaisons complexes, subtiles et hiérarchisées (les planètes d’abord, les Signes ensuite) qui ne peuvent qu’échapper à une statistique aussi grossière. Le tableau ci-dessous montre bien le simplisme des attributions zodiacales selon Fuzeau-Bræsch. Inutile d’aller plus loin…
Soulignons que les mots-clefs significateurs des planètes et des Signes sont très sensiblement différents de ceux utilisés dans les questionnaires communiqués aux familles. Ils sont les suivants : “Actif ; affectif ; attaché à la mère ; communicatif ; décidé ; directif ; dominant ; doux ; émotif ; énergique ; expansif ; ferme ; imaginatif ; indépendant ; mobile ; réactif ; réceptif ; réfléchi ; réservé ; rêveur ; secret ; sensible ; sérieux ; s’impose ; sociable ; souple (de caractère) ; stable ; tranquille ; vif”. Une démarche scientifique rigoureuse aurait pourtant du obliger Fuzeau-Bræsch à utiliser les mêmes mots-clés, afin de faciliter un contrôle extérieur objectif des données brutes de cette expérience. Mais il est vrai que tout au long de celle-ci la partialité de l’expérimentateur dans le choix des critères utilisés ou non étant évidente.
Enfin, Fuzeau-Bræsch n’a pas soumis son étude au test du double aveugle, qu’elle décrit pourtant très bien elle-même dans son livre : “Double aveugle : technique méthodologique en expérimentation biologique, médicale, etc., consistant à faire ignorer à l’expérimentateur – et aux expérimentés – la nature des échantillons – des cas – utilisés successivement, ceux-ci étant composés de lots désignés par un code secret. Par exemple, l’expérimentateur est ‘aveugle’ du fait qu’il ne dispose pour seule information, lorsqu’il opère, que d’un code au hasard, ne lui permettant pas de différencier ses échantillons, réels ou de contrôle. Il ne risque pas, ainsi, d’être influencé inconsciemment par une quelconque prévision des résultats.” L’étude de Suzel Fuzeau-Bræsch est donc un parfait exemple de tout ce qu’il ne faut pas faire en matière de statistiques en général et d’astro-statistiques en particulier.
Fuzeau-Bræsch est pourtant rompue aux techniques méthodologiques scientifiques du fait de son statut de directrice d’un laboratoire du CRNS et de chercheuse en biologie animale. On peut donc se demander pourquoi elle a fait preuve d’une telle désinvolture et absence d’objectivité dans son étude astro-statistique sur les jumeaux. Il est frappant d’observer que ce genre d’attitude est hyper-fréquent chez les scientifiques professionnels ayant un préjugé favorable à l’égard de l’astrologie. Cette hyper-fréquence, dont le cas de Fuzeau-Bræsch n’est qu’un exemple parmi d’autres, demande donc à être analysée et ses causes si possible élucidées.
La première cause est d’ordre épistémologique et affecte à la fois la théorie et la pratique. D’un point de vue théorique, les savoirs scientifiques modernes et le savoir astrologique sont très différents. Le champ d’investigation des premiers est celui des phénomènes objectivement mesurables et quantifiables, alors que celui du second concerne des effets stochastiques dont la mesure et la quantification est par nature beaucoup plus difficile à mettre en œuvre en utilisant les méthodes scientifiques classiques. Par ailleurs la science moderne a fait le ménage à l’intérieur de son domaine en excluant régulièrement toutes les traces de son passé incompatibles avec l’avancée de ses connaissances et paradigmes.
Ce n’est pas le cas de l’astrologie qui n’a que trop tardé à faire son aggiornamento et reste donc encore encombrée par les strates de savoirs mêlés de croyances qu’elle doit à son existence multimillénaire. Un scientifique ayant un préjugé favorable envers l’astrologie se voit donc contraint, d’une manière ou d’une autre, de faire un tri à l’intérieur du savoir astrologique afin de pouvoir en isoler les éléments qui lui semblent les plus compatibles avec son propre savoir scientifique. Ce n’est pas chose aisée et peut favoriser toutes sortes d’errements. Quand la raison est confrontée à des apories devant un problème ou un phénomène qu’il lui faut pourtant tenter de résoudre ou d’élucider, c’est l’intuition et la démarche abductive qui prennent le relais. Et ce sont elles qui sont à l’origine d’un très grand nombre de découvertes scientifiques majeures… comme de toutes sortes d’illusions irrationnelles. Il faut faire avec.
