Penser et pratiquer l’astrologie conditionaliste, c’est mettre l’astrologie au conditionnel. Les configurations célestes que l’on désigne par des structures inconscientes, des inclinations ou tendances, ne sont pas des empreintes fatales, le “tout est écrit” d’une destinée. Le ciel de naissance représente un conditionnement qui a sa spécificité mais ne peut annihiler les conditionnements terrestres, biologiques, socioculturels. Le climat, l’hérédité, les contraintes ou les facilités des cultures, variables selon les époques et les ethnies, amplifient, réduisent, modifient, quelquefois jusqu’à les supprimer, les déterminismes que l’on prête aux planètes.
Un peu de bon sens suffit pour comprendre que le “complexe oral positif” du “jupitérien” réputé gros mangeur et bon vivant, a peu de chance de se réaliser dans les pays de famine, et que pour devenir savant lorsqu’on est “saturnien” par le ciel de naissance, encore faut-il naître sur Terre dans un milieu qui porte à l’étude et en donne les moyens. Que deviennent les hommes-phares que seraient les “uraniens”, lorsqu’ils naissent dans des sociétés où l’on se passe de leurs lumières conductrices ? Pour chaque “signature astrale”, les atouts et les handicaps célestes se modifient suivant les atouts et handicaps que dictent le régime politique, le cadre de vie, les conditions d’existence ou de survie.
À cela, les astrologues fatalistes rétorquent qu’il est toujours possible de vivre sa tendance astrale malgré le contexte, y compris de façon symbolique. Faute de devenir savant à la ville, le “saturnien” devient sorcier à la campagne, et l’“uranien” meneur d’hommes devient chaman quelque part en Asie ou aux Amériques. Pour l’astrologie conditionaliste, ces exemples hypothétiques, démontrent le contraire de ce qu’ils sont censés prouver : le contexte que nous appellerons “bagages terrestres” est au moins aussi important, sinon plus, que les “bagages célestes”. Image imparfaite cependant. Les bagages ne communiquent pas entre eux, tandis que les interférences entre conditionnements célestes et terrestres peuvent produire des résultats imprévus… et non prévus, notamment par les astrologues qui jugent après coup des destins et des caractères.
Le premier des astrologues-astronomes, Claude Ptolémée (vers 150 ans av. J.-C), auteur du premier grand livre sur l’astrologie non séparée de l’astronomie, n’a pas envisagé les convergences ou divergences qui amplifient ou amoindrissent les conditionnements célestes, mais la prépondérance des causes terrestres sur les causes célestes. Ces dernières se subordonnent aux premières que sont :
▶ a) la semence : “celle de l’homme y engendre l’homme et celle du cheval y engendre le cheval”. (Livre I de la Tétrabible. Édition Denoël. Paris. 1974).
▶ b) la diversité des pays qui “produit une grande différence quoique les semences soient les mêmes, comme nous le voyons pour les hommes”. Et, précise Ptolémée : “…encore que la constitution du ciel soit la même aussi, il ne laisse toutefois d’y avoir dans les diverses régions une grande dissemblance, tant des corps que des esprits” (Livre I).
▶ c) le conditionnement créé par les mœurs, lois et coutumes, afin : “…qu’on ne se détourne pas de la façon de vivre, comme si quelqu’un promettait à un Italien qu’il épouserait sa sœur, ce qui n’est ordinaire qu’aux Égyptiens, et à un Égyptien sa mère qui est seulement permis aux Perses.” (Livre IV).
▶ d) le conditionnement lié à l’âge, donc biologique, car : “…il faut encore régler les événements aux différences des âges, de crainte que divaguant, nous n’allions attribuer à un enfant l’action ou des noces ou quelque autre chose qui convienne à des hommes faits ; ou bien que nous ne donnions à un faible et débile vieillard la faculté d’engendrer, ou quelque autre chose qui soit propre à la jeunesse. Mais selon la raison des âges nous nous accommoderons aux choses qui leur sont et possibles et convenables”. (Je souligne cet extrait du Livre IV).
Peut-on être plus conditionaliste que Ptolémée, “Prince des astrologues” ?
