Les exemples d’interprétation que nous donnons sont très loin d’être exhaustifs : ils ne font qu’indiquer et esquisser un cadre général décrivant la problématique du Signe. Ils ne sauraient donc être pris au pied de la lettre. Chaque être, en effet, apporte ses propres réponses, plus ou moins originales, aux questions que soulève un Signe. Il n’y a pas de recette. En vous aidant de la Théorie du zodiaque et en combinant logique, observation et imagination, vous pourrez développer mille autres significations possibles, mille autres variations sur le même thème.
Il est possible que votre Signe solaire ne soit pas dominant dans votre thème natal. On peut par exemple être né sous le Signe du Bélier, alors que le Signe le plus valorisé est le Taureau. Dans ce cas, il vous sera probablement difficile de vous reconnaître dans les interprétations qui vous sont proposées ici. Pour vous sentir concerné, il vous faudra vous reporter aux interprétations correspondant à votre Signe dominant. Pour déterminer quels Signes sont dominants dans votre thème natal, n’hésitez pas à visiter notre site et à réaliser votre mini-portrait astrologique gratuit grâce à notre logiciel Astrosoft.
S’il est un Signe confirmant pleinement les prémices pavloviens, c’est bien le Scorpion qui se reconnaît à la honte du doute ; il est, suivant l’expression populaire “marqué par le destin”. Quelque chose de fatal, d’impératif le désigne. Chacun des traits de son âme est un aiguillon ; son relief est de pics, d’abîmes, de singularités hurlantes. Nous sommes au centre de l’inhibition différentielle.
Voyons de près les ressorts de la différenciation. Dans le comportement social, elle permet à l’individu d’ajuster avec le maximum de précision ses besoins et ambitions aux possibilités du milieu. L’affinement des analyseurs facilite sa tâche : ici il faut frapper, là il convient de se courber ; un geste de moins, un de trop, l’édifice s’écroule. Théoriquement, cette perfection entraîne une économie d’effort, d’usure, et de temps ; bref, une efficacité optima. La littérature astrologique fait éloge de ce Scorpion dirigeant à son gré le venin au défaut de la cuirasse. Il ne suffit pas d’être fin tireur, il faut lire le point vulnérable malgré les cibles mobiles, camouflées, escamotées. D’autres feront la guerre aux chimères de 2e classe mais Orion le chasseur du Scorpion cherche l’ennemi en chef, le seul qui doit mourir. On voit l’intelligence simplificatrice du comportement : point de lutte vaine, il provoque en combat singulier le grand meneur (s’il en trouve un). Par ce duel singulier, le vainqueur conquiert d’une lutte un standing auquel les voies hiérarchiques accèdent laborieusement. Le type Scorpion comprend précocement qu’il faut s’en prendre à la tête.
De telles dispositions le situent dans le clan des candidats impatients d’affronter les maîtres, requérants acharnés harcelant les régnants pour obtenir le match de leur carrière. S’il est de règle sportive de jouer son titre, peu de champions, dans d’autres domaines, sont soucieux de prêter oreille aux défis des générations montantes. Nombre Scorpion ressentent douloureusement les désertions de l’ennemi. Les dérobades aggravent le mépris auquel ils ne sont que trop portés. L’impossible affrontement blesse leur notion de justice : les régnants ne sont qu’usurpateurs car la véritable force ne peut pas se refuser à la compétition. Le Scorpion incompris, dépossédé de ses chances de victoire, prend l’humeur du chasseur bredouille joué par un lâche gibier. On devine l’origine des revendications qui animent le Scorpion séditieux, conspirateur subversif. Ce n’est pas uniquement le “refoulement de l’agressivité” qui en fait un “opposant”, la raréfaction de francs adversaires dans un groupe super-normalisé entre en cause. Rien n’empêche toutefois certains Scorpion de forcer l’ennemi dans ses retranchements et démasquer les camouflages qu’utilisent à bonne fin les grands de la Terre.
Reprenons sur le plan psychologique la dominante agressive, elle n’est pas loin de s’identifier à l’inhibition différentielle. Le type Scorpion se singularise d’une façon paroxysmique : ses instincts prennent par leur rythme, leur mode, leur intensité, un caractère exceptionnel. Sa conscience, abusant de la discrimination, constate les défauts de similitude : elle les exaspère. Notre Scorpion vit dans un univers où chacun s’oppose à chacun, et de préférence, le plus au moins. Dans une forte proportion, les synthèses individuelles sont composées de valeurs neutralisées en une moyenne opportuniste. Vis-a-vis du nombre, la singularité est choquante, agressive comme tout ce qui n’est pas coutumier. Ce qui est différent est hostile, le nouveau venu est mal venu ; si d’aventure il s’avise de ne pas être dans la note, aucun doute : c’est un cynique. Ainsi se renforce de part et d’autre l’intolérance, la dureté des attitudes. Du divorce d’avec l’ambiance, de la volonté de différenciation naît le sentiment intolérable de soi. L’être s’isole dans cette outrance qui transforme l’ennui en désespoir, la bonté en prodigalité ou la prévoyance en ladrerie.