D’un point de vue pratique, de par leur formation en sciences dites “exactes”, ces mêmes scientifiques sont probablement déroutés quand ils sont confrontés à la difficulté et à la complexité de chercher à mesurer des phénomènes de nature stochastique tels que les effets astrologiques. Cette difficulté peut les inciter à faire preuve d’une tolérance méthodologique qu’ils ne se permettraient pas dans le cadre de leurs activités professionnelles. C’est une attitude d’ouverture à l’inconnu réfléchie et précautionneuse qui peut se comprendre. Mais la finalité des techniques méthodologiques scientifiques étant de parvenir à une objectivité maximale, toute hausse du seuil de tolérance dans leur application risque alors de se traduire par les divers biais auxquels exposent la subjectivité et/ou les effets de croyance.
D’un point de vue psychologique enfin, il ne faut pas exclure chez ces scientifiques la tentation d’un relâchement de la discipline méthodologique indispensable à leur profession lorsqu’ils abordent le domaine de ce qui est considéré par la science comme du “paranormal”. La “charge de la preuve” rationnelle, mathématique et expérimentale exerce en effet une pression constante et écrasante dans toute forme d’activité scientifique. Pour la plupart des scientifiques, cette pression intellectuelle est considérée comme normale et ceux d’entre eux qui la trouvent trop aliénante s’en libèrent en s’adonnant à des hobbies ou centres d’intérêt divers sans aucun rapport direct avec la science. Ils peuvent y déployer sans aucune contrainte rationalisante leur subjectivité, leur liberté d’esprit, leur imagination, leur imaginaire ou leur sens esthétique. Ces occupations jouent ainsi un rôle de soupape de sécurité spirituelle où ils peuvent laisser libre cours à leurs fantaisies et à leur irrationalité. La plupart veillent en général à maintenir une étanchéité aussi parfaite que possible entre la détente permise par ces hobbies et les tensions qu’ils doivent à leurs activités professionnelles. Mais les plus doués et féconds n’hésitent pas à se libérer de cette étanchéité et à jeter des passerelles originales entre la science, l’art, la littérature, la poésie.
Si c’est à l’astrologie qu’ils s’intéressent en-dehors de leurs activités scientifiques et s’ils ont pour elle un préjugé favorable, les mêmes dispositions s’appliquent. Mais il existe une différence, et elle est considérable. Contrairement à l’art, la littérature ou la poésie perçus comme inoffensifs, voire complémentaires de la démarche scientifique tout en ne pouvant ontologiquement se substituer à elle, l’astrologie est considérée par la science comme une pseudo-science pernicieuse et dangereuse qui doit être dénigrée et combattue par tous les moyens possibles. Un scientifique qui émet ne serait-ce que l’ombre d’une opinion positive à son égard est automatiquement ostracisé par ses pairs scientistes. Quels que soient par ailleurs ses mérites scientifiques reconnus, il est alors généralement considéré par ceux-ci comme un croisement de mouton noir et de brebis galeuse traître à la cause rationaliste, et traité comme tel. Au mieux, il est perçu comme un être auparavant fait tout d’une pièce que les perfides sirènes du paranormal on coupé en deux : une moitié rationnelle, une moitié irrationnelle.
Tout semble se passer comme si la plupart des scientifiques qui se livrent à des expériences pro-astrologistes avaient intériorisé cette scission. Ils perçoivent dès lors l’astrologie comme un domaine où ils s’autorisent consciemment ou inconsciemment à donner libre cours à leurs penchants les plus subjectifs et irrationnels. Les résultats d’un tel positionnement dépendent de l’étanchéité entre ces deux parties d’eux-mêmes. Si cette étanchéité est absolue, ils réservent à leurs travaux scientifiques l’approche méthodologie rigoureuse fondée sur une pensée déductive et inductive visant à l’objectivité. Dès lors, ils perçoivent l’astrologie comme un art, un hobby étranger à la science qui leur permet de laisser libre cours aux fantaisies de leur imagination. Si cette étanchéité est relative, leur formation initiale les incite à essayer d’intégrer l’astrologie dans le cadre du savoir scientifique ; mais pour ce faire ils estiment qu’il peut être légitime de se libérer au moins partiellement du carcan qu’impose ce savoir, et que la pensée abductive et intuitive ainsi qu’un relâchement de la rigueur méthodologique peuvent être requis pour parvenir à cette fin.