Jérôme Cardan (1501–1576) astronome-astrologue a étendu le conditionnement aux relations humaines : on doit tenir compte, pour juger d’un thème, non seulement de l’éducation, mais aussi des thèmes des parents, proches et relations directement associés au statut personnel. Cette façon de comprendre un thème a été reformulée par l’école conditionaliste qui situe l’astrologie dans le référentiel “Relation” et préconise aux praticiens de demander à leurs consultants les données natales des personnes dont elles dépendent ou qui sont sous leur dépendance. Les astrologues traditionalistes diront qu’ils font de même (pas tous) sans admettre qu’ils mettent en pratique le premier principe conditionaliste : “L’horoscope n’est pas le Sujet…”, pas plus qu’il ne l’est par sa famille, son pays, sa religion, et tout autre référence réductrice, impropre à la définition de la personne humaine — qui n’est pas un type (sauf pathologie ou caricature) mais un être.
Lorsque, oubliant le conditionalisme de Ptolémée et Cardan, ces mêmes astrologues font état de la mystique de Johannes Kepler (1571–1630) ils excluent sa version de l’astrologie naturelle, clairement conditionnelle :
“De quelle manière la configuration du ciel au moment de la naissance détermine-t-elle le caractère ? Elle agit sur l’homme pendant sa vie comme les ficelles d’un paysan noue au hasard autour des courges dans son champ : les nœuds ne font pas pousser la courge, mais ils en déterminent la forme. De même le ciel : il ne donne pas à l’homme ses habitudes, son histoire, son bonheur, ses enfants, sa richesse, sa femme… mais il façonne sa condition.”
Ces trois astrologues sont également des astronomes fondateurs. En tant qu’astronomes, quelles que soient, par ailleurs, leurs sensibilités philosophiques ou religieuses, il leur était impossible de s’aveugler sur les réalités du cosmos observable. Kepler accordait une âme aux planètes, mais ses découvertes découlent de son analyse des mouvements des corps autour du soleil, et l’âme peut se concevoir comme des rapports abstraits entre des parties concrètes.
La question de la spiritualité des astres ne se pose plus aux astronomes, pas plus que celle des relations de l’âme avec la matière, malgré que la définition de l’une changerait celle de l’autre, telle la “matière psychoïde” de C.G. Jung… Pour les symbolistes, il n’est pas question de fonder, à la façon de Kepler, les significations astrologiques sur des critères astrométriques (que j’appelle signaux). Ainsi, tout en prétendant n’avoir rien de commun avec les mancies et leurs matériaux divinatoires, en majorité les astrologues réduisent les planètes et l’organisation du système solaire à un “langage” équivalent à celui des cartes du Tarot, des figures de la géomancie et des kouas du Yi King. Ces systèmes symboliques auxquels on peut ajouter l’astrologie onomantique, fondée sur les noms, l’astrologie chinoise, fondée sur une cyclologie, ont autant d’intérêt que l’astrologie fondée sur l’astrométrie, mais sous prétexte que le symbole réunit les contraires on ne saurait écraser leurs différences.
Les lois physiques et leurs applications aux calculs d’éphémérides n’ont rien de comparable à un tirage de cartes, un jet de pierres (géomancie), de pièces ou de baguettes (Yi King). Tandis que, sur plusieurs siècles, les configurations d’un thème astrologique sont invariables et prévisibles en an, mois, jour, heure et lieu, les figures divinatoires varient d’un instant à l’autre et sont imprédictibles. Autre différence essentielle : si l’astrologie naturelle laisse supposer un conditionnement, il est inutile d’y penser pour des systèmes symboliques qui sont des produits culturels. L’astrologie peut avoir des variantes d’interprétation, les positions planétaires ne changent pas avec l’interprète.
Il apparaît que les astrologues symbolistes énonçant par précaution les conditionnements extra-astrologiques (éducation, contexte social, etc.) ne se soucient pas des conséquences de restrictions qui reviennent à reconnaître que le symbolisme planétaire a des blancs. Le Sujet étant une globalité, si le ciel n’en représente qu’une partie — la partie céleste — alors : l’horoscope n’est pas le Sujet… et pour savoir ce qu’il est à l’égard de l’homme, il faut revenir à l’astrométrie, s’informer de ce que sont les planètes, le système solaire, le Soleil, la Terre, leurs relations, et quelles particularités pourraient justifier leur rôle dans la formation et l’évolution de la personnalité.
