En 1950, le milieu astrologique parisien était en pleine effervescence “créatrice”… Il s’agissait, notamment, d’adapter la psychanalyse freudienne à l’astrologie par le biais des symboles. Les complexes avaient leurs planètes. Le principal de la terminologie freudienne : Œdipe, castration, oralité, analité, fixation, homosexualité manifeste ou latente, frustration, identification, sublimation, tout était en place.La palette astrale étant plus large, il fallut créer des complexes. Tel celui de l’urètre chez l’uranien ambitieux, ou celui du “vagin denté” chez la femme castratrice. Les seins, qui sont pourtant matière à divers complexes selon leurs formes et dimensions, n’avaient droit à aucun intérêt. Sans doutes ces parties sont-elles déjà trop élevées… Enfin, ils sont quand même en filigrane dans le complexe de sevrage. Avec mon esprit de système, si j’avais eu droit à la parole, j’aurais probablement proposé un complexe d’anus denté, un autre de vagin relâché, pour faire équilibre. Mais, dans ce milieu de “libres critiques”, les hiérarchies étaient claires. Il fallait être rapide et opportun pour placer un mot. Un certain samedi après-midi, grâce à une intervention sympathique, j’ai pu dire que Vénus devait gouverner la lassitude…
Dès le premier samedi d’accueil, mon thème fut l’objet d’une astro-psychanalyse au débotté. Il en ressortait qu’ayant “Saturne maître de VIII en VII”, j’étais sujet aux inhibitions sexuelles. En forçant légèrement l’Ascendant vers le Cancer, il apparut un complexe œdipien d’attachement à la mère… Je devais être aussi très oral, un peu anal. C’est ainsi que l’on fait parler l’astrologie quand on ne “s’appartient plus”.
Je ne crois pas que ces fadaises méritent la peine d’un débat. En gros, la théorie “astro-freudienne” (le mot est plus juste que celui d’astro-psychanalyse) repose sur l’analogisme précipité : sevrage à cause de la faux de Saturne, castration du fait de l’agressivité de Mars, etc. Placage de la vision freudienne-personnelle du monde sur une vision superficielle du symbolisme astrologique. Le freudisme a une théorie… on peut en discuter (à perte de vie). Où est la théorie de l’astro-freudisme ? Dans un analogisme qui se refuse à donner des bases concrètes aux symboles planétaires… c’est à dire un analogisme intellectuel, châtré, dévitalisé, exactement le contraire des sources du symbolisme (même freudien). On ne peut débattre d’une théorie inexistante… et je ne ferai pas état, ici, de ce que peuvent penser les freudiens de l’astro-freudisme de Barbault.
Reste la pratique. Irremplaçable pour connaître son camp, savoir ce que l’on attend soi-même de l’astrologie. C’est pourquoi je conseille toujours d’appliquer les affirmations de diverses écoles, mais à fond, pas seulement sur les cas publiés par Barbault, sur les membres et amis de la famille, sur des consultants passifs, mais systématiquement.
Si vous réussissez à vous expliquer “l’oralité satisfaite” de Juliette Drouet (conj. Lune-Jupiter/Capricorne en effet maximal Gauquelin), celle de Salvador Dali (Lune-Jupiter dominant en Bélier), de Van Gogh (conj. Lune-Jupiter/Sagittaire), de Brel (Vénus-Jupiter/Taureau), du physicien Max Planck (amas Taureau avec Vénus-Jupiter), d’Adolf Hitler (amas Taureau, Vénus-Jupiter/Capricorne)… le conditionalisme ne peut rien vous apprendre. Et l’oralité “insatisfaite” de Paul Robert (Saturne-Lune, Ascendant en Taureau) ou Hans Geiger (Saturne-Lune en Taureau opposition Vénus) vous éclairera certainement sur les mobiles du créateur du dictionnaire ou l’inventeur d’un instrument de mesure de la radioactivité. Il y a des cas amusants. Pierre Dudan est né sous l’opposition Lune-Saturne angulaire. Chanteur d’une époque, il est l’auteur d’un joyeux refrain oral : “On prend son café au lait au lit… avec des croissants.” Une joyeuse avidité qui fit son triomphe.
Je devrais énumérer les cas d’attachement à la mère parfaitement inutiles à la compréhension du thème et de la personnalité. À quoi bon ? En raison de l’ambiguïté des symboles, les significations sont réversibles… On fuit d’autant plus sa mère que l’on y est attaché, c’est bien connu. Giono, avec la Lune en Taureau opposée Saturne en Scorpion, ne boit que de l’eau (et du café au lait ?)… mais avec la même configuration il aurait pu ne pas désoûler, nous aurions la même et unique configuration auto-satisfaisante. N’est-il pas plus loyal d’avouer que l’horoscope n’est pas le Sujet et que chacun répond à Saturne-Lune, au problème d’adaptation qu’il pose, à sa façon, selon les moyens du bagage “terrestre” (hérédité, éducation, contexte social) ?
Chacun est libre de pratiquer l’astrologie comme un art et une mancie, de suivre les lois de sa sensibilité, les mailles de son tissu. C’est une question de liberté et non de connaissance. Chacun est encore libre de dire que la Terre est parfois ronde, parfois cubique : ronde le jour, carrée la nuit, par exemple. C’est une affaire de poésie intime. Tout change s’il prétend que sa poésie est une connaissance “extra-personnelle”. En ce cas, les sensibilités moins poétiques sont en droit d’exiger des preuves.
Les penseurs avancés de l’astrologie, diviseurs impénitents de l’homme contre le monde, estiment qu’il n’y a pas “une” astrologie, mais des astrologues… qui se comptent au nombre des cœurs d’astrologues. Cette fraternité dans le pluralisme, ce regard profondément psychologique disparaît dès lors qu’il s’agit d’accepter dans la communauté des astrologues qui ont tempérament à croire à une astrologie extra-personnelle avec des planètes matérielles, des symboles concrets, des réalités mesurables. Alors les extravertis, les objectifs ne font pas partie de l’humanité ? L’exclusion montre l’artifice d’une insoutenable position subjectiviste.
Mis en “situation”, nos penseurs se comportent en vulgaires politiciens en quête de pouvoir et non de connaissance. Le cœur aimant de Barbault est le plus gros de tous, celui qui court devant les autres pour être le premier devant la postérité. Il peut flatter et encourager les astrologies dont il n’a rien à craindre parce que réellement poétiques et subjectives, mais le tissu poétique et subjectif devient féroce s’il y a l’ombre d’une concurrence objective.