L’importance de la fonction différentielle se trouve également à l’origine de la réputation flatteuse de ce signe en matière de sexualité. Nous savons que le Scorpion est le régisseur de l’entente charnelle ou du moins qu’il n’y a pas d’entente possible au Scorpion sans accord physique préalable. Si les sexes se différencient par les goûts, les aspirations psychologiques, les ambitions et moyens sociaux, avant tout et fatalement, ils se distinguent par des particularités physiques difficilement réversibles. Le génitalisme du Scorpion s’inclut, tout comme l’agressivité, dans l’inhibition différentielle. Il arrive que celle-ci spécialise l’érotisme ; couleur des yeux, galbe de peau, démarche, etc., comptent alors comme des excitants dont la valorisation rivalise avec l’absolu. Un degré de plus, et nous avons le vice, la déviation, formes pathologiques d’une prédilection accusée.
Le Temps est le milieu de rétraction du Scorpion. Réagissant contre les valeurs en cours, il se livre au dénigrement des hommes du jour, repousse le programme de tous, critique l’évolution ambiante. Plus particulièrement, c’est un liquidateur comme l’illustre la Tradition en lui attribuant la mort, échéance à honorer lorsque la capacité personnelle d’intégration de temps est consommée. Nombre personnages du Scorpion prennent un rôle important aux tournants de l’Histoire : révolutions, guerres, périodes troubles qui rompent pour longtemps avec le passé. Le destin individuel est également jalonné de dates marquantes.
Avant d’atteindre le seuil fatal, le Scorpion exploite au maximum ses conditions temporelles ; la vie se présente comme une durée péremptoire, elle n’admet pas l’hésitation ; il s’agit de profiter du délai imparti, faire vite si c’est pour le plaisir, faire bien si c’est pour l’œuvre maîtresse. L’intégration du temps lui donne une permanence d’intentions et de sentiments qui le classe à la tête des opiniâtres, inflexibles têtus poursuivant la lutte dans l’ombre en attendant leur Soleil.
La fonction Pensée, au stade Scorpion, est développée, propre à donner au comportement un maximum d’efficacité. Déductive, analytique, prospective, on la trouve chez le chercheur, le détective, l’homme de science. En tant qu’introverti, le Scorpion oriente son discernement dans les sphères de la vie intérieure ou vers les contenus du monde objectal. Il est doué pour établir des liens rationnels entre phénomènes d’ordres différents. Ses investigations sont poussées, il garde le fil de sa pensée et si une force le guide ce n’est pas l’intuition (comme on tend à le croire) mais l’esprit de recherche. Il n’oriente pas sa pensée vers une vérité déjà possédée et attirant à elle un système logique ; il creuse la nuit sans préjuger de ses découvertes. Sans doute, la vérité atteinte par des moyens rationnels est décevante, prosaïque, limitée aux yeux de l’intuitif pour qui la vérité n’implique pas la preuve. Mais le Scorpion se soucie peu de ce genre de science, ce qui compte c’est la vérité extirpée à l’inconnu.
Lorsque la sympathie devient amour, l’affection se concentre et l’intensité reportée sur un seul être monopolise tous les types de liens affectifs. Par contraste, le milieu social est abjuré, zone interdite. L’induction du Scorpion obéit à ce schéma. Le pouvoir associatif de l’Automne en ne recherchant qu’un rapport adéquat, celui de la clef pour sa serrure, devient un redoutable critère : ce qui n’est pas conforme à l’image directrice est systématiquement nul. C’est le second aspect de la volonté-désir, elle est implacable, et la réalité désespère de lui répondre.
L’associationnisme étroit amène le Scorpion à contracter ses alliances sous la foi du serment. Il n’est plus ce libéral inconstant issu de la Balance ; socialement, il opte pour le groupe des initiés où le recrutement est sévère. Les groupes clandestins le séduisent ; sur le plan religieux, il choisit de préférence la secte de la “vraie révélation” et se garde d’en répandre le secret. Enfin, l’ésotérisme cachottier mis en cause définit une variante de la force associative concentrée.