À noter que les astronomes qui évoquent, comme arguments anti-astrologiques, les caractéristiques physiques (composition chimique de l’astre, de son atmosphère lorsqu’elle existe), ne font jamais état d’une caractéristique principale : la durée du cycle (révolution sidérale). Or, les astrologues fondent leurs prévisions sur les cycles et intercycles, et il est démontré que les significations psychologiques des planètes correspondent aux étapes de la maturation segmentée suivant l’ordre croissant des cycles héliocentriques, à l’exception de la Lune, premier cycle après la naissance.
Des correspondances de cet ordre ne se comprennent pas par l’analogisme mais par la logique. Si, selon le titre d’un ouvrage de l’astrophysicien Hubert Reeves, l’homme n’est que Poussière d’étoile, plus près de nous dans l’espace et le temps, il est enfant de la Terre, Fils du Ciel et du Soleil. La supériorité relative de l’espèce humaine sur les autres espèces (l’homme n’est-il pas, comme Tarzan, le roi des animaux ?) serait liée à son adaptation aux “donneurs de temps” que sont les horloges planétaires. L’idée vient ensuite que pour être sensibles au monde vivant, les cycles du système solaire devaient se distinguer de tous les cycles innombrables possibles. En relation (2) avec leurs cycles (révolutions sidérales), les demi-grands axes des orbites principales se retrouvent par le calcul de leurs rapports consécutifs, à moins de 0,5 % d’erreur, avec les nombres entiers de 1 à 5 et les mêmes formules que celles des raies spectrales de l’hydrogène et des transitions d’énergie en atomistique. Sachant que le Soleil est une boule de gaz d’hydrogène, qu’il est, plus que par métaphore, le “père” des planètes et de la vie sur Terre, on prend peu de risque à penser “qu’une structure commune aux hommes, aux astres et au Soleil, fonde l’astrologie naturelle (2)”. L’explicative n’est pas complète, mais la rupture avec l’analogisme est nette. Dans cette voie ouverte aux chercheurs, on compte déjà le bilan remarquable de Jean-Paul Citron, exposé dans L’Astrologie et le Vivant (2).
Bien que le thème de naissance ne soit pas un portrait prédestiné, la copie conforme de la future personnalité, les études biographiques, l’observation, la pratique, les présomptions qu’apportent quelques résultats statistiques, montrent, à coup sûr, que les informations astrologiques sont précieuses, voire indispensables à connaître. Le symbolisme des planètes et des Signes traduit ce que nous ne percevons pas de façon consciente, qui échappe encore aux instruments amplificateurs. De même qu’un rêve informe d’un état ou signal trop subtil pour être consciemment ressenti, certaines rêveries de l’analogisme — pas toutes — doivent témoigner de réalités subliminales, à l’extrême limite de nos possibilités de perception. La critique portera sur les limites. Elles ne vont pas bien loin pour la majorité des neurobiologistes, et chez les symbolistes radicaux le symbole se passe de perception subliminaire de quelque signal que ce soit. En cela, ils ne sont pas plus jungiens que je suis pape.
C.G. Jung, en effet, associe la symbolisation onirique à un niveau de tension psychique inférieur à l’état de veille. Les relations vagues, irrationnelles, “incompréhensibles” des images du rêveur procèdent de son état en sous-tension énergétique dans le sommeil. On peut constater, dit-il, “le même phénomène dans tous les états voisins du rêve, dus à la fatigue, à la fièvre, aux toxines”. Mais, “…si quelque chose vient donner à ces images une tension accrue, elles deviennent moins subliminales, et à mesure qu’elles se rapprochent du seuil de conscience, plus nettement définies (5)” C’est pourquoi un rêve, donc un pur produit de la fonction inconsciente symbolisante, je cite : “ne peut produire une idée clairement définie”. Exactement, ce que produit l’analogisme débridé, à l’opposé des concepts conditionalistes.
À l’instar de Jung, en m’inspirant toutefois des leçons de Pavlov sur l’excitabilité, j’ai associé le référentiel “Énergie” au référentiel “Sujet”, les hausses d’excitabilité à une plus grande réceptivité aux mots, à la Représentation, aux informations univoques (l’Unique), et les baisses d’excitabilité ou les états “d’indifférence éveillée” à une plus grande réceptivité au Multiple, à la Transcendance au sens d’au-delà des mots et des faits ordinaires.