C’est exactement ce qui s’est produit dans le cas de Suzel Fuzeau-Bræsch. Parallèlement à ses recherches en biologie animale au CNRS, elle s’est formée à l’astrologie dans sa version la plus symboliste, irrationnelle et “traditionnelle”, c’est-à-dire la plus éloignée de la science officielle. Sa partie rationnelle-scientifique l’a incitée à se situer dans le sillage des statistiques Gauquelin, sans pour autant abandonner ses croyances en astrologie classique. Une telle attitude n’a pu générer que d’insolubles paradoxes et de flagrantes contradictions sur fond de manque de rigueur méthodologique et d’objectivité, cela d’autant plus que ses connaissances astronomiques sont superficielles, lacunaires et souvent erronées. Cette démarche hasardeuse n’a pu produire que ce qu’elle a produit : des statistiques pseudo-astrologiques et pseudo-scientifiques. Ses études sur les jumeaux sont l’exemple caricatural de ce qu’il ne faut pas faire, que l’on ait un préjugé favorable ou défavorable vis-à-vis de l’astrologie.
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▶ Yves Ouatou et l’astro-statistique
Les significations planétaires
par
620 pages. Illustrations en couleur.
La décision de ne traiter dans ce livre que des significations planétaires ne repose pas sur une sous-estimation du rôle des Signes du zodiaque et des Maisons. Le traditionnel trio Planètes-Zodiaque-Maisons est en effet l’expression d’une structure qui classe ces trois plans selon leur ordre de préséance et dans ce triptyque hiérarchisé, les Planètes occupent le premier rang.
La première partie de ce livre rassemble donc, sous une forme abondamment illustrée de schémas pédagogiques et tableaux explicatifs, une édition originale revue, augmentée et actualisée des textes consacrés aux significations planétaires telles qu’elles ont été définies par l’astrologie conditionaliste et une présentation détaillée des méthodes de hiérarchisation planétaire et d’interprétation accompagnées de nombreux exemples concrets illustrés par des Thèmes de célébrités.
La deuxième partie est consacrée, d’une part à une présentation critique des fondements traditionnels des significations planétaires, d’autre part à une présentation des rapports entre signaux et symboles, astrologie et psychologie. Enfin, la troisième partie présente brièvement les racines astrométriques des significations planétaires… et propose une voie de sortie de l’astrologie pour accéder à une plus vaste dimension noologique et spirituelle qui la prolonge et la contient.
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Pluton planète naine : une erreur géante
par
117 pages. Illustrations en couleur.
Pluton ne fait plus partie des planètes majeures de notre système solaire : telle est la décision prise par une infime minorité d’astronomes lors de l’Assemblée Générale de l’Union Astronomique Internationale qui s’est tenue à Prague en août 2006. Elle est reléguée au rang de “planète naine”, au même titre que les nombreux astres découverts au-delà de son orbite.
Ce livre récapitule et analyse en détail le pourquoi et le comment de cette incroyable et irrationnelle décision contestée par de très nombreux astronomes de premier plan. Quelles sont les effets de cette “nanification” de Pluton sur son statut astrologique ? Faut-il remettre en question son influence et ses significations astro-psychologiques qui semblaient avérées depuis sa découverte en 1930 ? Les “plutoniens” ont-ils cessé d’exister depuis cette décision charlatanesque ? Ce livre pose également le problème des astres transplutoniens nouvellement découverts. Quel statut astrologique et quelles influences et significations précises leur accorder ?
Enfin, cet ouvrage propose une vision unitaire du système solaire qui démontre, chiffes et arguments rationnels à l’appui, que Pluton en est toujours un élément essentiel, ce qui est loin d’être le cas pour les autres astres au-delà de son orbite. Après avoir lu ce livre, vous saurez quoi répondre à ceux qui pensent avoir trouvé, avec l’exclusion de Pluton du cortège planétaire traditionnel, un nouvel argument contre l’astrologie !
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