Nous savons quels liens étroits, inviolables théoriquement, resserrent membre à membre les adeptes d’une confrérie. Ces liens sont ceux de la passion dans les relations individuelles. Ils naissent d’amours farouches, de tendresses abusives, d’ardeurs sentimentales empreintes de délire. Le cercle de famille réunit les premières conditions pour la fermentation de ces émois d’une sociabilité exclusive ; plusieurs drames se nouent autour d’un couple à propos des banalités de la vie quotidienne.
Par la concentration et la différenciation, ce Signe se classe avantageusement parmi les grands spécialistes. Il subit, comme le Taureau, une vocation qui le pousse à approfondir sans cesse. Symboliquement, il est la racine unique. À l’opposé du Taureau intérieurement fort de convergences souterraines, le Scorpion exprime la conquête du sous-sol au moment où les valeurs du dehors n’ont plus d’attrait.
Le Scorpion symbolise encore le stade concentré de la Peur dirigée. L’homme du Scorpion se réjouit de la crainte qu’il suscite. Que son ombre soit respectée, sa trace redoutée ! Par ses excès il éloigne de lui le commun des mortels, et cela l’incite à surenchérir l’aspect méphistophélique de son caractère.
N’excluons pas la mise en scène, elle joue un rôle considérable, car dans le monde des forces, l’arachnide venimeux n’est pas plus efficace qu’un bon rhinocéros. Il y a donc tout un choc psychologique créé par le masque que la Tradition à pressenti en choisissant un symbole de la peur. Le type Scorpion utilise la menace avec à-propos, par une mimique, une façon d’être dont chacun comprend tacitement la signification. Son masque est aussi composé d’une situation sociale, d’un patrimoine sous-entendu de relations occultes. D’aucuns échappent au sortilège de la Peur, celui de la Promesse leur sera fatal. Le pouvoir supposé d’être efficace (par hyper-différenciation) là où le génie humain échoue généralement, habite le Scorpion. Le guérisseur, le psychologue, l’astrologue sont porteurs de “mana”. Les incurables se tournent vers eux car ils sont sensés détenir un peu de la pierre philosophale. Mais en dehors des spécialistes de l’irrationnel, il est des allures qui suggèrent la possession d’une technique sûre dans quelque domaine où le pouvoir de l’homme s’achoppe régulièrement. Évidemment, les personnes sensibles aux porteurs de mana, ne sont pas d’un sens critique très expert. Leur travers les pousse à projeter des espoirs chimériques sur un homme singulier. Leur crédulité, la faible opposition qu’ils font au “vampire”, au “prophète”, au “maître”, favorisent l’épanouissement du cynisme dans l’âme scorpionnesque.
Si la ‘V−’ concerne socialement le masque, en tant que “possession de la crainte”, elle est des plus appréciables pour les activités dangereuses. Nous aurons alors le Scorpion agent secret, cherchant la permanence d’une fatalité qui met en valeur son habileté à la déjouer. Pour ceux qui vivent continuellement sur le pied de la guerre des nerfs, rien ne compte autant que l’ingéniosité et la promptitude des réflexes de défense.
Il n’est pas besoin d’insister sur l’activité discriminatrice du Signe. La ‘V−’ jointe à la ‘F−’ convient à une vocation d’investigateur, de chirurgien, d’analyste, d’accusateur. C’est une formule qui semble réunir en son abstrait toutes les qualités reptiliennes de souplesse mobile et musclée.
Pluton-Janus résume clairement la situation : deux profils, l’un blanc, l’autre noir, sont associés symétriquement. L’homme du Scorpion est “double”, en lui, diront les symbolistes, il y a le Saint et le Maudit, le Ciel et l’Enfer. Nous avons vu la composition du Printemps (osmose), celle de l’Été (agrégation), la composition de l’Automne apporte au Scorpion un troisième style : la coordination des contrastes que la Balance n’a pu réaliser, car il s’agit d’unir en une seule conduite deux choses opposées, et non d’osciller d’un pôle à l’autre. L’inhibition différentielle ne tolérerait d’ailleurs pas un autre schéma d’association, elle choisit un ennemi réellement antithétique, un véritable contrepoids, en essayant d’orienter le dynamisme du conflit vers l’adaptation. Cela nécessite parfois un dialogue direct avec le rival, il faut se hasarder suffisamment dans ses rangs pour le convertir.