Le jour où Barbault m’a rendu le manuscrit de “La Condition Solaire”, il était blanc… ce qui n’est pas la couleur de l’admiration. “C’est une vue de l’esprit…”, m’a-t-il dit.
Il y aurait donc une astrologie qui ne vient pas du cœur ?… mais de son ennemi : l’esprit !
Mes diatribes s’adressent le plus souvent à l’astro-freudisme, aux fantaisies du psychanalysme sauvage, qu’à la psychanalyse en soi. Si l’on veut bien entendre par là une méthode et une recherche qui ne remontent pas à Freud en personne et qui sont loin d’être achevées.
J’ai lu “Introduction à la Psychanalyse” et “La Science des Rêves” autour de ma 16e année. Un ami bien intentionné m’a offert “La Psychopathologie de la vie quotidienne”… Pas besoin d’être pavlovien inconditionaliste pour comprendre que depuis, j’ai du mal à prendre Freud au sérieux. En bon “cancérien”, j’ai pratiquement grandi dans la rue à partir de 7 ans. Dans le temps de l’adolescence, avec les copains, il y avait deux livres qui défoulaient notre hilarité et nos inhibitions sexuelles : “La Science des Rêves” et le “Kama-Sutra”.
À mon avis… Le goût actuel des femmes et du féminisme pour le freudisme est en rapport avec une éducation plus rigide pour les filles que pour les garçons sur le chapitre de la liberté de langage. Avec le freudisme, il est permis de parler de “ces choses” en termes polis et choisis. Il est possible aussi de prendre sa revanche sur les silences de la famille. Entre garçons, on n’avait pas besoin d’images ou de symboles. Je me demande parfois ce que serait le freudisme si Freud avait eu pour clientèle une population ouvrière qui ne symbolise pas le sexe et ne connait guère la censure faute de fantasmes.
Par discipline, il m’arrive de relire Freud en me retenant de rire, mais j’avoue qu’aujourd’hui je craque. À tous les amis qui sont freudiens, j’assure que je ne me moque pas. Lorsque le CEFA (6) dispensait des cours collectifs, sur ma recommandation la psychanalyse freudienne était enseignée par André Baby. C’est vous dire que je ne mélange pas les goûts et les idées. Certes, je n’assistais pas à ces cours.
À cause de ce que l’on refoule vraiment en milieu “populaire”, Jung m’a davantage impressionné. Lorsqu’on grandit dans la rue où les équilibres s’établissent à partir de critères objectifs, les critères “inconnus” ne relèvent pas du sexe, de la force, de la censure, du permis, mais du mystère, du sens des choses, de la signification métaphysique des pauvres et des riches. J’imagine qu’il y a là une explication possible (et jungienne) de l’impact des religions sur les démunis. Leur rêve n’est pas le septième ciel du plaisir ou de la supériorité, mais le paradis “d’être SOI”. Pour saisir cet attrait il faut être aliéné, empêtré dans des contingences qui ne sont pas celles du sexe, le septième ciel étant (heureusement ?) plus accessible que la liberté de création et d’expression.
L’Œdipe du pauvre n’est pas l’Œdipe du riche. Haïr un père pauvre pour aimer une mère pauvre n’est pas dans la logique du pauvre. Il n’aime pas la pauvreté (d’où la course aux réfrigérateurs, gadgets, voiture, maisons, propriétés… substituts de la mère ?). On risque davantage de souhaiter la mort d’un père à héritage… ou gênant pour sa propre représentativité sociale. Œdipe fut Roi. Pas de royaume chez les pauvres.
Lorsque Barbault (7) analyse “un sadique de complexe sado-anal”, outre le fait qu’il invoque une configuration (Pluton carré Mars-Soleil conjoints en Vierge) que l’on retrouve, par exemple, chez Sacha Guitry (avec Soleil-Mars conjoints en Poissons mais toujours carré Pluton), il glisse sur le fait qu’il s’agit du “fils d’un Procureur de la République”. Une comparaison avec le thème du père s’imposait pourtant, outre une analyse en compréhension de la situation. Avec l’héritage “fils de Procureur”… il faut être sérieusement soutenu par le ciel pour vivre son Œdipe avec des circonstances atténuantes.
De temps à autres, je relis Jung. Je tiens plus longtemps et je n’en ris pas. Il pensait à tout… presque. Je fatigue à cause de son excès de “Sujet”. J’ai compris, en le lisant, que si le rationalisme pèche par une science sans âme, une âme sans science ne vaut guère mieux. La contradiction jungienne vient de ce qu’il prône une vision globale du Soi… en privilégiant le Sujet. Le S.O.R.I. qui, lui, privilégie l’Intégration (ni Sujet, ni Objet, ni Relation, mais un ensemble qui n’est aucun des trois), répond à ce problème.
Tous les choix de référentiels exclusifs (Sujet ou Objet ou Relation) sont diviseurs de l’homme… surtout le référentiel “Sujet en Représentation” qui est de mode. Car le Sujet est “Intégration du monde”. Il porte ce monde en lui, sous forme d’antagonismes que les sciences et mystiques encouragent par un excès de Sujet, d’Objet ou de Relation. L’Intégration n’est pas considérée comme “science”, humaine ou physique, parce qu’elle menace de réconcilier l’homme avec lui-même et de changer le monde en Sujet… au lieu de faire du Sujet un monde séparé… c’est-à-dire étudier l’instinct “sado-anal” en soi, avec les planètes, sans parler du reste : le père, la société, le réel des planètes.
Comme Freud, Jung a ses adeptes parmi les astrologues. Si l’astro-freudisme est excessivement réducteur, l’astro-jungisme plane dans une métaphysique injuste envers les planètes qu’elle prend pour tremplin. Jung ne fut pas seulement médium, occultiste, ésotériste… Il fut également homme de science et de bon sens, considérant la “raison” comme un aspect nouveau de l’aventure humaine.
L’astrologie relève du référentiel Intégration parce que l’Homme et le Système Solaire forment un ensemble en équilibre… un ensemble d’équilibres et de structures rythmiques. Nous n’avons pas à adapter les psychanalysmes venus et à venir. Nous avons à respecter l’Homme et le Ciel. La théorie de âges n’a pas d’autres maîtres que les “cycles planétaires” et les étapes de la maturation envisagées sous les angles réflexologiques, biologiques, psychologiques, sociologiques… le meilleur angle étant, ceci-dit, le R.E.T. et le S.O.R.I. qui ne viennent pas des œuvres choisies de Pavlov mais de ma propre réflexion sur les significations astrologiques.