“Le plus clair de notre vie se situe au niveau des Représentations (‘R’). Il faut dormir pour avoir une ouverture sur la Transcendance (‘T’) par le rêve ; dormir, méditer, travailler en profondeur, mais toujours s’éloigner du ‘R’ et de cette susceptibilité qui s’empare des apparences (6)”.
Jung et Pavlov se rejoignent. Sauf dans l’esprit des conservateurs pour lesquels les lignes ci-dessus ne sont pas d’un émule de Jung, mais d’un pavlovien matérialiste réducteur. À la vérité, le bas niveau d’excitabilité ne suffit pas à expliquer le rêve. La phase paradoxale du sommeil où il se produit, semble nécessiter une grande dépense énergétique (augmentation de la consommation de glucose couplée probablement à une consommation d’oxygène). Il y a donc lieu de considérer une émergence, avec transformation énergétique ou transition d’un niveau à un niveau supérieur. Ce qui, en définitions conditionalistes, met en cause les fonctions Uranus (transition du Multiple à l’Unique) et Neptune (transition du Multiple au Duel). Si le plus bas niveau corrélé à la fonction Pluton (homéostasie du Multiple) ouvre à l’inconnu, à la matière “psychoïde” de Jung, un supplément d’énergie est nécessaire pour rendre l’information inconsciente présentable et représentable par une image… qui devient le symbole à interpréter. Bref, les trois fonctions du groupe “Transcendance” (Pluton, Uranus, Neptune) sont concernées (7).
En complément de cette démarche hypothético-déductive autant qu’analogique, j’ajoute que, du point de vue newtonien, les forces gravifiques des planètes sont très faibles (ce qui fait partie des arguments anti-astrologiques des astronomes retournés en einsteiniens lorsqu’ils ne parlent plus d’astrologie). L’effet astrologique ne serait donc possible que par les propriétés amplificatrices du récepteur… ce qui renvoie aux fonctions ‘T’ d’Uranus, Neptune, et du rêve… mais, cette fois, en référentiel “Relation”, le signal faible étant pris dans le système solaire et l’amplificateur dans un récepteur neurobiologique apte, par hypothèse, à sélectionner des signaux de basse fréquence (ce qui n’est pas indémontrable). Dans un autre article des Cahiers Conditionalistes L’Astrologie et la Logique (8) j’ai souligné qu’il devait y avoir une relation majeure et réelle, entre le rêve et le thème de naissance, celui-ci étant identifié à un songe ou une réserve de rêveries à réaliser ou irréalisables. Les cauchemars en font partie. Selon Michel Jouvet (9) la fonction majeure du rêve serait de renforcer les résistances individuelles aux paradigmes sociaux… Le rêve participerait ainsi au processus d’individuation.
Les voies différentes de Pavlov, Jung, Jouvet, de l’astrologie conditionaliste, se retrouvent au carrefour du niveau ‘T’ avec la baisse d’excitabilité, la transcendance, les signaux faibles, l’individuation, la résistance inconsciente au milieu. La comparaison du thème de naissance à un produit onirique aux interprétations multiples selon les symboles en cause et les astrologues, nous ramène à l’importance complémentaire des conditionnements extra-astrologiques. Pour résister consciemment aux paradigmes, encore faut-il en prendre connaissance. Concrétiser un rêve, sortir d’un cauchemar, demandent des moyens et des soutiens, adjuvants aux ressources personnelles. L’interprète conditionaliste, suivant cette ligne de pensée, par des informations le moins tendancieuses, les plus claires possibles, peut aider son consultant à se dégager de ses propres fantasmes comme de ceux de son groupe (voire des astrologues) à son sujet, et à choisir de tous les rêves caressés, le mieux adapté — si l’on tient à l’équilibre — aux conjonctures célestes, terrestres, sociales. Ce modèle de consultation n’a rien de commun avec la pratique générale du portrait-type suivi de prévisions.