Nous voilà dans l’univers du double-jeu, avec une composition parfois si étroite que notre Scorpion s’y reconnaît de justesse : il lui est facile de changer de camp, et en pesant tantôt d’un côté, tantôt d’un autre, son action donne du relief aux combats de l’existence. Dans la vie sociale, notre Scorpion est un homme-charnière. à califourchon sur deux univers, il sait généralement orienter les conflits à son profit, tirer avantage (matériel ou moral) d’une conflagration, d’une opposition, et marier les antagonismes au mieux de ses intérêts. La vie amoureuse offre de son côté un terrain idéal pour le jeu des contraires : le savant mélange de douceur et de violence, la dose efficace de mépris et d’adoration créent des attachements forcenés. Ajoutons que métaphysiquement, le Scorpion s’intéresse aux interférences de Dieu et du Diable, aux incidences de la Vie sur la Mort et vice-versa.
Essayons de pénétrer plus intimement le secret de deux forces opposées devenues complices. La différenciation souligne les incompatibilités : les deux forces seront deux extrêmes, deux valeurs types ; la composition tente de les rapprocher, elle commence le Sagittaire où règne une interdépendance organisée, mais cette tentative ne réussit pas parfaitement car le sens des contraires maintient l’exclusive. Si celle-ci domine, nous aurons les types Scorpion rageusement engagés dans une voie, passionnés et autres, mais sujets à un retournement qui découvre tout de go l’envers de leur Moi : mystique s’il pratiquait la raison froide, pornographe s’il était prude. Fréquemment, l’homme cherche la composition, il se sent alors dans la situation d’un amoureux qui, passionnément épris, découvre des impulsions négatives à la base de son amour. Pour aller en un seul sens, purifier cet amour auquel il veut donner un caractère d’intégrité, il s’emploiera à convertir son fond rebelle. Ainsi voit-on des êtres purs obsédés par une tache ; ainsi se pose, semble-t-il, le schéma de la sublimation. Au stade Scorpion, le travail de conversion bat son plein, réussites et échecs y voisinent.
Le troisième des Signes “fixes” est connu pour sa susceptibilité chronique, détectant les intensités subtiles qui traversent l’ambiance. C’est le Scorpion des “ondes mystérieuses” : radiesthésiste, magnétiseur, spirite, etc. Mais ce principe d’éveil à des stimulations auquel le normal est allergique, s’applique mieux au non-figuratif, car ce sont surtout les analyseurs de la pensée qui sont en activité : tout est prétexte à déductions, à critiques, à interprétations. La curiosité intellectuelle est vive, ouverte de préférence à l’insolite, au bizarre, aux choses cachées. Elle force les secrets jalousement gardés. D’indices en indices, sur la foi d’un geste, d’un regard, d’un déclic, elle conduit la conscience à travers l’inaperçu. Certes, la jalousie, l’orgueil, l’avidité, restent des observateurs vigiles ; mais, fait marquant pour le Scorpion, ces éléments stimulent l’activité mentale comme s’ils en étaient le prétexte. La jalousie, par exemple, est un état d’esprit avant d’être une alarme devant la dépossession. Les signes méridionaux (de la Balance aux Poissons) transposent le concret dans l’abstrait : sublimation, prise de conscience ou intellectualisation concernent le même mouvement d’idéalisation. On ne s’étonnera pas de trouver une sensibilité plus grande au verbe.
C’est avec l’abstrait que le Scorpion fonde souvent son emprise sur autrui. Le “savoir” incite au respect, à la soumission. Le connaisseur se trouve investi d’une responsabilité collective, d’un droit de direction (comprendre sous-entend une possession intime). Nombre Scorpion gouvernent par la force du verbe. Ils ont toujours l’air d’en savoir long, ils sont de ceux qui lient ou délient les langues. La suggestion fait partie des moyens de combat du Scorpion et les ressorts de la Propagande, arme moderne en matière d’emprise, n’ont pas de secret pour les mieux doués du signe.
Pour situer la f+ du Scorpion, il est nécessaire de comprendre l’efficacité de la phase débloquante (stade Lion), car cette efficacité fait défaut au type faible du Scorpion. Le déblocage libère, c’est la réaction salvatrice, le sursaut qui dépasse une situation croupissante. Pourrissement, stagnation, impossible délivrance, tels semblent les conséquences du manque de déblocage. L’univers maléfique du Scorpion : l’enfer, est sans issue, sans lueur d’espérance. Il symbolise l’éternité d’un mal inexpiable. Le damné, le maudit, le prisonnier d’un labyrinthe sans Ariane ne connaîtront pas la Grâce. Si c’est un état d’âme, iI accable celui qui n’a pas vaincu son mal. Par un mécanisme que les psychologues appellent justice intérieure, celui qui a refusé de se transformer lorsque le pouvoir lui en était donné, se trouvera dans la prison d’une chance manquée, dans la peine d’être toujours et encore le même. L’habitude, la tradition qui fait les chemins sûrs, vieillissent l’esprit et la routine tue la vie ; restent : la répétition mathématique, la loi implacable du statique qui ne pardonne rien, car le pardon est espérance en un devenir.