Le langage réflexologique n’est pas réservé aux “pavloviens”. Il appartient à la neurophysiologie. La terminologie freudienne est loin d’avoir conquis et ravi tous les psychanalystes.
Je ne serai jamais assez passionné de psychanalyse pour en faire un manuel. Voici, quand même, quelques idées et conseils aux astrologues soucieux d’appliquer Freud à l’interprétation d’un thème :
▶ Œdipe : Si vous relevez une sensibilisation aux conflits de famille, ne vous fiez sur-tout pas aux aspects à la Lune et au Soleil pour savoir si la haine ou la préférence concerne l’un ou l’autre sexe eu couple parental. Prises à la lettre, les correspondances : Lune = Mère, Père = Soleil sont fausses, archi-fausses. Il y a des Mères solaires (et même une mère-Soleil) et des Pères Lune. Ils se portent très bien, merci pour eux. Le plus simple est de comparer les thèmes. C’est l’ensemble familial : parents, frères, sœurs, qui est à considérer. La comparaison avec le thème de la mère devrait se faire systématiquement parce qu’en dehors des fables sexuelles poétiques ou grotesques, le couple mère-enfant a des racines biologiques que bien d’autres couples lui envient ! En revanche, outre le ciel du père, celui de l’éducateur, du “modèle” qui a marqué l’enfance (fût-il défunt et non contemporain) peut aider à détecter les orientations d’un développement.
Le ciel ne se soucie pas de nos morales. En ligne générale : efforcez-vous de comprendre une relation humaine dans un contexte socio-culturel donné et extra-horoscopique. Baudelaire fait le bonheur de nos fatalistes freudiens, parce qu’il est né sous une conjonction Soleil-Saturne en Bélier au carré de la Lune en Cancer. Or, il illustre au mieux l’Œdipe classique : mort du père, attachement (conflictuel) à la mère, haine du beau-père, fixation aux femmes exotiques et faciles, etc. Et, en apothéose, il meurt dans les bras de sa mère, celle dont il a chanté l’utérus. Un cas superbe pour se faire piéger dans l’horoscope absolu. La comparaison avec le thème de la mère révèle : un Soleil maternel en Capricorne au carré du Mars filial, un Mars maternel en Balance en opposition au Soleil filial. La sensibilisation “marsienne” de Baudelaire, outre la désunion du Bélier et du carré Soleil-Lune, disposaient, en somme, d’une “interlocutrice” malheureusement trop capable d’enfoncer son fils dans sa haine amoureuse. Duo-duel de Mars… Est-il vraiment besoin d’évoquer Œdipe pour comprendre une relation amoureuse de ce genre ? Les interdits et règles de société qui font l’Œdipe tel que nous le connaissons, sont-ils inscrits dans un ciel de naissance ?
“Il faut relever encore que, contrairement à ce que pensait Freud, le complexe d’Œdipe n’est pas universel. Les travaux toujours plus nombreux des anthropologues et des ethnologues au cours de ces trois dernières décades ont en effet montré que sans être exclusivement lié à notre culture occidentale, il faisait défaut chez un certain nombre de peuplades primitives, ou du moins ne se déroulait pas selon le schéma classique. Citons à ce propos un cas qui nous parait exemplaire. Ce cas est celui des Mundugunors, une tribu de cannibales et de chasseurs de têtes de la Nouvelle Guinée. Toute l’organisation sociale de la tribu, où hommes et femmes sont aussi virils et agressifs les uns que les autres, où les enfants sont haïs par les uns comme par les autres, repose sur l’hostilité et la rivalité, plus particulièrement sur l’hostilité et la rivalité entre père et fils. Complexe d’Œdipe ? Nullement, car le principal enjeu n’est pas la mère, mais la SŒUR. Et pour-quoi la sœur ? Parce que pour se marier, un homme doit donner une de ses sœurs en échange de la femme qu’il désire ; s’il n’a pas de sœur, il ne lui reste que la solution de l’enlèvement, ce qui signifie un combat sans merci avec le père ou les frères de la future épouse, puisque c’est leur ôter la possibilité d’un échange pour leur propre compte” (8).
Très bien, me direz-vous, mais ce sont des primitifs ! Ne nous en plaignons pas, ils sont authentiques, et il revient à Freud d’avoir montré que l’enfant est aussi un “primitif”. Ce qui veut dire, en fait, que ce n’est pas lui qui vit l’Œdipe mais les adultes qui projettent leurs fantasmes mythologiques sur sa sexualité primitive et claire. Ce que l’enfant connaît vraiment, c’est la relation marsienne du duo-duel, amour-haine. Lorsqu’il avance en âge, les adultes lui inculquent progressivement leur interprétation socio-mythologique de cette relation. Il se pourrait, alors, que ce primitif qu’est l’enfant se trouve profondément blessé, perverti par une projection sans rapport avec une tendance sexuelle encore pure de toute signification sociale.
Et puis, comme les Mundugunors, il préfère peut-être sa sœur.
La tâche des conditionalistes est de définir chaque planète dans un référentiel universel, nécessairement abstrait (niveaux d’énergie du R.E.T. par exemple). Il faut ensuite comparer et confronter cette signification universelle à ce qu’en font les cultures et différentes sociétés aux âges correspondant aux cycles planétaires. Universellement, Mars est “existence d’Existence”, ou l’ensemble des forces contribuant au maintien de l’équilibre vital (forces d’agression et de conquête nécessaires au bon fonctionnement de son vécu), mais il est des sociétés et des morales qui, à l’âge premier de Mars (1 à 2 ans) découragent ces tendances ou n’en font cas, alors que d’autres invitent avant l’âge à cultiver cette fonction. Notre culture est plutôt portée sur l’enfant discoureur, ou celui de 1 an…
Longtemps et même davantage, l’adolescence est passée inaperçue. L’inimitable Barbault lui consacre Mercure. L’Œdipe, lui, est gouverné par Soleil-Lune. Le premier carré Soleil-Lune se produisant dans les huit jours après la conjonction, on n’échappe pas à une dissonance Soleil-Lune dans ce laps de temps après la naissance. En somme, sitôt hors du nid placentaire, l’enfant pleure, est rouge de colère parce qu’il déteste son père, aspire à sa mère à la manière de Napoléon dans son berceau (9). Mais, pour respecter la vigueur de Barbault, je dois reconnaître qu’il accorde au Soleil les alentours de l’âge fort : vers 30 ans. Pour l’Œdipe, il vaut mieux être en forme.