Pour me résumer : de l’Horoscope n’est pas le Sujet, étant donné la part qui revient au ciel des astronomes dans le ciel des astrologues, symboles et signaux communiquent… avec tous les problèmes que pose la communication : bruits, parasites, messages partiels, mal interprétés ou déformés par le contexte.
Il y a trois ans de cela, j’ai exposé ces idées à M.Truong Buu Lam, Professeur d’Histoire à l’Université d’Honolulu, de passage en France pour consulter des archives à Aix-en-Provence. Beaucoup plus intéressé que mes “confrères”, M.Truong Buu Lam m’a suggéré de m’inscrire à l’Université d’Hawaï pour présenter une thèse de doctorat sur les aspects philosophiques, psychologiques et pratiques de l’Astrologie conditionaliste. Sans garantie de succès, il s’est offert de recommander ma candidature et il est reparti pour Honolulu avec mes livres et mon curriculum vitæ. Le Président, M. Arthur O. Yamada et le Doyen, M. Lee Gladden, ont agréé mon inscription en toute connaissance de cause, averti comme le Dr Lee Gladden l’a précisé, pleinement averti qu’il était question d’un savoir non-académique, “normalement” interdit :
“Nous pouvons reconnaître vos accomplissements hors-universitaires comme s’ils appartenaient à une discipline académique pourvu que vous puissiez démontrer que l’acquisition de vos accomplissements s’est réalisée selon les exigences d’une académique. Le curriculum vitae que vous nous avez envoyé montre que c’est bien le cas…”
Le curriculum vitae inclut les modèles conçus pour l’explicative rationnelle des significations astrologiques (modèles R.E.T., S.O.R.I., zodiaques réflexologiques-noologiques, théorie des âges, théorie des aspects) ainsi que les résultats de mes recherches en astrométrie (rapports des demi-grands axes en relation formelle avec les formules des raies spectrales et niveaux d’énergie pour certaines orbites de l’atome d’hydrogène, modèle de Bohr ; démonstration de la cohérence des cycles planétaires couplés et de leurs relations avec le cycle moyen de l’activité solaire ; symétries des rapports demi-grands axes/gravités moyennes à la surface conformes aux symétries du modèle R.E.T.).
En ce qui concerne le sujet de la thèse, la suggestion [Jung et l’astrologie] vient du Dr Lee Gladden, parfaitement informé de l’intérêt du psychologue pour l’astrologie et de son utilisation en clinique. J’ai modifié la suggestion du Dr Lee Gladden par une thèse, qui tient de l’enquête, sur La globalité en psychologie analytique et astrologie conditionaliste. L’objectif avouable était de démontrer qu’à l’encontre de l’astrologie symboliste qui se réclame de Jung, pour ce philosophe de l’alchimie qui a consacré la quasi-totalité de son œuvre au problème de l’union-désunion des contraires, la globalité n’élimine pas le quantitatif-signal. Par enchaînement, en identifiant les symboles et signaux à un couple de contraires, l’astrologie conditionaliste est plus proche de Jung que les jungiens orthodoxes (très discrets sur l’astrologie) et les astrologues anti-conditionalistes. Si les mandalas, modèles de quaternité holistique, abondent dans l’œuvre de Jung, ils sont plus abondants en astrologie conditionaliste qu’en symbolique… ce qui n’étonnera pas les lecteurs rompus aux paradoxes de la nature humaine.
C’est surtout à propos des nombre entiers naturels, de la matière “psychoïde” de l’Unus mundus que Jung a montré qu’il ne dissociait pas le quantitatif et le qualitatif. Ce qu’il exprime du Soi, de la globalité et de la quaternité, privilégie le symbole sans exclure le signal. Ce que le conditionalisme exprime de la globalité privilégie le signal sans exclure le symbole, analysé pour ses contenus quantitatifs… archétypiques, tels les fondements astrométriques du système R.E.T. et la référence à l’énergie, autre constante de Jung justifiant le rapprochement entre les niveaux d’excitabilité (Pavlov) et les niveaux de tension psychique (Jung). Energie psychique, psycho-physiologique, neurobiologique : la différence est-elle dans les mots ou dans quelques “quanta” en plus ou moins ? Du côté des mots, il faut remarquer que dans la matière psychoïde, les astrologues symbolistes n’ont entendu et retenu que “psychoïde”, tout comme dans le duo-duel du quantitatif-qualitatif, ils n’ont entendu et retenu que le qualitatif. En fait, dans le référentiel “Energie”, il n’y a pas de grand écart entre Jung et Pavlov, et ceci explique ou conduit à comprendre pourquoi la typologie pavlovienne, fondée sur trois propriétés de l’excitabilité — donc, de l’énergie — s’identifie à la typologie zodiacale issue de l’empirisme, mais aussi, selon les astrologues jungiens, des archétypes de l’Unus mundus, un monde qui unit les contraires dans le Soi. Ce n’est pas le nôtre, car ce monde-là unit les contraires au détriment du contraire qui le contrarie : le signal pour le symboliste, le symbole pour le scientifique.