Parmi les Scorpion tourne-en-rond, il faut compter : l’intoxiqué du Moi, la victime héréditaire, les héros d’un huis-clos. Le refoulé inutilisable, l’inconvertible, le Karma, sont apparentés au manque de déblocage. De grands écrivains du Scorpion ont spéculé sur les cercles fermés et les atmosphères corrompues. Maîtres du suspense, leurs héros marqués par la ‘f+’ ont l’épaisseur des situations sans issue.
La fonction Sentiment complique le tableau. Elle crée un doux attachement entre le mal et sa victime. L’être s’identifie aux illustrations de sa déchéance. Impuissant, il n’est pas moins épris de sa douleur inutile. Le satanisme exprime un mouvement d’amour vers le vaincu de la lumière. L’amour est capable d’accorder à l’infâme une chance de salut, et le Scorpion sollicite cette chance en donnant de lui-même l’image de tout ce qu’il n’a pas liquidé. Voudrait-il être aimé tel quel, damné et pervers, ou lance-t-il dans le dialogue les éléments inassimilables qui justifient sa régression ? Combien de variantes sur le thème de l’amour en rupture de ban avec le normal : amours insanes, conjonctions de déchéance, prostitution, érotisation de l’exécrable. D’un autre côté, l’étreinte aux lépreux, la mort rédemptrice, situent l’amour sur le plan d’une inadaptation supérieure.
On sait combien ce Signe est enclin à manifester d’attention pour les puissances magiques. Sa conscience est braquée sur la conquête d’une autorité insensée qui lui donnerait droit de création. L’ambition est audacieuse mais, coupé du réel, ce génie brillera par ses fictions ; c’est un Faustien, un alchimiste remueur d’alambics et de cabales. L’inertie entraîne des séquences d’euphorie ou d’hébétude suivant les modulations de l’image obsédante. La persistance du motif se confond en impression de profondeur géniale, d’intemporalité. La conduite est faussée par le délire d’influence. Si l’influence est envoûtante, l’attitude protestataire passe en vedette. Si l’influence est euphorique, l’être se pare de toutes les plumes du mérite.
II commande à distance le succès des entreprises humaines et se réjouit d’être le secret instrument des dieux. Hélas, il n’est nul besoin d’être délirant, la société ne manque pas de mouches du coche dont les services se bornent à se repaître des exploits d’autrui. Le parasitisme dévorant, la sangsue, la louve, la pieuvre, l’appétit insatiable de créatures ténébreuses, semblent d’ailleurs relever de la formule ‘f+ l+’. Peut-être rejoignons-nous le symbolisme des valeurs économiques du Scorpion : la ploutocratie ou l’anonymat fort du travail des autres, riche de leurs peines, et de leurs misères, tous charognards de l’infortune. Ce qui doit être retenu c’est la possibilité pour cette formule de tirer une satisfaction de puissance des éléments rejetés développés notamment par le manque de déblocage (c’est encore la politique de Belzébuth fondant son hégémonie sur ce qu’il y a de réfractaire à l’Homme-Dieu).
Lorsque la ‘f+’ se heurte à ‘l+’, la contradiction oppose le désir de puissance au sentiment d’inanité. Il est des contradictions dans l’imaginaire comme dans la réalité. Ici, le nihilisme rencontre l’espoir fou.
Textes extraits de La Condition solaire, éd. Traditionnelles, 1964.
Le petit livre du Scorpion
par
49 pages. Illustrations en couleur.
Ce livre présente et explique les trois zodiaques : celui du décor des constellations, celui de l’astrologie traditionnelle basé sur les Quatre Éléments symboliques (Feu, Terre, Air & Eau) et celui de l’astrologie naturelle basé sur les phénomènes astronomiques objectifs.
Interprétation du Scorpion selon la symbolique classique et selon ses réflexes dans le zodiaque naturel (force, vitesse, équilibre) ; interprétation du Scorpion en fonction des planètes dominantes ; le Signe solaire & le Signe Ascendant.
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