Selon la théorie des âges conditionaliste, la crise œdipienne (3 à 6 ans) s’insère dans la dynamique jupitérienne. Le Jupiter début de cycle doit, en effet, “socialiser” les fonctions marsiennes dont il a pris le relais. Après les astres rapides (Lune à Mars et astéroïdes), Jupiter est la première planète lente, premier maillon de l’autre versant du système solaire (10), celui où commence l’effet des idéologies.
Bref, la théorie des âges nous montre que l’Œdipe est un phénomène de société, une interprétation d’adultes de la sexualité de l’enfant. En pleine dynamique d’insertion au groupe celui-ci, conformément aux règles de dressage et d’assimilation, donne à sa sexualité les significations suggérées par ses éducateurs. Un astrologue non-assujetti à la vision freudienne est en droit de penser aux caractères et tempéraments plus résistants que d’autres aux projections des adultes. Il est des adultes, faibles ou sains de la libido, qui ne font pas (trop) de projections. Il est des sociétés ou des milieux sociaux qui ont d’autres soucis et d’autres complexes que l’Œdipe.
▶ Homosexualité : Lorsqu’elle n’est pas manifeste, elle est latente. Lorsqu’elle est manifeste, l’hétérosexualité devient latente, ainsi de suite. L’homosexualité la-tente concernerait, au moins, deux personnes sur trois. Nous sommes tous un tantinet latent… Il suffit d’observer les mammifères. Si la proportion de 2/3 ou même de 1/2 est bonne, le nombre des configurations célestes ne suffit pas à remplir la demande. En d’autres termes, sur le nombre total des aspects planétaires possibles, ceux concernant théoriquement l’homosexualité latente sont insuffisants. C’est grave !
Du côté des manifestes, outre l’excès de masculin et l’excès de féminin, il y a le snobisme. Est-ce un excès ? On peut se demander si le nombre de vrais homosexuels (à définir autrement que par les critères des refoulés ou obsédés) est aussi grand qu’on le dit ou qu’on le croit. Et parmi les vrais il n’y a pas que les manifestes.
Ne cherchez pas — comme cela se pratique chez les astro-freudiens — à étonner votre consultant en démasquant sa véritable identité sexuelle. D’après son ciel, jugez plutôt du sens, de l’authenticité et de l’évolution possible de son identité si elle lui pose des problèmes d’adaptation. Jugez aussi de sa résistance à un contexte social éventuellement hostile. La “déchéance” d’Oscar Wilde n’est pas seulement liée aux planètes de “l’événement funèbre”. On n’a pas manqué de l’encourager à vivre négativement son opposition Saturne-Mars. Même opposition Saturne-Mars angulaire chez le philosophe Foucault qui, lui, est engagé dans les revendications homosexuelles et les luttes contre l’univers carcéral. Les chances de vivre bien ou mal son sado-masochisme ne sont pas les mêmes selon l’époque et le milieu.
Une autre aberration consiste à définir la polarité psychique d’un être à partir du “sexe” (eh oui, elles aussi) des planètes. Il est des “vénusiens” qui vivent très bien dans la grâce, les sentiments, les goûts et la logique attribués au modèle féminin. Les “marsiennes” s’écartent plus facilement du modèle (aujourd’hui mal en point) par leur réalisme et leur combativité. Elles ne sont pas nécessairement disgracieuses, garçonnes et en quête de pénis bien à soi. Elles vivent en “marsiennes” une sexualité féminine, parce que Mars n’est pas un sexe, mais une planète qui incite à une façon d’être quel que soit le sexe.
Dans la mesure où les problèmes de société sur le masculin et le féminin interdisent certaines façons d’être, les marsiennes peuvent éventuellement riposter par la vengeance contre le mâle et se spécialiser dans la revendication ou les coups bas. La marsienne qui parvient à se réaliser socialement peut être, selon le portrait classique attribué à Mars-masculin : franche, loyale, de tempérament, directe… et féminine. Désolé d’avoir à vous infliger ces évidences. Mais l’intoxication astro-freudienne a atteint un tel degré que d’aucuns pourraient bien doute, face à leur sexe astral, de la réalité de leurs organes.
Faut-il vous préciser que Mars, rétrograde, dissonant et en Maison XI dans le thème de Freud, figure ainsi dans le groupe des “aveugles” ou contre-dominantes ? Conjonction Soleil-Pluton, conjonction Mercure-Uranus angulaires… avec Mars, Saturne, Jupiter dans les zones négatives de Gauquelin (XI, V, VIII). Les quatre dominantes : Mercure, Soleil, Uranus, Pluton (construisez le schéma R.E.T. des planètes) forment une belle symétrie, qui se passe entièrement de tout les groupes ‘E’ et ‘e’.
▶ Castration : Dans leur lutte pour la domination sexuelle, les animaux vont droit au but. La castration se pratique largement chez les hommes, pour l’art, pour l’exclusivité sexuelle, pour punir et prévenir. Les castrations physiques pour raisons sociales l’emportent de loin sur les castrations physiques de la vie passionnelle, mutilations pratiquées sous les effets réels des pulsions sexuelles et non sous celui de la volonté de puissance ou de l’esprit de système. Dans l’astro-freudisme, le terme de castration ne fait pas ces distinctions. Il s’amalgame au symbolisme de l’agressivité, dirigée contre soi ou contre autrui. Pour être éloquente, l’image symbole de la castration fait oublier que les sévices, interdictions, répressions du “Père-Pouvoir” ne sont pas des symboles mais des atteintes violentes (guerres, internements, incarcérations) à des valeurs d’existence au moins aussi importantes que le sexe.
Un symbole doit révéler l’inconnu et non masquer le connu. Aux yeux d’astro-freudiens enragés les amputations dues aux accidents du travail, à la guerre ou à la route, sont des castrations symboliques, souvent liées à Mars dissonant (évidemment) dans le thème. Je ne sais pas s’il faut parler de bêtise, d’inconscience ou de cynisme. J’entends vous démontrer, je m’y applique, à quel point notre compréhension de l’astrologie est tributaire de notre système de définitions. Celles-ci doivent être le plus objectives possible, le plus proche possible de la nature même des signaux planétaires si nous voulons que l’interprétation soit, elle aussi, objective.