Le texte de la thèse est publiée et diffusée par le COMAC depuis le printemps 2004. Comme l’a fait Marie-Louise von Franz dans son livre Nombre et Temps (10) j’ai repris l’idée du nombre “facteur d’arrangement commun de la psyché et de la matière” (11) en exposant, en cinq chapitres, l’essentiel de l’œuvre surabondante de Jung. L’ouvrage de sa collaboratrice et héritière spirituelle est du plus haut intérêt pour le but poursuivi : illustrer la double nature matérielle et psychique des nombres archétypiques. À cette fin, M.-L. von Franz, se réfère, côté matière, aux découvertes contemporaines en atomistique et, pour l’autre face, à la symbolique, l’alchimie, l’ésotérisme, les systèmes divinatoires. L’astrologie ne figure que pour quelques pages, exclusivement sous ses aspects traditionnels numérologiques : 4 Quartes, 12 Signes, 36 Décans, etc., ce qui n’a qu’un rapport formel et superficiel avec l’atome et la matière. C’est l’une des carences, déjà signalée, d’une conception de la globalité où le quantitatif ne pèse pas plus que le mot pour l’écrire.
En conditionalisme, l’axiome “Ce qui est en haut est comme ce qui est en bas”, n’est pas seulement dans la Table d’Émeraude d’Hermès Trismégiste (trois fois grand), il s’illustre par des formules communes au système solaire et à l’atome d’hydrogène et, pour le zodiaque, les rapports de durées des arcs de présence/absence mettent en jeu des quantités qui conduisent à des expressions qualitatives. Pour les jungiens bon teint ma thèse sur les nombres archétypiques pourrait être jugée comme un produit d’intellectuel extraverti. Elle est critique, constructive quoique dubitative à l’égard des déclarations de principes qui ne tiennent pas compte des doses (problème de Jung : combien de quantité dans l’union quantité-qualité ?). Aux Nombres au pouvoir “d’arrangement commun à la psyché et la matière” j’oppose, de façon ludique, des nombres “signifiants” qui permettent un langage autre et plus synthétique que les mots mais qui ont, comme eux, des limites et des implications trompeuses. À l’Unus mundus qui, s’il faisait son travail, réunirait la droite et la gauche de toutes les sciences et philosophies, j’oppose, toujours de façon ludique et sérieuse, Poly monstrus (11) et la fonction “duo-duel” au centre de tous les paradoxes de l’existence, en éternel balancement. À une astrologie sclérosée dans le symbolisme des dictionnaires et des nombres accommodés (y compris statistiques) aux intentions informulées, j’oppose un symbolisme vivant qui a ses racines ailleurs que dans les bibliothèques et les présupposés qui contiennent leurs conclusions. Un symbolisme qui communique avec les signaux, tels Unus mundus et Poly monstrus, en duo-duel, main dans la main. À la topique freudienne du Çà, Moi, Surmoi, de l’inconscient, subconscient et conscient, j’oppose enfin, dans cette thèse, le Surconscient qui négocie l’ensemble, et grâce auquel on sait qu’il ne faut pas parler de corde dans la maison du pendu, ni d’astrologie dans celle des jungiens, ou de Jung dans celle des freudiens… and so on. Ces oppositions ludiques, inoffensives (mon surconscient n’a pas pignon sur rue), procèdent de l’esprit de recherche où tout est certain-incertain et de la pensée de Montaigne : “Que sais-je ? Je suis sûr de n’être sûr de rien…” mais sait-on jamais ?