En définissant “Mars” comme le signal régulateur des forces antagonistes, la définition intègre le social, le physiologique et le psychologique. Pour assumer les antagonismes, il faut être socialement, physiquement et psychologiquement en puissance de compétition. Même si le sexe est une pièce essentielle de cette puissance, il me paraît abusif de la concentrer dans un organe, puis d’en faire un symbole obéissant, sous l’égide de Mars, aux lois de la mécanique céleste. Je sais qu’on voit de drôles de choses tourner dans le ciel… mais quand même !
C’est la concentration dans l’organe-symbole qui éclipse d’autres réalités “martiales” aussi efficaces que la force (théorique) du sexe. La conquête du réel que représente Mars n’est pas réductible à une érection mâle et les femmes qui ont ce souci de conquête sont des marsiennes. Inutile d’en faire de “faux mâles” ou des clitoridiennes. Le cerveau, ça existe aussi.
Les rescapés des œuvres freudiennes publiées en rafales et bombardements intensifs (avant, pendant, après Freud) pourront toujours demander aux services ambulanciers s’ils n’auraient pas sous la main une petite œuvre de Pierre Janet. Juste de quoi se remettre.
En biographie succincte, Pierre Janet est un neurologue et psychologue français (1859–1947). Il a formulé (d’après T. Ribot) “une conception génétique et hiérarchique des tendances et fonctions de la personnalité, d’après laquelle les maladies mentales consistent dans une atteinte des conduites supérieures qui se caractérisent par une action efficace sur le réel (fonction du réel, du présent), et dans la libération des automatismes psychiques, des formes inférieures de l’activité” (11).
Il existe dans la Bibliothèque de Psychologie Clinique (12) une étude comparée de Freud et de Janet, par le Dr Henri-Jean Barraud. J’ai pris connaissance de cet ouvrage en écrivant le présent article et j’ai découvert qu’avec le R.E.T., le S.O.R.I., la méthodologie interprétative des conditionalistes, j’ai reconstitué, sans le savoir, les grandes lignes des conceptions de P. Janet. L’intérêt de cette reconstitution est qu’elle découle, non pas de vastes travaux statistiques appliqués aux maladies mentales, mais d’une démarche analytique sur les fondements zodiacaux et planétaires. De même que Pavlov reformule le zodiaque en termes neurophysiologiques, Janet reformule les régulations du R.E.T. dans la théorie qu’il dégage de ses observations. Les adversaires qui voulaient me réduire à Pavlov en sont pour leur salive… Il leur faudra changer de clochette.
La grille R.E.T. de Janet complète probablement les cases vides de la grille de Freud. J’attends d’être en possession des données de naissance pour une étude comparative.
Les astrologues qui interprètent un thème au nom de Freud, de l’angoisse, du sexe et de l’amour-mort ne peuvent, en fin de consultation, aller jusqu’au bout et appliquer une thérapie freudienne… En revanche, ils appliquent le plus souvent — et involontairement — une méthode janetiste de traitement psychologique : conseils, incitation aux décisions, mises en garde contre les excès et les carences. Le réel est plus fort que tout… après avoir bien fantasmé l’astro-freudien commet malgré lui les lapsus révélateurs de la nature réelle des informations qu’il manipule : loin d’être mythiques et symboliques, elles sont rationnelles et naturelles.
“Partant de ce principe que ‘l’homme tient toujours en réserve une grande quantité de forces’, Janet fonde le traitement psychologique sur la mobilisation des forces inemployées ainsi que sur l’acquisition de forces nouvelles de manière à surmonter la dissociation des fonctions et à modifier les tendances dans un sens favorable à l’équilibre psychique. Il ne s’agit pas de spéculations philosophiques sur les forces vitales, précise-t-il, il s’agit d’une simple constatation pratique” (12). Je ne saurais mieux dire quant à la façon de comprendre les dominantes et de mobiliser les fonctions d’“appel” ou “aveugles”.
Il va de soi que si je vous conseille de lire Janet, je ne vous conseille pas de le dire : Janet est dépassé… même si après avoir freudonné toute la psychanalyse, pour les conseils pratiques on applique le rationalisme et le personnalisme de Janet. Une vague distorsion entre la tête et les jambes, en somme… ou le ‘R’ et le ‘E’.
On pourrait croire que la psychologie a pour objet la personne humaine. Ce n’est pas toujours le cas. Après Freud, par exemple, nous sommes à peu près tout le même enfant pervers polymorphe. L’astro-freudisme en souffre par ses portraits linéaires. Le nombre restreint de complexes de base ne se prête pas à des formulations individualisées. Au delà d’une trentaine de cas, on recommence. Cette monotonie n’a pas échappé à Jacques Berthon qui a enrichi l’astro-psychanalyse d’autant de complexes qu’il y a d’aspects planétaires. Une solution ingénieuse qui montre au moins que le problème existe.
L’astro-psychanalyse se caractérise par ses réductions aux tendances et pulsions instinctives. Pour ma part :
▶ Même si les bouchers et les militaires relèvent également de la tendance “agressive” de Mars, j’y vois de la différence. La solution sociale n’est pas la même.
▶ Même si l’enfant qui joue avec ses fèces rejoint la tendance des peintres qui ont de la pâte, la cote n’est pas la même.
▶ Même si l’on suce son pouce comme on fume les cigares, si l’on peut sucer son cigare on ne peut pas fumer son pouce. Les compensations, sublimations, déplacements, ont des propriétés différentes et objectives.
L’astro-freudisme réduit les comportements différenciés à un psychisme primaire indifférencié. Un nivellement par la base qui prétend s’ajuster ainsi à la symbolique planétaire… présentée par ailleurs comme relevant de l’essence de l’être !
Pour l’astro-conditionalisme, de même que le psychique prolonge le réflexologique, le social et le spirituel prolongent le psychisme. Les rythmes et cycles représentés par le ciel de naissance sont des incitations cosmiques et naturelles qui reviennent à une proposition d’être. Un programme céleste à remplir, avec les moyens de l’héritage terrestre (hérédité, éducation, milieu, époque).
Pour deux ciels aux tendances identiques, à quoi tiennent les solutions différentes en ampleur, qualité, envergure ? Les causes sont inégales et multiples. Il y a tous les facteurs extra-horoscopiques qui sont autant d’objets extérieurs que la tendance peut investir pour s’adapter, se développer, se sublimer. Le destin de la tendance n’est pas indépendant du choix et de la nature de l’objet.
Au cours de mes exposés sur la consultation pratique, j’ai longuement insisté sur le fait que le but devrait être d’aider le consultant à trouver son objet : l’œuvre, l’acte, la chose à faire qui réaliserait au mieux les fonctions dominantes en tenant compte de l’âge, des moyens sociaux, des acquis. L’objet est déclencheur, formateur, adaptateur… pour le moins révélateur des contenus du Sujet. L’unité de la vie procède peut-être d’une source immatérielle ? En ce cas, elle existe aussi dans l’objet, qui n’est qu’un autre sujet. En langage S.O.R.I. : l’Objet entraîne une Relation, laquelle peut être révélatrice d’une qualité d’Intégration. Ainsi, la qualité “équilibre” apparaît lorsque l’Objet est adéquat.
Outre les avatars de toute tendance dans sa quête d’objets gratifiants, outre l’appui ou l’obstacle qu’elle peut rencontrer pour croître ou dépérir, il y a l’envergure spirituelle. Lorsqu’elle est à sa portée maximum elle élève la tendance jusqu’à sa plus haute expression, c’est à dire jusqu’au choix d’un objet spirituel. Avec le R.E.T. et le S.O.R.I. l’astrologie conditionaliste n’a pas besoin de recourir à la sublimation des pulsions agressives pour parler du Mars angulaire de Don Bosco.
C’est l’esprit, ou le plus haut niveau de l’être qui charpente la personnalité. En cas de cassure ou de fissure dans nos charpentes — ne pas confondre avec nos défenses — le psychisme déborde, montrant son éternelle enfance.
Pour user d’une image unitaire, le corps, l’âme, l’esprit sont, à mon sens, au moins aussi liés que la chair, les nerfs, le squelette. On peut hiérarchiser, différencier, situer, il me paraît difficile d’ignorer les interdépendances, l’homogénéité de l’ensemble. Que dire alors d’une théorie qui opposerait l’âme à l’esprit ?
C’est pourtant la profession de foi de l’astro-freudisme où l’on voit, au nom de la pulsion “marsienne”, les chirurgiens réduits à des bouchers, et les chirurgiens comme les bouchers réduits à des “sadiques”. Barbault pourrait brandir les statistiques mêlant dans le même sang, les sportifs, les médecins, les chefs d’entreprise… Certes, mais pour nous éclairer sur l’effet réel de Mars quant au comportement sadique, il aurait fallu des compléments d’information portant sur l’échantillon tels que : milieu social, croyances, études, etc. Bref, toutes ces petites choses qui entrent dans la charpente.
C’est aussi par la réduction aux viscères en opposition au squelette que Barbault se croit fondé de situer tous les débats astrologiques au niveau d’une lutte pour le territoire. Un combat des chefs ! Pour la déesse Uranie changée en femelle céleste. Dans son optique viscérale, l’astrologie conditionaliste ne peut lui apparaître que comme un squelette décharné… alors que la vérité — c’est bien connu — est une affaire de tripes !
Le zodiaque conditionaliste, le S.O.R.I., le R.E.T., la théorie des âges, celle des aspects, sont autant de synthèses constituant par leur ensemble une doctrine homogène et rationnelle de l’astrologie. Voici comment Barbault, posant à l’informateur de la pensée astrologique, en parle dans son introduction (14) : “On peut également regretter pour elle (l’école d’astrologie conditionnelle) qu’au lieu de tenter de saisir l’homme à la mesure du plus large clavier de ses états et manifestations, elle se réduise à l’étroit couloir du plan de la réflexologie, de toutes parts débordé, étranger, d’une part, qu’il est aux valeurs constitutionnelles et tempéramentales, et alors que, d’autre part, ‘la vie psychique commence là où s’arrête le réflexe conditionné’, pour reprendre une récente réflexion de psychologues soviétiques de l’Institut de Tblissi, retrouvant Freud derrière Pavlov”.
Après avoir été traité de crypto-marxiste, me voilà condamné par les russes ! Je ne sais pas si vous imaginez le désespoir qui m’abîme. Toutes ces années d’efforts patients… Tblissi, pfft, pfft, plus rien… Il me faut balayer mes couloirs étroits : plus de R.E.T., de S.O.R.I., qui nous cachent Freud. Ca risque d’être dur à encaisser pour ceux qui pratiquent, enseignent ou apprennent l’astrologie conditionaliste ! Ah, ces soviets… Sous Nicolas II je m’en serais probablement mieux tiré.
Devant le tribunal du tireur d’oreille je plaide néanmoins non-coupable. Je ne savais pas que le psychisme était la chasse gardée de Freud. Je me suis laissé abuser par le nombre considérable de post-freudiens qui l’ont durablement aménagé et, le plus souvent, déménagé. En bon Taureau classique, il m’a semblé que l’astrologie gagnerait à se fier à des structures stables, au neurophysiologique qui varie un peu moins que les idées des hommes. Faut dire que le neurophysiologique remonte à des millénaires… peut-être au temps ou les planètes modelaient le squelette des hommes ? Freud est légèrement plus récent. Il a trouvé le temps de se faire modeler par plus d’un ex-disciple ou héritier. Il y en a, comme Bruno Bettelheim, qui ont l’impertinence de découvrir Pavlov derrière Freud, le conditionnement social éventuellement plus fort que Ça, Moi, Surmoi !
“L’inconscient existe, il fait partie de l’homme et de sa vie, mais il n’est pas l’homme ‘véritable’… la psychanalyse n’est pas le moyen le plus efficace de changer la personnalité. Le fait d’être placé dans un environnement de type particulier peut produire des changements beaucoup plus considérables en un temps beaucoup plus court… L’incapacité où se trouve la psychanalyse d’expliquer les forces positives de travail et de création apparaît clairement dans la littérature analytique consacrée aux grands hommes” (15).
Mettez-vous à ma place… expliquer l’homme avec une doctrine reconnue “incapable” par un homme honnête et de valeur (il y en a) qui croit quand même à la psychanalyse ? Il y a aussi la pensée de Frédérik S. Perls (16) que je vous recommande de connaître, parce qu’il s’agit aussi d’un psychanalyste doublé d’un honnête homme et parce que finalement quelles que soient les divergences, si l’on a affaire à un honnête homme il ne peut pas y avoir de conflit (qualité d’Intégration en rapport avec la qualité de la Relation).
Puisque Barbault s’enquiert de l’opinion des soviétiques sur la réflexologie, je ne me priverai pas de verser au dossier de l’instruction une pièce amusante : le jugement de Freud sur l’astrologie (c’est moi qui souligne) : “J’ai eu l’impression en traitant psychanalytiquement certains clients que les pratiques de devins professionnels offrent une occasion favorable de faire des observations particulièrement probantes sur la transmission des pensées. Il s’agit de personnes insignifiantes ou même de minus habentes exerçant quelque vague profession : cartomanciens, chiromanciens, graphologues, qui se livrent à des calculs astrologiques et qui prédisent ainsi l’avenir à leurs clients après avoir montré à ces derniers qu’ils étaient au courant de certains faits de leur vie passée ou présente. Les clients sortent en général satisfaits de ces consultations et ne témoignent d’aucune rancune si les prédictions ne se réalisent pas par la suite…” (17).