▶ 5 Essai d’exploration de l’inconscient. C.G. Jung. Denoël. 1999.
▶ 6 La condition solaire. Éd. Traditionnelles. 1964.
▶ 7 Détails dans l’article Les pendules du sommeil. Cahiers Conditionalistes n° 24. COMAC. 1994. J’ai démontré, dans ces articles, que le cycle du sommeil de 90 minutes avait, tel celui de 24 heures, avait un fondement astrométrique.
▶ 8 L’Astrologie et la Logique. Cahiers conditionalistes n° 28. COMAC. 2001.
▶ 9 Le sommeil et le rêve. Michel Jouvet. Éd. Jacob. 1992.
▶ 10 Nombre et Temps (psychologie des profondeurs et physique moderne). Marie-Louise von Franz. Éd. La Fontaine de Pierre. Traduction française. 1998.
▶ 11 Ibid.
▶ 11 Néologisme hybride, quoique d’unité méditerranéenne, formé d’une racine grecque (poly) et latine (monstrum, librement mis au pluriel). On aura compris ce que ce golem désigne.
▶ Zodiaque, planètes et typologie jungienne
▶ Carl-Gustav Jung et l’astrologie : histoire d’un malentendu ?
▶ L’Esprit Mercure de C.G. Jung : une leçon de symbolisme
▶ C.G. Jung, symboles et signaux
▶ La globalité en psychologie analytique et astrologie conditionaliste
Les significations planétaires
par
620 pages. Illustrations en couleur.
La décision de ne traiter dans ce livre que des significations planétaires ne repose pas sur une sous-estimation du rôle des Signes du zodiaque et des Maisons. Le traditionnel trio Planètes-Zodiaque-Maisons est en effet l’expression d’une structure qui classe ces trois plans selon leur ordre de préséance et dans ce triptyque hiérarchisé, les Planètes occupent le premier rang.
La première partie de ce livre rassemble donc, sous une forme abondamment illustrée de schémas pédagogiques et tableaux explicatifs, une édition originale revue, augmentée et actualisée des textes consacrés aux significations planétaires telles qu’elles ont été définies par l’astrologie conditionaliste et une présentation détaillée des méthodes de hiérarchisation planétaire et d’interprétation accompagnées de nombreux exemples concrets illustrés par des Thèmes de célébrités.
La deuxième partie est consacrée, d’une part à une présentation critique des fondements traditionnels des significations planétaires, d’autre part à une présentation des rapports entre signaux et symboles, astrologie et psychologie. Enfin, la troisième partie présente brièvement les racines astrométriques des significations planétaires… et propose une voie de sortie de l’astrologie pour accéder à une plus vaste dimension noologique et spirituelle qui la prolonge et la contient.
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Pluton planète naine : une erreur géante
par
117 pages. Illustrations en couleur.
Pluton ne fait plus partie des planètes majeures de notre système solaire : telle est la décision prise par une infime minorité d’astronomes lors de l’Assemblée Générale de l’Union Astronomique Internationale qui s’est tenue à Prague en août 2006. Elle est reléguée au rang de “planète naine”, au même titre que les nombreux astres découverts au-delà de son orbite.
Ce livre récapitule et analyse en détail le pourquoi et le comment de cette incroyable et irrationnelle décision contestée par de très nombreux astronomes de premier plan. Quelles sont les effets de cette “nanification” de Pluton sur son statut astrologique ? Faut-il remettre en question son influence et ses significations astro-psychologiques qui semblaient avérées depuis sa découverte en 1930 ? Les “plutoniens” ont-ils cessé d’exister depuis cette décision charlatanesque ? Ce livre pose également le problème des astres transplutoniens nouvellement découverts. Quel statut astrologique et quelles influences et significations précises leur accorder ?
Enfin, cet ouvrage propose une vision unitaire du système solaire qui démontre, chiffes et arguments rationnels à l’appui, que Pluton en est toujours un élément essentiel, ce qui est loin d’être le cas pour les autres astres au-delà de son orbite. Après avoir lu ce livre, vous saurez quoi répondre à ceux qui pensent avoir trouvé, avec l’exclusion de Pluton du cortège planétaire traditionnel, un nouvel argument contre l’astrologie !
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