L’astro-freudisme s’est doté d’un parrainage spirituel bien peu complaisant à son endroit. En supposant que Pavlov soit le saint-patron du conditionalisme son jugement sur l’astrologie n’aurait guère été meilleur… Mais voilà, l’astro-conditionalisme remonte à Ptolémée, à Kepler, et non à Freud ou Pavlov. À l’inverse de Barbault, nous n’avons pas besoin de bénédictions officielles et d’amarrages express aux cultures en place. Mes critiques de Freud, de Pavlov à l’occasion, de toutes psychologies et philosophies, sont les critiques d’un astrologue conscient de disposer de clefs originales, spécifiques de l’astrologie, suffisamment riches pour expliquer et dépasser d’autres systèmes conceptuels au lieu de s’y assujettir.
Tous les conditionalistes savent que l’astrologie qu’ils pratiquent n’est à la remorque d’aucune philosophie, d’aucune psychologie, aucune science ou croyance. C’est cette indépendance retrouvée qui a rendu à l’astrologie sa valeur créatrice. Mais il fallait d’abord la sortir des ornières typologiques.
Après ces informations sur la réflexologie en style dada, Barbault informe ses lecteurs sur la théorie des âges. Impossible de vous donner une idée du gâchis. La technique d’information ne varie pas : Barbault ne donne de la théorie que ce qui tombe sous sa critique. Grâce à lui, en relisant la théorie des âges sous sa plume, j’apprends que je ne tiens pas compte des planètes à la naissance mais seulement dans leurs années d’expression dominante… que je n’ai pas différencié les grands cycles. Le procédé est bas, vulgaire. Si Barbault ne m’a pas lu, de quoi informe-t-il et s’il m’a lu, pourquoi déforme-t-il ?
J’ai lié le temps de la théorie des âges au temps biologique qui s’exprime notamment par la vitesse de cicatrisation : à savoir, il existe une relation entre l’âge et la vitesse des processus réparateurs de l’organisme, et cette relation (18) s’exprime mathématiquement par une fonction hyperbolique dont la traduction psychologique revient à dire que le temps paraît s’écouler d’autant plus lentement que l’on est “jeune” (enfance = éternité) et d’autant plus rapidement que l’on est de vieil âge. En langage physicien, le temps n’est pas “newtonien”, il n’est pas linéaire. La théorie des âges conditionaliste est fidèle à de nouvelles conceptions et recherches sur la nature du temps. Pour Barbault cette adéquation à l’objet est forcément insupportable.
Barbault reconnaît pourtant : “En ligne générale, il est permis d’admettre un certain parallélisme entre la croissance de l’enfant et le déroulement des premiers cycles des astres rapides.” C’est bien, merci. Mais il oublie de dire que j’ai démontré dans des articles publiés dans sa propre revue que les cycles des planètes rapides sont liés aux cycles des planètes lentes, chaque cycle rapide ayant, à partir de Vénus, son partenaire mathématique comme l’exige une fonction hyperbolique où le produit de deux nombres (x par y) donne une constante. Pour le système solaire, en première approche, les produits successifs des cycles Vénus-Pluton, Terre-Neptune, Mars-Uranus, Astéroïdes (Cérès)-Saturne, donnent le cycle de Jupiter multiplié par lui-même. Je pense maintenant avoir compris la signification de cette structure qui revient à la grande division entre nature et culture.
Tout ceci est exposé : par écrit, dans des cours, en conférences, dans la revue même de Barbault, au congrès mondial d’astrologie de septembre 74 (19). Lors de ce congrès, ma communication écrite et distribuée précisait : “Lorsqu’une planète est valorisée à la naissance… sa caractéristique opère dans nos différentes perceptions et utilisations du temps, à savoir : dans l’instant, dans la durée, dans le rythme, dans l’évolution, dans la simultanéité… Ainsi, la dominance natale d’une planète ne veut pas dire que celle-ci attendra pour agir le temps où son cycle, selon la théorie des âges, l’emporte sur les autres parce qu’elle va vers la répétition de l’aspect le plus fort (première reproduction de sa position natale)… Les valeurs qu’elle représente par sa fréquence se manifesteront avant l’âge type de leur prédominance. Elles s’exprimeront d’une manière moins nette, précisément tributaire de l’âge… Les comportements abstraits et concrets de l’adolescence que nous attribuons à Saturne se signaleront préférentiellement à cet âge. Antérieurement, nous aurons des ébauches, des substrats, des préfigurations, et postérieurement des résidus, des fixations…” On intègre bien, théoriquement, les significations et valeurs d’une planète que dans son temps d’élection ou temps de dominance. Avant, c’est trop tôt, après, c’est trop tard… Ces avances ou retard particularisent les caractères.
J’allais oublier de vous dire qu’à l’occasion de ce congrès de 74, le groupe de Barbault, membres responsables de l’ex-CIA (20) a cru bon de pénaliser les membres responsables du CEFA en ne venant pas à l’écoute de leurs communications.
Barbault ne peut donc pas ne pas savoir que j’ai établi en 74 une relation originale entre passé-présent-avenir. Le présent concerne le temps sous l’angle de la simultanéité, le passé et l’avenir concernent le temps sous l’angle chronologique. Or, le R.E.T. planétaire se rapporte à une ordonnance du système solaire dans le plan de la simultanéité, tandis que la succession des cycles impose cette ordonnance dans le plan de la chronologie. En somme, le déroulement du temps réalise et révèle une structure intemporelle. Application pratique : il faut comprendre tout le présent avant de juger du passé et de prédire l’avenir. Si vous avez parfaitement ou pas trop mal compris l’instantané d’un thème, vous avez des chances de prédire sans erreur les effets d’un transit. C’est pourquoi, en astrologie conditionaliste, le prévisionnel n’est abordé qu’après étude intensive du thème natal. J’estime que la relation chronologie-simultanéité va plus loin que la théorie de la “synchronicité” et je regrette que les astrologues n’aient pas pris mon relais pour approfondir cette conception du temps, elle peut donner la clef de certains phénomènes dits “paranormaux”.
Article paru dans le n° 4 des Cahiers conditionalistes (1981).
Pour finir, quelques citations absolument authentiques de Sigmund Freud :
▶ “Je me dis souvent pour apaiser le conscient : surtout ne pas vouloir guérir, apprendre et gagner de l’argent ! Ce sont les représentations de but conscientes les plus utilisables” (Freud 1909)
▶ “La doctrine des pulsions est, pour ainsi dire, notre mythologie. Les pulsions sont des êtres mythiques, grandioses dans leur indétermination” (Freud 1933)
▶ “J’ai considéré comme plus prudent de ne pas m’appuyer trop sur le succès thérapeutique, sinon on aura vite rassemblé un matériel apte à montrer que le résultat thérapeutique est très mauvais, ce qui ferait du mal à la théorie également” (Freud 1906)
▶ “Finalement, la psychanalyse n’est possible que lorsque le malade a un état psychique normal, à partir duquel le matériel pathologique se laisse maîtriser” (Freud 1898)
Paroles absolument authentiques de psychanalystes :
▶ “Comme l’a montré abondamment un nommé Karl Popper, la psychanalyse n’est pas une science du tout, parce que c’est irréfutable. C’est une pratique, une pratique qui durera ce qu’elle durera” (Président de l’École Freudienne de Paris, Ornicar 1979)
▶ “La vérification expérimentale est une méthode qui ne convient pas à la psychanalyse” (H. Piron, psychanalyste Belge)
▶ “Contrairement à ce qui se passe dans les autres disciplines scientifiques, nous nous trouvons confrontés en la personne de Freud, à un créateur unique et indépassable” (J. Chasseguet, Président de la Société psychanalytique de Paris 1975)
▶ “La psychanalyse est une pratique délirante… C’est ce que Freud a trouvé de mieux. Et il a maintenu que le psychanalyste ne doit jamais hésiter à délirer” (Lacan).
▶ “L’expérience du psychanalyste n’est pas une expérience de fait, mais celle de l’expérimentation mentale” (Lacan).
Critiques anti-psychanalystes :
▶ “La séduction des idées de Freud est exactement celle qu’exerce une mythologie” (Wittgenstein)
▶ “La théorie freudienne des résistances est une idéologie culpabilisante” (Van Rillaer)
Un peu d’humour à propos des psychanalystes :
▶ “Le névrosé bâtit des châteaux en Espagne ; le psychotique croit y habiter ; le psychanalyste récolte les loyers”.
▶ “Un divan est plus confortable qu’un confessionnal”.
▶ “Pour comprendre Freud, chausser des testicules en guise de lunettes” (un surréaliste)
▶ Anal-yste = trou du cul ?
▶ “Le psychanalyste est celui qui, retenu à déjeuner par ses amis, reçu dans leur maison de campagne et alors que ses hôtes se rassemblent autour de la table disposée dans le parc, entre dans la maison, ferme la porte et observe par le trou de la serrure” (un humoriste).
▶ “Le psychologue est un homme qui, lorsqu’une jolie fille entre dans un salon, regarde les autres invités. Le psychanalyste, lui, regarde la fille et lui fait parfois une cour assidue” (un humoriste).
▶ Un psychanalyste-caviar contre l’astrologie
▶ André Barbault et le conditionalisme
▶ André Barbault, l’astro-symbolisme et le dernier âge d’or de l’astrologie
▶ Astro-psychanalyse théorique et pratique
▶ C.G. Jung, symboles et signaux
▶ Carl-Gustav Jung et l’astrologie : histoire d’un malentendu ?
▶ L’Esprit Mercure de C.G. Jung : une leçon de symbolisme
▶ Synchronicité jungienne et astrologie
▶ Une critique inepte du conditionalisme par André Barbault
▶ Zodiaque, planètes et typologie jungienne
Les significations planétaires
par
620 pages. Illustrations en couleur.
La décision de ne traiter dans ce livre que des significations planétaires ne repose pas sur une sous-estimation du rôle des Signes du zodiaque et des Maisons. Le traditionnel trio Planètes-Zodiaque-Maisons est en effet l’expression d’une structure qui classe ces trois plans selon leur ordre de préséance et dans ce triptyque hiérarchisé, les Planètes occupent le premier rang.
La première partie de ce livre rassemble donc, sous une forme abondamment illustrée de schémas pédagogiques et tableaux explicatifs, une édition originale revue, augmentée et actualisée des textes consacrés aux significations planétaires telles qu’elles ont été définies par l’astrologie conditionaliste et une présentation détaillée des méthodes de hiérarchisation planétaire et d’interprétation accompagnées de nombreux exemples concrets illustrés par des Thèmes de célébrités.
La deuxième partie est consacrée, d’une part à une présentation critique des fondements traditionnels des significations planétaires, d’autre part à une présentation des rapports entre signaux et symboles, astrologie et psychologie. Enfin, la troisième partie présente brièvement les racines astrométriques des significations planétaires… et propose une voie de sortie de l’astrologie pour accéder à une plus vaste dimension noologique et spirituelle qui la prolonge et la contient.
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Pluton planète naine : une erreur géante
par
117 pages. Illustrations en couleur.
Pluton ne fait plus partie des planètes majeures de notre système solaire : telle est la décision prise par une infime minorité d’astronomes lors de l’Assemblée Générale de l’Union Astronomique Internationale qui s’est tenue à Prague en août 2006. Elle est reléguée au rang de “planète naine”, au même titre que les nombreux astres découverts au-delà de son orbite.
Ce livre récapitule et analyse en détail le pourquoi et le comment de cette incroyable et irrationnelle décision contestée par de très nombreux astronomes de premier plan. Quelles sont les effets de cette “nanification” de Pluton sur son statut astrologique ? Faut-il remettre en question son influence et ses significations astro-psychologiques qui semblaient avérées depuis sa découverte en 1930 ? Les “plutoniens” ont-ils cessé d’exister depuis cette décision charlatanesque ? Ce livre pose également le problème des astres transplutoniens nouvellement découverts. Quel statut astrologique et quelles influences et significations précises leur accorder ?
Enfin, cet ouvrage propose une vision unitaire du système solaire qui démontre, chiffes et arguments rationnels à l’appui, que Pluton en est toujours un élément essentiel, ce qui est loin d’être le cas pour les autres astres au-delà de son orbite. Après avoir lu ce livre, vous saurez quoi répondre à ceux qui pensent avoir trouvé, avec l’exclusion de Pluton du cortège planétaire traditionnel, un nouvel argument contre l’astrologie !
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